Profil du commerce extérieur du Maroc

La guerre en Ukraine et les épisodes de sécheresse ont eu de lourdes conséquences sur les approvisionnements énergétiques et alimentaires du Maroc, contribuant à dégrader fortement la balance commerciale (déficit de 28,1 Md EUR en 2022 contre 20 Md en 2021). Si l’appareil exportateur affiche de solides performances (exportations en hausse de +20%), les importations ont nettement augmenté (+28%), en particulier sous l’effet du renchérissement de la facture énergétique. Alors que le Maroc s’est engagé dans une logique de diversification de ses partenaires commerciaux, la conjoncture permet à la France de retrouver le deuxième rang des fournisseurs, derrière l’Espagne et devançant d’une courte tête la Chine.

1. Après une année marquée par de fortes tensions d’approvisionnements et une hausse significative des prix de l’énergie et des matières premières, le déficit commercial du Maroc atteint en 2022 un niveau record de 28,1 Md EUR (+41%). Les importations ont en effet augmenté à un rythme nettement plus rapide que les exportations : +28% à 67,3 Md EUR contre +20% à 39,2 Md EUR. Si la hausse des importations concerne toutes les catégories (à l’exception des produits d’équipements agricoles), elle repose en particulier sur les produits alimentaires (+44,9 %) ainsi que sur la facture énergétique qui a été multipliée par deux (6,9 Md EUR à 14 Md EUR). La hausse des approvisionnements alimentaires et énergétiques représente près de 50% de la progression globale des importations.

2. Les principaux écosystèmes industriels du pays – phosphates, automobile, agroalimentaire, aéronautique - confirment leur dynamique de reprise post-COVID. Le secteur des phosphates et engrais a enregistré une augmentation de 32% en 2022, soit 10,5 Md EUR, tirée par la hausse mondiale des prix des engrais. Cet essor permet au secteur de se hisser au premier rang des exportations (27% du total) devant l’automobile (26%). Placé au cœur de la stratégie d’industrialisation du pays, l’automobile affiche de solides performances (+21% à 10,5 Md EUR). Affecté par des épisodes de sécheresse persistants, le secteur agricole et agroalimentaire se maintient au troisième rang (19% des exportations) avec des ventes en hausse à 7,6 Md EUR (+12%). Le secteur textile, en recul ces dernières années (2ème secteur exportateur en 2010 et désormais 4ème), progresse  modestement avec des exportations à 4 Md EUR (+10%). Enfin, l’aéronautique, deuxième écosystème industriel, a connu en 2022 un net rebond de 38% à 2,1 Md EUR.

3. Même si le Maroc diversifie ses partenariats commerciaux, avec une position renforcée sur les marchés extra-européens, ses échanges restent encore fortement concentrés sur ses partenaires historiques, à savoir la France et l’Espagne. Si les approvisionnements commerciaux du Maroc demeurent dominés par les pays de l’Union européenne (45,4% du total), la Chine est parvenue à s’imposer comme le 2ème fournisseur du pays en 2020 puis 2021. La sécheresse et les conséquences de la guerre en Ukraine ont néanmoins affecté la hiérarchie des pays fournisseurs : la demande adressée à la France a nettement augmenté (+42% à 7,2 Md EUR pour 10,1% de part de marché) en raison des importations de céréales, ce qui lui permet de devancer la Chine (essor de +19% avec une part de marché chinoise de 10,0%). La France retrouve ainsi le 2ème rang des fournisseurs derrière l’Espagne. S’agissant des exportations, bien que celles-ci restent principalement à destination de l’Espagne (19,6%) et de la France (18,6%), le Maroc a récemment renforcé ses parts de marché en Inde (3ème client ; 6,4% de part de marché) et au Brésil (4%) à la faveur des exportations de phosphates et dérivés (les deux pays représentant 40% des exportations marocaines d’engrais). L’intégration régionale et continentale du Maroc reste à renforcer d’un point de vue commercial : (i) les pays de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) représentent seulement 1,4% des échanges commerciaux du Maroc ; (ii) les pays africains hors UMA absorbent 7,7% des exportations et 2,7% des importations marocaines. A l’heure où le Maroc affiche l’ambition de se positionner comme plateforme d’export vers le continent africain, la mise en place la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) pourrait représenter un atout potentiel pour favoriser sa projection et le commerce intra-africain.

 

Clients

 

 

Fournisseurs

1. Espagne (19,6 %)

6. Royaume-Uni (3,8 %)

1. Espagne (14,1 %)

7. Italie (4,5 %)

2. France (18,6%)

7. Etats-Unis (3,3 %)

2. France (10,1 %)

8. Allemagne (4,1%)

Afrique hors UMA : 7,7 %

8. Allemagne (3,2 %)

3. Chine (10 %)

9. Russie (3,1 %)

3. Inde (6,4 %)

9. Pays-Bas (2,1%)

4. Etats-Unis (7,4 %)

Afrique (hors UMA) : 2,7 %

4. Italie (4,5 %)

10. Turquie (2,6 %)

5. Arabie Saoudite (6,5%)

10. Emirats Arabes Unis (2 %)

5. Brésil (4%)

UMA : 1,4 %

6. Turquie (5,2 %)

11. Inde (1,9 %)

Source : Office des changes

 

4. L’intégration du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales (CVM) s’est renforcée depuis 20 ans avec des écosystèmes tournés vers l’export (automobile, aéronautique), lui permettant de devenir l’un des rares pays de la région Afrique du Nord – Moyen-Orient avec un taux de participation dans les CVM similaire – voire supérieur – aux émergents tels que la Russie, l’Inde ou la Turquie. Cette intégration s’observe à deux niveaux : (i) le contenu en valeur ajoutée étrangère des exportations marocaines (les liens avec l’étranger sont ici en amont des CVM d’où le terme de « backward linkages ») ; (ii) le contenu en valeur ajoutée marocaine dans les exportations du reste du monde (liens en aval de la production nationale ou « forward linkages »). Le Maroc s’est spécialisé dans les étapes de construction et d’assemblage, donc sur un positionnement en amont des chaînes de valeur : la part de la valeur ajoutée étrangère contenue dans les exportations marocaines a ainsi connu une progression régulière pour atteindre 31% au total (et près de 51% pour le secteur automobile).

5. En 2023, les chiffres du commerce extérieur marocain laissent entrevoir une amélioration du déficit commercial, qui recule de 6,5% au premier semestre. Les importations marocaines ont en effet légèrement baissé (-2,3%) en raison du reflux des prix mondiaux des matières premières, permettant un net recul de la facture énergétique (-20,9%). Les exportations ont, pour leur part, continué de progresser pour l’ensemble des catégories (+0,8%), à l’exception du secteur des phosphates et dérivés pénalisé par le repli des cours. En particulier, les exportations automobiles progressent de +38% à 7,5 Md EUR sur le premier semestre et retrouvent le rang de premier poste d’exportation.

 

 

 

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