MOLDAVIE
Situation économique et financière de la Moldavie
Données économiques pour l'année 2024 : (FMI, Institut National des Statistiques, Banque Nationale de Roumanie, Douanes françaises)
- PIB : 16,6 Mds EUR
- PIB réel par habitant : 7 480 EUR
- Taux de croissance : +0,1 % (prévisions du FMI 2025 : +0,6 %)
- Taux de participation au marché du travail : 42,5 % (T4)
- Taux d'inflation moyen (IPC) : +4,7 %
- Solde courant : -15 % du PIB
- Dette publique : 38 % du PIB
- Déficit public : -3,9 % du PIB
- Echanges de biens et services : 14,2 Mds EUR (85 % du PIB)
- Solde commercial : -25 % du PIB
- Principaux clients : Roumanie (32,6 %), Ukraine (9,3 %), Italie (6,7 %)
- Principaux fournisseurs : Roumanie (16,9 %), Chine (13,8 %), Ukraine (12,1 %)
- Exportations françaises vers la Roumanie : 134 M EUR
- Importations françaises depuis la Roumanie : 61,3 M EUR
La Moldavie est dotée d'une économie de taille modeste. Avec une population de 2,5 M d’habitants au 1er janvier 2024 et un PIB de 16,6 Mds€ à prix courants en 2024, le PIB par habitant a atteint 7 480 € en 2024, représentant 22,3 % de la moyenne UE en 2024. Le pays fait face à des défis structurels importants en matière de démographie, de productivité et d’environnement des affaires, et a subi plusieurs chocs externes successifs en raison de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. Après avoir connu un rebond limité en 2023 (+0,7 %), l’activité a stagné en 2024 du fait d’une baisse marquée des exportations ainsi que de la production agricole, durement affectée par des épisodes de sécheresse ces dernières années. En outre, la crise énergétique qui frappé le pays en décembre 2024 a entraîné une reprise des pressions inflationnistes début 2025, avec un taux d’inflation à 8,5% en février. Néanmoins, l’économie pourrait bénéficier à moyen terme de la Facilité européenne, d’un montant de 1,9 Mds EUR, destinée à financer les grands projets d’infrastructres et les réformes socio-économiques en soutien du processus d’adhésion à l’UE.
1. Une économie fragilisée par la guerre en Ukraine, qui présente des limites structurelles mais avec des perspectives encourageantes.
Après une récession marquée en 2022 (-4,6%) suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, l’économie moldave a bénéficié d’une croissance modeste de +0,7% en 2023. La consommation des ménages, principal moteur de la croissance, a diminué de -0,5 %, tandis que et la production industrielle a reculé de -4,2 %, pénalisée par une faible demande intérieure. Toutefois, l’économie a profité d’une amélioration dans plusieurs secteurs d’activité. La production agricole, gui génère 9 % du PIB national, a progressé de +27 %, tandis que la valeur ajoutée du secteur des TIC (8 % du PIB) a augmenté de +7,5 %.
En 2024, l'économie moldave a enregistré une croissance atone de +0,1 %. Malgré une hausse de la consommation des ménages de +1,2 % et de l’investissement (FBCF) de +4,7 %, la dégradation du commerce extérieur a pesé sur la croissance, avec un déficit de la balance des bien à -4,7 Mds€ en 2024 (+19,1 % en g.a). Les importations, tirées par la consommation domestique et celle des 127 786 réfugiés ukrainiens dans le pays, ont augmenté de +4,5 %, tandis que les exportations ont chuté de -12,2 %, en particulier dans les principaux marchés à l’export de la Moldavie : -18,3 % vers la Roumanie et -44,7 % vers l’Ukraine. Dans ce contexte, la Moldavie a enregistré un déficit courant marqué de -2,5 Mds€ soit 15% du PIB en 2024 (contre 11,5 % en 2023). Par secteur d’activité, l'agriculture a souffert des sécheresses répétées, avec une baisse de -19 % de sa valeur ajoutée, tandis que les secteurs des TIC (+5,5 %), de la construction (+3,4 %) et de l'industrie manufacturière (+1,2 %) ont vu leur activité légèrement progresser.
Le développement de l’économie moldave reste entravé par des problèmes structurels. Le poids de l’économie informelle (estimé à 41% du PIB[1]), qui contribue à maintenir une partie de la main d’œuvre en situation de précarité et l’émigration[2], notamment pour des raisons économiques, nourrissent des pénuries de main d’œuvre dans de nombreux secteurs. Cette réalité a pour conséquence une participation limitée au marché du travail, avec un taux d’emploi de 42,5 % au T4 2024, et une forte dépendance de la balance des paiements aux transferts de la diaspora, lesquels représentaient 8,5% du PIB en 2024. Parallèlement, la hausse du salaire réel net moyen de +12,1% (à 751 €) au T4 2024, en g.a, n’a pas été accompagnées d’un développement suffisant du système productif, stimulant ainsi la consommation mais fragilisant la compétitivité des entreprises. Enfin, le pays présente de fortes disparités régionales, notamment entre la capitale et le reste du pays (en 2022, le PIB de Chisinau représentait 64 % du PIB moldave contre 14 % pour le nord et le centre du pays, 6 % pour le sud et 2 % pour la région de Gagaouzie).
2. L'économie moldave pourrait bénéficier de la baisse de l'inflation, des grands chantiers d'infrastructures et des réformes liées au processus d'adhésion à l'UE.
En dépit d’une dynamique désinflationniste soutenue depuis octobre 2023, la crise énergétique a entraîné une reprise des pressions inflationnistes à la fin de 2024. L’arrêt de l’approvisionnement en gaz russe au 1ᵉʳ janvier 2025[3] a conduit le pays à trouver de nouveaux fournisseurs et s’est traduit par une envolée des prix de l’électricité début 2025 (entre +65 % et 75 %) ainsi que du gaz de +27,6% en décembre 2024, entrainant une augmentation significative du taux d’inflation à 8,6 % en février 2025, bien au-dessous de la cible de la Banque Nationale de Moldavie (5 % ± 1,5 pp). Grâce à une politique monétaire agile, la BNM a rapidement relevé son taux directeur à 6,5 % en février 2025 permettant de contenir la hausse des prix. Dans ce contexte, les différents chantiers lancés par les autorités pour renforcer la sécurité énergétique du pays devraient, à court terme, contribuer à maîtriser l’inflation et, à moyen terme, réduire les pressions inflationnistes.
Malgré des incertitudes géopolitiques persistantes et des déséquilibres importants, la Moldavie continue de renforcer sa résilience en investissant dans le développement d'infrastructures énergétiques[4] et de transport (en particulier avec la Roumanie et l’Ukraine[5]), visant à diversifier ses sources d'énergie et à améliorer sa connectivité avec l'Union européenne. Le gouvernement reste également déterminé à poursuivre ses réformes pour favoriser un meilleur climat des affaires, notamment en soutenant la privatisation et la restructuration des entreprises publiques, qui représentent actuellement 20 % du PIB en actifs, avec environ 900 entreprises. Le gouvernement s’appuie notamment sur le soutien des institutions financières internationales (FMI, BEI, BERD, Banque mondiale, AFD), qui, depuis le début de la guerre, ont intensifié leurs efforts pour accompagner le développement économique du pays. Ces acteurs ont confirmé leur soutien à la Moldavie lors de la réunion de la Plateforme de Partenariat avec la Moldavie, le 17 septembre 2024 à Chisinau, notamment en octroyant pour 380 M EUR de financements supplémentaires (dont 25 M pour l’AFD).
La réelection de Maia Sandu le 3 novembre 2024 et l’inscription de l’ojectif d’adhésion à l’UE dans la Constitution offrent à la Moldavie l’opportunité de poursuivre la convergence socio-économique du pays vers les standards européens. La Facilité européenne s’élève à 1,9 Mds EUR (520 M de subventions et 1,5 Mds de prêts, soit env. 9,4% du PIB pour la composante « prêt ») pour la période 2025-2027, permettant aux autorités de disposer des fonds nécessaires pour appliquer le Plan de croissance[6] et poursuivre l’objectif d’intégration en 2030. La dette publique reste soutenable[7], à hauteur de 38% du PIB en 2024, ce qui offre une marge de manœuvre aux autorités pour recourir à l’endettement si nécessaire. En particulier, la facilité permettra d’améliorer l’intégration de la Moldavie au marché unique européeen en facilitant les échanges commerciaux et les liaisons de transport, un processus déjà entamé avec la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange approfondi et complet (DCFTA) depuis 2016 et l’adoption d'un nouveau Code des douanes début 2024. De plus, le soutien financier de l’UE permettra de remettre à niveau le réseau logisitique du pays, notamment en matière de transport ferroviaire et routier.
[1] Données World Economics (2023). Ce taux aurait augmenté de 1 pp en 2023 par rapport à 2022.
[2] Environ 40 000 moldaves quittent le pays chaque année.
[3] L’arrêt de l’approvisionnement en gaz de la Transnistrie par Gazprom a conduit à la fin de l’approvisionnement en électricité de la rive droite par la centrale thermique de Cuciorgan (en Transnistrie). La Moldavie a dû compenser en important la majeure partie de son électricité de Roumanie.
[4] Alors que 80 % de l’électricité moldave provenait de Transnistrie avant février 2022, la Moldavie met actuellement en œuvre plusieurs projets d’interconnexions électrique avec la Roumanie, financés par les IFIS, pour s’affranchir de ces approvisionnements d’ici 2029.
[5] Liaison routière Odessa-Chisinau-Iasi.
[6] La « Facilité pour les réformes et la croissance » est conditionnée à la mise en œuvre de réformes socio-économiques, permettant de renforcer la convergence économique de la Moldavie avec l’UE, accélérer l’intégration au marché européen et assurer l’indépendance énergétique du pays.
[7] La dette publique est majoritairement externe (60%) et se caractérise par une longue maturité moyenne et concessionnel (détenue à 90 % par les créanciers multilatéraux comme le FMI et l’UE).