SRI LANKA
Le commerce extérieur de Sri Lanka en 2021
Résumé : En 2021, le commerce extérieur de biens de Sri Lanka s’est élevé à 33,1 Mds USD, soit 39% du PIB. Son déficit (8,1 Mds USD), structurel, a crû fortement en raison d’une hausse importante des importations (+28,5%, 20,6 Mds USD), tirées par la reprise économique et la facture énergétique. Toujours très concentrées sur quelques produits (textile et produits agricoles), les exportations ont également enregistré une hausse conséquente (+24,4%, 12,5 Mds USD). Les Etats-Unis et l’UE sont les premiers clients de Sri Lanka ; la Chine et l’Inde restant, de loin, les deux premiers fournisseurs du pays. Les échanges de services se sont fortement contractés (-35,9%) du fait de la baisse du tourisme. Leur solde fait toutefois apparaître un excédent en hausse (+93,7%) par rapport à 2020 grâce à la bonne performe du secteur TIC mais qui reste très en deçà du niveau pré-Covid. En 2022, la hausse des cours internationaux (carburant, matières premières) pèse significativement sur le déficit de la balance commerciale de marchandises, malgré de nouvelles restrictions aux importations, et la crise que connaît le pays a interrompu la reprise touristique.
I) La reprise économique s’accompagne d’exportations de marchandises records
En 2021, les exportations sri lankaises ont fortement augmenté (+24,4% en g.a.), tirées par la reprise économique post-Covid et la hausse des prix sur les marchés internationaux. Celles-ci se sont élevées à un niveau record de 12,5 Mds USD. Les exportations industrielles constituent 77,6% du total et contribuent à hauteur de 82,8% à la hausse des exportations totales en 2021. Les exportations agricoles constituent 21,8% du total et contribuent à hauteur de 16,0% à la hausse des exportations totales en 2021. Les ventes de vêtements et textiles, traditionnel premier poste d’exportation du pays, ont progressé de 22,9% en g.a, à 5,4 Mds USD (soit 43,5% des exportations totales). En outre, le pays a enregistré une hausse de ses ventes de thé à l’étranger (+6,7% en g.a, à 1,3 Md USD), qui constituent le second poste à l’export (10,6% du total). Ces deux postes restent cependant en-deçà des niveaux de 2019. Les exportations de produits en caoutchouc (3ème poste à l’export ; 8,4% des exportations) sont à un niveau record : elles progressent de 33,6% en g.a, pour atteindre 1050 M USD. Les exportations d’épices et de noix de coco ont atteint respectivement 455 M USD (+36,4%) et 425 M (+23,2%) en 2021. Au total, les 3 premiers postes représentent 62,5% des exportations sri lankaises.
La part de marché de la France dans les exportations sri lankaises est de 2,0% d’après la CBSL, soit 252 MUSD, contre 1,8% en 2020 (184 MUSD). La France se classe au 12ème rang des fournisseurs du Sri Lanka, loin derrière les Etats-Unis (24,9%), le Royaume-Uni (7,5%) et l’Inde (6,6%), les trois premiers pays clients de Sri Lanka. Elle se classe au 6ème rang des clients européens, derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne (6,1%), l’Italie (4,6%), les Pays-Bas (3,4%) et la Belgique/Luxembourg[1] (2,7%). L’Union européenne est le deuxième client de Sri Lanka, ce dernier ayant exporté pour 3,0 Mds USD vers cette zone en 2021 (23,7% des exportations sri lankaises), contre 2,3 Mds USD en 2020 (22,6%). Pour rappel, les exportations sri-lankaises vers l’UE ont bénéficié de la poursuite de la facilité SPG+, accordée par l’Union Européenne en mai 2017. Celle-ci permet une suppression des droits de douane de l’UE sur 66% des lignes tarifaires pour les produits sri lankais exportés vers l’UE. La reconduction de ce dispositif qui arrive à expiration fin 2023 est à l’étude.
II) Des importations en forte hausse malgré les restrictions imposées par le gouvernement
En 2021, les importations sri lankaises ont enregistré une hausse significative (+28,5%) par rapport à 2020, et atteignent 20,6 Mds USD, tirées par la reprise économique (3,7% de croissance en 2021), malgré les restrictions imposées par les autorités à partir de mi-mars 2020 afin de surmonter les difficultés de balance de paiement du pays, dont plusieurs ont été assouplies en 2021. Les importations de biens intermédiaires (+35,6%, à 12,3 Mds USD) représentent 59,6% des importations et contribuent pour 70,5% à leur hausse totale. La facture énergétique, premier poste d’importation du pays (18,1% du total), croît en particulier de 47,2% en g.a (à 3,7 Mds USD). Les produits textiles, deuxième poste à l’import (14,9% du total), s’affichent à 3,1 Mds USD, soit +31,3% en g.a. Les produits chimiques importés, cinquième poste à l’import (5,2% du total), progressent de 29,2% à 1,1 Md USD. Les importations de fertilisants, interdites entre mai et novembre 2021, sont en chute de 38,9% en g.a. à 158,2 MUSD.
Les importations de biens d’investissement (+25,2% en g.a., à 4,5 Mds USD) représentent 21,6% des importations et contribuent pour 19,6% à leur hausse totale. Les importations de machines et équipements, troisième poste à l’import (13,6% du total), augmentent de 29,1% pour atteindre 2,8 Mds USD. Les matériaux de construction, quatrième poste (6,1% du total), progressent à 1,2 Mds (+20,6%). Les importations de biens de consommation progressent dans une moindre mesure (+13,1% en g.a. à 3,9 Mds USD). Elles représentent 18,6% des importations totales et contribuent pour 9,8% à la hausse de celles-ci. Les importations de produits agroalimentaires et boissons (8,1% du total des importations), résilientes face à la crise, sont en hausse de 7,2% à 1,7 Md USD. Les importations de produits médicaux et pharmaceutiques, qui n’avaient pas chuté en 2020, sont en forte hausse de 48,2% à 882,5 MUSD. Les importations de véhicules individuels, dont l’interdiction a été maintenue depuis mars 2020 pour protéger les réserves de change, poursuivent leur chute (-95,5% en g.a., à 12,8 MUSD).
La part de marché de la France se maintient entre 2020 et 2021, à 0,7% du total des importations sri lankaises (116 puis 137 MUSD) d’après la Banque centrale sri lankaise (CBSL). La France se classe au 24ème rang des fournisseurs (26ème rang en 2020), loin derrière les trois premiers : la Chine (23,0% de part de marché), l’Inde (22,4%) et les Emirats arabes unis (6,8%). La France ne se classe qu’au 4ème rang des fournisseurs européens, derrière l’Allemagne (1,7%), l’Italie (1,5%) et le Royaume-Uni (1,1%). L’Union européenne est le troisième fournisseur de Sri Lanka[2], ce dernier ayant importé pour 1,5 Md USD en provenance de celle-ci en 2021 (7,2% de part de marché), contre 1,3 Md USD en 2020 (7,8% de part de marché).
III) Un creusement important du déficit commercial en 2021, qui risque de se maintenir à un niveau élevé en 2022
En 2021, la hausse des importations a surcompensé celle des exportations. En conséquence, le déficit de la balance commerciale sri lankaise s’est fortement accru, passant de 6,0 Mds USD en 2020 à 8,1 Mds USD en 2021, un niveau proche de celui de 2019.
Sur les quatre premiers mois de l’année 2022, les importations croissent ainsi de 8,9% en g.a. à 7,4 Mds USD, tirées en particulier par la hausse du cours du baril et des matières premières, consécutive au conflit russo-ukrainien, et par la hausse des importations alimentaires consécutive à la chute des récoltes pénalisées par l’interdiction puis la pénurie de fertilisants. Néanmoins, les importations ont décru en valeur en g.a. en mars et avril, et plus fortement en volume, particulièrement pour les biens de consommation non-alimentaires et biens d’investissement. Cette chute résulte des différentes mesures prises depuis le début de l’année par le gouvernement et la Banque centrale pour restreindre les importations jugées non-essentielles (restriction des transactions à compte ouvert, licences d’importation puis surcharges douanières, constitution d’un dépôt en espèces de 100% de la valeur facturée des importations pour l’ouverture de lettres de crédit…), ainsi que de la forte dépréciation de la roupie (-45%) depuis début mars. Les importations pourraient ainsi diminuer en 2022 sur le reste de l’année par rapport à 2021.
Les exportations croissent en g.a. de 11,0% sur les quatre premiers mois de l’année 2022, à 4,2 Mds USD, surtout portées par les exportations industrielles (3,4 Mds USD, +15,8%). Les exportations agricoles chutent de 5,5% sur les quatre premiers mois (784 MUSD), pénalisées par les faibles récoltes et la perte de certains marchés d’exportation (Russie). Les exportations de thé décroissent en particulier de 50 MUSD entre janvier et avril (-12,0%). Dans les prochains mois, les exportations risquent fortement de pâtir de la crise économique (pénuries de carburant et coupures d’électricité, difficultés d’approvisionnement en produits intermédiaires) qui frappe le pays. Les importations croissent en g.a. de 8,9% sur les quatre premiers mois de l’année 2022, à 7,4 Mds USD. Sous l’effet de la dépréciation de la roupie et des différentes mesures de restriction des importations jugées non-essentielles prises par les autorités et la banque centrale, celles-ci entament une chute (biens de consommation non-alimentaire, biens d’investissement) depuis mars. La hausse de la facture énergétique (+532 MUSD sur les quatre premiers mois) les maintient néanmoins à un niveau élevé, ainsi que les importations de produits alimentaires et de biens intermédiaires, tirées par la chute des récoltes et la hausse des cours internationaux. Le déficit commercial atteint ainsi 3,1 Mds USD sur les quatre premiers mois de l’année, contre 2,9 Mds USD sur la période correspondante en 2021. Il devrait ainsi rester élevé au cours de l’année 2022.
IV) Les échanges de services, dont le solde est nettement excédentaire, subissent la chute du tourisme, mais le secteur des TIC affiche une bonne performance
Les échanges de services de Sri Lanka avec le reste du monde décroissent fortement (-35,9%) entre 2020 et 2021, de 5,3 Mds USD à 3,4 Mds USD, en lien avec la faible activité touristique dans le pays sur l’année du fait de la pandémie (194 495 entrées, contre 507 704 en 2020 et autour de 2 M les années précédentes).
La chute des exportations (2,5 Mds USD, -18,5%) s’observe ainsi notamment dans les catégories très dépendantes du tourisme : -48,2% dans les transports (608 MUSD), -25,7% dans les voyages (507 MUSD). Le secteur des TIC s’affirme comme un secteur porteur : en première position devant ces deux catégories, les exportations de services informatiques et services de télécommunication atteignent 1,2 Md USD (+20,7%).
Les importations (889 MUSD, -59,9%), qui se répartissent essentiellement sur les mêmes postes que les exportations, baissent plus vite que celles-ci. Le solde de la balance des échanges de services, structurellement excédentaire, s’en trouve ainsi amélioré par rapport à 2020 : il atteint 1,6 Md USD en 2021 (+93,7% en g.a.). Cet excédent reste toutefois sensiblement inférieur au niveau pré_covid (2,8 Mds en 2019, 3,8 Mds USD en 2018).
Les principaux pays ayant pourvu des touristes en 2021 à Sri Lanka sont, par ordre décroissant : l’Inde (56 268 entrées, 28,9% du total), la Russie (16 894 entrées, 8,7% du total), le Royaume-Uni (16 646 entrées, 8,6% du total), l’Allemagne (12 442 entrées, 6,4% du total) et le Pakistan (7 520 entrées, 3,9% du total). La France arrive en 7ème position, avec 6 549 entrées (3,4% du total), contre 24 838 entrées en 2020 (4,9% du total). Les recettes du tourisme sont tombées à 507 MUSD en 2021 (-25,7% en g.a., -88,4% par rapport à 2018, année record). Malgré une bonne reprise du secteur touristique au premier trimestre 2022, la crise économique et sociale semble d’ores et déjà lui avoir imposé un nouveau coup d’arrêt.