Relations économiques bilatérales avec la République de Moldavie

9ème investisseur étranger, 9ème fournisseur et 18ème client de la Moldavie, la France demeure un partenaire économique secondaire de la Moldavie. Néanmoins, les échanges commerciaux bilatéraux sont dynamiques et ont enregistré une progression de 15% en 2023, atteignant 202,6 M€. L’excédent commercial français a fortement progressé à 71,8 M€  et continue de se renforcer, porté notamment par le rapprochement avec l'Union européenne et le soutien de la France face aux défis économiques liés à la guerre en Ukraine.

1. Le commerce bilatéral est en croissance, même si notre part de marché reste faible.

En 2014, un accord d’association comportant un accord de libre-échange a été signé entre l'UE et la République de Moldavie, réduisant considérablement les droits de douane, ce qui a soutenu une réorientation du commerce extérieur moldave vers l'UE. Cet accord a favorisé le commerce bilatéral franco-moldave, dont le volume est passé de 93,8 M€ en 2014 à 202,6 M€ en 2023, un niveau sans précédent (+15% par rapport à 2022).

En 2023, les exportations françaises vers la Moldavie ont augmenté de 30,5% par rapport à 2022 et représentaient 137,2 M€. Ces livraisons, relativement diversifiées, se composent principalement de matériels de transport (47,7 M€ en 2023, +84,3% sur un an), de machines industrielles et agricoles (17,3 M€, -8,2%), de produits chimiques, parfums et cosmétiques (17,0 M€, +30,8%), de produits des industries agroalimentaires (13,9 M€, +6,9%) et de produits pharmaceutiques (+51%, à 5,1 M€).

Dans l’autre sens, les importations françaises de produits moldaves ont diminué de 7,9%, à 65,4 M€. Ces importations se composent essentiellement d’articles textiles (20,1M€), de produits agroalimentaires (12,4 M€) et de produits agricoles (11M€), secteurs qui représentent une part importante de l’activité économique en Moldavie.

Sous l’effet combiné de cette hausse des exportations et de la baisse des importations, le solde positif de nos échanges s’est de nouveau accru. Redevenu excédentaire en 2019 (4,5 M€), notre excédent commercial s’est continuellement amélioré au cours des cinq dernières années. En 2023, il a plus que doublé par rapport à 2022 pour atteindre 71,8 M€.

La France est un partenaire commercial de second rang de la Moldavie puisqu’elle n’était en 2023 que son 9ème fournisseur (2,5% du total des importations moldaves) derrière la Roumanie (15,0%), l’Ukraine (12,4%), la Chine (11,7%), la Turquie (8,5%), l’Allemagne (7,1%) ou encore l’Italie (5,4 %). Dans l’autre sens, la France n’était que le 18ème client de la Moldavie (1% du total des exportations moldaves) derrière la Roumanie (35,1%), l’Ukraine (14,7%), l’Italie (6,4%), l’Allemagne (5,5%), la République tchèque (4,0 %), ou encore la Russie[1](3,6%). Cependant, les échanges commerciaux entre la France et la République de Moldavie sont dynamisés par les négociations en cours pour l'adhésion de la Moldavie à l'UE, processus que la France soutient, notamment en mettant à disposition du pays son expertise technique sur des réformes structurelles (ex : secteur de l’énergie) et des financements fléchés vers la modernisation des infrastructures de transport (ferroviaire).

2. La France est le 9ème investisseur étranger, avec une présence relativement limitée mais diversifiée.

La France est le 9ème investisseur étranger en Moldavie en 2022, avec un stock d’IDE de 145 M€ sur un total de 4,6 Mds€. La France détient ainsi 3,1% du stock d’IDE total et se classe derrière Chypre (15,9%), la Russie (14,5%), la Roumanie (8,7%), les Pays-Bas (8,4%), l’Allemagne (5,0%), le Royaume-Uni (4,9%), la Bulgarie (4,3%) et l’Autriche (3,6%). A noter que si une importante part des IDE proviennent de Chypre et des Pays-Bas, la majorité de ces investissements sont réalisés par des acteurs d’autres pays, en particulier russes ou ukrainiens, dont les flux financiers transitent via ces pays afin de profiter de leur fiscalité avantageuse et de leur appartenance à l’Union européenne[2].

A noter qu’une nouvelle convention visant à éviter la double imposition a été signée le 15 juin 2022 à l’occasion de la visite du Président de la République à Chisinau, et devrait soutenir l’investissement français en Moldavie. Ce texte, déjà ratifié par la Moldavie, est passé à l’Assemblée nationale et sera examiné par le Sénat en mars.

Une communauté d’entreprises françaises diversifiée est présente dans le pays. 240 entreprises à capitaux français sont actives sur le marché moldave et génèrent plus de 4 000 emplois directs. Les principaux investisseurs français sont Orange, Lactalis, Lafarge, et Up, alors que Sanofi, Sade, QAIR, Eco Delta ou encore Pentalog disposent d’une présence commerciale dans le pays. Orange, 1ér opérateur de téléphonie mobile en Moldavie, emploie plus de 1 450 employés et exploite Orange Systems, l'un des principaux centres de recherche et développement du pays. La "Fromagerie Soroca", du groupe Lactalis, qui s‘est implantée dans le pays via un investissement de 17 M€, emploie plus de 220 personnes et dispose d’une capacité de production quotidienne de 80 tonnes pour les produits laitiers frais et 7 tonnes pour le fromage à pâte dure. Dans le domaine agricole-agroalimentaire, Timac Agro, filiale du groupe Roullier spécialiste des intrants de production, Limagrain (semences), ou encore Bongard (fours électriques pour boulangerie) sont présents dans le pays. La CCI France Moldavie, qui s'investit dans la promotion des échanges économiques bilatéraux, compte 43 entreprises membres début 2024.

A la suite de l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE (décembre 2023), les relations économiques entre la France et la Moldavie pourraient se renforcer dans les prochaines années grâce à une convergence vers les standards de l'UE, le renforcement de l'Etat de droit, l'adoption progressive des normes communautaires et l’amélioration du climat des affaires. Cette dynamique peut encourager une croissance des échanges commerciaux, soutenue, d’une part, par la réorientation de l'économie moldave vers l'UE et, d’autre part, par un renforcement des échanges dans les secteurs où les entreprises françaises et moldaves coopèrent déjà (agriculture, industrie, IT, transports).

La France mobilise ses outils financiers pour appuyer la Moldavie dans ses réformes, soutenir la modernisation de ses infrastructures et accompagner la transformation de son économie. En juin 2021, l'Agence française de développement (AFD) a élargi son mandat à la Moldavie et ouvert une antenne à Chisinau. Elle oriente ses financements vers des secteurs clés tels que la gestion forestière, l'irrigation et l'assainissement, ainsi que la modernisation des infrastructures énergétiques et ferroviaires, en accord avec les priorités définies par les autorités moldaves. En 2022, l’AFD a mobilisé un prêt d'appui budgétaire de 15 M€ et financé, en parallèle de la Banque mondiale, un prêt de 60 M€ en soutien aux réformes du secteur l’énergie et des chemins de fer. Outre les soutiens budgétaires pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine, 8 M€ ont également été prêtés par Proparco à l’institution financière MicroInvest.

En 2024, l’AFD et la Direction générale du Trésor envisagent l’octroi d’un financement conjoint jusqu’à 50 M€ pour appuyer la modernisation des chemins de fer moldaves (CFM) et l’acquisition de nouveaux équipements (locomotives de manœuvre et machines de pose et entretien de voie).



[1] Jusqu’en 2013 la Russie était le principal marché des exportations moldaves (631 MUSD sur un total de 2,4 Mds). Un point de bascule s’opère en 2014 avec l’accord d’association signé avec l’UE, la Roumanie devenant le premier débouché de la Moldavie.

[2] L'impact des investissements directs étrangers sur l'économie moldave. UNDP, 2010.

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