Indicateurs et conjoncture

 

NB : La Birmanie connaît une crise politique et institutionnelle majeure depuis le 1er février 2021. A ce titre, la situation économique et financière du pays est très volatile et il convient de rester prudent sur la validité dans le temps des indicateurs de conjoncture.

 

  • Description de la structure de l’économie

Avec un PIB de 79,9 Mds USD et un PIB par habitant de 1 469 USD en 2020, la Birmanie se situe au niveau des Pays à Revenu Intermédiaire de la tranche inférieure mais continue de bénéficier d’un statut de PMA (catégorie dont elle pourrait sortir définitivement en 2024). Le secteur agricole reste encore structurant (22,5% du PIB et 50% de la population active) mais la part du secteur des services tend à augmenter.

La Birmanie dispose d’atouts clairs : (i) une population estimée à 54,4 millions d’habitants, relativement jeune (l’âge médian est de 29,2 ans), (ii) constituant un réservoir de main-d’œuvre bon marché (bien que peu qualifiée) et un marché intérieur, (iii) un territoire vaste (2ème pays de l’ASEAN par sa superficie – 676 600 km²), (iv) doté de ressources naturelles abondantes (agricoles, minérales, gazières, hydroélectriques, solaires…) encore sous exploitées, (v) une situation géographique favorable au croisement des trois marchés dynamiques que sont l’Inde, la Chine et l’ASEAN.

  • Eléments d’analyse conjoncturelle

La Birmanie a connu dix années de rattrapage économique dans le sillage de réformes libérales intervenues à partir de 2011. Son PIB a ainsi cru de 6,65% en moyenne jusqu’en 2020 grâce à l’augmentation progressive des flux d’IDE, l’intégration du pays dans les chaînes de valeur mondiales et le dynamisme des secteurs de la confection et de la construction.

La crise de la COVID19 et surtout le putsch militaire du 1er février 2021 ont remis en cause le processus de développement entamé il y a dix ans. Après une faible croissance en 2020 (1,7% est.), le pays devrait connaître la plus grande récession économique depuis 1988 avec une chute de 8,9% à 20% du PIB du fait du mouvement de désobéissance civile et des violences croissantes entre militaires et partisans de la démocratie.

Les principaux indicateurs témoignent d’une grande instabilité économique et financière qui devrait s’amplifier en 2021 :

  • Alors qu’ils concourraient chacun à hauteur de 8,4% à la croissance du pays en 2019, les secteurs secondaire et tertiaire devraient contribuer négativement au PIB en 2021 avec une chute a minima de 10,3% pour l’industrie et 11,1% pour les services.
  • D’après les données disponibles en avril 2021, les investissements directs étrangers (IDE) sont en forte baisse (-63%) par rapport aux sept premiers mois de l’année fiscale précédente. Avec 1,25Md USD en stock en avril, l’objectif de 5,5Mds USD d’investissements étrangers ne sera donc vraisemblablement pas atteint avant la fin de l’année fiscale (octobre 2021).
  • Depuis le coup d’Etat, le kyat a perdu 25% de sa valeur par rapport au dollar (mi-mai 2021) en dépit des interventions répétées de la Banque centrale depuis avril. 
  • Malgré la pandémie, les échanges commerciaux de la Birmanie ont légèrement progressé en 2020 (+4,5%). Entre 2012 et 2020, les volumes échangés ont ainsi doublé (+104%). Depuis le coup d’Etat, le commerce extérieur de la Birmanie s’inscrit toutefois en net recul (-44,8% par rapport à 2020, -56,8% par rapport à 2019) et le développement des conflits en zones ethniques dans les régions frontalières pourrait pérenniser les difficultés commerciales transfrontalières. La balance commerciale a été légèrement déficitaire en 2018/19 (-1Md USD) et 2019/20 (-1,4 Md USD).
  • La Banque mondiale anticipe un déficit de la balance courante de -3,7% en 2020 et -5,1% en 2021 du fait notamment de la baisse des transferts internationaux et de la suspension de l’aide au développement des principaux bailleurs multilatéraux depuis le putsch.
  • En raison des crises sanitaire et politique, le taux de pauvreté devrait doubler d’ici l’année prochaine pour atteindre entre 44% et 48,2% de la population. Près de 6,2M de personnes, soit 11% des Birmans, pourraient se retrouver en situation d’insécurité alimentaire avant la fin de l’année.  

Les finances publiques ont été impactées à la hauteur de l’intensité des crises que traverse le pays depuis plus d’un an. Le déficit budgétaire s’est ainsi accru en 2020 (-6,5% est.) à raison de l’affaiblissement de la croissance et de l’augmentation de la dépense budgétaire pour faire face à la COVID19 (notamment la mise en place d’un plan de soutien de l’économie – le Comprehensive Economic Relief Plan). En 2021, le déficit public pourrait atteindre 8,9% compte-tenu de la contraction des recettes fiscales et non-fiscales, qui seront impactées par la chute de l’activité et le mouvement de désobéissance civile dans les administrations collectrices des taxes. Après une augmentation de 11% entre 2020 et 2021, la dette publique devrait toutefois rester soutenable (51,6%). Le solde primaire (hors remboursement des intérêts de la dette) s’établirait à -6,7%.

  • Positionnement des institutions financières internationales

Les principaux bailleurs de fonds multilatéraux – Banque mondiale, Fonds Monétaire International, Banque asiatique de développement, Union européenne – ont suspendu les versements à la Birmanie dans l’attente d’une normalisation de la situation politique. Les agences de développement des pays occidentaux (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France) et de certains pays asiatiques (Japon, Corée du Sud) ont également remis en cause leurs programmes d’aide au développement dans le pays, ce qui impactera les principaux projets d’infrastructures et le potentiel de croissance de moyen terme du pays.

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