Le commerce extérieur de Sri Lanka en 2022

Résumé : En 2022, le commerce extérieur de biens de Sri Lanka s’est élevé à 31,4 Mds USD. Son déficit, structurel, a atteint 5,2 Mds USD, son plus bas niveau depuis 2010. La baisse de ce déficit résulte avant tout de la crise traversée par le pays. La pénurie de devises, les restrictions sur les importations, la baisse de l’activité et de la demande ont tiré vers le bas les importations (-11,4%), ainsi que la dépréciation de la roupie de 45% qui a également favorisé les exportations (+4,9%), tirées par une forte demande des marchés à l’export et des prix élevés. Les premiers fournisseurs de Sri Lanka sont l’Inde et la Chine (respectivement 26% et 18% des importations), et ses premiers clients restent les Etats Unis et l’UE (25% et 23% des exportations). En 2023, le déficit commercial pourrait augmenter, notamment en cas de levée des restrictions d’importations et de baisse prolongée de la demande mondiale. La reprise relative du tourisme a permis en 2022 une hausse de l’excédent de la balance des services, de 1,6 à 2,1 Mds USD, qui devrait se poursuivre en 2023.

I) Des importations limitées par la conjoncture et les restrictions aux importations

 

En 2022 les importations de marchandises diminuent de 11,4% par rapport à 2021, passant de 20,6 à 18,3 Mds USD. La baisse tient d’abord aux importations de biens d’investissement qui diminuent de 32% (notamment le poste « Machines et équipements », -841 MUSD) et à celles de biens de consommation non-alimentaires qui diminuent de 45% (notamment les produits « Médicaux et pharmaceutiques », -349 MUSD). Les mesures mises en place pour préserver ses réserves de change y contribuent grandement, avec l’allongement des listes de restrictions d’importations, l’interdiction des transactions à compte ouvert ou la mise en place d’une obligation de dépôts pour l’obtention de lettres de crédit à l’import. D’autres facteurs déterminants de la baisse des importations sont la dépréciation de la roupie de 45% sur l’année, la pénurie de devises sur le marché domestique, la faiblesse du crédit au secteur privé, le contrôle de la dépense publique et la baisse du pouvoir d’achat et de l’activité économique (-7,8% de PIB en 2022). Cette baisse d’activité conduit par ailleurs au maintien du ratio importations sur PIB à 23,7%, contre 23,3% en 2021. Du fait de l’augmentation mondiale des prix du pétrole, la valeur des importations de carburants augmente de 31% (+1,2 Md USD). La baisse de la production agricole résultant de l’interdiction d’importation d’engrais en 2021 conduit par ailleurs à une forte augmentation des importations de riz, de 73 MUSD en 2021 à 293 MUSD en 2022. Les importations de « véhicules individuels » restent quasi-nulles (12 MUSD) du fait des restrictions persistantes. Les articles les plus importés restent les carburants (+31% en valeur, 27% du total), le textile (stable en valeur, 17% du total) et les « machines et équipements » (-30% en valeur, 11% du total).

En 2022, Sri Lanka a importé pour 81 MEUR de produits Français (-9,4% en g.a.) selon les douanes françaises et 110 MUSD selon la Banque Centrale sri lankaise. Selon cette dernière, 0,6% des importations sri lankaises viennent de France, ce qui en fait le 25ème fournisseur du pays et le 3ème fournisseur au sein de l’UE après l’Italie (1,6% des importations) et l’Allemagne (1,6%), et le 4e en Europe derrière le Royaume-Uni (1,1%). L’Inde retrouve sa place de premier fournisseur, occupée par la Chine depuis 2019, avec 26% des importations du fait notamment de l’aide d’urgence fournie sous la forme de lignes de crédit au cours de la crise. La Chine est le deuxième fournisseur du pays et ne compte plus que pour 18% des importations (baisse de 5 points par rapport à 2021). L’Union Européenne, en troisième position, représente 7% des importations.

II)  Des exportations records poussées par la reprise des marchés à l’exportation

En 2022 les exportations sri lankaises ont continué d’augmenter par rapport au niveau déjà record de 2021, passant de 12,5 Mds USD à 13,1 Mds USD, soit +4,9%. Les exportations industrielles (10,5 Mds USD) augmentent de 8% par rapport à 2021, tirées principalement par les postes « Textile et vêtements » (+517 MUSD) et « Pierres précieuses, diamants et bijoux » (+174 MUSD). La hausse de ces exportations, d’abord tirée par la hausse des prix unitaires, a notamment été permise par une forte demande mondiale dans un contexte de reprise post-Covid, ainsi que par la dépréciation de la roupie de 45% évoquée plus haut. Les exportations agricoles (2,6 Mds USD) baissent en revanche de 6%, principalement du fait de la baisse de la production suite à l’interdiction d’importation d’intrants chimiques en 2021, notamment les postes « Epices » (-86 MUSD par rapport à 2021) et « Thé » (-66 MUSD malgré un prix unitaire à l’export plus élevé de 9%). Les principaux articles exportés par Sri Lanka restent les « Textile et vêtements » (+10% en valeur, 45% du total), le « Thé » (-5% en valeur, 10% du total) et les « Produits en caoutchouc » (-7% en valeur, 8% du total).

En 2022 Sri Lanka a exporté vers la France pour 514 MEUR de produits (+28,7% en g.a.) selon les douanes françaises, contre seulement 249 MUSD selon la Banque Centrale sri lankaise[1]. Selon cette dernière, la France est le 12ème client de Sri Lanka avec une part de marché de 1,9% des exportations et le 5ème client au sein de l’UE après l’Allemagne (5,7% des exportations), l’Italie (4,9%), les Pays Bas (3,3%) et la Belgique/Luxembourg[2] (2,4%). Les principaux clients du pays sont les Etats-Unis (25% des exportations), l’UE (23%), le Royaume Uni (7%) et l’Inde (7%). Sri Lanka bénéficie depuis 2017 du GSP+ européen qui permet à ses exportateurs d’obtenir une exemption complète de droits de douane sur 66% des lignes tarifaires et dont le renouvellement est actuellement à l’étude.

III) Un déficit commercial à son plus bas niveau depuis 2010

La baisse des importations combinée à la hausse des exportations conduit en 2022 à un déficit commercial de 5,2 Mds USD (6,7% du PIB), contre 8,1 Mds USD (9,2% du PIB) en 2021. Il s’agit de son niveau le plus bas depuis 2010. Sri Lanka affiche un excédent structurel avec l’UE (1,8 Mds USD) et les Etats-Unis (2,9 Mds USD) et un déficit structurel avec la Chine (3 Mds USD) et l’Inde (3,9 Mds USD).

La période janvier-mai de l’année 2023 voit les importations baisser de 23% en g.a. et les exportations baisser de 8% en g.a. Pour le reste de l’année, les importations pourront être affectées par l’agenda de levée des barrières commerciales dans le cadre du programme FMI en cours (plusieurs produits ont été réautorisés à l’importation au cours des derniers mois, dont 286 codes douaniers en juin 2023). La baisse de la demande mondiale enclenchée en 2022 pourrait, si elle persiste, induire une baisse des exportations. S’ajouteront à ces facteurs les fluctuations de la roupie qui s’est apprécié de 19% depuis le début de l’année, le cours mondial des matières premières et bien sûr la stabilité de l’économie sri lankaise, encore particulièrement vulnérable.

IV) Une balance des services excédentaire qui bénéficie de la reprise relative du tourisme

En 2022 la balance des services affiche un surplus de 2,1 Mds USD, contre 1,6 Md USD en 2021, qui reste néanmoins bien inférieur aux niveaux pré-covid et attentats (3,8 Mds USD en 2018). Entre 2021 et 2022, les exportations passent de 2,5 Mds USD à 3,1 Mds USD et les importations de 889 MUSD à 953 MUSD.

En phase avec le déclin de l’activité et des importations de biens, les exportations de services se détériorent dans la plupart des secteurs, notamment les TIC (1,1 Md USD, -9% en g.a.) et le transport maritime (410 MUSD, -9% en g.a.). L’amélioration de la balance des services s’explique donc principalement par la reprise relative du tourisme, dont les recettes s’établissent à 1,1 Md USD (+124% en g.a. mais très inférieures aux 4,4 Mds USD atteints en 2018).  En 2022, 719 978 touristes ont visité le pays (+270% en g.a.) Les principaux pays d’origine de ces derniers sont l’Inde (17%), la Russie (13%), le Royaume Uni (12%), l’Allemagne (8%) et la France (5% du total avec 35 482 arrivées, contre 6 549 pour 3,4% du total en 2021). En 2023 l’augmentation des arrivées de touristes (+51,9% en g.a. au S1) devrait permettre d’améliorer cet excédent.


[1] L’écart entre les chiffres pourrait tenir à l’« effet Rotterdam », le transit des marchandises par les ports masquant en partie leur destination finale.

[2] Les deux pays sont classés par la CBSL comme un ensemble commun au niveau statistique

 
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