Indicateurs et conjoncture

L'économie marocaine a été fortement affectée par la hausse des cours des matières premières engendrée par la guerre en Ukraine, à laquelle est venue s'ajouter une sécheresse historique. Selon la banque centrale du Royaume, le taux de croissance s’est élevé à 1,2 % en 2022 et l'inflation a atteint 6,6 % sur l'ensemble de l'année écoulée. Bien que les fondamentaux macroéconomiques restent fragilisées depuis la crise du Covid-19, les conditions de financement du Trésor sont favorables et les finances publiques du pays demeurent robustes. 

1. La croissance a été fortement pénalisée par la guerre en Ukraine, d'une part via la hausse des cours des matières premières dont le Maroc est importateur net, d'autre part en raison de la baisse de la demande étrangère en provenance de la zone euro. A cela s'est ajoutée une sécheresse historique aux répercussions catastrophiques pour la campagne céréalière dont les rendements en 2022 ont décru de 67 % par rapport à l'année précédente. Alors que les prévisions de croissance au début d'année se situaient autour de 3 %, le double choc "Sécheresse-Ukraine" a sévèrement affecté le potentiel de relance du pays. Les prévisions macroéconomiques pour 2023 restent sujettes à caution. La banque centrale table sur une relative atténuation de l’inflation à 5,5 % et une légère accélération de l’activité économique de 2,6 %.

2. L'inflation s'est fortement accélérée, alimentée notamment par la hausse des cours des produits énergétiques sur les marchés mondiaux. Selon la banque centrale du Royaume, elle a atteint à 6,6 % en 2022 après 1,4 % l'année précédente. Bien qu'il soit historiquement haut, le niveau d'inflation reste à première vue parmi le plus faible du continent. Cette relative résilience s’explique en grande partie par le rôle d’amortisseur joué par les biens à prix règlementé tels que le gaz butane ou le blé tendre, qui représentent 22% du panier de l’indice des prix à la consommation (IPC). Le gouvernement a en effet alloué en juin 2022 une rallonge budgétaire d'environ 1,6 Md EUR à la caisse de compensation, portant son budget annuel pour 2022 à 3,6 Md EUR, afin de pallier l'effet de la hausse des cours mondiaux sur les biens à prix réglementé. D'autres mesures de lutte contre l'inflation sont venues s'ajouter, notamment les subventions destinées aux professionnels du transport routier (0,5 Md EUR) et le soutien budgétaire à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (1,5 Md EUR). Cette hausse imprévue des dépenses publiques a néanmoins été compensée par celle des recettes fiscales, plus fortes qu'anticipées, ainsi que celle des dividendes versés par l'OCP. En conséquence, le déficit budgétaire s’est établi à 5 % du PIB base 2014, soit un pp de moins par rapport à la cible de la Loi de Finances. Selon les dernières projections de la Banque mondiale, le ratio dette du Trésor/PIB (base 2014) s’est élevé à 69,2 % en 2022, contre 72,2 % en 2020 lors de la crise Covid. Le risque de change sur la dette est d’autant plus limité que les réserves de change du pays sont confortables : elles représentent actuellement 35 Md EUR (à fin avril 2023) soit près de 6 mois d’importation.

3. En dépit de la stabilité des finances publiques, l'impact social de la conjoncture demeure toutefois important. Selon le Haut-Commissariat au Plan, le taux de chômage s'élevait à 11,8 % en 2022. Une récente enquête du HCP a également mis en lumière la forte hausse des inégalités sociales depuis la crise du covid-19. Le taux de pauvreté absolue est passé de 1,7 % de la population en 2019 à 3 % en 2021, marquant une nette augmentation après plusieurs années de politiques de lutte contre la précarité. A cet égard, la poursuite du chantier de réforme de la protection sociale est un enjeu déterminant au même titre que les priorités du Gouvernement pour l'éducation et l'emploi. La faible inclusion des jeunes et des femmes au marché du travail et l’absence d’un tissu de TPME dynamiques demeurent en effet des freins importants au décollage du pays.

4. Malgré la relance de l’appareil exportateur du pays, le Maroc continue d’enregistrer un déficit commercial élevé. Les exportations se sont élevées en 2022 à plus de 40 Md EUR, enregistrant une hausse de 29 % par rapport à 2021. Cette augmentation concerne les principaux postes d’exportation du Royaume, en particulier le secteur automobile et celui des phosphates et dérivés qui représentent plus de la moitié des exportations totales du pays. Cependant, les importations ont progressé de près de 40 % pour atteindre plus de 70 Md EUR, se traduisant par une nette augmentation de 56 % du déficit commercial (30 Md EUR). En raison de la hausse des prix des matières premières sur les marchés internationaux, la facture énergétique a plus que doublé en 2022, atteignant 15 Md EUR. De même, la hausse des cours des céréales et la sécheresse historique qu’a connue le pays a entraîné un net renchérissement des importations de blé.

 

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