Situation économique et financière

Éléments structurels de l'économie libérienne

Le Libéria a connu une période de forte croissance entre 2004 et 2013 (7,5% par an en moyenne) grâce à son secteur minier. A partir de 2014, le rythme de croissance a brusquement ralenti (0,3% en moyenne entre 2014 et 2019) en raison de l’épidémie d’Ebola et de la baisse des cours des matières premières, notamment du minerai de fer et du caoutchouc, principales exportations du pays. En presque deux décennies, le pays a opéré une transformation de son tissu productif qui ne lui a cependant pas permis d’engager un réel processus de diversification économique : en 2024, (i) le poids du secteur primaire dans le PIB est estimé à 36,6 % ; (ii) la part du secteur secondaire atteindrait 24,7 % du PIB, portée principalement par le secteur minier (18% du PIB), notamment la production de minerai de fer (réserves de 700 Mt). A noter que le sous-sol libérien renferme également d’importantes réserves de diamants, de bauxite et d’or ; et (iii) la part du secteur tertiaire représente 38,7 % du PIB, soutenu largement par le commerce ou le transport. Le changement de modèle productif opéré a fait du pays une économie d’enclave, du fait de la croissance rapide du secteur minier, fortement intensif en capital et peu créateur d’emplois (employant moins de 10% des actifs).

Le pays se maintient ainsi dans une situation socio-économique et humanitaire des plus précaires : avec une population de 5,6 M habitants en 2024 sur une superficie de 111 370 km2, le Libéria se classe au 177ème rang mondial (sur 193 pays) du classement 2023 de l’Indice de développement humain (IDH). L’espérance de vie à la naissance est estimée à 62,2 ans (2023) et le PIB par habitant à 866 USD en 2024. Environ la moitié de la population vit en zone urbaine tandis qu’un tiers des Libériens se concentre à Monrovia.

Conjoncture économique

Après plusieurs années de récessions et de ralentissements économiques dues aux crises sanitaires successives (Ebola puis Covid), le Libéria a renoué avec la croissance depuis 2021. La croissance du PIB réel est estimée à 4,8% en 2024 par le FMI (contre 4,3% en 2023), elle devrait accélérer à 5,3% en 2025 puis se stabiliser à 6% à moyen terme, grâce principalement au dynamisme de l'exploitation minière, à la reprise agricole et l’amélioration de la production nationale d’électricité.

L’inflation a ralenti en 2024, à 8,2 % en moyenne annuelle, contre 10,1 % en 2023. Selon le FMI, elle devrait se maintenir à 8,2% en 2025, grâce à la stabilité du taux de change et à la baisse des prix à l’importation.

Au second semestre 2024, la banque centrale (CBL) a réduit son taux directeur de 300 pdb pour atteindre 17 % avant d’être relevé en avril 2025 à 17,25 %. Bien que la politique monétaire soit jugée adéquate, le FMI souligne la faiblesse de ses canaux de transmission et recommande des réformes structurelles pour renforcer son efficacité.

Les réserves de change continuent de se contracter et se situent à 2 mois d’importations en 2024, en raison. de la hausse de la facture d’importations et la baisse des financements extérieurs (publics comme privés), malgré une amélioration du déficit courant (-21,1% du PIB en 2024, contre -26,4% en 2023). La couverture en mois d’importation devrait cependant s’améliorer en 2025 pour se situer à 2,5 mois selon le FMI.

Finances publiques et dette

Le budget libérien est principalement absorbé par les dépenses de fonctionnement (masse salariale et achats de biens et services). En 2023, elles représentaient environ 72,1% des dépenses budgétaires (soit 36,5% pour les dépenses de personnel et 35,6% pour les achats des biens et services). Le FMI souligne cependant un effort de consolidation budgétaire en 2024, avec un déficit budgétaire en baisse à 2,8% du PIB en 2024 (contre 7,1% en 2023), en raison d’une baisse des dépenses publiques à 15,8% en 2024 contre 20,5% en 2023. Pour 2025, le retrait de l’aide américaine (114 M USD sur un budget de 880 M USD) pourrait se traduire par une nette baisse du budget. Le budget libérien se caractérise cependant par l’insuffisance des dépenses d’investissement qui ne représentent que 11,6% des dépenses publiques en 2023. Il faut noter que la pression fiscale est faible mais qu’elle constitue l’axe principal de la consolidation budgétaire prévue pour 2025. Les recettes fiscales ont augmenté à 12,2% du PIB en 2024 (contre 11,5% en 2023) grâce notamment à une modernisation de l’administration fiscale. Elles devraient atteindre 12,6% en 2025, jusqu’à environ 13% à moyen terme.

Le Libéria présente un risque de surendettement global élevé, mais une faible capacité d’endettement selon l’analyse de viabilité de la dette du FMI (septembre 2024). La dette publique s’élève à 56,5% du PIB en 2024 et devrait rester stable en 2025. Le risque de surendettement extérieur demeure cependant modéré, avec une dette extérieure estimée à 36,2 % du PIB en 2024. A fin septembre 2024, 56,8 % de la dette totale était détenu par des multilatéraux, notamment la Banque mondiale (33,4 % de la dette totale), la BAfD (9,7 %) et le FMI (8,6%). La dette bilatérale demeure modeste (4,1% de la dette totale) et est essentiellement détenue par la Chine et l’Arabie Saoudite. La dette intérieure représente 35,9 % du total, après une hausse de 27 % en 2023 lié à un financement monétaire du déficit budgétaire. Le service de la dette a atteint 5,3 % du PIB en 2023, avant de reculer temporairement à 3,7 % en 2024, grâce à la baisse des échéances sur les bons du Trésor. Il devrait toutefois remonter à 5,2 % du PIB en 2025.

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