Mali, évolution de la situation économique et financière

Contexte général

Insuffisamment diversifiée, fortement informelle[1], l’économie malienne reste très dépendante de l’extérieur pour ses importations (denrées alimentaires, intrants agricoles, produits raffinés, biens de consommation) et ses exportations (or, coton, produits agricoles).

Les aléas climatiques pèsent très lourdement sur son secteur agricole, historiquement peu développé, et dont 2% seulement de deux millions d’hectares de terres arables disponibles (bassin du Niger) sont mis en valeur et exploités.

En dépit de l’aggravation continue, depuis 2012, de la crise multidimensionnelle à laquelle le Mali fait face, l’économie malienne confirme une résilience atypique avec un taux de croissance économique moyen élevé de +4% sur les 10 dernières années[2].

Sur la même période, l’inflation jusqu’ici maitrisée (inférieure en moyenne à 2%) s’est aggravée (+8% anticipés fin 2022) ainsi que la dette publique (55,9% du PIB anticipés fin 2022). Celle-ci reste toutefois dans la norme régionale, inférieure à 70% du PIB.

Pour sa part, l’Etat conserve une capacité singulière à honorer ses engagements. Le ministre malien de l’Economie et des Finances ayant notamment annoncé (12 août 2022), un mois après la levée des sanctions économiques et financières imposées par la Cédeao, l’apurement de l’intégralité de la dette extérieure du pays ( 85,5 Mds XOF).

Sur le plan sanitaire, le Mali reste épargné par le covid 19.

Evolution macroéconomique récente

2020 : le 25 mars, le Conseil d’Administration du Fonds Monétaire International (FMI) a adopté un nouveau programme triennal assorti d’une Facilité élargie de crédit (FEC, 191 MUSD), le Mali bénéficiant par ailleurs du soutien généreux des partenaires techniques et financiers (PTFs) traditionnels (FMI, Club de Paris…). Après la validation de la 1ère revue du programme (janvier), la FEC a été rééchelonnée pour permettre la mise en place d’une Facilité de Crédit Rapide (FCR, 200 MUSD) en complément d’autres très importants appuis financiers des PTFs, le niveau durablement bas des cours mondiaux des hydrocarbures jouant alors un rôle bénéfique sur l’économie et le budget maliens, atténuant considérablement notamment la facture énergétique du pays.

2021 : un accord préliminaire a été atteint le 13 janvier entre FMI et autorités maliennes au sujet des politiques à mener pour que les 2ème et 3ème revues du programme. Approuvé en Conseil d’Administration du FMI dans la 2ème quinzaine de février, cet accord préliminaire a permis au Mali de disposer de 40 millions de droits de tirages spéciaux (DTS, environ 58 MUSD).

2022 : tirées par des cours mondiaux à des niveaux exceptionnellement et durablement élevés, la production et les exportations d’or poursuivent leur très forte progression. Dans le secteur agricole, la campagne cotonnière 2021/2022 s’est soldée par une production de près de 800 000 tonnes[3] qui a permis au Mali de retrouver sa 1ère place de producteur africain, devant le Bénin. Faute d’accord avec les autorités du pays, le programme triennal du FMI a expiré. Une mission Article IV pourrait avoir lieu en fin d’année, en marge de laquelle des discussions pour un nouveau programme pourraient avoir lieu.

Perspectives à court terme 

A court terme, et selon le FMI, les perspectives macroéconomiques restent bonnes avec un taux de croissance anticipé de +2,5% pour la fin de l’année (+5,3% anticipés pour fin 2023). Maitrisée jusqu’ici (inférieure en moyenne à 2%), l’inflation s’est aggravée (+8% anticipés fin 2022, et +3% en 2023) ainsi que la dette publique (55,9% du PIB anticipés fin 2022, et 55,8% du PIB pour 2023). Cette dernière reste toutefois inférieure à la norme régionale (inférieure à 70% du PIB).

Sur le plan sanitaire, le Mali reste épargné par le covid 19. A ce jour (24/10), et depuis le depuis le début officiel de la pandémie (mars 2020), le Mali totalise 742 décès et 32 715 cas positifs.

La France reste le principal partenaire économique du Mali.

La France est le 2nd investisseur privé étranger (1er : les investisseurs miniers notamment canadiens). La présence économique française se matérialise par le recensement de 125 filiales et sociétés à capitaux français, contribuant annuellement en moyenne à 20% des recettes fiscales maliennes, employant directement plus de 5500 salariés notamment dans le transport aérien (Air France), l’énergie (Akuo Energy, Legendre, Welight), les services pour l’industrie (Air Liquide), la logistique et le transit (R-Logistics, Africa Ports & Airports, CMA-CGM), les NTIC (Camusat, Orange, Thomson Broadcast), la distribution des carburants (TotalEnergies), l’agroalimentaire (Castel-Bramali, GIE AMI), le BTP (Razel, Sogea-Satom-Vinci, Somafrec), l’adduction en eau (Vergnet hydro, Sogéa-Satom), les titres et documents sécurisés (Idémia), la certification (Bureau Veritas), la restauration (Servair), les medias (Canal+), le ciment et les matériaux de construction (ATC métallurgie, Métal Soudan, Vicat/CMM).

En 2021, les échanges commerciaux bilatéraux restent concentrés et s’élèvent à 414,8M€.

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En raison (i) de fortes incertitudes pesant notamment sur l’évolution politique et sécuritaire du pays, (ii) de la dégradation constante du climat des affaires, (iii) de l’incapacité de l’Etat à restructurer le secteur de l’énergie et EDM et à assurer une offre d’énergie constante et de qualité, les investisseurs étrangers s’interrogent ou ont, pour nombre d’entre eux, réduit leur dispositif au Mali./.


[1] A hauteur de 97,2% (rapport MEF/ONEF, septembre 2022).

[2] FMI : 2013 (2,3%), 2014 (7,1%), 2015 (6,2%), 2016 (5,9%), 2017 (5,3%), 2018 (4,7%), 2019 (4,8%), 2020 (-1,2%), 2021 (3,1%), 2022 (2,5%), et anticipé 2023 (5,3%).

[3] Pour cette campagne les cotonculteurs ont obtenus un prix d’achat de leur kilo de coton de 280 XOF. Un record historique. Seulement 2% de la production est transformée sur place.

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