LIBAN
Le commerce extérieur du Liban
En dépit de la persistance de la crise économique et financière, les importations du Liban ont augmenté de +40% en 2022, atteignant 19,1 Mds USD, soit un niveau proche de celui d'avant la crise. Dans le même temps, les exportations libanaises ont diminué de -10% en 2022, à 3,5 Mds USD. Le déficit commercial atteint ainsi un niveau exceptionnellement élevé (71% du PIB). Si elle est certainement due en partie à des facteurs conjoncturels (prix des matières premières, effet d’anticipation de la hausse des droits de douanes), cette évolution semble aussi traduire un redémarrage partiel de l’économie réelle libanaise.
1. Les importations libanaises ont retrouvé en 2022 leur niveau de 2018 en valeur.
En 2022, les importations totales du Liban ont connu une forte augmentation en valeur (+39,7%), atteignant 19,1 Mds USD et se rapprochant des niveaux d'avant crise (20 Mds USD en 2018). Les hydrocarbures continuent de représenter une part importante des importations du pays (29%), à 5,6 Mds USD en 2022 (en progression de +44% en valeur, mais en baisse de -17% en volume). Les importations hors hydrocarbures ont également augmenté de +38%, passant de 9,8 Mds USD en 2021 à 13,5 Mds USD en 2022 ; elles atteignent 85% de leur niveau de 2018. Les principaux produits importés, hors hydrocarbures, sont des machines et instruments électriques (13%, en hausse de +108%, ce qui peut s’expliquer en partie par une installation accrue de panneaux photovoltaïques à usage privé) et des véhicules (10,5%, en hausse de +78%). L’unique poste orienté à la baisse en 2022 est celui des produits chimiques et pharmaceutiques (6% du total, baisse de -20%).
Les principaux fournisseurs du Liban en 2022 sont la Chine, avec une part de marché de 14%, suivie de la Turquie (12,7%), la Grèce (9,5%), l'Italie (5,6%) et les Etats-Unis (5%). Par rapport à 2021, la France a perdu 7 rangs (10 par rapport à 2018) dans le classement des fournisseurs, se positionnant à la 17ème place avec 1,6% de part de marché, derrière l'Allemagne (3,5%) et l'Espagne (1,8%).
La progression des importations est certainement due, en partie, à des facteurs conjoncturels. D’une part, la structure des importations libanaises reflète la forte vulnérabilité de son économie vis-à-vis du prix du pétrole, indispensable à la production d’électricité dans le pays (issue à 95% du fuel/diesel). D’autre part, l'augmentation des importations non-hydrocarbures est vraisemblablement liée à des phénomènes d'anticipation de la part des importateurs (hausse attendue des droits de douane liée au changement en novembre 2022 du taux de change appliqué, de 1507,5 à 15 000 LBP/1 USD). Pour autant, le niveau d’importations en 2022, très proche de celui de 2018 et disproportionné par rapport aux revenus actuels du pays, semble témoigner d’un redémarrage de l’économie réelle libanaise, en dépit de nombreux indicateurs macroéconomiques défavorables.
La chute du taux de change parallèle ne semble pas se traduire, à ce stade, par une substitution massive des importations par la production locale. Une exception semble toutefois concerner les produits chimiques et pharmaceutiques : dans le contexte des restrictions en devises imposées par la Banque du Liban, la majorité des importations de médicaments génériques a été remplacée par une production locale en forte croissance.