MAROC
Profil du commerce extérieur du Maroc
La structure des exportations du Maroc a connu de profondes transformations au cours de la décennie 2010 avec la montée en puissance des écosystèmes industriels (notamment automobile, désormais premier secteur exportateur). Cependant, la position commerciale du Royaume demeure déséquilibrée, notamment en raison de la nécessité d’importer des produits énergétiques et céréaliers en cas de mauvaise récolte, et des intrants pour les écosystèmes industriels.
1. Bien que le déficit commercial du Maroc ait enregistré une légère diminution en 2019, celui-ci reste structurellement élevé. Dans un contexte de léger repli du commerce international en 2019, les transactions du Maroc avec le reste du monde ont augmenté, mais à un rythme inférieur à celui de 2018 (2,2 % contre 10,2 %). Les exportations ayant crû plus rapidement que les importations (+2,4 % à 282,0 Md MAD contre +2 % à 491,2 Md MAD), le déficit commercial rapporté au PIB a diminué de 0,3 pt à 18,3 % (209,2 Md MAD) et le taux de couverture s’est amélioré de 0,2 pt à 57,4 %. Cependant, ces évolutions positives sont davantage imputables au recul de la facture énergétique de 7,2 %, induit par la baisse du cours du pétrole et l’inversion de la balance de l’énergie électrique (le Maroc étant désormais exportateur net), qu’à un dynamisme notable à l’export, l’effort d’exportation (ratio exportations/PIB) ayant baissé de 0,2 pt à 24,7 %. En tendanciel, les grands indicateurs macroéconomiques extérieurs demeurent ainsi toujours déséquilibrés, le déficit commercial de 2019 étant quasiment au même niveau qu’en 2010 (voir annexe 1 dans le fichier ci-joint), constituant un stress récurrent sur les réserves de change du pays.
2. En termes de structure sectorielle des exportations, l’année 2019 s’est inscrite dans la lignée des principales dynamiques de la décennie impulsées par les autorités marocaines : montée en puissance des écosystèmes industriels, résilience du secteur agroalimentaire, déclin des secteurs manufacturiers à faible VA (textile). Les principaux secteurs industriels, l’automobile et l’aéronautique, connaissent une hausse de leurs exportations deux fois plus rapide que la moyenne (respectivement +5,8 % et +5,9% contre +2,4 %). Le secteur automobile, mené par l’écosystème câblage, confirme d’ailleurs sa place de premier secteur exportateur du Royaume (28,4 % du total), et ce, malgré une légère diminution des exportations de voitures finies. Celui-ci est suivi par le secteur agricole/agroalimentaire, au deuxième rang (21,8 %), dont les exportations ont augmenté de 5,3 % grâce aux bons résultats des tomates, des fruits rouges, et des agrumes, compensant les performances décevantes du secteur de la pêche et la stagnation de l’agroindustriel. A l’inverse, le textile, fortement concurrencé par les pays asiatiques et turc sur le marché européen, n’enraye pas son déclin déjà amorcé depuis quelques années (-2,7 % de CA à l’export en 2019). Le secteur du phosphate, troisième secteur exportateur du Royaume, dont la demande internationale est plus volatile, enregistre des performances médiocres en raison d’une demande étasunienne, française, bulgare, polonaise, turque et brésilienne en diminution. De manière générale, les résultats de l’année 2019 reflètent les grandes priorités sectorielles du Royaume, concrétisées par le Plan d’Accélération Industrielle et le Plan Maroc Vert, qui ont profondément modifié la structure de l’appareil exportateur du Maroc. Pour rappel, en 2010, l’automobile (essentiellement le segment câblage) ne représentait que 12,3 % du total à l’export tandis que le phosphate et le textile menaient l’appareil exportateur (24,0 % et 20,2 % des exportations) (voir annexe 2).
3. Sans surprise, l’année 2019 confirme le positionnement géographique du Maroc dans l’économie mondiale. L’Union Européenne représente toujours le premier partenaire commercial du Maroc (53,1 % des importations et 66,7% des exportations, soit des chiffres relativement stables par rapport au début de la décennie). Les deux premiers fournisseurs du Royaume demeurent l’Espagne (15,6 % du total importé, -0,2 pt) et la France (12,2 %, +0,3 pt) (voir annexe 3). A noter que le déficit commercial que le Maroc enregistre avec l’UE s’est réduit de 7,1 % en 2019 grâce aux bonnes performances à l’export des tomates et câbles marocains. Par ailleurs, la dépendance aux importations en provenance d’Asie s’est amplifiée en 2019. La Chine, pays avec lequel le Maroc enregistre son plus large déficit commercial, a consolidé sa place de troisième fournisseur (10,1 % des parts, +0,3 pt), et les importations en provenance d’Inde ont bondi de 68,9 %, New Delhi fournissant désormais 10 % des produits pétroliers du Royaume. A l’inverse, à l’export, le Maroc voit ses modestes percées sur les marchés japonais, pakistanais ou bangladais compensées par ses pertes sur le marché indien. Côté Amériques, le commerce avec les Etats-Unis a reculé malgré l’achat d’avions Boeing, du fait du repli des importations de produits énergétiques. La diversification apparente des partenaires du Maroc en Amérique Latine (Mexique, Argentine) est principalement le fait de commandes adressées à l’OCP. En outre, l’intégration marocaine régionale et continentale stagne : l’Union du Maghreb Arabe (UMA - Mauritanie, Algérie, Tunisie, Lybie) ne compte que pour 1,6 % des échanges du Maroc (en diminution). La progression du commerce avec l’Afrique hors UMA (2,1 % des importations du Maroc et 5,9 % de ses exportations), est uniquement liée à un accroissement des importations en provenance d’Egypte et à l’exportation de produits phosphatés vers Djibouti, désormais premier client africain du Maroc. Suivent derrière principalement des pays francophones du continent (notamment Sénégal, Côte d’Ivoire et Bénin).
4. La sensibilité du Royaume aux chocs extérieurs, mise en exergue par la crise, pousse les autorités marocaines à développer une politique d’import-substitution. L’impact de la crise du Covid-19 a touché davantage les importations que les exportations qui, au terme des 10 premiers mois de l’année, ont diminué respectivement de 16,6 % et 10,1 %, ce qui devrait se traduire in fine par une baisse du déficit commercial sur l’année d’environ 25 %. Cependant, la crise sanitaire a mis deux facteurs en exergue. D’une part, le Maroc est toujours sensible aux chocs externes, le recul des recettes à l’export (couplé au repli des recettes touristiques) constituant un stress récurrent sur ses réserves de change. D’autre part, de nombreux secteurs sont très dépendants d’intrants venant d’Europe ou d’Asie, et donc exposés aux perturbations des chaînes d’approvisionnement. Fort de ce constat, le ministère de l’Industrie marocain travaille désormais à l’élaboration d’une politique d’import-substitution. Plusieurs produits, actuellement importés mais pour lesquels le Royaume pourrait disposer des capacités de production, ont ainsi été listés dans un catalogue d’opportunités d’investissements industriels (nommé « banque de projets »). Les projets d’investissement sur ces segments ciblés pourraient pouvoir bénéficier à l’avenir du soutien du Fonds d’Investissement Stratégique, qui sera effectif avec la LF 2021 et devrait être doté de 45 Md MAD.