Finances publiques

 

Le Budget de Maurice pour 2020/21

Le budget 2020/21 de Maurice est caractérisé par un équilibre entre les recettes et dépenses globales s’élevant chacune à 162,9 Mds MUR (3,64 Mds €). Ceci s’explique par un soutien au budget apporté par la Banque de Maurice pour 2020/21, sans lequel le déficit budgétaire serait évalué à 13,3% du PIB. Une récession plus forte de 7% est prévue en 2020/21 par rapport à 2019/20 (-5,8%) en raison de la crise de Covid-19. Le taux de pression fiscale atteindra 20% du PIB en 2020/21 contre 19% l’année précédente. Une forte priorité est donnée aux dépenses liées aux secteurs sociaux (services publics, protection sociale, éducation, santé).
Une hypothèse de récession de 7% retenue dans le budget pour 2020/21

Le 4 juin 2020, le Ministre des finances, de la planification économique et du développement Renganaden Padayachy a présenté le budget de Maurice portant sur la période 2020/2021 sous l’intitulé « Notre nouvelle normalité, une économie de la vie », à la suite du retour au cycle budgétaire « 1er juillet / 30 juin » appliqué par l’administration au pouvoir depuis 2015.

En raison de la crise de la Covid-19, les autorités mauriciennes ont fortement revu leurs prévisions économiques pour 2020/21 à la baisse avec une récession de 7%, contre 5,8% pour 2019/20. Le FMI table sur une récession de 6,8% sur l’année calendaire 2020. Les secteurs les plus touchés sont le tourisme en raison de la période de confinement et de la restriction des déplacements nationaux et internationaux. Le secteur textile a pâti de la chute de la demande externe, tout comme les secteurs NTIC et les services financiers. Néanmoins, le secteur BTP serait plus résilient malgré la chute des activités. 

L’inflation est quant à elle prévue à 4% en 2020/21 contre 2,2% en 2019/20, tandis que le FMI table sur une inflation de 4,7% durant l’année calendaire 2020.

Le gouvernement table sur un creusement du déficit de la balance courante à 12,7% du PIB en 2020/21 contre 10,1% en 2019/20. Les réserves des devises ont augmenté de 269,5 Mds MUR (6 Mds €) en décembre 2019 à 280,6 Mds MUR (6,3 Mds €) en avril 2020, passant ainsi de l’équivalent de 10,2 mois de couverture des importations à 12,8 mois.

Le taux d’investissement s’élèvera à 18,9% du PIB en 2020/21, en légère hausse par rapport à 2019/20 (18,6%).

 

Un budget à l’équilibre en 2020/21, expliqué par un soutien au budget par la Banque de Maurice de 1,3 Md €

Le budget présenté au Parlement est caractérisé par un équilibre entre les recettes et dépenses globales, s’élevant chacun à 162,9 Mds MUR (3,64 Mds €). Ceci s’explique par un soutien budgétaire total de 60 Mds MUR (1,34 Md €) apporté par la Banque de Maurice, correspondant à 37% des recettes globales en 2020/21. Sans cette aide, le déficit budgétaire s’élèverait à 13,3% du PIB.

Ce déficit budgétaire a été estimé à 13,6% du PIB en 2019/20 contre des estimations initiales de 3,2% suite aux impacts de la crise de Covid-19 lors du premier semestre 2020. Le budget accuserait à nouveau un déficit de 3% en 2021/22.

Les prévisions de recettes globales atteindront ainsi 162,9 Mds MUR (3,64 Mds €) en 2020/21, en forte hausse de 60% par rapport à 2019/20 (2,3 Mds €) tirées par la hausse attendue des recettes fiscales. Elles sont notamment majoritairement composées des recettes fiscales (2 Mds €, 55,6%) devant le soutien budgétaire de la Banque de Maurice (1,34 Mds €, 36,8%), les autres recettes courantes (111 M€, 3%), les cotisations sociales (96 M€, 2,6%) et les subventions extérieures (68 M€, 1,9%).

 

Légère hausse de 2% des recettes fiscales en dépit de la crise de Covid-19

Le taux de pression fiscale s’élèvera à 20% du PIB contre 19% l’année précédente. Les recettes fiscales sont prévues à 90,6 Mds MUR (2 Mds €) en hausse de 1,8% en valeur par rapport à 2019/20. Près de 61% des recettes fiscales totales seront collectées grâce aux taxes sur les biens et services (1,2 Md €, stable) contre 26% des impôts sur le revenu et bénéfices (521 M €, en baisse de 9,2%). Les impôts fonciers permettront de collecter 123 M€, en hausse de 15%. Les « autres taxes » connaitront un triplement en valeur (110 M€, +195%) grâce à la création d’une « taxe Covid-19 » (recettes attendues de 56 M€) et d’une taxe « corporate » (22 M€). Les recettes tirées des droits de douane baisseront légèrement (25 M€, -5%).

De nombreuses réformes fiscales (dont l’impact fiscal total n’est pas chiffré) sont proposées afin de contribuer à la relance économique, tendant vers un alourdissement de la fiscalité, notamment:

  • en matière d’impôt sur le revenu : mise en place d’une taxe de solidarité Covid-19 de 25% au lieu de 5% pour les personnes dont le revenu annuel excède 3,5 MMUR (78 k€); une taxe de 0,3% sur le chiffre d’affaires brut excédant 500 M MUR (11 M€, compagnies d’assurances, institutions financières, prestataires de services, sociétés civiles immobilières…) et 0,1% pour les autres sociétés ;
  • en matière d’impôt foncier : exemption sur le droit d’enregistrement à l’acquisition d’un logement nouvellement construit ; exemption sur les droits de mutation pour les promoteurs immobiliers développant des projets de logements pour les Mauriciens ;
  • en matière de droits de douane : hausse des droits de douane sur l’importation de sucre de 80% à 100% ;
  • en matière de droit d’accises : augmentation du droit d’accises sur le sucre de 3% à 6% et extension de la mesure à d’autres produits alimentaires ; une baisse de 30 à 40% du droit d’accises sur les véhicules sous certaines conditions ;
  • en matière de TVA : exonération de certains produits comme les produits agricoles non transformés, le transport public (à l’exclusion des contractuels du tourisme), les services médicaux, hospitaliers et dentistes ; instauration d’une TVA sur les services digitaux fournis via internet par des non-résidents…

 

Les prestations sociales et la masse salariale mobilisent près de la moitié des dépenses publiques

Les dépenses globales s’élèveront à 162,9 Mds MUR (3,7 Mds €) dans le budget d’équilibre 2020/21. Elles diminueront légèrement de 1,4% par rapport à 2019/20 (165,3 Mds MUR). Elles sont réparties entre les dépenses courantes (3 Mds €) et les dépenses en capital (672 M€, dont près de 80% sont constituées des acquisitions d’actifs non financiers et de transferts aux fonds spéciaux).

27% des dépenses courantes sont mobilisées à destination des prestations sociales (992 M €, +3%), contre 19% pour la masse salariale (686 M€, -2%). Les subventions en faveur des organismes paraétatiques, autorités locales et l’Assemblée régionale de Rodrigues vont diminuer (474 M€, -7%) tout comme les paiements d’intérêts (284 M€, -6%) et les achats de biens et services (235 M€). Les autres subventions baisseront également de 38% (214 M€).

A fin juin 2020, la dette publique a atteint 350,6 Mds MUR (7,8 Mds€) soit 75% du PIB contre une estimation initiale de 53,5% du PIB. 85,3% de cette dette est domestique contre 14,7% de dette externe. Les autorités tablent sur une augmentation de la dette à 76% du PIB en juin 2021.

Le service de la dette pour 2020/21 diminue néanmoins de 53%, passant de 15,3 Mds MUR (343 M€) à 9,2 Mds MUR (206 M€), composée à 86,3% (178 M€) de remboursement du capital et 13,7% (28 M€) de remboursement d’intérêts et de frais de gestion.

 

Priorité au service public (34% des dépenses), la protection sociale (29%) et l’éducation (10%)

Budgets de fonctionnement et d’investissement confondus, la loi de finances met surtout l’accent sur les secteurs sociaux. Le budget le plus important est alloués aux services publics généraux (1,26 Md €, -11%, aux trois quarts concentrés sur les affaires financières et fiscales ainsi que les transactions liées à la dette publique), devant la protection sociale (1,1 Md €, +12%) et l’éducation (354 M€, -6%). Viennent ensuite l’ordre et la sécurité publique (280 M€, +3%), la santé (277 M€, -9%), les affaires économiques (272 M€, stable), le logement et équipements collectifs (68 M€, +9%), les loisirs, culture et religion (26 M€, +15%), et enfin la protection environnementale (25 M€, +2%).

Enfin, le programme d’investissement public est concentré à près de 90% autour de quatre secteurs : les affaires économiques (43%), le logement et les équipements collectifs (24%), les services publics généraux (15%) et la protection environnementale (7%). Les principaux projets d’infrastructures prévus sont notamment la construction du Metro Express reliant Port-Louis à Rose Hill financé en 2020/21 par un emprunt de 5,2 Mds MUR (116,2 M€) auprès de l’Eximbank indienne; la construction de 12000 logements sociaux pour 112 M€, la construction d’un centre de cancérologie via un prêt de 8 M€ du Fonds Saoudien pour le développement de la construction ; la construction d’un Complexe omnisports à Côte d’or (don du gouvernement chinois) pour le même montant.

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