LIBAN
Opportunités sectorielles
A court terme, les opportunités économiques au Liban se concentrent sur les projets de la Banque mondiale, pour la reconstruction (1 Md$), l'énergie (250 M$) et l'eau (258 M$). A moyen terme, en cas de redressement global du pays, des opportunités économiques plus significatives devraient émerger compte tenu du besoin de redéveloppement des grandes infrastructures de transports, d’électricité, d’eau et de télécommunications.
1/ Reconstruction
Dans son étude « Rapid Damage and Needs Assessment » (RDNA) publiée en mars 2025, la Banque mondiale évalue les besoins financiers post conflit à 11 Md$ (soit 39% du PIB). L’immobilier concentre 57% des besoins (soit 6,3 Md$) – 10% des logements ayant été endommagés ou détruits, suivi par le secteur commercial/industriel (1,8 Md$). Ces deux secteurs devront essentiellement bénéficier, selon la Banque mondiale, de financements privés (qui auraient vocation à couvrir au total 6 à 8 Md$). Le financement public (3 à 5 Md$) devrait quant à lui être principalement dirigé vers les infrastructures et services publics (eau/assainissement, routes/ponts, électricité, santé, éducation), ainsi que vers l’agriculture et l’environnement.
La Banque mondiale a adopté le 24 juin 2025 le projet « Lebanon Emergency Assistance Project » (LEAP) visant à contribuer à l’effort de reconstruction, à travers un prêt de 250 M$ ayant vocation à être complété par des contributions (dont celle de la France), pour atteindre 1 Md$. Le projet LEAP devrait financer la gestion circulaire des débris, la restauration des infrastructures et services publics critiques, ainsi que leur reconstruction. L’instruction du projet a permis d’engager le processus de réforme du Conseil du Développement et de la Reconstruction (CDR), chargé de sa mise en œuvre, à travers la nomination d’un conseil d’administration de plein exercice, la création d’une unité de gestion autonome et l’engagement à mener une réingénierie des procédures. Dans un contexte d’incertitudes sur le niveau et la temporalité des contributions, le projet LEAP s’appuie sur un mécanisme de priorisation géographique des interventions, afin de maximiser leur impact à court terme.
2/ Electricité
Le secteur de l’électricité connaît une situation d’effondrement quasi-total. Tandis que l’opérateur publique Electricité du Liban (EDL) ne fournit plus que l’équivalent de 4 à 6 heures par jour, la majorité de la production provient de groupes électrogènes privés.
La Banque mondiale a octroyé fin 2024 un prêt de 250 M$ pour soutenir le redressement d’EDL (comprenant la construction d’un nouveau dispatching) et financer des projets d’énergies renouvelables (centrale solaire de 150 MW, réhabilitation de centrales hydroélectriques). L’accompagnement de la Banque a permis l’adoption de premières actions et réformes (hausse des tarifs, plan de recouvrement des pertes) et devrait créer à moyen terme les conditions d’un déploiement de projets renouvelables privés (IPP).
Les entreprises françaises sont bien positionnées et reconnues sur le secteur de l'énergie. TotalEnergies, 2ème distributeur de carburant du pays, est l’opérateur du consortium ayant mené des explorations dans deux blocs gaziers. CMA-CGM est par ailleurs en train de développer plusieurs projets solaires pilotes. Par ailleurs, Nexans détient une usine de câbles électriques au Liban. EDF est de son côté l’ingénieur-conseil historique d’Electricité du Liban.
3/ Eau
Le Liban est en stress hydrique du fait d’une gestion défaillante du secteur. L’effondrement des établissements des eaux a permis à une filière informelle (puits illégaux et camions-citernes) de se développer. La priorité est de mettre en place des moyens de stockage de l’eau durant la saison des pluies, tout en adressant les inefficacités du système (tarifs, pertes).
Le secteur de l'eau est une priorité des bailleurs au Liban. Un projet de la Banque mondiale (258 M$) vise à financer l’achèvement des infrastructures de stockage et de transport d’eau de surface à Beyrouth. L’UE finance une assistance technique aux réformes, mise en œuvre par l’AFD, qui finance de son côté la réhabilitation de réseaux d’eau dans certaines régions.
L'expertise des entreprises françaises est reconnue dans le secteur de l'eau au Liban. Veolia et Suez ont historiquement développé, sur financement du Trésor français, les principales usines de traitement des eaux usées du Liban. Les cabinets d'ingénierie français ont également soutenu le développement de projets de barrages et de réseaux d'adduction.
4/ Transports
Les systèmes de transport sont globalement en mauvais état. Seule infrastructure aéroportuaire civile du pays, l’aéroport de Beyrouth fonctionne de manière dégradée, avec des équipements vieillissants et un terminal passagers congestionné. La zone non-conteneurisée du port de Beyrouth, détruite par l’explosion du 4 août 2020, n’a toujours pas été reconstruite. L’état des routes est inégal et nécessite des travaux d’entretien. Les infrastructures ferroviaires sont inopérantes depuis 50 ans.
Les bailleurs ont avant tout financé avant la crise la réhabilitation d’axes routiers, notamment la Banque mondiale qui avait aussi envisagé un projet de Bus Rapid Transit finalement annulé en 2022. Les autorités libanaises envisagent de mobiliser des schémas en PPP pour développer de nouvelles infrastructures, notamment un aéroport au nord de Tripoli.
CMA-CGM est un acteur économique majeur de la filière logistique au Liban, en tant que gestionnaire des terminaux à conteneurs des ports de Beyrouth et Tripoli. Artelia et Egis ont assisté en 2024 le port de Beyrouth, sur financement FASEP, pour préparer un plan de reconstruction.
5/ Télécommunications
Les services de téléphonie et d’internet connaissent des perturbations récurrentes. La situation financière de l’entreprise publique Ogero, unique fournisseur de bande passante au Liban, est extrêmement fragile. L’état de l’infrastructure est incertain compte tenu de l’absence de travaux de maintenance depuis 2019.
La Banque mondiale instruit un nouveau prêt pour soutenir la numérisation de l’Etat libanais, qui pourrait comprendre le financement d'infrastructures.