MACÉDOINE DU NORD
Indicateurs et conjoncture
En 2018 et 2019, la Macédoine du Nord avait vu son économie retrouver le chemin de la croissance (+2,9 % en 2018 et +3,9 % en 2019), essentielle pour opérer la convergence économique vers l’UE (PIB/hab. PPA de 38 % de la moyenne de l’UE 27). La pandémie a provoqué une récession de -6,1 % en 2020 suivie d’une reprise de +4 %. Suite à l’éclatement de la guerre en Ukraine, la croissance devrait ralentir à +3,2 % en 2022, selon le FMI, et à +2,7 en 2023. Le taux de chômage, supérieur à 20 % jusqu’en 2018, avoisine désormais 16 %, ce chiffre ne reflétant qu’imparfaitement la situation du marché de l’emploi au regard de l’économie informelle encore très prégnante (plus d’1/3 du PIB), notamment dans l’agriculture (plus de 15 % des emplois pour 8,2 % du PIB).
1/ Une reprise après la sévère récession
La Macédoine du Nord a enregistré une croissance de +4 % après la sévère récession de -6,1 % en 2020. Les dernières prévisions de croissance du FMI pour 2022 de l’ordre de +3,2 %, puis de +2,7 % en 2023, doivent être considérées avec prudence compte tenu des incertitudes liées à la guerre en Ukraine.
Pour contrecarrer les effets de la guerre, le gouvernement a approuvé, le 9 mars dernier, un paquet de mesures économiques de 400 M EUR visant à soutenir le niveau de vie et la liquidité des entreprises, dont une réduction du taux de TVA sur certains produits alimentaires de base (pain, lait, viande, sucre, farine, etc.) de 5 % à 0 % d'avril à juin et mise en place de prêts favorables à destination des entreprises. Le gouvernement a par ailleurs adopté, le 15 mars, un ensemble de mesures visant la réduction des dépenses publiques, dont l’obligation des entités du secteur public de réduire de -10 % leurs dépenses en biens et services. En 2020, les soutiens aux entreprises pour le maintien dans l’emploi, ainsi qu’aux ménages les plus vulnérables et le remboursement partiel des frais d’inscription universitaire ont été équivalents à 2,5% du PIB. Les moratoires fiscaux et les garanties ont, pour leur part, représenté 2 % du PIB.
Le taux de chômage de l’ordre de 15,7 % a, jusqu’à ce stade, été contenu et compensé par une légère baisse du taux d’activité, d’un bas niveau à 56 % de la population en âge de travailler : difficultés d’insertion des jeunes au marché du travail, faible participation des femmes. A 23 % de l’ensemble des moins de 60 ans, le pourcentage de la population sous risque de pauvreté reste plus élevé que dans l’UE (17 %), mais le ratio est identique à celui de l’UE pour les plus de 60 ans.
2/ Un déficit courant contenu
Le déficit courant demeure contenu à -3,5 % du PIB en 2021 (contre -3,4 % en 2020) et augmenterait légèrement à -4,3 % en 2022. En 2021, le déficit commercial des biens s’est creusé atteignant -2,7 Mds EUR, soit ‑23,1 % PIB, contre -1,8 Mds EUR en 2020, soit -17,1 % du PIB. Le déficit de la balance des biens est partiellement compensé par l’excédent du solde des revenus secondaires (2 Mds EUR, soit 17,2 % du PIB).
Dans ce contexte, la Macédoine du Nord, qui dispose d’une base industrielle reposant pour l’essentiel sur les Investissements Directs Etrangers a renoué avec un flux annuel d’IDE de 4,4 % du PIB (contre 1,9 % en 2020 et 3,5 % en 2019).
La Banque Centrale dispose de réserves de change équivalant à 4 mois d’importations : elle a défendu avec succès le régime monétaire de change de facto fixe (soft peg), auquel l’ensemble du pays (toutes populations confondues) est très attaché en raison de la stabilité qu’il apporte : le denar macédonien s’est légèrement déprécié par rapport à l’euro, mais dans des proportions très contenues (61,63 MKD/EUR fin 2021 contre 61,51 fin 2019). La ligne de swap de 400 M EUR accordée par la BCE s’est avérée essentielle. En mars 2021, la Macédoine du Nord a pu émettre un paquet d’euro-obligations (programmé dès la loi de finances 2020) d’un montant de 700 M EUR sur 7 ans à un taux d’1,625 %.
Dans le contexte de la crise sanitaire, la dette publique totale a augmenté de plus de 10 pp entre 2019 et 2020 pour atteindre 61 % du PIB (y inclus les garanties aux sociétés d’Etat) et a par la suite légèrement diminué à 60,8 % du PIB en 2021. Le déficit budgétaire (de 8,2 % du PIB en 2020) a été ramené à 5,4 % en 2021. La dette externe totale s’est établie à 81 % du PIB.
3/ Importance des réformes structurelles pour la dynamisation du processus de convergence
Fin 2020, avec un PIB/habitant égal, en parité de pouvoir d’achat, à 38 % de la moyenne de l’UE 27 (contre 35 % en 2010), cet indicateur n’avait progressé que de trois points en dix ans. L’économie informelle équivaut à environ un tiers du PIB.
- La Macédoine du Nord connait encore une émigration conséquente, mais principalement saisonnière, et enregistre un taux de fécondité de 1,3 : sa population devrait diminuer de 100 000 personnes d’ici 2035. Le ratio de personnes de plus de 64 ans sur la population en âge de travailler (15-64 ans) est de 26 % en 2021 (contre 32 % dans l’UE 27). Mais, la question de l’intégration des jeunes au marché du travail revêt un caractère primordial, avec une réforme prioritaire du système de formation duale (apprentissage). Dans le cadre de l’AMF, une unité dédiée à l’emploi des jeunes est créée au sein de l’agence pour l’emploi macédonienne.
- Volet majeur des conditionnalités de l’AMF de l’UE, la gouvernance des finances publiques est en voie d’amélioration : une stratégie sur la réforme du système fiscal a été adoptée en décembre 2020. Les recettes publiques ont atteint 30 % en 2021. Restent attendues les mesures législatives et organisationnelles nécessaires pour permettre au nouveau Conseil budgétaire d’entrer en fonction.
- Un registre des taxes parafiscales, tant à l’échelon central que local, a été publié. Les budgets des entreprises publiques et des municipalités sont publiés sur le site internet public ‘Open Finances’.
- Les dépenses publiques d’investissement (d’environ 3 % du PIB), programmées sur 5 ans, doivent faire l’objet d’un pilotage central plus régulier (tous les trois mois). Les dotations affectées aux investissements et non consommées peuvent faire l’objet de réallocations budgétaires.
- A la demande du FMI et de l’UE, la loi sur les PPP et les concessions fait l’objet d’une révision. Le régime des inspections d’entreprises est désormais régi par une nouvelle loi destiné à assurer davantage de transparence. La Macédoine du Nord est classée 87 sur 180 pays dans le classement de la corruption 2021 de Transparency International (ex aequo avec le Kosovo) et a progressé de 24 places en un an.