LIBAN
Opportunités sectorielles
A court terme, les opportunités économiques au Liban se concentrent sur les enjeux d’économie circulaire liés à la reconstruction. A moyen terme, en cas de redressement global du pays, des opportunités économiques plus significatives devraient émerger compte tenu du besoin de redéveloppement des grandes infrastructures de transports, d’électricité, d’eau et de télécommunications.
1/ Reconstruction
La problématique de la reconstruction du Liban suite à la guerre de 2024 avec Israël vient s’ajouter à celle du redressement d’un pays en crise profonde depuis 2019. Les destructions sont plus importantes qu’en 2006, mais elles se concentrent dans l’immobilier et concernent moins les infrastructures publiques. La Banque mondiale estime que la guerre a causé à fin octobre 2024 des dommages physiques de 3,4 Md$. Ces estimations seront revues à la hausse dans une prochaine étude, dans la mesure où la guerre s’est poursuivie à haute intensité pendant un mois. Selon de premières estimations, le coût du déblaiement et de la reconstruction pourrait dépasser 7 Md$ (soit 30% du PIB).
Tandis que les capacités budgétaires de l’Etat libanais sont très contraintes, les bailleurs n’ont pas annoncé à ce stade de financements supplémentaires destinés à la reconstruction. Le volume important de destructions et les contraintes financières plaident en faveur d’une approche circulaire de recyclage des débris pour la reconstruction.
2/ Electricité
Le secteur de l’électricité connaît une situation d’effondrement quasi-total. Tandis que l’opérateur publique Electricité du Liban (EDL) ne fournit plus que l’équivalent de 4 à 6 heures par jour, la majorité de la production provient de groupes électrogènes privés.
La Banque mondiale vient d’octroyer un prêt de 250 M$ pour soutenir le redressement d’EDL et financer des projets d’énergies renouvelables. L’accompagnement de la Banque a permis l’adoption de premières actions et réformes (hausse des tarifs, plan de recouvrement des pertes) et devrait créer à moyen terme les conditions d’un déploiement de projets renouvelables privés (IPP).
Les entreprises françaises sont bien positionnées et reconnues sur le secteur de l'énergie. TotalEnergies, 2ème distributeur de carburant du pays, est l’opérateur du consortium ayant mené des explorations dans deux blocs gaziers. CMA-CGM est par ailleurs en train de développer deux projets solaires (15 MW chacun). Par ailleurs, Nexans détient une usine de câbles électriques au Liban. EDF est de son côté l’ingénieur-conseil historique d’Electricité du Liban.
3/ Eau
Le Liban est en stress hydrique du fait d’une gestion défaillante du secteur. L’effondrement des établissements des eaux a permis à une filière informelle (puits illégaux et camions-citernes) de se développer. La priorité est de mettre en place des moyens de stockage de l’eau durant la saison des pluies, tout en adressant les inefficacités du système (tarifs, pertes).
Le secteur de l'eau est une priorité des bailleurs, mais seule la Banque mondiale est en mesure d’octroyer des prêts et donc de mener des projets structurants. Un projet de prêt (258 M$) vise à financer l’achèvement des infrastructures de stockage et de transport d’eau de surface à Beyrouth. Il fait suite à un premier prêt de 200 M$ octroyé en 2010. L’UE finance une assistance technique aux réformes, mise en œuvre par l’AFD, qui finance de son côté la réhabilitation de réseaux d’eau dans certaines régions.
L'expertise des entreprises françaises est reconnue dans le secteur de l'eau au Liban. Veolia et Suez ont historiquement développé, sur financement du Trésor français, les principales usines de traitement des eaux usées du Liban. Les cabinets d'ingénerie français ont également soutenu le développement des projets de barrages et de réseaux d'adduction.
4/ Transports
Les systèmes de transport sont globalement en mauvais état. Seule infrastructure aéroportuaire civile du pays, l’aéroport de Beyrouth fonctionne de manière dégradée, avec des équipements vieillissants et un terminal passagers congestionné. Les principaux ports du pays (Beyrouth et Tripoli) ne respectent pas les normes internationales. La zone non-conteneurisée du port de Beyrouth, détruite par l’explosion du 4 août 2020, n’a toujours pas été reconstruite. L’état des routes est inégal et nécessite des travaux d’entretien. Le système de transports en commun fonctionne de manière informelle (hormis les 50 bus donnés par la France en 2022 et opérés en PPP). Les infrastructures ferroviaires sont inopérantes depuis 50 ans.
Les bailleurs ont avant tout financé avant la crise la réhabilitation d’axes routiers, notamment la Banque mondiale qui avait aussi envisagé un projet de Bus Rapid Transit finalement annulé en 2022.
CMA-CGM est un acteur économique majeur de la filière logistique au Liban, en tant que gestionnaire des terminaux à conteneurs des ports de Beyrouth et Tripoli. Artelia et Egis ont assisté en 2024 le port de Beyrouth, sur financement FASEP, pour préparer un plan de reconstruction pragmatique.
5/ Télécommunications
Les services de téléphonie et d’internet connaissent des perturbations récurrentes. La situation financière de l’entreprise publique Ogero, unique fournisseur de bande passante au Liban, est extrêmement fragile et dépendante des avances budgétaires décidées en Conseil des ministres. L’état de l’infrastructure est incertain compte tenu de l’absence de travaux de maintenance depuis 2019.
Les bailleurs sont largement absents du secteur, à part la Chine qui a fait un don en nature d’équipements d’énergie solaire en 2024 (8,5 M$) au bénéfice des centraux d’Ogero. La Banque mondiale instruit de son côté un prêt pour soutenir la numérisation de l’Etat libanais.