Mexique : La reprise du commerce extérieur mexicain en 2017

En 2017, portés par le dynamisme de la demande états-unienne (+8%), les échanges de commerce extérieur de biens du Mexique ont renoué avec la croissance (+9 %), après le creux enregistré en 2015 (-2,6%) et 2016 (-2%).  Avec 409  Mds  USD d’exportations et 420 Mds USD d’importations, le déficit commercial du Mexique a ainsi reculé de -2 Mds USD en 2017 (- 11 Mds USD en 2017 contre -13 Mds USD en 2016). A noter qu’en 2018, le déficit commercial s’est à nouveau creusé (– 10 Mds USD entre janvier et août 2018, contre - 7  Mds USD sur la même période en 2017 - soit une hausse de +40%). Cette tendance s’explique par la dégradation de la balance commerciale pétrolière (+28% g.a.), résultant de la forte dépendance du Mexique aux importations de pétrole et de la hausse des cours.

Trois éléments sont à mettre en exergue sur 2017 :

(a) La prédominance du secteur automobile dans les exportations (pour 1/3, et en progression de 12%) et le dynamisme du secteur agroalimentaire (+12,5%) ont contribué à résorber le déficit.

(b) La hausse des cours des matières premières et de la demande mexicaine en pétrole suffisent cependant à maintenir le solde commercial du côté déficitaire (sans hydrocarbures, le solde commercial du Mexique serait excédentaire de 8 Mds USD).

(c) Les 2 premiers partenaires commerciaux du Mexique restent à la fois son 1er excédent (USA à +71 Mds USD) et son 1er déficit (Chine à -67 Mds USD).

Dans ce contexte le Mexique continue de se positionner comme un pays d’exportation qui cherche à se diversifier (au plan des pays partenaires comme des produits). Le Mexique vient ainsi de sécuriser sa relation commerciale avec son 1er partenaire les Etats-Unis (80% des exportations mexicaines) grâce au nouvel accord commercial trouvé le 30 septembre (United-States-Mexico-Canada Agreement – USMCA, nouvelle appellation de l’ALENA). Le Mexique poursuit en parallèle sa politique de diversification commerciale vers l’Asie (Accord Alliance Trans-Pacifique signé le 8 mars dernier que le Mexique a été le premier à ratifier), comme vers l’Europe (accord de principe trouvé sur la modernisation de l’accord UE-Mexique le 21 avril dernier).

      1. Reprise du commerce extérieur mexicain après 2 années de baisse consécutives.

Avec un montant de 830 Mds USD de marchandises échangées en 2017, le commerce extérieur mexicain a renoué avec la croissance (+9,0%) pour la 1ère fois depuis 2014, sous l’effet conjugué de la hausse des exportations (+9,5%) et des importations (+8,6%). Les exportations augmentent plus rapidement que les importations, ce qui permet au déficit commercial de reculer significativement (-16,4%, soit - 2,1 Mds USD en 2017), mais pas de rétablir la balance commerciale à son niveau de 2014 (le déficit commercial du pays avait ensuite multiplié par 5 en 2015).

Cette croissance des échanges s’explique principalement par le dynamisme de la demande états-unienne (+8%) dont le Mexique reste fortement dépendant : le commerce bilatéral avec son grand voisin du Nord, qui représentait 63% des échanges commerciaux du Mexique en 2017 (et 80% de ses exportations), a augmenté de +5,7% en 2017.

La croissance des échanges du Mexique en 2017 se traduit aussi sur ses 2 autres principaux partenaires derrière les Etats-Unis : avec la Chine (+7,9%), 2ème partenaire commercial du Mexique (10% des échanges), et avec l’Union européenne (+17%, soit +10,4 Mds USD), 3ème partenaire commercial du Mexique (8,7% des échanges). Les exportations mexicaines à destination de ces deux partenaires ont augmenté significativement en 2017, (respectivement de +24% et +20%), ainsi que les importations (+6% et +15%). Cette tendance accentue cependant le fort déficit commercial avec la Chine, qui reste le 1er déficit commercial du Mexique (-67 Mds USD en 2017, +5,1%), et augmente le déficit commercial avec l’Union Européenne (-25,7 Mds USD en 2017, +10,7%).

Les principaux partenaires sud-américains du Mexique, le Brésil et la Colombie ont augmenté leurs achats mexicains (+20% pour le Brésil, +3% pour la Colombie). A l’inverse, les exportations mexicaines vers la France et le Royaume-Uni poursuivent leur baisse en 2017 : les exportations vers la France chutent depuis 2015 (- 12,3%) et celles à destination du Royaume-Uni depuis 2013 (-58,2%).

      2. Des exportations centrées sur le secteur manufacturier et surtout automobile, mais que le Mexique tente peu à peu de diversifier (agroalimentaire surtout)

Les exportations mexicaines ont augmenté en 2017 à 409 Mds USD  (+8,6%). Le secteur manufacturier reste le 1er secteur d’exportation, soit 94% des exportations du Mexique (hors hydrocarbures), soit une hausse de +8,4%. Les exportations automobiles augmentent de près de 12% (126,6 Mds USD en 2017 contre 113 Mds USD en 2016).

Le secteur automobile qui représente 31% des exportations mexicaines, conserve son caractère prééminent pour l’économie mexicaine. Ce secteur reste comme les autres fortement dépendant du marché étatsunien (75% des exportations automobiles mexicaines, et 87% des voitures légères sont destinées aux Etats Unis).

Dans ce contexte le Mexique poursuit un effort de diversification de ses débouchés à l’export qui commence à produire ses effets : en 10 ans, la part des Etats-Unis dans les exportations globales du Mexique a reculé de 2 points et celle des importations de 3,2 points.

Cela s’est traduit aussi en 2017 par une diversification des produits exportés qui se poursuit : les exportations agroalimentaires ont augmenté de +12,5% pour atteindre 32,5 Mds USD (soit plus que les remesas) et les exportations de l’industrie extractive augmentent de +24%, tirées par la hausse du cours des matières premières d’en moyenne 15% sur l’année 2017. Néanmoins, la part de ces deux secteurs parmi les exportations mexicaines (hors hydrocarbures) reste modeste à respectivement 4,1% et 1.4% en 2017.

      3. Des importations principalement destinées au secteur industriel et de plus en plus en provenance des pays asiatiques.

Très largement destinées à l’activité d’assemblage pour réexportation, les importations mexicaines sont constituées à 85% de marchandises à destination du secteur industriel (322 Mds USD), et à 15% de biens de consommation. Les premiers postes d’importation correspondent également aux premiers postes d’exportation du pays (appareils et composants mécaniques, machines et matériels électriques).

Les trois premiers partenaires commerciaux du Mexique sont également ses principaux fournisseurs (Etats- Unis 46% des importations, Chine, 18% des importations, et Union européenne 13% des importations).

Le Mexique importe également de plus en plus de marchandises en provenance d’Asie. Après la rupture du rythme de croissance des importations enregistrée en 2016 avec la Corée du Sud, Singapour, et la Chine les importations en provenance de ces pays partenaires ont augmenté de respectivement +15%, +10% et +7%. Le dynamisme s’est maintenu en revanche pour les importations en provenance de Taïwan (+9%) et du Japon (+2,5%). Le Japon continue ainsi d’occuper de troisième fournisseur du pays, exportant pour 18 Mds USD de marchandises vers le Mexique (4,3% des importations du Mexique en 2017).

La balance commerciale de marchandises du Mexique est au total négative avec ses partenaires asiatiques.

      4. Dans les échanges, le secteur des hydrocarbures explique le déficit commercial du Mexique.
Historiquement producteur et exportateur de pétrole, le Mexique est depuis une dizaine d’années confronté au déclin de sa production, lié à un déclin des ressources et un manque structurel d’investissement. Le Mexique est ainsi devenu depuis 2015 importateur net de produits pétroliers. En 10 ans la production de pétrole a presque chuté de moitié. Et les importations des Etats-Unis de produits raffinés (gaz, diesel, essence) sont assurées entre 60 et 70% par les Etats-Unis.
 
Dans ce secteur, après une légère diminution en 2016, l’augmentation en 2017 des importations comme des exportations pétrolières s’explique principalement par la hausse du cours des matières premières (+22% pour le Brent sur 2017) et s’explique aussi, pour les importations, par la hausse du volume importé (+17%). les importations pétrolières ont ainsi enregistré une hausse de +33%, atteignant 42 Mds USD. De leur côté, les exportations pétrolières, après leur chute de - 19% en 2016, ont repris à +26 % en 2017 pour atteindre 24 Mds USD, et représentent moins de 6% des exportations globales du pays. Enfin il faut souligner que les hydrocarbures pèsent pour plus des 2/3 dans le solde commercial du Mexique. Sans hydrocarbures le solde commercial du Mexique serait ainsi excédentaire (+8 Mds USD contre - 11 Mds USD).
      5. Une politique commerciale active, visant à diversifier les partenaires commerciaux du Mexique

Conscient de sa forte dépendance au marché états-unien, le Mexique a mis en place ces dernières années une politique commerciale active, afin de diversifier ses partenaires commerciaux. Une politique qui porte ses fruits puisque le Japon (2,7% du commerce extérieur mexicain en 2017), devant le Canada (2,5%), la Corée (2,3%,) ou le Brésil (1,1%), gagnent peu à peu du terrain et, sans pouvoir à ce stade prétendre remplacer la relation commerciale Etats-Unis/Mexique, deviennent de véritables partenaires commerciaux avec lesquels le Mexique souhaite intensifier ses échanges. 

Malgré le retrait des Etats-Unis de l’accord Trans-pacifique (signé en février 2016 à Auckland), le Mexique fait ainsi partie des 11 pays partenaires qui ont signé le 8 mars 2018 un nouveau traité trans-pacifique.

Et les négociations de modernisation de l’accord global entre l’UE et le Mexique  initiées en juin 2016, ont fait l’objet d’un accord de principe le 21 avril 2018.

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Economie centrée sur ses exportations (35% du PIB), le Mexique bénéficie en 2017 du dynamisme de la demande de ses principaux partenaires mais maintient un déficit commercial pour la 5e année consécutive. La très forte dépendance du commerce extérieur mexicain vis-à-vis des Etats-Unis, si elle s’est réduite sur ces dix dernières années (80,7% des échanges en 2005 contre 62% en 2017), demeure toutefois encore très significative, notamment pour les exportations. Dans ce contexte, si le nouvel accord de libre-échange Etats-Unis-Mexique-Canada (accord USMCA trouvé le 30 septembre) était une priorité, les autorités mexicaines poursuivent leur démarche de diversification de leurs partenaires commerciaux et de secteurs tournés vers l’export.

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