SRI LANKA
Situation macroéconomique et financière de Sri Lanka début 2025
Résumé : L’économie sri-lankaise a connu un net rebond en 2024, avec une croissance de plus de 5 % sur les neuf premiers mois de l’année. Les principaux indicateurs sont bien orientés, marqués par la baisse de l’inflation et des taux d’intérêt, l’excédent primaire budgétaire et un excédent du compte courant de la balance des paiements. La restructuration d’une partie de la dette extérieure a par ailleurs permis d’alléger les échéances de remboursement jusqu’en 2027. Néanmoins, la nouvelle majorité, constituée de plusieurs factions et dénuée d’expérience, pourrait être tentée de répondre aux attentes de ses électeurs, à la faveur de l’embellie conjoncturelle, sans introduire des réformes de structure coûteuses politiquement, alors que le service de la dette publique externe pèsera à nouveau sur le budget et le compte courant dès 2028.
Une croissance portée par l’industrie et les services
Après la forte contraction de 2022 et 2023 (-9,5 % sur la période), l’économie a enregistré une progression de 5 % au premier semestre et de 5,5 % au troisième trimestre 2024.
- Le secteur industriel a connu une croissance de +11,4 % au S1 et +10,8 % au T3.
- Les services marchands ont progressé de +2,6 %, soutenus par la reprise touristique.
- L’agriculture a augmenté de +1,4 % au S1 et +3 % au T3.
L’excédent primaire a atteint 928 Mds LKR sur les onze premiers mois de 2024 (contre 543 Mds en 2023), grâce à une meilleure collecte fiscale et à la maîtrise des dépenses courantes.
Sur le plan monétaire, la fin de la monétisation du déficit et l’appréciation de la roupie (+10 % en 2024) ont permis de ramener l’inflation de près de 20 % en 2023 à 1,65 % en moyenne en 2024. La Banque centrale a abaissé ses taux directeurs de 725 points de base entre juin 2023 et juillet 2024, favorisant la baisse des rendements des bons du Trésor.
Le compte courant a dégagé un excédent de 1,5 Md USD grâce aux flux touristiques et aux transferts des migrants. Les réserves de change ont été reconstituées à environ 6 Mds USD, soit plus de trois mois de couverture des importations.
Une restauration progressive de la soutenabilité de la dette publique
D’importants progrès ont été réalisés dans la gestion de la dette publique, qui avait atteint 128 % du PIB en 2022.
- L’objectif fixé pour 2032 est de ramener la dette publique à 95 % du PIB, les besoins de financement annuels à moins de 13 % du PIB et le service de la dette en devises à 4,5 % du PIB.
- La restructuration de la dette bilatérale officielle a été conclue en juin 2024, avec des périodes de grâce jusqu’en 2028 et un étalement du service jusqu’en 2043.
- Une large majorité de la dette obligataire internationale a également été restructurée, réduisant l’encours de la dette publique de 3,2 Mds USD.
Ces avancées ont conduit à un relèvement de la note souveraine par plusieurs agences de notation. Toutefois, la dette reste élevée et continuera de peser sur le budget et le compte courant au cours de la prochaine décennie.
Des défis persistants
Malgré la reprise, la consommation privée reste limitée, freinée par la baisse des revenus réels entre 2021 et 2024 et par l’augmentation des impôts. L’exode des travailleurs qualifiés et la montée de la pauvreté ont aussi affaibli le capital humain.
Le budget 2025, présenté avec retard, devrait viser un excédent primaire de 2,6 % du PIB, notamment grâce à une augmentation des recettes fiscales. La levée progressive des restrictions à l’importation, notamment sur les véhicules, devrait accroître la demande extérieure, mais pourrait exercer des pressions sur le taux de change, jugé légèrement surévalué en termes réels.
À court terme, les perspectives demeurent favorables : la Banque centrale prévoit une croissance de 3,5 % en 2025, un chiffre légèrement supérieur à celui anticipé par le FMI.