Secteur des hydrocarbures en Libye

La Libye dispose d’un secteur pétrolier à fort potentiel qui en fait un acteur majeur du marché mondial du pétrole. Le secteur pétrolier constitue le pilier de l’économie libyenne. Toutefois le déficit d’investissement public dans les infrastructures d’extraction et de stockage a freiné le développement de la production et de l’export. Les revenus pétroliers sont tributaires du prix du pétrole et de la situation sécuritaire du pays ce qui les rend très volatiles à l’image de l’impact du blocus pétrolier observé entre avril et juillet 2022. Ce secteur est aussi un domaine de coopération historique avec la France, en atteste la présence continue de TotalEnergies en tant que partenaire de la NOC (National Oil Corporation).

Une dépendance à un secteur des hydrocarbures encore sous exploité

La Libye possède un secteur des hydrocarbures très riche mais insuffisamment exploité. Le pays possède la 1ère réserve de pétrole d’Afrique avec 48,4 Md de barils et la 10ème à l’échelle mondiale. Cependant, avec une production en 2022 en moyenne légèrement supérieure à 1 Mb/j, la Libye est le 4ème producteur africain de pétrole brut et le 17ème mondial. La Libye possède par ailleurs la 5ème réserve en gaz naturel d’Afrique avec 1500 Md de m3 et la 22ème à l’échelle mondiale. Avec une production annuelle de 13.3 Md de mètres cubes en 2021, le pays est le 5ème producteur africain de gaz naturel et le 39ème mondial.

Les échanges d’hydrocarbures représentent la grande majorité des échanges commerciaux entre la Libye et la France. En 2021, environ 10% du pétrole brut importé par la France provenait de Libye. Cela représentait en 2022 2,3 Md USD et 100% des importations françaises en provenance de Libye. 

La production pétrolière représente l’essentiel des recettes budgétaires. En 2022, les recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures se sont élevées à 105,5 Md LYD (environ 22 Md USD). Les revenus directs et indirects des hydrocarbures représentaient ainsi 97,1% des recettes budgétaires.

La manne gazière reste sous exploitée. La hausse de la demande du marché européen suite à l'embargo sur les importations en provenance de Russie a mis en lumière la sous-exploitation du potentiel gazier libyen. Des 13,3 Md de m3 produits en 2021, seulement 3 Md m3 auraient été exportés vers l’Italie alors que la capacité annuelle du gazoduc Greenstream reliant la Libye à la Sicile s’élève à environ 10 Md m3 par an. Le reste du gaz est principalement utilisé pour la génération électrique et l’industrie.

Le secteur du raffinage a largement souffert de dix années de crise. Les cinq raffineries libyennes dont la plupart sont à l’arrêt ont produit en 2021 environ 89 000 b/j, soit seulement un tiers de la consommation libyenne, alors que leur capacité théorique s’élève à 380 000 b/j. La Libye est ainsi paradoxalement dépendante des importations, principalement en provenance d’Italie, pour son approvisionnement en essence, secteur fortement subventionné.

La volatilité du secteur des hydrocarbures rend la Libye vulnérable. Les revenus pétroliers exposés aux fortes fluctuations du cours du Brent, ont varié ces 10 dernières années, entre 67 Mds LYD en 2012 (Brent à 112 USD) et 6,7 Mds LYD en 2016 (Brent à 44 USD). Par ailleurs, les troubles politiques internes ou sociaux représentent un risque majeur pour le secteur. Plusieurs champs pétroliers ont ainsi vu leurs activités perturbées et leur production réduite à cause d’état de force majeure déclaré par la NOC du fait de mouvement de grève et/ou d’attaques de milices. Enfin, l’un des principaux enjeux du secteur concerne l’état des infrastructures pétrolières libyennes. Le déficit de financement a entraîné un défaut de maintenance et a provoqué la détérioration des infrastructures du secteur.

La NOC compte sur ses partenaires étrangers pour atteindre ses objectifs ambitieux

Après le blocus pétrolier intervenu entre avril et juillet 2022, l’équilibre trouvé par la nomination de Farhat Bengdara à la tête de la National Oil Corporation (NOC) a permis de maintenir un niveau de production stable autour de 1,2 M barils de pétrole par jour (b/j). Pour le premier trimestre 2023, les chiffres de la NOC indiquent une production de 106 M de barils et de près de 3,2 Md de m3 de gaz naturel.

La NOC affiche un plan ambitieux de montée en puissance de la production pétrolière pour atteindre les 2 M b/j extraits à l’horizon 2027. Sa stratégie est également déclinée dans les secteurs du gaz, de l’environnement (développement du solaire, arrêt du torchage) et du raffinage. Compte tenu de l’ampleur des investissements et des travaux de maintenance à réaliser. La NOC compte sur ses partenaires étrangers pour l’accompagner dans sa stratégie de développement.

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