La situation économique et financière du Kazakhstan

 

Une économie reposant essentiellement sur le secteur extractif.

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Grand comme cinq fois la France, avec une population de 18 M d’habitants, le Kazakhstan est économiquement le pays le plus important d’Asie centrale. Il concentre plus de 50% du PIB de la région, soit environ 156 Mds USD en 2017, pour un PIB par habitant d’environ 8 600 USD. En dépit d’une croissance annuelle moyenne du secteur non-pétrolier de 7% de 2010 à 2014, l’économie kazakhstanaise repose à ce jour toujours sur l’extraction d’hydrocarbures, d’autant plus que la croissance du secteur non-pétrolier a ralenti à 3,6% en 2015 et 0,8% en 2016. Après une croissance négative de 2013 à 2015, le secteur pétrogazier a connu une reprise en 2016 – +2,1% en g.a. – et représentait encore 17% du PIB, ainsi que 61% des exportations en valeur et 3% des emplois en 2016. 2% des réserves mondiales de pétrole y sont localisées (12e rang mondial), notamment dans le gisement de Kashagan dont l’exploitation a redémarré fin 2016. Le pays est en outre le premier producteur d’uranium au monde. S’y ajoutent des réserves importantes en fer, manganèse, chrome, charbon ou potassium.

 

Après deux années de croissance faible, le Kazakhstan a retrouvé une croissance plus soutenue en 2017.

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Après cinq années de croissance soutenue – croissance annuelle moyenne d’environ 6% entre 2010 et 2014 –, suite aux difficultés de l’économie russe et à la baisse des cours des hydrocarbures, le Kazakhstan a connu une période de croissance faible en 2015 (+1,1%) et 2016 (+1,2%). En 2017, le pays a renoué avec une croissance annuelle plus vigoureuse de 4%, notamment grâce à la réappréciation des hydrocarbures – cours moyen du baril de Brent à 54,3 USD en 2017 après 43,6 USD en 2016 –, à la hausse de 11% de la production de pétrole – liée notamment au redémarrage de Kashagan – et à une amélioration de la situation de l’économie russe.

La tendance semble se poursuivre au début de l’année 2018 avec 4,1% de croissance du PIB en janvier-mars en g.a. de source officielle. Néanmoins, la croissance devrait ralentir en 2018 selon les différentes prévisions, tout en restant supérieure à 3%.

Après une chute de 42% en 2015, puis 20% en 2016, liée notamment à la baisse des cours des hydrocarbures, les exportations ont repris vigoureusement en 2017 – +29% à 48,3 Mds USD – dépassant leur niveau de 2015, tandis que les importations qui avaient baissé de 23% en 2015 et 18% en 2016 ont progressé de façon plus limitée en 2017 – +5% à 29,3 Mds USD –.  Le solde de la balance commerciale a ainsi progressé de 90%, à 17,5 Mds USD – contre 9,2 Mds USD en 2016 – entraînant une diminution du déficit courant à environ 3% du PIB en 2017, soit 4,7 Mds USD selon les sources officielles (après 3,1% du PIB en 2015 et 6,1% du PIB en 2016). La progression des exportations et des importations s’est poursuivie en janvier 2018 avec respectivement +25% et +24,6% en g.a.

Par ailleurs, les flux bruts d’IDE entrant, en retrait depuis 2013 – 8% du PIB en 2015, contre plus de 14% du PIB de 2005 à 2012 – ont enregistré une augmentation de près 40% en 2016 pour atteindre 20,9 Mds USD (soit 15% du PIB), niveau qui s’est maintenu en 2017 avec 20,8 Mds USD.

Au-delà du redémarrage de Kashagan et de la hausse des cours des hydrocarbures qui ont stimulé le secteur extractif, l’action bénéfique des programmes d’investissements – notamment dans les infrastructures, les PME et le logement – « Nurly Zhol » et « Nurly Zher », s’est poursuivie 2017 et devrait perdurer jusqu’à son terme prévu en 2019. 387 Mds KZT – soit 1,1 Md EUR – lui ont été alloués par le budget 2017 et 243 Mds KZT dans le cadre du budget 2018. Par ailleurs, les crédits attribués aux secteurs sociaux et de la santé ont connu une forte augmentation dans les budgets 2017 et 2018 – +19,7% en g.a. et +16,9% en g.a. respectivement –, permettant également de soutenir la consommation des ménages. Enfin, l’organisation de l’Exposition internationale thématique d’Astana en 2017 et les investissements induits ont sans doute eu un effet positif sur la croissance en 2017.

 

La devise se stabilise et l’inflation diminue après la période d’instabilité qui a suivi l’adoption du régime de change flottant.

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Après avoir maintenu fixe le taux de change à environ 150 KZT pour 1 USD depuis 2009, confrontée à des pressions fortes sur le tengué, la Banque centrale du Kazakhstan (NBK) a dévalué sa monnaie de près de 16% en février 2014. Le 20 août 2015, confrontée à la chute des cours du pétrole et du rouble – mettant sous pression les monnaies de la CEI –, la NBK a annoncé le passage à un régime de taux de change flottant et au ciblage de l’inflation. Suite à cette annonce, le tengué a dévissé de 26% en une journée vis-à-vis du dollar américain et de l’euro, puis a continué de se déprécier fortement les mois suivants. Entre août 2015 et janvier 2016, le tengué a perdu plus de 50% de sa valeur face au dollar pour atteindre environ 384 KZT pour 1 USD avant de se réapprécier partiellement – à la faveur de la hausse des cours du pétrole –, puis de – relativement – se stabiliser. Depuis le second semestre 2016 la monnaie kazakhstanaise fluctue entre 310 et 340 KZT pour 1 USD.

Durant la phase d’instabilité monétaire, le taux directeur a été relevé à plusieurs reprises (de 12% en septembre 2015, à 17% en février 2016). Avec la baisse des tensions inflationnistes, il est redescendu progressivement pour atteindre 9,25% en avril 2018. Et, après une première phase où la Banque centrale est encore intervenue régulièrement sur le marché des changes, elle a annoncé en septembre 2016 s’abstenir de toute intervention. La Banque centrale a toutefois procédé à une vente de devises pour un montant de 101 M USD en juin 2017.

L’inflation, qui a connu un pic à 17,6% en août 2016 en g.a., connaît un ralentissement notable depuis lors. La cible d’inflation, fixée à une fourchette de 6 à 8% pour 2017 a été atteinte avec 7,1% d’inflation en fin de période en g.a et une inflation comprise dans la fourchette de 5 à 7%, fixée pour 2018, semble réaliste. L’inflation a atteint 6,5% en avril 2018 en g.a. selon les données officielles.

Les réserves en devises restent confortables avec 31,1 Mds USD détenus par la Banque centrale et plus de 90 Mds USD au 1er avril 2018 – soit 44 mois d’importations – si on y ajoute les devises détenues par le Fonds pétrolier.

Selon le Ministère des Finances, le déficit budgétaire consolidé s’est élevé à 2,8% du PIB en 2017, après 1,6% en 2016. Toutefois, le Kazakhstan a fortement recouru aux moyens de son fonds pétrolier pour abonder son budget à hauteur de 8,6% du PIB en 2017 – notamment en raison de l’assainissement bancaire –, contre 6,1% en 2016. Le cumul des transferts du Fonds national et de l’endettement a ainsi couvert environ 47% des dépenses 2017, contre 37,5% en 2016.          

Le fonds pétrolier NFRK a vu ses ressources diminuer de 19% entre décembre 2014 et avril 2018, passant de 73,2 Mds USD 59,3 Mds USD. Le matelas reste toutefois encore conséquent et le niveau de la dette publique – 21,8% du PIB à fin 2016 – reste modéré.

A noter que la dette extérieure du pays est l’une des plus élevées de la zone : elle atteignait 167,5 Mds USD au 1er janvier 2018 soit près de 106% du PIB.

 

Assainissement du secteur bancaire

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Les autorités ont lancé l'assainissement du système bancaire en 2017 avec le rachat par le Fonds de résolution, abondé à cette fin par le budget, pour un montant de 6,7 Mds USD des actifs problématiques de la Banque BTA détenue par Qazkom Bank (alors deuxième banque du pays en matière d’actifs). Cet assainissement a été suivi, dans la foulée, de l’acquisition de Qazkom Bank – délestée de ses créances douteuses – par Halyk Bank, première banque du pays en matière d’actifs, formant ainsi la première banque du pays contrôlant plus du tiers des actifs bancaires.

Dans un second temps, la NBK a lancé fin 2017 un plan d’un montant estimé à près de 2 Mds USD pour l’achat d’obligations subordonnées de 5 banques – Tsesnabank, ATF, Eurasian Bank, Centercredit et RBK – afin de les aider à assainir leurs bilans grevés par les créances douteuses. Les actionnaires des banques en question se sont par ailleurs engagés à recapitaliser leurs banques à hauteur de 421 Mds KZT, soit 1,3 Mds USD.

Malgré l’intervention des acteurs publics et la clôture du plan d’assainissement du secteur bancaire, le taux de NPL estimé à 10% au 1er mars 2018 selon les données officielles la Banque centrale, serait compris entre 25 et 30% selon des observateurs internationaux. Les autorités précisaient par ailleurs que le plan de soutien était destiné aux banques systémiques. Dans ce contexte, certaines banques de taille plus modeste traversent actuellement une période de difficultés.

Le secteur bancaire kazakhstanais demeure sous-dimensionné – le portefeuille total de crédits ne représentait que 26% du PIB en février 2018 (33% en février 2017). Le secteur bancaire kazakhstanais se caractérise en outre par sa très forte concentration : cinq banques – les banques privées kazakhstanaises KazKommerzBank, Halyk Bank, Tsesna Bank et Bank CenterCredit, ainsi que la banque publique russe Sberbank – contrôlent 57% de l’actif total du secteur.

 

La diversification de l’économie reste limitée et la prégnance du secteur public forte.

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Le Kazakhstan affiche des objectifs de développement ambitieux : il envisage d’augmenter sa production de pétrole de près d’un quart d’ici 2020 à 107 M tonnes de pétrole par an contre 86 M tonnes en 2017 et d’être parmi les 30 premières puissances économiques en 2050. Malgré des progrès au cours des dernières années – passage de la 51ème à la 35ème place dans le classement Ease of doing business de la Banque mondiale en 2017, adhésion à l’OMC réalisée en 2015 –, un ambitieux programme de réformes reste à accomplir.

La prégnance du secteur public dans l’économie est forte ; la société d’Etat Samruk Kazyna concentre la plupart des grandes entreprises, notamment énergétiques. Les divers plans de privatisations qui se sont succédés par le passé ont montré peu de résultats. Le dernier programme en date envisage de réduire à 15% l’empreinte de l’Etat dans l’économie d’ici à 2020. A horizon proche, la réalisation de la première vague d'introductions en bourse – Air Astana, KazakhTelekom, KazAtomProm – sera un indicateur clé du bon déroulement de ce programme.

 

 

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