Relations économiques franco-libanaises

La relation économique franco-libanaise se caractérise par des échanges commerciaux excédentaires pour la France (solde de 322 M€) et des stocks d’investissements croisés non-négligeables (539 M€ au Liban et 1,3 Md€ en France). La présence économique française au Liban est historique, avec une quarantaine de sociétés implantées, et, malgré la crise sévère, continue de s’amplifier du fait de projets stratégiques (CMA-CGM, TotalEnergies) et de l’émergence du Liban comme un centre de ressources humaines.

1/ En dépit de la crise, les échanges franco-libanais se maintiennent à un niveau non-négligeable.

Le Liban constitue notre 25ème excédent bilatéral. Les exportations françaises de biens vers le Liban se sont élevées à 399 M€ en 2022 et sont relativement diversifiées, étant notamment composées d’équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique (14%), produits chimiques, parfums et cosmétiques (13%), produits agroalimentaires (13%), produits pharmaceutiques (12%) et produits pétroliers raffinés (12%). En baisse tendancielle dans le contexte de la crise libanaise (-47% par rapport à 2018), nos exportations se sont redressées en 2022 (+26%), dans un contexte de reprise globale des importations du Liban (+40% d’après les douanes libanaises). L’ensemble de nos principaux postes à l’export ont progressé, à l’exception des ventes de produits pharmaceutiques (-24%), sous l’effet des restrictions sur les quantités imposées par la Banque du Liban et d’une substitution partielle par la production locale. Traditionnellement peu élevées (48 M€ en moyenne sur 2011-2021), nos importations depuis le Liban ont progressé de +53% en 2022, à 78 M€. Elles sont principalement composées d’équipements électriques et ménagers (40%) et de produits agroalimentaires (25%). Ainsi, notre solde bilatéral restait excédentaire en 2022, à hauteur de 322 M€, un niveau certes peu élevé au regard du commerce extérieur français mais non-négligeable pour un marché de la taille du Liban.

La part de marché française s’élève à 1,6%. D’après les douanes libanaises, la France se situe au 17ème rang des fournisseurs du Liban, derrière la Chine (14%), la Turquie (12,7%), la Grèce (9,6%), l'Italie (5,6%), les Etats-Unis (5,1%), les Emirats arabes unis (3,6%) et l’Allemagne (3,5%). La baisse de part de marché française (1,6% en 2022 contre 7,2% en 2013, soit le 4ème rang) s’explique par l’avantage comparatif des pays voisins mais aussi par la modification des sources d’approvisionnement en carburants de Total Liban.

2/ La présence économique française s’accroît.

Les IDE français au Liban demeurent limités mais semblent se maintenir en dépit de la crise. Le stock s’élevait à 539 M€ fin 2022, soit près d’1% des IDE totaux au Liban et 0,04% du stock total d’IDE français à l’étranger. La crise ne semble pas se traduire par des désinvestissements marqués (+34 M€ en 2020, +55 M€ en 2021 et -50 M€ en 2022). En parallèle, le stock d’IDE libanais en France s’élevait à 1,3 Md€ fin 2022. L’année 2020 s’était traduite par des flux élevés (+1,2 Md€), contrairement à 2021 (+20 M€) et 2022 (+9 M€).

Au plan qualitatif, la présence économique française est toutefois significative :

1/ Deux groupes sont positionnés sur des secteurs stratégiques : (i) CMA-CGM (concessionnaire des terminaux à conteneurs des ports de Beyrouth et Tripoli, et d’un port sec situé à l’est du pays) ; (ii) TotalEnergies (distributeur de carburant et détenteur des licences d’exploration de deux blocs gaziers) ;

2/ Des entreprises françaises ont localisé au Liban de la main d’œuvre (trilingue, qualifiée et compétitive depuis la crise) généralement destinée à couvrir d’autres marchés de la région : Publicis, Servier, Danone, Thales, mais aussi CMA-CGM, qui a basé à Beyrouth son hub numérique ainsi qu’un centre de services partagés ;

3/ Trois entreprises françaises ont une implantation industrielle : Saint-Gobain (usine de produits pour le BTP), Nexans (usine de câbles), LafargeHolcim (cimenterie) ;

4/ Enfin, certains groupes ont une empreinte historique : EDF (rôle de conseil auprès d’Electricité du Liban), Air France (partenariat avec la compagnie libanaise MEA et une liaison quotidienne Beyrouth-Paris), AXA (4ème assureur du pays avant la crise), Bolloré Logistics, Veolia-SuezSanofi, Legrand et L’Oréal.

La communauté d’affaires française reste dynamique malgré la crise. Le Comité CCEF, composé de 20 membres, se réunit sur un rythme mensuel. Deux chambres de commerce sont également actives : (i) la CCI France-Liban basée à Beyrouth ; (ii) la chambre de commerce franco-libanaise (CCFL) basée à Paris. Par ailleurs, une French Tech Beyrouth a été labellisée en 2021. Business France a fermé son bureau en 2018 et deux prestataires ont été homologués pour conseiller les PME à l’export : la CCI France-Liban et le cabinet d’intelligence économique MASRI.

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Alors que le Liban tendra vers une refonte de son modèle économique en s’appuyant sur des secteurs nouveaux (numérique, agriculture, industrie légère), des opportunités se présenteront pour nos entreprises, soit sur le marché libanais soit en nouant des partenariats avec des groupes libanais en ciblant des marchés tiers.

 

 

Annexe 1 : Evolution des exportations françaises de biens vers le Liban (M€).

douanes

Source : douanes françaises

Annexe 2 : Evolution des IDE croisés (Md€).

IDE

Source : Banque de France

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