Situation économique - février 2019

La Macédoine du Nord est dotée d’un PIB de 10 Mds EUR pour une population de 2 M d’habitants. Après avoir enregistré un rythme de croissance supérieur à 3% entre 2013 et 2016, la Macédoine du Nord a subi une stagnation en 2017 en raison de la crise politique qui a touché le pays de 2015 à 2017. En 2018, l’économie devrait croître de 2%, tirée par les exportations nettes, et s’accélérer à 2,8% en 2019 grâce à la demande intérieure[1]. L’inflation augmenterait légèrement en 2019 à 2%[2], le chômage diminuerait de 0,7 points pour s’établir à 20,3%, avec un chômage des jeunes particulièrement élevé (49%). La part de l’économie informelle reste très importante (entre 24% et 47% du PIB en fonction de la méthode utilisée[3]).

1/ Des vulnérabilités externes mieux maîtrisées, mais persistantes
1.1. Un déficit courant modéré, un déficit commercial substantiel

En 2018, le solde courant devrait se rapprocher de l’équilibre (-0,6% du PIB), grâce à des échanges de services excédentaires (4,2% du PIB : services d’assemblage industriels; tourisme; services informatiques) et aux transferts de la diaspora, estimés à 2-3% du PIB (BM). Le déficit commercial des biens demeure très important (17,3% du PIB), nonobstant une hausse significative des exportations (de 40,7% du PIB en 2017 à 45,1% en 2018), en raison d’une base productive encore étroite, malgré un début de diversification industrielle liée aux IDE[4], désormais à l’origine de 50% des exportations80% des exportations[5] sont destinées à l’UE (dont plus de la moitié vers l’Allemagne), dont proviennent 63% des importations.

 

1.2. Des IDE en hausse

Les flux d’IDE (3% du PIB) couvrent le déficit du compte courant. Les autorités ont engagé des politiques actives d’attraction des IDE en créant des zones franches, avec des exonérations d’impôts sur dix ans. Les flux d’IDE ont nettement augmenté entre 2012 et 2016, suivis d’une baisse en 2017 pour s’accroître à nouveau en 2018 (plus de 300 M EUR).

1.3. Une dette extérieure importante

La dette extérieure équivaut à 76,1% du PIB en 2018 (FMI), dont 28% de prêts intragroupe. Plus de la moitié de la dette extérieure est privée. La dette publique (y compris des entreprises publiques) demeure maîtrisée (50,7% du PIB). 70% de la dette publique demeure exposée au risque de change, avec une maturité moyenne courte de 4,5 ans[6].

 

2/ Rééquilibrage du policy mix par des efforts de consolidation budgétaire et des réformes structurelles
2.1. Une politique monétaire prudente, désormais plus accommodante

La Banque centrale (BC) maintient un taux de change de facto fixe par rapport à l’euro (soft peg et stabilized arrangement). La BC pratique désormais une politique monétaire accommodante : elle a, en 2018, réduit le taux directeur à trois reprises (de 3,25% à 2,5% en décembre 2018). La BC absorbe le surplus de liquidités du secteur bancaire par une politique d’open market et une facilité de dépôt à 7 jours à faible taux (0,3%), largement utilisée par les banques qui bénéficient ainsi d’un taux effectif inférieur au taux directeur, favorable à la dynamique du crédit (crédits aux ménages +10,1% en ga ; aux entreprises +5,8% en ga fin novembre 2018). L’euroisation de l’économie, avec 43% des crédits et 40% des dépôts libellés en devise, diminue l’effet de levier de la politique monétaire. Le taux des prêts non performants (5% en 2018) se situe à un niveau très bas comparé à ceux des pays de la région.

2.2. Une consolidation budgétaire nécessaire

Le déficit budgétaire (2,6% du PIB en 2018 hors inclusion de la Public Enterprise for State Roads, 3,2% avec) devrait s’élever à 2,8% du PIB en 2019. Les recettes publiques ne dépassent pas 30% du PIB. Avec l’assistance technique de l’UE, les autorités réexaminent leur stratégie fiscale : simplification des taxes parafiscales, révision de la loi sur les accises (hausse prévue pour le gazole). La flat tax de 10% sur les revenus des personnes physiques a été révisée afin d’introduire une certaine progressivité. Quant aux dépenses publiques, 80% concernent les salaires, les pensions, les transferts sociaux et les intérêts de la dette. Les dépenses en capital sont faibles (moins de 4% du PIB).

3/ Des défis majeurs

Le revenu/habitant (PPA) atteint 39% de la moyenne de l’UE 28 (avec de fortes disparités régionales). Poursuite de l’émigration, renouvellement des infrastructures énergétiques[7] et environnementales, introduction d’un système éducatif dual constituent autant de défis. Afin de désenclaver le pays et créer un cadre plus favorable pour les IDE, le développement des infrastructures de transport est important. Le pays est traversé par les corridors VIII (Adriatique-Mer Noire/ Durrës-Sofia-Burgas) et X (Nord-Sud/ Belgrade-Thessalonique). Des efforts substantiels doivent encore être réalisés dans le domaine des marchés publics, pour réduire le champ de l’économie informelle.


 

[1] Source : rapport article IV de janvier 2019. Fitch a récemment prévu que l’économie croîtrait de 3,2% cette année après 2,3% en 2018.

[2] Il s’agit de l’inflation de fin de période.

[3] Source : BERD.

[4] De grands groupes internationaux se sont implantés, tels que Johnson Matthey, (chimie, UK), Draexlmaier (industrie automobile, DE), Van Hool (transport : production de bus, BE), ou le groupe pharmaceutique russe Protek.

[5] Les pays du CEFTA absorbent 12% de ses exportations et 10% de ses importations.

[6] En janvier 2018, les autorités sont parvenues à émettre un Eurobond d’une valeur de 500 M EUR d’une maturité de 7 ans assorti d’un taux d’intérêt de 2,75%. La demande a été 7 fois supérieure à l’offre.

[7] La production électrique est encore fondée à plus de 60% sur le charbon-lignite.

Publié le