MAROC
Indicateurs et conjoncture
Du fait de la crise du Covid-19, le Maroc a connu en 2020 sa plus importante récession en 25 ans. Selon le FMI, le PIB s’est contracté de 7% en raison du confinement sanitaire qui s’est superposé à la mauvaise campagne céréalière due à une sècheresse récurrente. Bien que les fondamentaux macroéconomiques soient fragilisés par la crise, les conditions de financement du Trésor restent favorables et permettent de couvrir les besoins de financement induits par la hausse des dépenses publiques.
1. En raison d’un confinement drastique dans les 1ers mois de la pandémie et de sa dépendance à des facteurs exogènes (pluviométrie, croissance européenne), le PIB marocain s’est contracté de 7% en 2020 selon le FMI. Plusieurs facteurs aggravants se sont superposés au fort ralentissement de la majeure partie de l’activité économique pendant le confinement (80 jours) : la sensibilité de l’économie marocaine à la demande européenne (moteur des principaux écosystèmes industriels marocains) et la sécheresse persistante, ayant plus que divisé par deux les rendements céréaliers (repli du PIB agricole de – 8,1 %).
2. Les répercussions sociales de la crise ont dans l’immédiat été contenues grâce à des mesures d’urgence fortes, qui ont consisté à : 1) soulager la trésorerie des entreprises. A ce titre, une nouvelle garantie publique « Damane oxygène » a permis d’octroyer 17,7 Md MAD de crédits garantis à près de 47 000 entreprises. Cette première mesure a été suivie dans la période post-confinement par la création de deux mécanismes de garanties similaires « Relance TPE » et « Damane Relance », qui ont totalisé 35,3 Md MAD de crédits garantis à fin 2020. La mise en place d’un moratoire sur les échéances de crédits ainsi que le report des charges fiscales et sociales sont venus compléter ces premières mesures ; 2) limiter la baisse des revenus des salariés par la mise en œuvre d’une nouvelle indemnité chômage forfaitaire de 2000 MAD/mois ; 3) subvenir aux besoins des 4,3 millions de foyers les plus précaires (vivant du travail informel) via une aide de subsistance de 800 à 1 200 MAD/mois selon la taille du ménage (cette mesure n’est plus en vigueur). La mise en œuvre de ces mécanismes d’urgence illustre une bonne gestion institutionnelle de la crise, dont l’impact social demeure toutefois nécessairement important. Selon le HCP, le taux de chômage a continué d’augmenter en dépit de l’assouplissement des restrictions, s’établissant à 12,8% au second trimestre 2021 (soit une augmentation de 0,5 pt en g.a.). Cette hausse est particulièrement marquée en milieu urbain où le taux de chômage s’élevait à 18,2% à la même période (+2,6 pts en g.a.). Enfin, le taux de pauvreté absolue est passé de 1,7% à 2,5% de la population à fin 2020, marquant une nette augmentation après plusieurs années de politiques de lutte contre la précarité.
3. Bien que le coût de ces mesures exceptionnelles ait essentiellement été absorbé par le Fonds spécial de Gestion de la Pandémie mis en place au début de la crise, celle-ci a entraîné un creusement du déficit budgétaire à 7,6 % du PIB en 2020 (+ 3,5 pts en glissement annuel). Le Fonds spécial, qui a récolté plus de 33 Md MAD via la contribution du budget de l’Etat (pour le tiers) et des dons des entreprises et institutions publiques et de la population, a pu absorber 24,7 Md MAD de dépenses exceptionnelles liées à la crise (financement des mesures d’urgence et augmentation des capacités du ministère de la Santé). Toutefois, la diminution des recettes fiscales a entrainé une augmentation de la dette du Trésor de 11,5 pts à 76,4% et de la dette publique de 14 pts à 94,2% du PIB à fin 2020 (dette extérieure garantie inclue). Fort de ce constat, les agences de notation Fitch Rating et S&P ont revu à la baisse la note du Maroc en 2021 (passant de BBB- à BB+ assortie de perspective « stable »). L’agence Moody’s a quant à elle maintenu sa note Ba1, abaissant toutefois la perspective de « stable » à « négative ». Pour autant, cela ne s’est pas traduit par de nouvelles difficultés pour les emprunts à l’international du Royaume. La dette marocaine demeure soutenable, étant principalement détenue à long-terme et sur le marché domestique, le risque de change étant maîtrisé et son coût plutôt faible. Au premier semestre 2021, le recours au marché des adjudications par le Trésor marocain a porté sur un montant total de 21,7 Md MAD (sur un besoin de financement de 41,6 Md MAD). Par rapport au premier semestre 2020, les taux d’emprunt moyens pondérés assortis aux émissions de bons du Trésor ont globalement diminué. Les bons à 13 semaines et 1 an ont enregistré un recul de 78 pdb à respectivement 1,36% et 1,53%. De même, des diminutions ont été enregistrées pour les maturités de 2 ans avec 68 pdb à 1,69%, pour celles de 5 ans avec 53 pdb à 1,96% et pour celles de 20 ans avec 35 pdb à 2,86%.
4. Malgré la chute des recettes issues du tourisme, la crise sanitaire a entraîné un redressement des équilibres extérieurs. Structurellement, le Maroc enregistre un déficit commercial élevé, en partie compensé par les recettes issues du tourisme et les transferts de fonds de la diaspora qui constituent, avec les recettes des exportations, les principales rentrées de devise du Royaume. Or, la crise a entraîné un recul plus élevé des importations (-14 %) que des exportations (-7,6 %) en 2020, se traduisant par une diminution de 3 pts du déficit commercial à 14,9 % du PIB, tandis que les transferts de fonds ont augmenté de 5 %. Ces deux évolutions positives ont permis, nonobstant la chute des recettes tourisme de 53,8 %, l’allègement du déficit courant à 2,2 % du PIB à fin 2020. En outre, le tirage en avril 2020 de l’intégralité de la Ligne de Précaution et de Liquidité (3 Md USD) octroyée par le FMI, les décaissements anticipés des principaux bailleurs internationaux et les dernières sorties du Trésor sur les marchés financiers internationaux (24 septembre et 8 décembre, 1 Md EUR et 3 Md USD levés), ont consolidé les réserves de change du Royaume, qui représentent désormais un confortable matelas de plus de 7 mois d’importations. Enfin, l’octroi de 1,2 Md USD sous forme d’allocation DTS par le FMI en août 2021 est venu conforter cette situation.
5. En dépit de l’assouplissement relatif des restrictions sanitaires, le rebond de l’économie nationale en 2021 s’annonce modéré. Au deuxième trimestre 2021, le PIB marocain aurait connu une croissance de 12,6% en glissement annuel (HCP), notamment à la faveur du dynamisme de l’activité agricole. Cependant, l’évolution de la pandémie entrave l’activité de certains secteurs cruciaux tels que le tourisme. Le nombre des arrivées s’est inscrit en baisse de 78,1% au premier trimestre 2021 et les nouvelles mesures restrictives imposées durant l’été ne laissent pas entrevoir de redressement avant la fin de l’année. Illustration de ces difficultés, le taux de chômage s’est accru au deuxième trimestre 2021, s’établissant à 12,8% au niveau national (+0,5 pt en g.a.). En revanche, preuve du rôle de filet de sécurité toujours joué par les marocains résidents à l’étranger, les recettes issues des transferts de fonds se sont élevées à 36,3 Md MAD à fin mai 2021 (soit une hausse de 50,2% en g.a.). Les exportations ont renoué avec leur niveau d’avant la crise (126,7 Md MAD à fin mai 2021, soit une augmentation de 23,5% en g.a.). Ce résultat s’explique notamment par les bonnes performances des principaux secteurs d’exportations du pays : automobile (+42,8% d’augmentation en g.a.), phosphate (+23,8%) et textile (35,1%).