Relations économiques bilatérales

Malgré un accroissement de la concurrence – en particulier extra-européenne (Chine, Etats-Unis) – la France reste le premier partenaire économique et financier du Maroc. En dépit d’un contexte marqué par de fortes perturbations sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, les échanges commerciaux avec le Maroc ont nettement progressé (+24% en 2022), sous l’effet de la croissance des exportations françaises de céréales, permettant de résorber notre déficit bilatéral et retrouver le deuxième rang des fournisseurs devant la Chine. Principal pourvoyeur de devises du Royaume, la France demeure le premier investisseur étranger (30,8% du stock total) et le premier pays d’origine des transferts de la diaspora marocaine et des recettes touristiques.

1. La montée en puissance des écosystèmes industriels marocains (automobile, aéronautique) a fortement contribué à la hausse des échanges commerciaux avec le Maroc depuis dix ans. D’après les douanes françaises, de 2012 à 2022, nos importations en provenance du Maroc ont augmenté de 112%, deux fois plus rapidement que nos exportations (61,5%). Par conséquent, notre solde bilatéral s’est nettement dégradé, passant d’un excédent de 1,1 Md EUR en 2012 à un déficit de 432 M EUR en 2022. Cette tendance s’explique principalement par l’intégration croissante du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales avec une spécialisation des écosystèmes industriels (automobile, aéronautique) : une partie des flux du Maroc vers la France proviennent de réexportations d’entreprises françaises qui possèdent des usines de construction et d’assemblage dans le Royaume (par exemple, l’usine de Renault à Tanger ou de Stellantis à Kenitra). Ainsi, en considérant les données en valeur ajoutée qui ne retiennent que la destination finale des échanges et retraitent les flux d’intrant au cours de la production, la France affiche un léger excédent commercial (0,2 Md EUR en 2020, dernières données disponibles).

2. En 2022, les échanges commerciaux ont nettement progressé (+24% à 13,4 Md EUR) permettant d’améliorer notre balance bilatérale et de retrouver le 2ème rang des fournisseurs du Royaume. Après avoir atteint un record de 1,6 Md EUR en 2021, le déficit commercial de la France vis-à-vis du Maroc a diminué de 72% et s’élève à 432 M EUR en 2022. Ce redressement s’explique essentiellement par la très forte croissance des exportations françaises (+39,9%, contre +12,1% pour les importations) tirées par les ventes de céréales et de blé. Les conséquences de la guerre en Ukraine ont en effet contraint le Royaume à reconfigurer ses chaînes d’approvisionnement en favorisant les producteurs français : les produits agricoles représentent ainsi 20,5% de nos exportations (+310% à 1,3 Md EUR) et notre part de marché dans les importations de blé tendre est passée de 30% en 2021 à 50% en 2022. Outre l’agriculture, les exportations françaises d’équipements électroniques et mécaniques progressent de +15,5% pour s’établir à 1,6 Md EUR, la France étant le premier fournisseur de pièces automobiles du Maroc en 2022. S’agissant de nos importations, les principaux écosystèmes industriels du Maroc affichent de solides performances : les véhicules automobiles représentent notre premier poste d’importation (35% du total), suivis par les produits agricoles et halieutiques (+33% à 1,2 Md EUR) et le textile (+14,1% à 975 M EUR).

Si le Maroc représente 1% des échanges commerciaux de la France avec le monde, il reste notre premier partenaire commercial en Afrique et le deuxième dans la région ANMO après la Turquie. Selon les statistiques des douanes marocaines, la France, qui était historiquement le premier fournisseur du Royaume, a d’abord perdu sa place en 2012 au profit de l’Espagne (14,1% des parts de marché en 2022). Après avoir été également dépassée par la Chine en 2020 et 2021, la France est néanmoins redevenue le deuxième fournisseur du pays (10,6% des parts de marché contre 10 % pour la Chine) en s’appuyant sur la progression des ventes de blé.

Flux commerciaux France Maroc

 Source : douanes françaises

3. La France est le premier investisseur étranger au Maroc en stock, avec un engagement marqué dans les secteurs industriels et des services (immobilier, commerce, activités financières). Le stock d’IDE français au Maroc est de 8,1 Md EUR en 2022 (-10% par rapport à 2021), ce qui permet au Royaume d’être le premier pays récipiendaire des investissements français en stock dans la zone ANMO. D’après les données de l’Office des changes, la France est le premier investisseur étranger en stock de capital (30,8%) loin devant les autres investisseurs : Emirats Arabes Unis en deuxième position (20,3%) et l’Espagne troisième (8%). Les recettes des IDE français sont concentrées à hauteur de 27,3% dans le secteur immobilier, suivi par l’industrie (23,9%), le commerce (20,3%) et les activités financières (10,5%). Avec la représentation de la quasi-totalité des entreprises du CAC 40 et l’implantation de près de 1300 filiales d’entreprises françaises, le Royaume est la première destination des investissements français en Afrique (20% du total du stock de capital). Dans le sens contraire, la France reste particulièrement attractive pour les investissements marocains à l’étranger : le stock d’IDE marocain étant passé de 372 M EUR à 1,8 Md EUR entre 2015 et 2022 (soit le premier investisseur africain en France).

4. Premier pays d’origine des transferts financiers de la diaspora marocaine et du contingent de touristes, la France est le principal pourvoyeur de devises du Maroc. En 2022, les transferts financiers des marocains résidant à l’étranger (MRE) de France ont atteint 3,3 Md EUR, soit une hausse de 17,9 % par rapport à 2021. Les transferts des MRE de France représentent 32,2 % du total des transferts reçus par le Royaume, devant l’Espagne (13,4 %) et l’Italie (11,5 %). Par ailleurs, la France consolide sa position en tant que premier marché émetteur des recettes touristiques au Maroc. Les dépenses des touristes français en 2022 se sont élevées à 2,9 Md EUR (contre 1,2 Md EUR en 2021), soit 33 % du total. Cette hausse inédite des dépenses de voyages françaises (+135,2 %) porte la reprise de l’activité touristique marocaine, qui retrouve désormais son niveau pré-COVID. Les recettes touristiques et les transferts financiers représentent un apport important de devises et constituent un enjeu majeur – en particulier dans le contexte de reconstruction post-séisme - pour le financement et la stabilité du Royaume.

5. Aide institutionnelle : le Maroc est le premier récipiendaire des financements AFD dans le monde et bénéficie de nombreux instruments de la DG Trésor et de BPI France. Notre exposition (financements engagés) se décompose ainsi :

  • AFD : 3,7 Md EUR d’exposition dont 2,1 Md EUR d’encours (financements décaissés) et 1,6 Md EUR de restes à verser. Le Maroc est le premier pays AFD en termes d’exposition et le deuxième en termes d’encours (premier sur l’encours souverain). 
  • BPI Assurance Export : 742,3 M EUR d’encours, dont un encours en assurance-crédit de 600 M EUR (principalement répartis sur les secteurs de la défense et des transports), aucune garantie appelée.
  • Prêt du Trésor : 897 M EUR d’encours à fin juin 2022. Bien qu’aucun prêt du Trésor n’ait été accordé au Maroc depuis 2017, il s’agit du premier pays en termes d’encours de prêt avec une forte concentration sur le ferroviaire (lignes à grande vitesse).
  • FASEP : entre 2010 et 2021, 18 projets sur financement FASEP ont été conduits au Maroc pour un montant total de 13 M EUR, essentiellement dans les secteurs de l’environnement et des transports. 4 projets sont toujours en cours fin 2023.

Le Maroc est le premier bénéficiaire des financements de l’AFD dans le monde, avec une exposition (encours + restes à verser signés) de 2,9 Mds EUR à fin 2018. L’AFD a octroyé 426 M EUR au Maroc en 2018 (dont 20,2 M EUR par PROPARCO).

L’encours des prêts du Trésor (décaissements moins remboursements) s’élevait à 901,9 M EUR à fin décembre 2018, principalement concentré dans le secteur des transports (LGV, tramways de Rabat et de Casablanca).

Entre 2000 et 2018, 34 études FASEP ont été conduites au Maroc (en particulier dans le secteur de l’eau) pour un montant total de 100,1 M EUR (dont 75 M EUR de don exceptionnel pour l’assistance technique de la LGV).

En 2015, la Direction générale du Trésor a accordé une ligne de don (4 M EUR) et de prêt (21 M EUR) dédiée au financement des PME marocaines. Une ligne de garantie française est associée à ce financement. En 2016, le montant du don affèrent a été relevé (de 2 M EUR supplémentaires). Le SER a délivré 26 accords de principe, dont quatre ont abouti à ce jour à des exportations d’origine française pour un montant de 1,4 M EUR.

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