SRI LANKA
Le commerce extérieur de Sri Lanka en 2024
Résumé : En 2024, les échanges de biens du Sri Lanka se sont élevés à 31,6 Mds USD, niveau toujours inférieur au record atteint avant la crise financière de 2022 . Le Sri Lanka dégage un déficit structurel, qui a fortement progressé entre 2023 et 2024 pour atteindre 6,1 Mds USD sous l’effet de la levée progressive des restrictions aux importations et du renforcement de la roupie sri lankaise. Les premiers fournisseurs de Sri Lanka sont la Chine et l’Inde et ses premiers clients les Etats Unis et l’UE. En 2025, le déficit commercial pourrait augmenter, notamment en raison de la levée de l’interdiction d’importation de véhicules et des conséquences de la montée des tensions commerciales liées aux décisions de la nouvelle administration américaine. Le taux d’ouverture commerciale de l’économie srilankaise (échanges commerciaux de biens équivalant à 32% du PIB) est relativement faible, mais supérieur au voisin indien, et l’économie du Sri Lanka reste dépendante des importations pour ses approvisionnements essentiels (hydrocarbures, produits agricoles). La forte hausse du tourisme a permis en 2024 une hausse de l’excédent de la balance des services, passé de 3,1 à 3,5 Mds USD, qui devrait se confirmer en 2025.
I) Des importations en reprise avec la levée progressive des restrictions
Les importations de marchandises ont progressé de 12,1% en 2024 par rapport à 2023, passant de 16,8 à 18,8 Mds USD grâce d’une part à la poursuite du démantèlement des restrictions qui avaient été placées à partir de 2020 pour réduire les tensions sur les réserves de change du pays, de l’autre à la stabilisation économique et à la reprise notamment du secteur manufacturier et enfin à la remontée de la devise locale, qui s’est appréciée de 7,8% par rapport à l’USD en moyenne annuelle entre 2023 et 2024.
Signe de l’amélioration économique, la hausse la plus forte a été enregistrée pour les biens d’équipements (+25,6%), notamment les machines-outils (+26,5%) et les matériaux de construction (+19,6%), qui ne représentent toutefois que 18,3% des importations. La seconde concerne les biens de consommation (+13,9%), qui représentent 18,4% des importations, notamment les produits agricoles et agroalimentaires (10,2% des importations, +13,1%), mais également l’équipement électroménager, de transport et de télécommunication. A noter toutefois, une baisse des importations de matériel médical et de produits pharmaceutiques (-13,7%) probablement liée à un effet de déstockage. Enfin, les biens intermédiaires – 63,2% des importations – progressent de 8,2% grâce au textile, produits chimiques, plastique, articles de la métallurgie et de l’industrie du caoutchouc et ce, malgré la forte contraction des importations d’hydrocarbures (-7,4%) liée à la baisse des cours mondiaux ; ces derniers représentent toutefois encore 23,1% des importations.
La Chine est redevenue en 2024 le 1er fournisseur du Sri Lanka devant l’Inde (20,5% de part de marché) avec 23,2% des importations et ce, malgré l’absence d’accord de libre-échange avec ce pays contrairement à ce qui est le cas avec l’Inde. Ces pays sont suivis par les Emirats arabes unis (7,9%) et Singapour (6,9%). L’UE dans son ensemble ne couvre que 6,5% des importations sri lankaises et la France se classe au 22e rang des fournisseurs de ce pays avec 0,8% de ses importations.
Les exportations françaises vers le Sri Lanka s’établissent à un niveau relativement faible (100 MEUR en 2024, soit 28,5% de moins qu’en 2023). Le Sri Lanka est le 4e client de la France en Asie du Sud, derrière l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh. Il se place, au niveau mondial, au 42e rang des clients de la France.
II) Des exportations en progression mais toujours fortement concentrées
Les exportations sri lankaises ont progressé de 7,2% en 2024 mais ne couvrent encore que les deux tiers de ses importations, passant de 11,9 Mds USD à 12,8 Mds USD. Le textile-habillement représente 39,6% du total et les produits agricoles et agroalimentaires 26,8%, notamment le thé (le Sri Lanka est passé en 2024 du 2e au 3e rang mondial des exportateurs), les épices, les noix de coco et les produits de la mer. Parmi les autres exportations peuvent être cités les produits pétroliers (8,3%), le caoutchouc (7,6%) et les pierres précieuses (3%).
Les Etats-Unis constituent de loin le premier client du Sri Lanka et absorbent 22,8% de ses exportations. L’UE se classe derrière avec 21,6% grâce à l’accès facilité à son marché par le mécanisme dit « SPG+ ». La France est le 4e client du Sri Lanka au sein de l’UE et son 10e au niveau mondial avec 2,1% de ses exportations. Le Royaume-Uni (7,1%), qui a également mis en place un régime SPG+ et l’Inde (6,9%) se classent derrière l’UE.
Les exportations sri lankaises vers la France se sont légèrement repliées en 2024 (-3,8%) pour s’établir à 438 MEUR. Le Sri Lanka se classe ainsi au 32e rang de nos fournisseurs avec un accès au marché européen (et donc français) facilité par l’application du mécanisme dit « SPG+ ». En Asie du Sud, le Sri Lanka se classe au 4e rang des fournisseurs de la France, derrière l’Inde, le Bangladesh et le Pakistan. Nos importations sont concentrées sur un très faible nombre de produits : le textile-habillement (248,4 MEUR, soit 56,7% du total), les produits agricoles et agro-alimentaires avec la pêche, le thé et les épices (67,8 MEUR, 15,5% du total), les articles en caoutchouc et plastique (39,8 MEUR, 9,1%) grâce à la présence de plusieurs usines du groupe Michelin sur place et les pierres précieuses et semi-précieuses (35,4 MEUR, 8,1%).
III) Un déficit commercial structurel qui reprend sa progression interrompue pendant la crise
Le rebond des importations en 2024 plus fort que celui des exportations conduit à un creusement du déficit, qui passe de 4,9 Mds USD en 2023 à 6,1 Mds USD en 2024 (+23,9%), revenant au niveau de 2020 mais restant encore loin derrière celui enregistré en 2018 (plus de 10 Mds USD).
Le Sri Lanka enregistre ses principaux déficits avec la Chine (-4,1 Mds USD), l’Inde (-3 Mds USD), Singapour (-1,2 Md USD) et les E.A.U. (-1,2 Md USD) et ses principaux excédents avec les Etats-Unis (+2,5 Mds USD), l’UE (+1,5 Md USD) et le Royaume-Uni (+0,7 Md USD).
Les achats sri lankais à l’étranger devraient poursuivre leur progression en 2025, le pays ayant désormais levé toutes les restrictions à l’importation imposées depuis 2020, y compris, depuis le 31 janvier 2025 pour les véhicules et le déficit se creuser. Les autorités tablent sur un montant de 1 Md USD pour ce seul poste en 2025. Beaucoup d’incertitudes subsistent quant à l’évolution de la situation géopolitique mondiale, qui a des effets importants sur les cours des matières premières, notamment énergétiques et sur la consommation, et quant aux conséquences de la politique commerciale des nouvelles autorités américaines, qui pourrait également peser sur la demande adressée au Sri Lanka. Il est également possible que le Sri Lanka accepte de réduire ses tarifs sous la pression américaine, ce qui conduirait à une hausse des importations. La politique commerciale américaine est en tout état de cause de nature à pousser le Sri Lanka à accélérer la diversification de son économie et son intégration dans le commerce mondial, encore très limitée. Le Sri Lanka n’a en effet conclu des accords de libre-échange qu’avec quatre pays (Inde, Pakistan, Singapour, Thaïlande) et est partie à trois accords commerciaux limités : SAPTA (SAARC Preferential Trading Arrangement), SAFTA (South Asian Free Trade Area) et APTA (Asia Pacific Trade Agreement). Les négociations d’un ALE avec la Chine, lancées en 2014 ; ont été suspendues en 2017.
IV) Une balance des services excédentaire qui bénéficie de la forte reprise du tourisme
En 2024, la balance des services a affiché un excédent de 3,4 Mds USD, ce qui couvre près de 60% du déficit commercial. Il est en progression de 12,5% par rapport à 2023 grâce à la bonne tenue des exportations de services de transports, notamment maritimes, de tourisme et de télécommunications. Le Sri Lanka a vu le nombre de visiteurs étrangers progresser de 38% entre 2023 et 2024 – sans atteindre toutefois le record de 2018 de 2,3 millions- et les dépenses qu’ils ont engagées de plus de 53%. Les principaux pays d’origine sont l’Inde (21,3%), la Russie (14,2%), le Royaume-Uni (7,5%), l’Allemagne (,9%), l’Australie (5,3%), la Chine (4%), les Etats-Unis (3,3%), les Maldives (2,8%) et la France (2,5%). La progression se confirme au début de l’année 2025.
Les échanges de services entre le Sri Lanka et la France restent modestes. Ils ont atteint 235 MEUR en 2023 (derniers chiffres disponibles), dont 62 MEUR d’exportations françaises et 173 MEUR d’importations, essentiellement concentrées sur le secteur du tourisme.