Indicateurs et conjoncture

Données générales Corée du Sud

Superficie : 99 720 km² 

Population : 51,6 millions d'habitants

Régime politique : Démocratie parlementaire 

Président de la République : M. YOON Suk-yeol

Premier ministre : M.  HAN Duck-soo

Vice-PM en charge de l'Economie et des Finances : M. CHOO Kyung-ho

PIB : 1 665 Mds USD (2022)   

PIB / habitant : 32 237 USD (2021) 

Données conjoncturelles Corée du Sud

Monnaie : won sud-coréen (KRW)  

Croissance du PIB : 2,6 % (2022)

Variation de l'indice des prix à la consommation (inflation) : 5,1 % (2022)

Dette publique : 49,6 % du PIB (2022) 

Déficit public : - 2,8 % du PIB (2021)

Excédent du compte courant : 1,7% du PIB (2021)

Exportations : 683Mds USD (2022)

Importations : 731 Md USD (2022)

Taux de chômage : 2,9 % (moyenne 2022)

 

 

Présentation générale de l'économie coréenne en 2022

 Membre des Pays les moins avancés (PMA) en 1960, la Corée fait partie, depuis 2018, des pays peuplés de plus de 50 M d’habitants et ayant un PIB par habitant supérieur à 30 000 USD en dollars courants – à côté des Etats-Unis, du Japon, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de l’Italie et de la France. Membre de l’OCDE et du G20, la Corée était en 2021 la 10ème économie mondiale et le 6ème exportateur mondial (644 Md$). Si l'économie coréenne n'est pas sortie indemne de la crise économique et sanitaire liée au covid-19, elle a néanmoins relativement bien résisté grâce à des mesures efficaces. Ainsi, le PIB ne s'est contracté que de 0,9 % en 2020 et a rebondi de 4,0 % en 2021. Cependant, les caractéristiques structurelles de l’économie coréenne rendent peu probable une résurgence de la croissance potentielle coréenne à long terme.

 

Une puissance industrielle de rayonnement mondial

 

La Corée tient sa force économique de son industrie, qui représente encore en 2020 25 % du PIB selon la Banque Mondiale, soit l’une des parts la plus importante parmi les pays développés (contre 20 % pour le Japon ou 18 % pour l’Allemagne par exemple). L’appareil industriel, structuré autour de grands conglomérats (chaebols), a opéré une remontée de filières accélérée au cours des dernières décennies. D’abord pays atelier, la Corée s’est ensuite tournée vers l’industrie lourde, comme en témoigne l’importance, toujours aujourd’hui, de son industrie navale, de la construction ou du secteur automobile. L’industrie électronique, incarnée par des entreprises d’ampleur mondiale comme LG et Samsung, a par la suite pris le relais comme principal moteur de croissance de l’économie coréenne.

 D’abord spécialisée sur les biens de consommation (écrans, puis smartphones), l’industrie électronique coréenne, au fur et à mesure des délocalisations des chaines de production des grands groupes, s’est spécialisée sur des biens intermédiaires à haute valeur ajoutée, utilisés dans l’ensemble des chaines de production mondiales : la Corée a en particulier enregistré en 2021 128 Md$ d’exportations dans les semi-conducteurs (circuits intégrés, dans le cas coréen essentiellement les puces et cartes mémoires, sur lesquelles la Corée est, assez largement, leader mondial). Ce dynamisme est soutenu par un effort de R&D très important, qui fait de la Corée le deuxième pays le plus dépensier au monde en proportion du PIB en 2021 (4,6 %). Samsung était également, l’entreprise la plus dépensière en R&D au monde en valeur absolue (près de 20 Md$ en 2021).

Forte de cette puissance industrielle, la Corée du Sud a connu une croissance moyenne de plus de 3 % au cours des années 2010. Malgré la pandémie, l’économie coréenne ne s’est contractée que de 1 % en 2020 avant de rebondir de 4,0 % en 2021. Grâce à ce dynamisme économique, les fondamentaux de la Corée sont aujourd’hui très solides, avec un chômage structurellement faible, un excédent commercial très marqué (excédent de la balance des paiements courants de 4,9 % du PIB en 2021), et un endettement public contenu (47,3 % en 2021 pour le gouvernement central).

La Corée du Sud siège aujourd’hui au sein des principales organisations internationales. Membre de l’OCDE et du G20, le pays a rejoint le Club de Paris en 2016. La Corée poursuit son ouverture commerciale en multipliant les accords de libre-échange (ALE), qui pourraient à terme couvrir presque 90 % de ses échanges. La Corée est ainsi le 1er pays à avoir conclu un ALE avec les 3 principales puissances économiques mondiales, UE, USA et Chine. C’est aussi le 1er partenaire commercial d’envergure avec qui la Chine a signé un accord de libre-échange en 2015. L’accord de libre-échange entre la Corée et l’UE, en vigueur depuis 2011, a permis d’éliminer plus de 99 % des droits de douane et a bénéficié au commerce bilatéral entre la France et la Corée.                                                                                                            

En 2023, la croissance se maintient en Corée en dépit des perturbations

 

Avec une croissance du PIB de 0,6 % sur le deuxième trimestre 2023, la Corée échappe de justesse à une récession. Selon les données provisoires de la Banque de Corée (BoK), le PIB coréen a progressé de 0,6 % en glissement trimestriel (+ 0,9 % en glissement annuel), ce qui confirme la légère reprise en ce début d’année par rapport au dernier trimestre 2022 (-0,4 % en glissement trimestriel). Après une légère reprise au T1, les autorités faisaient part de leur crainte grandissante d’une stagnation pour ce deuxième trimestre 2023. Cette légère reprise est essentiellement due à la forte baisse des importations (-4,2% en glissement trimestriel) contre une baisse moins soutenue des exportations (-1,8 %). Pour le reste, la Corée n’a connu qu’une contraction des agrégats au deuxième trimestre : c’est le cas des dépenses de consommation privée qui baisse de 0,1 % sur le trimestre et des investissements qui connaissent un nouveau ralentissement (-0,1 %) sur ce trimestre.

La fin de la série de déficit commercial et le ralentissement de la baisse des exportations en juin comme indicateur de la reprise économique. Après avoir enregistré 16 mois consécutifs de déficit commercial, la Corée enregistre son premier excédent en juin et met fin à sa plus longue série de déficit mensuelle. Bien que les exportations soient en reculs (6 % sur un an à 54 Md$) celles-ci constituent la plus faible baisse en glissement annuel depuis le début de l’année. En leur sein, ce sont les exportations de semiconducteurs qui poursuivent leur chute, 28 % sur un an même si cela représente la plus faible baisse en huit mois. Les exportations de véhicules et de navires poursuivent leur hausse fulgurante, respectivement à + 58 % et + 99%. Les exportations vers la Chine sont en baisse de 26 % en glissement annuel au premier semestre 2023.

 

Alors que l’inflation poursuit son ralentissement depuis le début de l’année, atteignant 2,7 % en juin 2023 (niveau le plus faible depuis 21 mois), des craintes subsistent. Pour l’ensemble de l’année, le FMI et la BoK prévoient une inflation de 3,5 % et l’OCDE de 3,6 %, bien au-dessus de la cible de 2 %. A noter que sur ce premier semestre, l’inflation se voit portée majoritairement par la facture des fluides (eau, gaz, électricité) en hausse de 25 % sur un an, alors que le coût de ces derniers était jusqu’à présent soumis à un blocage par le gouvernement. Face à la dégradation des finances publiques, ce dernier a décidé d’une augmentation du prix du gaz et de l’électricité à partir du mois de mai, ce qui est de nature à exercer une nouvelle pression à la hausse pour l’inflation pour le reste de l’année.

A 2,7 % en juin, le taux de chômage coréen maintient son faible niveau malgré un ralentissement de la production industrielle. Le taux d’emploi des 15 à 64 ans atteint 69,9 %, un niveau record pour un mois de mai.

En ce qui concerne le marché du travail, le ministère des Finances a estimé que le nombre de personnes employées augmenterait de 320 000 par mois cette année, en hausse significative par rapport à l’estimation précédente de 100 000.

 

En dépit des résultats relativement satisfaisants du premier trimestre, des craintes perdurent si bien que les prévisions de croissance sont revues à la baisse : 1,4 % pour la BoK, le FMI, 1,5 % pour le Korean Development Institute (KDI) et l’OCDE, 1,6 % pour le gouvernement. Pour 2023, l’ensemble des institutions s’attendent à un léger rebond de l’activité économique à partir du second semestre, notamment en lien avec une reprise attendue des exportations, en particulier vers la Chine. Les exportations, au ralenti depuis octobre 2022, devraient néanmoins ne contribuer que marginalement à la croissance cette année (hausse de 0,4 % sur un an contre +3,4 % en 2022). La BoK prévoit une croissance portée essentiellement par la consommation des ménages (+ 2,3 % sur un an) qui devrait maintenir un bon rythme sur fond de ralentissement de l’inflation. En revanche, le resserrement monétaire opéré l’an dernier ainsi que l’écart record de 2 p.p entre le taux de la FED et celui de la BoK mineraient les dépenses d’investissements.

 

Des défis à moyen et long-terme pour le modèle de croissance coréen

 

Malgré la remarquable résilience dont a fait preuve l’économie coréenne face à la crise du coronavirus, elle va devoir faire face à plusieurs problèmes qui risquent sinon de peser sur sa croissance à moyen terme.   

 La croissance coréenne est toujours assez dépendante des performances de ses exportations. La dynamique de ces dernières est aujourd’hui fortement exposée à la conjoncture chinoise - la Chine représentant 23 % des exportations coréennes en 2022 - et aux fluctuations du cycle d’investissement sur les semi-conducteurs - 25 % de ses exportations en 2021 - dont l’inversion en 2019 avait entrainé une très forte contraction des prix, et donc de la valeur des exportations coréennes. Pour limiter cette double dépendance, le gouvernement cherche à accompagner son industrie sur de nouveaux marchés à l’export au-delà de la Chine et, du point de vue des filières, à accompagner les autres industries exportatrices traditionnelles tout en développant de nouveaux leviers de croissance.

La Corée qui a connu une croissance moyenne de 3 % dans les années 2010, s’inquiète de voir sa croissance passer à moyen terme sous la barre des 2 %. Il semble néanmoins illusoire pour la Corée, d’espérer maintenir une croissance moyenne bien supérieure. Selon la BoK, la croissance potentielle, liée aux facteurs fondamentaux d’une économie - capital, travail, et productivité globale des facteurs (PGF) - est passée de plus de 5 % début 2000 à 2,0 % en 2020/2021. Pour le FMI, elle sera inférieure à 2 % en 2030, et à 1 % en 2050.

Les gains de productivité de l’économie coréenne plafonnent, avec une productivité globale des facteurs n’atteignant que 60 % de la PGF américaine depuis plusieurs années, alors que l’industrie représente encore 25 % du PIB coréen. Ceci s’explique par la faible productivité des services qui n’atteignent en Corée que 45 % de la productivité de l’industrie quand ils atteignent 90 % en moyenne dans l’OCDE. L’industrie coréenne perd en compétitivité-prix face à la concurrence, en particulier chinoise, dans de nombreux secteurs au cœur de son appareil industriel, comme l’électronique grand public, l’automobile ou l’acier.

Avec la plus faible fécondité de l’OCDE - 0,78 enfant par femme en 2022 -, la démographie aura, en l’absence de réformes structurantes, une contribution négative à la croissance ces prochaines années. La population totale a enregistré pour la première fois un recul en 2020, soit près de 4 années plus tôt que prévu. Cela s’explique notamment par la baisse de la population étrangère dans le pays, en lien avec la relative fermeture des frontières appliquée durant la pandémie. Selon l’institut national coréen des statistiques, la population coréenne, devrait décliner pour atteindre 38 millions d’habitants en 2070. La Corée tente de mener depuis plusieurs années, une politique nataliste incitative, mais n’a pas jusqu’ici réussi à inverser la courbe démographique.

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