KAZAKHSTAN
Le commerce bilatéral entre la France et Kazakhstan
Bilan du commerce bilatéral en 2024 : réduction significative de notre déficit commercial, liée au dynamisme de nos exportations
Après une hausse spectaculaire des volumes échangés en 2022, dans le sillage l’agression russe contre l’Ukraine, l’année 2024 apparaît comme celle de la consolidation de valeurs qui restent très élevées au regard des tendances de longue période. La hausse enregistrée en 2024 (+2,3 %) s’explique avant tout par le fort dynamisme de nos exportations (+12,2 % pour atteindre 1,25 Md EUR), tandis que nos importations diminuent en valeur (-1,45 % pour atteindre 3,6 Md EUR), un phénomène lié à la baisse des prix du pétrole brut. Les échanges restent dominés par les hydrocarbures naturels (88,2 % de nos importations), tandis que nos exportations sont nettement plus diversifiées.
1/ Les échanges commerciaux entre la France et le Kazakhstan se maintiennent à un haut niveau en 2024
La valeur des échanges commerciaux entre la France et le Kazakhstan reste globalement stable en 2024. Après le début du conflit en Ukraine, les volumes échangés avaient plus que doublé : +107,6 % en 2022 par rapport à l’année précédente. L’année 2023 avait enregitré une baisse sensible des échanges (- 9,3 %, soit 4,8 Md EUR), sans pour autant qu’ils ne retrouvent leur niveau d’avant-guerre. Le volume des échanges bilatéraux progresse de nouveau en 2024, pour atteindre 4,9 Md EUR en 2024 (+2,3 %). Les échanges franco-kazakhstanais dépassent de 35,5% leur niveau d’avant crise sanitaire (3,6 Md EUR en 2019), et représentent même près du double du niveau qui était le leur juste avant le début de la guerre (2,5 Md EUR en 2021)
Notre déficit commercial, structurel vis-à-vis du Kazakhstan, se réduit significativement en 2024 à la faveur d’un « effet de ciseau » favorable. Tandis que nos importations depuis le Kazakhstan se réduisent légèrement en valeur (-1,45% en 2024, soit 3,59 Md EUR au total), nos exportations progressent significativement (elle passent de 1,11 Md EUR à 1,25 Md EUR, soit +12,2 %). Le déficit commercial s’en trouve réduit d’autant (-2,34 Md EUR en 2024, soit une baisse en valeur absolue de -7,5 %)
La hausse des exportations françaises se traduit par une augmentation tout aussi significative de notre part de marché. En 2024, les exportations françaises vers le Kazakhstan ont représenté 3,1 % de l’ensemble des importations kazakhstanaises, soit bien davantage que leur niveau de 2023 (2,1 %) et de 2022 (1,8 %). La France devient ainsi le sixième fournisseur du Kazakhstan. Elle se situe derrière la Russie (30,5 %), la Chine (25,3 %), l’Allemagne (4,7 %), les Etats-Unis (3,8 %) et la Corée du Sud (3,2 %). La Russie retrouve son rang de premier fournisseur du Kazakhstan, après l’avoir brièvement perdu en 2023 au profit de la Chine.
La France absorbe 4,5 % du total des exportations kazkhstanaises (+0,8 point) et se classe sixième client du Kazakhstan – loin derrière l’Italie, qui conserve la tête se ce classement, avec près d’un quart des exportations kazakhstanaises (22,9 % du total, soit +4 points). Suivent la Chine (18,3 %) et la Russie (11,7%, en baisse de -0,7 point), puis les Pays-Bas (6,5 %, en hausse de +1,3 point, bien que ce montant cache vraisemblalement des destinations finales variées).
La Kazakhstan absorbe l’essentiel de nos échanges avec l’Asie centrale. La valeur des échanges commerciaux entre la France et les cinq pays d’Asie centrale a légèrement diminué entre 2023 et 2024, passant de 5,8 Md EUR à 5,7 Md EUR (-3 %). Les échanges entre la France et le Kazakhstan en 2024 représentent 85,5% des volumes échangés au global avec l’Asie centrale (+4 points par rapport à 2023). Le Kazakhstan renforce donc sa place de premier partenaire commercial de la France en Asie centrale. Suivent l’Ouzbékistan (9,2%), le Tadjikistan (2,1%), le Kirghizistan (1,8%) et le Turkménistan (1,5%).
2/ Les exportations françaises vers le Kazakhstan sont principalement tirées par l’industrie du transport
Les exportations françaises sont composées majoritairement de produits de l’industrie manufacturière, qui représentent l’écrasante majorité des exportations françaises vers le Kazakhstan. Les « produits de la fabrication d’autres matériels de transports » représentent 41 % du total (511 M EUR en 2024, en hausse de 43,6% par rapport à 2023). Cette catégorie comprend les produits de la construction aéronautique et spatiale, qui enregistrent une progression particulièrement marquée (+49,5 %, passant de de 305 M EUR à 457 M EUR), et le matériel ferroviaire roulant (54 M EUR en 2024, en augmentation de 8% par rapport à 2022). Les « produits de la fabrication de machines et équipements divers » constituent le second poste d’exportation de la France vers le Kazakhstan (116 M EUR, soit 9,3 %). Les autres postes d’exportations sont le « matériel électrique » (7,7% ; 96 M EUR), les « produits pharmaceutiques » (6,8 % ; 89 M EUR), les parfums et cosmétiques (80 M EUR soit 6,4 % du total, en hausse marquée de 44 % par rapport à 2023).
L’essentiel de la progression des exportations françaises en valeur (+136 M EUR, soit +12,2 %) s’explique par le niveau record des livraisons d’avions au Kazakhstan. Entre janvier et août 2024 (dernières données disponibles), le Kazakhstan a pris possession de 13 appareils, alors que les livraisons ne dépassent pas cinq appareils en général. Sur ces 13 appareils, 6 proviennent de France.
Les exportations de produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche ont connu une augmentation considérable (17,2 M EUR en 2024, +118 %), bien que restant faible en proportion de l’ensemble des exportations (1,4% du total). Les produits de l’industrie agroalimentaire affichent, eux, une quasi-stabilité (41 M EUR en 2024, soit +1,3% par rapport à 2023).
3/ La importations en provenance du Kazakhstan affichent un léger recul
Les importations de la France depuis le Kazakhstan (3,6 Md EUR) sont toujours principalement constituées d’hydrocarbures naturels (3,2 Md EUR, soit 88,2% du total), malgré les efforts réalisés en matière de diversification de nos échanges. Suivent les métaux non ferreux (319 M EUR ; 8,9%) et les produits chimiques de base (53 M EUR ; 1,5%). La valeur des importations d’hydrocarbures naturels a baissé de 4,1 % entre 2023 et 2024 (-136 M EUR). Le Kazakhstan était le 3e fournisseur de pétrole brut de la France en 2023 en assurant 12% des importations de cette matière première, d’après Eurostat.
Les importations de métaux non ferreux, dont fait partie l’uranium, ont augmenté de 18,6% en 2024 (passant de 248 M EUR en 2023 à 319 M EUR en 2024). Cette hausse significative pourrait être due à l’augmentation du prix de l’uranium en 2024 par rapport à 2023 (86,3 USD par livre, contre 60,5 USD en 2023, soit une augmentation de 42,6 %). Pour mémoire, le Kazakhstan était en 2022 le premier fournisseur d’uranium de la France, d’après les données d’Euratom.
Les importations de produits de la culture et de l’élevage ont connu une hausse significative, mais se situent toujours à un niveau très faible (1,6 M EUR en 2024,+183 %), tandis que les importations de produits de l’industrie agroalimentaire ont chuté (756k EUR en 2024, -47,5 %). Sur ce dernier poste, il s’agit essentiellement de préparations et conserves à base de poisson. La part des produits de l’agriculture et de l’agroalimentaire confondus restent très faible sur le total des exportations (0,5 %)
L’année 2024 enregistre une stabilisation des échanges entre la France et le Kazakhstan, qui se maintiennent à un haut niveau. Si la France présente un déficit commercial structurel vis-à-vis du Kazakhstan en raison du poids des hydrocarbures naturels, il ne doit pas masquer la bonne dynamique de nos exportations, largement tirées par le secteur aéronautique, en dépit des difficultés logistiques qui perdurent.