BIRMANIE/MYANMAR
Les échanges commerciaux franco-birmans.
Le coup d’État militaire du 1er février 2021 a mis un coup d’arrêt au processus de libéralisation et d’ouverture économique birman entamé en 2011. Alors que jusqu’en 2019, le commerce franco-birman avait fortement progressé (+2 166% sur 10 ans), il s’est nettement contracté en 2020 et 2021 en lien avec la crise sanitaire et les conséquences économiques du coup d’Etat. L’entrée de la Birmanie dans une phase de relative stabilisation économique à partir de 2022 s’est traduite par une reprise marquée des échanges bilatéraux, dont le niveau dépasse aujourd’hui le pic de 2019. Cet accroissement concerne davantage nos importations, qui affichent un plus haut historique, que nos exportations, qui restent trois fois inférieures à leur niveau de 2019.
1. Les échanges commerciaux franco-birmans enregistrent une hausse notable en 2022, après deux ans de baisse consécutive
Après dix ans de croissance constante, les échanges commerciaux entre la France et la Birmanie ont diminué en 2020 (-15,0% à 470 M EUR) et 2021 (-18,5% à 382 M EUR) du fait des conséquences économiques de la crise sanitaire et du coup d’Etat militaire du 1er février 2021. Toutefois, cette baisse a été contrebalancée en 2022 par une nouvelle augmentation, malgré les restrictions (tant commerciales que financières) très poussées aux échanges de marchandises en Birmanie et l’imposition de sanctions internationales[1]. En 2022, le volume des échanges bilatéraux augmente ainsi de +58,7% à 607 M EUR, soit un accroissement supérieur à nos échanges avec l’Asie du sud-est (+23,7%). Les importations françaises depuis la Birmanie se sont accrues de +62,2% à 554,4 M EUR tandis que nos exportations ont augmenté de +30,1% à 52,7 M EUR. En conséquence, notre déficit commercial se creuse à 501,7 M EUR (contre 301,4 M EUR en 2021). La balance commerciale avec la Birmanie est déficitaire depuis 2016.
La Birmanie est le 72ème fournisseur et le 137ème client de la France. Selon le Ministère du Commerce birman, la France est le 20ème client et fournisseur de la Birmanie et les échanges franco-birmans représentent 0,7% des échanges totaux du pays. Au sein de l’UE, la France se situe devant la Belgique (0,6%) mais derrière l’Allemagne (2,2%), l’Espagne (1,6%) et les Pays-Bas (1,4%).
2. Nos importations se concentrent essentiellement dans le secteur de la confection
La France a importé 554,4 M EUR de biens depuis la Birmanie (+62,2%). La nature des principaux produits importés reste globalement inchangée mais la spécialisation autour des biens issus de la confection, phénomène déjà observé ces dernières années, s’est confirmée.
- Textiles, habillement, cuir et chaussures : le secteur de la confection représente l’immense majorité de nos importations depuis la Birmanie (497 M EUR, 89,7% des importations). Il s’agit pour l’essentiel d’articles d’habillement (459 M EUR). Les importations de confection constituaient 38% du total en 2017, 58% en 2018 et 84% en 2019. Le secteur continue de profiter du rétablissement du système de préférences généralisées en 2013, ainsi que des faibles coûts de la main d’œuvre birmane et de la relative productivité qu’ils permettent d’assurer à cette industrie.
- Produits agricoles et agroalimentaires : 4,9% des exportations birmanes vers la France, soit 27,3 M EUR, concernent les produits issus de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire. Ils sont notamment constitués de légumineuses, dont le pays est l’un des premiers producteurs au monde.
- Equipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique : principalement constitués de téléphones et d’équipements de télécommunication (6,3 M EUR), ils représentent désormais la troisième ligne d’importations depuis la Birmanie (7,9 M EUR, 1,4% du total). Les importations de ces produits connaissent une progression importante depuis trois ans, bien qu’elle ralentisse en 2022 (+21,0%, après 6,6 M EUR d’achats en 2021, 2,2 M EUR en 2020 et 0,8 M EUR en 2019).
Parmi nos postes traditionnels d’importation depuis la Birmanie, les achats d’articles de joaillerie et bijouterie continuent de reculer pour atteindre 7,0 M EUR en 2022, deux fois moins qu’en 2021. Dans un secteur dont les principaux acteurs birmans sont visés par des sanctions internationales, elles tombent à 62 000 EUR sur les 4 premiers mois de 2023, contre 2,5 M EUR sur la même période en 2022.
3. En l’absence de livraisons aéronautiques, les exportations françaises ont chuté depuis 2019
La France a exporté 52,7 M EUR de biens vers la Birmanie en 2022. Nos ventes progressent de 30,1% par rapport à 2021, mais restent près de trois fois inférieures au montant atteint 2019 (149,4 M EUR). Cette baisse marquée s’explique par les mesures prises par les autorités birmanes pour contrer la propagation de l’épidémie de COVID19 et par l’absence de livraisons aéronautiques, qui représentaient 52% de nos exportations en 2019. Dans ce contexte, l’industrie pharmaceutique continue de fournir environ la moitié de nos exportations à destination du pays.
- Produits pharmaceutiques : le secteur pharmaceutique a été à l’origine de plus de la moitié de nos exportations (54,7%) pour un total de 28,8 M EUR (+25,1% par rapport à 2021). Malgré un léger repli en 2021, nos ventes se développent de façon quasi ininterrompue dans ce secteur depuis 10 ans.
- Produits agroalimentaires : ils ont représenté 10,2% des exportations françaises vers la Birmanie en 2022, pour un montant de 5,4 M EUR (-8,0%). Les ventes sont principalement constituées d’aliments pour animaux (1,5 M EUR), boissons (1,3 M EUR), viande (1,1 M EUR) et produits laitiers (1,0 M EUR).
- Machines industrielles et agricoles : avec une croissance de 64,1%, les ventes de machines (4,5 M EUR) sont le troisième poste d’exportation de la France en Birmanie.
Le reste des exportations françaises vers la Birmanie est constitué principalement de matériel électrique (3,2 M EUR), dont les ventes ont été multipliées par près de 6 en 2022, de parfums et cosmétiques (3,1 M EUR, +62,3%) et de produits chimiques (2,9 M EUR, +52,1%).
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Les chiffres du commerce franco-birman ne comprennent pas les produits français exportés vers Singapour ou Hong-Kong puis réexportés vers la Birmanie. Ces échanges indirects importants concernent principalement les vins et spiritueux et, dans une moindre mesure des équipements stockés par les grandes entreprises françaises à Singapour (équipements électriques, équipements et pièces de rechange aéronautiques, produits pharmaceutiques notamment) puis réexportés dans la région.
[1] Sanctions européennes notamment et inscription à partir d’octobre 2022 de la Birmanie sur la liste noire du GAFI