Le dynamisme du commerce extérieur se maintient malgré des perspectives économiques incertaines

 

Mexique – Le dynamisme du commerce extérieur se maintient malgré des perspectives économiques incertaines       

En 2021, le Mexique conserve sa place de première puissance commerciale d’Amérique Latine, devant le Brésil et le Chili. La très forte dépendance du commerce extérieur mexicain vis-à-vis des Etats-Unis demeure significative, et pourrait continuer de s’accroître en raison des dynamiques de nearshoring en vigueur. Si le commerce se redresse en 2021 et 2022, la perspective d’une récession aux Etats-Unis pèse lourdement sur les prévisions de commerce à moyen terme.

1. Le rebond des échanges commerciaux post pandémique serait menacé par la perspective d’une récession aux Etats-Unis 

En 2021, les échanges commerciaux du Mexique se sont redressés (+25 %, à 1 000 Mds USD), après s’être fortement dégradés l’année précédente sous l’effet de la pandémie (-13 % g.a, à 800 Mds USD). Les niveaux de commerce extérieur prépandémiques (916 Mds USD en 2019) ont été dépassés en 2021, pour atteindre 1 000 Mds USD, sous l’effet conjugué de la hausse des exportations et des importations. En particulier, tirée par l’industrie manufacturière (87,5 % des exportations totales), les exportations mexicaines ont cru de 7 % en volume, et de 20 % en valeur (à 495 Mds USD), tandis que les importations ont augmenté de 13,6 % en volume, et de 32 % en valeur (à 506 Mds USD). Cette performance a été soutenue par le rebond de la demande interne et de celle des principaux partenaires commerciaux du Mexique, en particulier les Etats-Unis, dont dépend fortement le pays (83 % des exportations, soit 32 % du PIB).

Le solde commercial mexicain est redevenu déficitaire en 2021, à -11 Mds USD, après deux années consécutives d’excédent. En 2019, la chute des importations (-0,7 % g.a), liée à la baisse de la demande nationale, a entraîné un excédent commercial de +5,4 Mds USD. L’année suivante, sous l’effet de l’effondrement du commerce mondial et d’une forte baisse des importations, cet excédent s’est accentué (+34,2 Mds USD). Il s’agissait alors des 5e et 6e excédents commerciaux du pays depuis 1993, la balance commerciale mexicaine étant structurellement déficitaire, en raison du poids des importations d’hydrocarbures[1]. Historiquement producteur et exportateur de pétrole brut, le Mexique est confronté depuis quelques années à une baisse de sa production, en lien avec le déclin des ressources pétrolières et le manque d’investissement dans le secteur. Depuis 2015, le pays est devenu importateur net de produits pétroliers (les importations de produits raffinés -gaz, diesel, essence- étant assurées entre 60-70 % par les Etats-Unis). En 2021, soutenu par la reprise de la croissance économique mexicaine (+4,8 %), les échanges se sont redressés et le solde commercial est redevenu déficitaire, à -11 Mds USD. Il se creuserait davantage en 2022, à -27,5 Mds USD, compte tenu de la hausse de la facture des importations, dans un contexte d’inflation mondiale record. En particulier, au T3 2022, la valeur des importations de pétrole a enregistré une variation annuelle de +46,4 %. 

Si depuis le début de l’année 2022, les échanges commerciaux continuent de progresser (+30 %, en g.a au T3), les perspectives sont orientées à la baisse selon le FMI, compte tenu de la conjoncture internationale défavorable et de la perspective d’une récession aux Etats-Unis. Les exportations et importations du Mexique représentent réciproquement 39 % et 41 % du PIB en 2022. Ainsi un affaiblissement de la demande américaine entraînerait une chute des exportations mexicaines (de -0,6 % g.a. en 2023 selon le FMI), qui pèserait sur l’activité économique du pays.

 2. Le secteur manufacturier devrait continuer de dominer les exportations du Mexique 

Depuis le début de l’année 2022, les exportations du Mexique sont dynamiques (+26,4 % en g.a au T3). Elles restent essentiellement constituées de produits manufacturés, principalement à destination du marché nord-américain. Le secteur manufacturier demeure, de loin, le premier secteur exportateur du pays (87,5 % des exportations totales, avec des produits tels que les voitures, pièces de voiture, machines), reflétant le rôle de plateforme d’assemblage que joue le Mexique pour l’Amérique du Nord. Les dynamiques actuelles de relocalisation (« nearshoring ») devraient accroître davantage la part du secteur manufacturier dans les exportations totales, et soutenir la croissance mexicaine à moyen terme. Toutefois, cette dynamique constitue également un risque, car elle renforcerait la dépendance du Mexique à la conjoncture étatsunienne.

Les principaux clients du Mexique sont les Etats-Unis (82,4 % des exportations totales), suivi du Canada (2,94 %) et de la Chine (1,91 %). La France occupe la 23e position (0,2 % des exportations mexicaines lui sont destinées), derrière l’Allemagne (1,5 %, 4e client), l’Espagne (0,7 %, 8e), l’Angleterre et les Pays-Bas (0,38 %, 12e),  la Suisse (0,3 %, 14e) et la Belgique (0,21 %, 21e).

 3. Des importations destinées principalement au secteur manufacturier à des fins de réexportations 

La structure des importations du Mexique traduit l’importance de l’activité d’assemblage de pièces détachées à des fins de réexportation. Les importations mexicaines sont constituées à 86,6 % de biens intermédiaires et de biens de capital, à destination du secteur manufacturier. Les premiers postes d’importation sont identiques aux premiers postes d’exportation : appareils et composants électroniques, machines, véhicules automobiles. Les trois premiers fournisseurs du Mexique sont : les Etats-Unis (44,1 %), suivi de la Chine (20,3 %) et de la Corée du Sud (3,7 %). La France occupe quant à elle la 10e position (0,66 % des importations totales du pays).

Si le poids des Etats-Unis dans les importations mexicaines demeure prépondérant, leur part relative continue de reculer. En effet,  la part des importations en provenance des Etats-Unis est passée de 48 % à 43 % entre 2015 et 2022, au profit des pays asiatiques, notamment de la Chine, dont la part des importations est passée de 17 à 20,3 % sur la même période.

 Depuis 2021, le Mexique continue de bénéficier du rebond des échanges commerciaux post-pandémique, soutenu par le secteur manufacturier (87,5 % des exportations totales). La diversification des fournisseurs se poursuit, au profit de l’Asie, notamment de la Chine. Selon le FMI, en 2023, les échanges commerciaux du Mexique pourraient reculer, compte tenu de la forte dépendance du pays aux Etats-Unis dont la croissance est menacée. Le Fonds précise toutefois qu’un renforcement des dynamiques de nearshoring pourrait atténuer l’impact de la baisse de la croissance étatsunienne et accroitre son intégration dans les chaines de valeur mondiale.


[1] Sans tenir compte des importations d’hydrocarbures, le solde commercial serait structurellement excédentaire (+13 Mds USD en 2021 par exemple)

 

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