La situation économique et financière du Kazakhstan

Résumé

Doté d’une économie reposant essentiellement sur le secteur extractif, le Kazakhstan a renoué avec la croissance dès 2009, mais les performances depuis 2014 sont en net retrait. La politique de change, mouvementée depuis début 2014, est plus lisible depuis quelques mois. Après une sévère crise bancaire en 2007, le secteur est enfin en cours de consolidation, tandis que la diversification de l’économie reste limitée et la prégnance du secteur public forte.

Une économie reposant essentiellement sur le secteur extractif.

 

Grand comme cinq fois la France, avec une population de 18 M d’habitants, le Kazakhstan est économiquement le pays le plus important d’Asie centrale. Il concentre plus de 60% du PIB de la région, soit environ 134 Mds USD en 2016, pour un PIB par habitant d’environ 7 500 USD. En dépit d’une croissance annuelle du secteur non-pétrolier de 5-8% de 2009 à 2014 (3,2% en 2015), l’économie kazakhstanaise repose à ce jour toujours sur l’extraction d’hydrocarbures. Malgré une croissance négative du secteur pétro-gazier depuis 2013, celui-ci représentait encore 20% du PIB en 2016, ainsi que 61% des exportations en valeur et 3% des emplois en 2016. 2% des réserves mondiales de pétrole y sont localisées, notamment dans le gisement géant de Kashagan dont l’exploitation a finalement démarré fin 2016.

Le pays est en outre le premier producteur d’uranium au monde. S’y ajoutent des réserves importantes en fer, manganèse, chrome, charbon ou potassium. La croissance a été forte pendant la période 2000-2007 (10% par an en moyenne), portée par l’augmentation des volumes extraits et des prix dans l’industrie extractive, et par un fort endettement des banques sur les marchés extérieurs.

Le pays a renoué avec la croissance dès 2009, mais les performances depuis 2014 sont en net retrait.

 

Touchée par la crise en 2008, la croissance est restée positive grâce à une action gouvernementale fortement contra-cyclique (stimulus budgétaire et assouplissement des conditions monétaires). Dès le 2nd semestre 2009, l’activité a été à nouveau portée par le secteur pétrolier – et a retrouvé des rythmes de hausse de l’activité de 5,5% par an (6% en 2013). La croissance a néanmoins ralenti à 4,1% en 2014, 1,2% en 2015 et 1% en 2016. La tendance baissière devrait s’inverser en 2017 avec une croissance prévue à 2,5% (FMI).

Les difficultés de l’économie russe et le ralentissement chinois ont pesé sur les débouchés. En 2016, les exportations ont continué à chuter dans le sillage des prix des hydrocarbures (-20% après une variation de -42% en 2015), tandis que les importations baissaient de 18% (-23% en 2015). Le solde de la balance commerciale s’est ainsi réduit de 26%, à 9,4 Mds USD entrainant la poursuite de la dégradation du compte courant, devenu négatif en 2015 (-2,8% du PIB en 2015 et -6,4% du PIB en 2016).

Le programme d’investissements « Nurly Zhol » financé par la vente d’actifs du Fonds pétrolier et concernant les infrastructures, les PME et le logement a servi d’amortisseur en 2016. Son action bénéfique devrait perdurer en 2017 entrainant une reprise de la consommation des ménages : 387 Mds KZT (soit 1,1 Md EUR) lui sont alloués par le budget 2017. Le démarrage de Kashagan devrait stimuler le secteur extractif. Les IDE, en retrait depuis 2013 (8% du PIB en 2015, pour plus de 14% du PIB auparavant), enregistrent une augmentation de 40% en g.a. en 2016.

La politique de change, mouvementée depuis début 2014, est plus lisible depuis quelques mois.

 

Après avoir maintenu fixe le taux de change contre le dollar depuis 2009, confrontée à des pressions fortes sur le tenge, la Banque nationale du Kazakhstan a dévalué en février 2014 de 15,7%. Le 20 août 2015, dans des conditions semblables (chute des cours du pétrole et du rouble, pression sur les monnaies de la CEI), la Banque nationale du Kazakhstan a annoncé le passage en taux de change flottant et au ciblage de l’inflation. Le tenge a d’abord dévissé de 26% en une journée vis-à-vis du dollar américain et de l’euro, et a continué de se déprécier fortement les mois suivants (entre août 2015 et février 2016, le tenge a perdu 49% de sa valeur face au dollar), avant de connaître une appréciation de 12% entre février 2016 et juillet 2017.

Durant cette période d’instabilité monétaire, le taux directeur a été relevé à plusieurs reprises (de 12% en septembre 2015, à 17% en février 2016). Avec la baisse des tensions inflationnistes, il est redescendu progressivement pour atteindre 10,5% en juin 2017. Et, après une première phase où la Banque nationale du Kazakhstan est encore intervenue régulièrement sur le marché des changes, elle a fait le choix, depuis septembre 2016, de limiter ses interventions.

L’inflation, qui a connu un pic en août 2016 (17,6%) connaît un ralentissement notable depuis lors. La cible d’inflation, fixée à une fourchette de 6 à 8% pour 2017, pourrait être atteinte (+7,5% en g.a. en juin 2017). 

Les réserves en devises restent confortables, (30 Mds USD détenus par la Banque nationale du Kazakhstan, mais plus de 93 Mds USD fin mai 2017 [44 mois d’importations] si on y ajoute les devises détenues par le Fonds pétrolier). Les réserves de la Banque nationale du Kazakhstan ont atteint en 2016 leur plus haut niveau depuis 2012.

Le déficit budgétaire figurant dans le budget 2016 était de 2% du PIB (903 Mds KZT), dans le budget 2017 il est estimé à 3,1% du PIB (1 548 Mds KZT).  Néanmoins, le FMI estime que le déficit non pétrolier a atteint 8,3% du PIB en 2016. Comme en 2015 – première année de déficit après des années d’excédent – le budget est largement abondé par transferts du Fonds pétrolier. La part des revenus pétroliers (incluant les transferts du Fonds pétrolier et les impôts du secteur) représente 44% du revenu total de l’Etat en 2016. Le Fonds pétrolier a vu ses ressources diminuer de 73,2 Mds USD en décembre 2014 à 63 Mds USD en mai 2017, mais le matelas reste encore conséquent et le niveau de la dette publique (21,4% du PIB à fin 2016) reste modéré.

Après une sévère crise bancaire en 2007, le secteur est enfin en cours de consolidation.

 

Plusieurs chocs successifs à partir de l’été 2007 ont conduit à une grave crise bancaire. L’absence de traitement des causes de cette crise, la faiblesse des normes prudentielles et la dépréciation du tenge ont entrainé un regain des créances douteuses dont le taux, officiellement de 11,1% en juin 2017, pouvait s’élever en réalité à environ 30% selon S&P si l’on intégrait les prêts restructurés, notamment au sein de BTA rachetée par Qazkom – première banque du pays en matière d’actifs – en 2014 et transformée en structure de défaisance.

Alors que la moitié des actifs de Qazkom était encore constituée des prêts accordés à BTA, l’Etat a commencé à traiter le problème de fond à partir de fin 2016. Après un prêt en urgence de la Banque nationale du Kazakhstan à Qazkom en décembre 2016, l’acquisition par Halyk, deuxième banque du pays, de 96,81% du capital de Qazkom est actée en juillet 2017 suite à la cession des créances douteuses de BTA au Fonds de résolution, doté à cette fin par l’Etat d’un capital supplémentaire de 6,5 Mds USD.

L’importante dollarisation des dépôts (70% fin 2015), alliée à une politique monétaire et de change illisible, avait conduit fin 2015 à un assèchement de la liquidité en tenge. Des mesures correctrices (introduction d’un taux directeur et injections de liquidités) ont permis de résoudre le problème et la liquidité a aujourd’hui retrouvé un niveau normal. Les stress tests programmés par la Banque nationale du Kazakhstan en septembre 2016 pour évaluer la robustesse du système bancaire dans un contexte de diminution du prix du baril n’ont pas encore été réalisés. Nombre de banques auraient aujourd’hui besoin d’un nouvel apport en capital. Plusieurs projets de fusions bancaires sont par ailleurs en discussion.

La diversification de l’économie reste limitée et la prégnance du secteur public forte.

 

Le Kazakhstan affiche des objectifs de développement ambitieux : il souhaite s’établir parmi les 5 plus grands exportateurs d’hydrocarbures d’ici 2020, et parmi les 30 premières puissances économiques en 2050. Malgré de nets progrès au cours des dernières années (passage de la 51ème à la 35ème place dans le classement Ease of doing business de la Banque mondiale en 2017, adhésion à l’OMC réalisée en 2015), un ambitieux programme de réformes reste à accomplir.

La prégnance du secteur public dans l’économie est forte ; la société d’Etat Samruk Kazyna concentre la plupart des grandes entreprises, notamment énergétiques. Les divers plans de privatisations qui se sont succédés par le passé ont montré peu de résultats. Le dernier programme en date doit conduire à réduire de 70% à 15% l’empreinte de l’Etat dans l’économie d’ici à 2020, ce qui peut paraître ambitieux. A horizon proche, la première vague d'introductions en bourse (Air Astana, KazakhTelekom, KazAtomProm) sera un indicateur clé du bon déroulement de ce programme.

Dans cadre de la diversification économique, les secteurs de l'agriculture et des transports présentent un intérêt particulier pour le développement du pays.

 

Clause de non-responsabilité - Le service économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié le