CORÉE DU SUD
Relations économiques bilatérales
Le commerce bilatéral franco-coréen de biens atteint le niveau historique de 13,4 Md€ en 2022, dépassant pour une deuxième année consécutive la barre des 10 Md€, en raison notamment d’une hausse de 31 % des importations à 7,4 Md€, essentiellement portés par des achats de navires et de produits pétroliers raffinés. Les exportations françaises, en hausse de 22 %, atteignent elles aussi un record historique à 6 Md€, record d’autant plus notable que les ventes aéronautiques sont toujours à un niveau très faible même s’il faut souligner un effet-prix. Alors que 2021 marquait la première année de déficit bilatéral depuis la mise en place de l’ALE UE-Corée, la trajectoire déficitaire s’est poursuivie et aggravée en 2022, avec un doublement de ce déficit à 1,39 Md€.
Le commerce franco-coréen en 2022 : Une année de tous les records
Des exportations françaises records, en hausse de 22,3 %, malgré de faibles ventes aéronautiques
Après une hausse de 3,5 % en 2021, les exportations françaises ont connu un fort rebond de 22,3 % en 2022, pour atteindre 6 Md€, leur plus haut niveau depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange entre l’Union européenne et la Corée en 2011. Dans un contexte de hausse des cours mondiaux des énergies et des coûts de transports, la hausse des exportations s’explique principalement par un effet prix pour l’ensemble des secteurs.
Les deux premiers postes à l’exportation sont les machines et produits électroniques, et les produits chimiques et cosmétiques. En hausse de 21 % (1,6 Md€, soit 27 % du total), le secteur des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique reste le premier poste d’exportation, tirée par une progression de 32 % à 655 M€ des produits informatiques, électroniques et optiques dont 277 M€ pour les cartes et composants ainsi que des machines industrielles et agricoles à 598 M€. Deuxième poste d’exportation, le secteur des produits chimiques, parfums et cosmétique progresse de 22%, à 1,18 Md€, porté par les produits chimiques, caoutchouc et plastiques (+29%) à 496 M€ dont 247 M€ pour l’uranium. Les produits cosmétiques et parfums enregistrent une hausse de 15 % à 458 M€ bien que les quantités vendues soient quasiement similaires à celles de 2021. Le textile, Habillement et Cuir complète le podium sectoriel avec des exportations en hausse de 34% à 850 M€ dont 487 M€ d’articles de cuir (+21 %) qui constituent le produit le plus exporté, 339 M€ d’articles d’habillement en hausse de 58 % .
Premier poste d’exportation avant la crise Covid, le matériel de transport stagne en 5e position à 546 M€, en l’absence d’un rebond des ventes aéronautiques. Si les ventes aéronautiques progressent de 23 % par rapport à 2021, elles n’atteignent que 15% de leur niveau pré-crise à 109 M€.Les exportations dans le secteur automobile rebondissent en valeur mais stagnent voire reculent en volume : les ventes de véhicules connaissent une hausse de 36 % en valeur à 168 M€ mais stagnent en volume en 2022, tandis que les ventes de pièces détachées sont en hausse de 15 % en valeur à 255 M€ (devenant le principal produit d’exportation de ce secteur), mais reculent 1 % en volume sur un an.
La Corée était en 2022 le 19ème débouché pour les exportations françaises, derrière l’Inde et devant la République tchèque (contre 20ème en 2021) et représentait le 5ème marché pour les exportations françaises en Asie après la Chine, Singapour, le Japon et l’Inde.
Un bond de 31 % des importations tiré par les produits pétroliers raffinés
Les importations françaises en provenance de Corée ont bondi de 31 % en 2022 à 7,4 Md€. Un niveau qui montre le fort dynamisme des importations en provenance de Corée depuis 2019.
Le premier poste d’importation de produits coréens en France est toujours celui du matériel de transports à 2,4 Md€ (33% du total), dont la progression de 19 % est principalement portée par la hausse de 29% de livraisons de Navires et Bateaux à 827 M€. Les automobiles restent les premiers produits importés de ce secteur à 1,4 Md€ (19 % des importations totales).
Les importations du secteur des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique enregistrent une forte hausse de 29 % à 2 Md€. Globalement, les achats de produits finis en forte hausse l’an dernier, ralentissent au profit des composants, notamment les cartes et composants (+ 85 % à 461 M€) : les ordinateurs et équipements périphériques (+45% à 170 M€) et les équipements de communication (+8% à 228 M€) ont vu leurs achats augmenter, au contraire des produits électroniques grand public (-1% à 221 M€).
Enfin ce gain des importations a notamment été tiré par l’augmentation significative des achats de produits pétroliers raffinés, dont les importations ont plus que doublé en volume et en valeur (+170% à 1 Md€, 3e poste d’importation), une hausse essentiellement dû à l’achat de kérosène à plus de 935 M€, plaçant la Corée comme 2ème fournisseur mondial de la France après le Koweït.
Le déficit commercial se creuse et atteint près de 1,4 Md€
Pour la deuxième année consécutive la France a enregistré un déficit commercial vis-à-vis de la Corée en 2022. Dans un contexte de forte hausse des prix notamment des énergies, le déficit commercial français par rapport à la Corée s’est creusé de 671 M€ s’établissant de 1,39 Md€.
Le déficit est majoritairement creusé par les matériels de transports (- 1,9 Md€) et les produits pétroliers raffinés (- 1 Md€) malgré les excédents enregistrés pour le Textile et le Cuir (+750 M€) et les produits chimiques, parfums et cosmétiques (+526 M€). Il s’agit du 32e déficit français, juste derrière le Portugal et devant la Turquie, et du 10e en zone Asie-Pacifique alors que durant les 10 premières années d’application de l’accord de libre-échange, la Corée faisait partie des 4 excédents commerciaux de la zone.
Un rapport d’investissement qui demeure déséquilibré en 2021
L’investissement français en Corée reste stable en 2021
Selon les données de la Banque de France, le flux d’investissements français en Corée était légèrement positif en 2021 à 96 M€, après une hausse révisée de 277 M€ en 2020. L’année 2021 est donc marquée par une absence d’investissement significatif de la part des entreprises françaises en Corée. Quelques désinvestissements, notamment dans l’industrie manufacturière (-68 M€) et l’industrie chimique (- 51 M€), sont compensés par une arrivée de capitaux de 43 M€ dans le domaine du commerce et des réparations d’automobiles, outre 103 M€ non ventilés.
Le stock d’IDE français en Corée se trouve ainsi en légère hausse en 2021, à 5,1 Md€, après 5 Md€ en 2020 et 4,5 Md€ en 2019 (chiffres revus à la hausse), faisant de la Corée le 30ème récipiendaire des investissements français en 2021 (31ème en 2020) et le 7ème en Asie. Le stock d’IDE demeure dominé par les activités financières et d’assurance qui représentent 53 % du total (2,6 Md€). Le commerce représente le deuxième secteur d’IDE avec près de 20 % des IDE (1,0 Md€) et les industries manufacturières le troisième, avec 0,8 Md€. Les dernières données disponibles faisaient état de 225 filiales françaises en Corée (dont la moitié dans le secteur des services), pour environ 27 120 employés et un chiffre d’affaires de 14,7 Md€.
L’entreprise Hanwha porte l’investissement coréen dans les énergies vertes et la hausse des IDE coréens en France en 2021
Les investissements coréens en France ont augmenté de 597 M€ en 2021, après une baisse de 41 M€ en 2020 (chiffre revu à la baisse). Après une vague d’investissements dans le secteur des pharmaceutiques en 2020 (SK Pharmteco a également acquis 70% du capital de l’entreprise française Yposkesi, spécialisée dans la fabrication de médicaments biotechnologiques), la totalité des investissements coréens (792 M€) se concentrent dans le secteur des énergies renouvelables. Après avoir signé un accord d’exclusivité en août 2021, Hanwha a acquis 100 % du capital de RES méditerranée, filiale française du groupe anglais RES (Renewable Energy System) pour un montant de 730 M€. Q Cells (filiale d’Hanwha) est un fabricant de panneaux photovoltaïques coréen disposant d’un portefeuille de projets dans les énergies renouvelables de près de 10 GW dans le monde, dont environ 5 GW en Europe ainsi l’acquisition de RES lui permet de doubler son parc en Europe. Pour le reste des secteurs, les flux sont négatifs avec des retraits massifs pour l’ensemble du secteur des services (- 161 M€) dont -157 M € pour le commerce de gros (excluant les ventes de véhicules de tout type).
En raison de cette hausse, le stock d’investissement s’élevait en 2021 à 1,8 Md€, après une révision à la baisse des données de 2020, de 1,8 Md€ à 1,2 Md€. La Corée du Sud se classait ainsi 23ème investisseur en France en 2021 (contre 28ème en 2020) et 6ème asiatique (4ème hors Moyen-Orient). Ces investissements sont principalement partagés entre les activités de production et de distribution d’électricité (correspondant aux activités d’énergies renouvelables) et les activités de commerce (investissements dirigés sur la distribution de biens de consommation coréens) qui représentent respectivement 53 % (720 M€) et 40 % (572 M€) des investissements coréens en France. Le stock restant se partage entre les activités de services administratifs (230 M EUR), l’industrie chimique (107 M€) et les activités immobilières (106 M€). Les dernières données disponibles2 faisaient état de 44 filiales coréennes en France (dont la moitié dans le secteur des services), pour un chiffre d’affaires de 5,7 Md€
Des perspectives de renforcement des investissements industriels croisés
Plusieurs annonces laissent entendre un renforcement des investissements industriels français en Corée au cours des prochaines années, même s’il est difficile de prédire s’ils seront visibles dans les statistiques d’IDE croisés. Ainsi, dans le secteur automobile Renault – généralement considéré en Corée comme un constructeur local après le rachat des activités automobiles du groupe Samsung en 2000- envisage d’investir près de 900 M€ au cours des six prochaines années en Corée du Sud. Dans le domaine de l’hydrogène, Air Liquide compte poursuivre ses investissements en Corée du Sud, ayant notamment lancé en décembre dernier une nouvelle joint-venture avec Lotte Chemical dans ce domaine. Plastic Omnium et Valeo ont également annoncé des investissements, respectivement dans le véhicule à hydrogène (ouverture d’une usine de production près de Wanju) et le véhicule autonome. En février 2022, Air Liquide a également signé un protocole avec les compagnies aériennes et l’aéroport d’Incheon dans le but d’accélérer l’utilisation de l’hydrogène dans l’aéroport. Un projet qui contribuera au développement d’une infrastructure aéroportuaire coréenne pour soutenir le déploiement d’avions commerciaux fonctionnant à l’hydrogène.
Les investissements coréens en France pourraient également se renforcer dans le domaine industriel, avec notamment des projets greenfield. En juin 2022, SK a annoncé sa participation à la joint-venture entre Suez et Loop pour la construction d’une usine de recyclage de plastique en France. En octobre 2022, le coréen Wscope, et le français Alteo ont signé un accord pour la construction en commun du plus grand site de production de séparateurs de batteries pour véhicules électriques en Europe, pour un montant de 600 M€.
La hausse des taux d’intérêt, pesant à la baisse sur le financement de l’investissement, et la mise en place de l’Inflation Reduction Act (IRA) aux Etats-Unis font peser un risque de ralentissement des flux d’investissements coréens en Europe. Toutefois, la France y conserve une place privilégiée : le MOTIE rapporte qu’en 2022, les flux d’IDE vers l’UE27 + Royaume Uni étaient en retrait de 18%, la baisse étant contenue à -3,2% pour la France.