MAROC
Profil du commerce extérieur du Maroc
En 2024, le déficit commercial du Maroc s’est creusé à 28,7 Md EUR (+6,8 %), rompant avec l’amélioration de 2023. Si la reprise du commerce mondial a soutenu les échanges, la concentration des flux avec des partenaires déficitaires – en particulier l’Asie (Chine), responsable de près des trois quarts du déficit – a pesé lourdement sur le solde. Parallèlement, les principaux écosystèmes industriels du pays affichent de solides performances à l’export et confirment leur dynamisme en 2024. S’agissant des partenaires du pays, l’Union Européenne concentre l’essentiel des échanges extérieurs du Maroc, révélant des équilibres commerciaux contrastés. Tandis que l’Espagne reste en tête comme principal partenaire commercial, la France continue d’afficher un excédent en faveur du pays permettant de contenir le déficit marocain.
- Après s’être amélioré 2023, le déficit commercial du Maroc se dégrade en 2024 et atteint 28,7 Md EUR en 2024 (+6,8 %). Cette aggravation résulte d’une progression des importations et des exportations quasiment au même rythme, dans un contexte de déficit déjà conséquent. Les importations ont progressé de +6,4 % portées par les achats de biens d’équipement (+13 %), de produits de consommation (+10,7 %) et de demi-produits (+8 %), tandis que la facture énergétique a reculé de -6,7 %. Les exportations se sont établies, pour leur part, à 43 Md EUR (+6,1 %), soutenues par la progression des phosphates et dérivés (+13,5 %), de l’automobile (+6,3 %), de l’aéronautique (+14,9 %) et de l’agriculture-agroalimentaire (+9,1 %). Les échanges commerciaux du Maroc avec le reste du monde ont globalement progressé de +6,3 % au titre de l’exercice écoulé, contre une baisse de -1,7 % en 2023 (cf. annexe 1).
- Les performances des principaux écosystèmes industriels du pays – automobile, phosphates, agroalimentaire et aéronautique – se confirment en 2024, à l’exception du textile. Le secteur automobile maintient sa position de premier poste d’exportation avec 14,85 Md EUR (+6,3 %), porté par l’écosystème construction et le câblage. Placé au cœur de la stratégie d’industrialisation du Royaume, il demeure un soutien de la compétitivité marocaine. Le secteur des phosphates et dérivés retrouve une dynamique positive après un recul en 2023 et redevient le deuxième exportateur du Royaume avec 8,21 Md EUR (+13,5 %). Cette progression reflète, pour le phosphate brut, un effet-prix favorable à la demande, alors que le prix de l’engrais repart à la hausse en 2024. Le secteur agricole et agroalimentaire confirme sa résilience, avec des exportations de 8,2 Md EUR, soutenues par la bonne tenue des produits agricoles malgré la persistance de contraintes hydriques structurelles. Le secteur aéronautique affiche une forte progression (+14,9 %), tirée principalement par l’écosystème assemblage, et illustre la capacité du Maroc à s’ancrer dans les chaînes mondiales de haute technologie. En revanche, le textile et cuir connaît une légère contraction à 4,33 Md EUR (-0,5 %), confirmant un recul tendanciel malgré le dynamisme ponctuel de certaines filières comme la bonneterie et l’habillement.
- En 2024, l’Europe reste le principal partenaire du commerce extérieur marocain, avec 62 % des échanges (contre 63,2 % en 2023). L’Espagne demeure le premier partenaire (29,1 % des échanges), suivie de la France (21 %), qui se distingue par un excédent bilatéral favorable au Maroc, contrairement à l’Espagne dont les flux pèsent davantage sur le déficit. La baisse relative de la part européenne des échanges en 2024 profite directement à l’Asie, qui atteint 20,1 % des échanges (18,9 % en 2023). La Chine en est le principal moteur : ses échanges progressent de +1,3 Md EUR (+18,4 %), soit l’équivalent de la perte européenne, mais au prix d’un déficit bilatéral record pour le Maroc. Quant au continent américain, les échanges du Maroc ont progressé de +6,1 % pour atteindre 12 % des échanges totaux, captés à deux tiers par les Etats-Unis. Dans ce contexte, l’application d’un droit de douane de 10 % ne peut encore être considérée comme significative, compte tenu du poids encore limité du marché américain dans les débouchés marocains (Cf. note SER du 14 avril 2025). Vis-à-vis de l’Afrique, les échanges commerciaux se sont stabilisés à 5,3 Md EUR, reflétant la volonté persistante du Maroc de renforcer sa diversification régionale, sans changement majeur dans la structure des flux. Le solde commercial reste excédentaire mais recule nettement, à 0,68 Md EUR en 2024 contre 1,19 Md EUR en 2023.
- En 2024, la dynamique des importations du Maroc est portée à la fois par les entreprises et par les ménages. Celles-ci se sont établies à 71,8 Md EUR, soit en hausse de +6,4 % après le repli de 2023 (-2,9 %). Cette progression est tirée principalement par les produits finis d’équipement (17,0 Md EUR), qui contribuent pour près de la moitié à la hausse des importations, et portent essentiellement sur les achats de voiture utilitaires, ou d’appareils relatif à la coupure ou la connexion des circuits électriques. Les demi-produits (chimie, acier, matériaux) augmentent de +8 %, confirmant la dépendance du tissu industriel aux intrants importés. Les produits finis de consommation (16,7 Md EUR) enregistrent également une nette progression, portée par l’automobile et ses pièces, reflétant le dynamisme de la demande interne.