MEXIQUE
Mexique : Note de situation économique et financière
Croissance économique | Une dégradation importante de la croissance attendue pour 2024
Perspectives pour la croissance en 2024 | Alors que le ralentissement de la croissance du PIB s’est confirmé au premier semestre de 2024 (1,4 % g.a.), les prévisions du taux de croissance pour 2024 sont régulièrement revues à la baisse (2,2 % selon le FMI et 1,5 % selon la Banque centrale).
La modération des taux de croissance au T4 2023 et au T1 2024 était surtout imputable au ralentissement des exportations, tandis qu’elle résulte principalement de l’affaiblissement de la consommation privée au T2 2024. La croissance du PIB devrait restée modérée au S2 2024 en raison de (i) la faiblesse prolongée de l’économie américaine, risquant de peser sur le dynamisme des exportations et de l’activité manufacturière (ii) la modération de la consommation privée en lien avec l’accélération de l’inflation (iii) le maintien de taux directeurs élevés par la Banque centrale et le durcissement des conditions financières mondiales (iv) la dégradation de la confiance des investisseurs en lien avec la réforme du pouvoir judiciaire qui pourrait être approuvée en septembre et le déficit budgétaire record qui sera enregistré fin 2024 (voir infra).
Taux de chômage | Le taux de chômage a atteint son niveau le plus bas historiquement au T1 2024, s’élevant à 2,5 %. En revanche, l’informalité touche plus d’un travailleur sur deux (54,3 % de la population active).
Finances publiques | Une politique budgétaire expansionniste qui fragilise les finances publiques
Politique budgétaire | Pour sa dernière année au pouvoir, l’administration d’AMLO a proposé une politique budgétaire expansionniste, en fondant ses prévisions sur un taux de croissance très optimiste de 3 % pour 2024. Le budget 2024 prévoit des dépenses records (+4,3 % par rapport au budget 2023), principalement destinées aux pensions de retraite, au coût financier de la dette et aux projets prioritaires du gouvernement, et une baisse des recettes de 1,8 % en prévision de la baisse des revenus pétroliers. En conséquence, il est prévu que la hausse des dépenses proposée soit financée par endettement, à l’origine d’un creusement du déficit à 4,9 % du PIB (contre 3,3 % dans le budget 2023) et d’un creusement de la dette publique à 48,8 % du PIB selon les prévisions du Ministère des Finances.
Finances publiques à mi-année | Au terme du premier semestre 2024, le déficit et la dette publics ont enregistré une hausse respective de 51 % et 13,5 % g.a. La hausse des dépenses budgétaires, qui ont atteint 250,4 Mds USD (+12,1 % g.a.), a été supérieure à la hausse des recette budgétaires (+5,3 % g.a.). En conséquence, la dette publique s’est élevée à 47,8 % du PIB, contre 46,2 % au premier semestre 2023. Le déficit budgétaire de 37,5 Mds USD, resterait néanmoins inférieur de 7 % au déficit prévu, grâce à des recettes budgétaires qui dépassent les prévisions (+1,4 %). La Présidente élue a annoncé vouloir ramener le déficit entre 3 et 3,5 % en 2025 (pour un déficit prévu à 5,9 % en 2024 par le FMI), mais cet effort de consolidation budgétaire risquerait d’être compromis en l’absence de réforme fiscale qu’elle a écarté pour le début de son mandat.
Inflation | Des pressions inflationnistes à la hausse mais un assouplissement de la politique monétaire
Commerce extérieur | Une croissance soutenue des exportations qui font du Mexique la première puissance exportatrice d’Amérique latine et le premier fournisseur des Etats-Unis
Structure des échanges commerciaux | Le déficit commercial du Mexique s’est réduit de 15,5 % au cours du premier semestre 2024, grâce à une augmentation des exportations qui ont atteint 299 Mds USD (+2,6 % g.a.). Au cours des deux premiers mois de 2024, les produits manufacturés ont représenté 88 % du total des exportations, suivi des produits pétroliers (6 %) et des produits agricoles (4,5 %). La hausse des importations au premier semestre 2024 a été plus modeste (+2,2 % g.a.).
Relation bilatérale Mexique-Etats-Unis | Le Mexique a consolidé sa place de premier fournisseur des Etats-Unis au premier semestre 2024, l’augmentation des exportations vers son voisin du Nord (249 Mds USD ; +5,5 % g.a.) lui ayant permis d’enregistrer l’excédent commercial le plus élevé du sexennat d’AMLO en g.a. vis-à-vis de ce dernier. Creusant l'écart avec les autres partenaires commerciaux clés des États-Unis, la part des importations mexicaines a atteint 15,9 % (contre 15,5 % au premier semestre 2023), devançant le Canada (13,1 %) et la Chine (12,7 %). Le remplacement de la Chine à la première place des fournisseurs des Etats-Unis par le Mexique au début de l’année 2023 confirme la tendance à la relocalisation des chaînes de valeur mondiale (voir infra).
Investissements directs étrangers | Un dynamisme des IDE à destination du Mexique soutenu par la relocalisation des chaînes de valeur mondiale (nearshoring)
Flux d’IDE | Au premier semestre 2024, les flux d’IDE, captés à 54 % par l’industrie manufacturière, ont enregistré un nouveau record, s’élevant à 31,1 Mds USD (+7,2 % g.a). Le réinvestissement des bénéfices continue de dominer les IDE, représentant 97 % du total des entrées, tandis que les nouveaux investissements ne dépassent pas 3 %. Les Etats-Unis sont les premiers investisseurs étrangers dans le pays avec 44 % des flux totaux, suivis de l’Allemagne, du Japon et du Canada.
Nearshoring | La relocalisation des chaînes de valeur mondiale (nearshoring) représente une opportunité majeure, mais encore sous-exploitée, pour la croissance mexicaine. La stagnation voire la baisse de la part des nouveaux investissements dans le total des IDE nuance l’optimisme concernant le dynamisme des relocalisations au Mexique, qui se mesure plutôt à l’aune des annonces d’investissements (506 pour un montant total de 151 Mds de janvier 2023 à juin 2024). Le pays connait toutefois une forte croissance de ses parcs industriels (+70 % de 2019 à 2023 pour atteindre 460) et la Présidente élue prévoit la construction d’au moins 100 parcs industriels supplémentaires au cours de son mandat.