CORÉE DU SUD
Indicateurs et conjoncture
Présentation générale de l'économie coréenne en 2025
Membre des Pays les moins avancés (PMA) en 1960, la Corée du Sud fait partie, depuis 2018, des pays peuplés de plus de 50 M d’habitants et ayant un PIB par habitant supérieur à 30 000$ en dollars courants – à côté des États-Unis, du Japon, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de l’Italie et de la France. Membre de l’OCDE et du G20, la Corée était en 2024 la 13e économie mondiale et le 6e exportateur mondial (684 Md$). En 2025, la croissance économique de la Corée est attendue à 1,0 %, en ralentissement par rapport à l’année précédente (2,0 %), en raison notamment de la faiblesse de la demande intérieure au 1er semestre.
Une puissance industrielle de rayonnement mondial
La Corée tient sa force économique de son industrie, qui représentait en 2023 31,6 % du PIB selon la Banque mondiale, soit l’une des parts les plus importantes parmi les pays développés (la moyenne OCDE est de 22 %, avec notamment 18 % en France, 26,9 % au Japon, ou encore 28,1 % en Allemagne). L’appareil industriel, structuré autour de grands conglomérats (chaebols), a opéré une remontée de filières accélérée au cours des dernières décennies. D’abord pays atelier, la Corée s’est ensuite tournée vers l’industrie lourde, comme en témoigne l’importance, toujours aujourd’hui, de son industrie navale, de la construction ou du secteur automobile. L’industrie électronique, incarnée par des entreprises d’ampleur mondiale comme LG et Samsung, a par la suite pris le relais comme principal moteur de croissance de l’économie coréenne.
D’abord spécialisée sur les biens de consommation (écrans puis smartphones), l’industrie électronique coréenne, au fur et à mesure des délocalisations des chaînes de production des grands groupes, s’est spécialisée sur des biens intermédiaires à haute valeur ajoutée, utilisés dans l’ensemble des chaînes de production mondiales : la Corée a en particulier enregistré en 2024 142 Md$ d’exportations dans les semi-conducteurs (dispositifs de semi-conducteurs et circuits intégrés, dans le cas coréen essentiellement les puces et cartes mémoire, sur lesquelles la Corée est, assez largement, leader mondial). Ce dynamisme est soutenu par un effort de R&D très important, qui fait de la Corée le deuxième pays le plus dépensier au monde en proportion du PIB en 2022 (5,2 %). Le secteur privé représente 77 % du total des dépenses de R&D de la Corée (2e ratio le plus élevé de l’OCDE après le Japon) dont près de la moitié est assurée par les 10 premiers chaebols. L’omniprésence des chaebols dans la R&D coréenne s’explique notamment par leur modèle exportateur, qui les a poussés à monter en gamme pour se maintenir dans la concurrence internationale et à investir progressivement dans des secteurs de plus en plus technologiques, pour figurer aujourd’hui parmi les leaders dans les semi-conducteurs, les smartphones, les batteries, l’automobile, etc. Les chaebols s’appuient en outre sur leur structure en conglomérat, qui permet de financer la R&D par la rentabilité d’activités lucratives.
Forte de cette puissance industrielle, la Corée du Sud a connu une croissance moyenne de plus de 3 % au cours des années 2010. Malgré la pandémie, l’économie coréenne ne s’est contractée que de 1 % en 2020 avant de rebondir de 4 % en 2021. Grâce à ce dynamisme économique, les fondamentaux de la Corée sont aujourd’hui très solides, avec un chômage structurellement faible, un excédent commercial marqué, et un endettement public contenu.
La Corée siège aujourd’hui au sein des principales organisations internationales. Membre de l’OCDE et du G20, le pays a rejoint le Club de Paris en 2016 et est le 1er pays à avoir conclu un ALE avec les 3 principales puissances économiques mondiales : l’Union européenne en 2011 (accord permettant l’élimination de plus de 99 % des droits de douane), les États-Unis en 2012 et la Chine en 2015.
Une activité économique en berne en 2025, malgré quelques signaux d’amélioration
Au 1er semestre 2025, l’économie coréenne a poursuivi son ralentissement engagé l’an dernier. Entre le 2e trimestre 2024 et le 1er trimestre 2025, l’économie coréenne a enchaîné quatre trimestres consécutifs de quasi-stagnation (croissance inférieure à 0,1 % par trimestre), une situation jamais observée, y compris lors des crises de 1997 et de 2008. La croissance annuelle devrait ainsi ralentir à 1,0 % en 2025 (après 2,0 % en 2024), avant de se redresser en 2026 (1,8 %), grâce à une reprise modérée de la demande intérieure et ce, malgré des exportations freinées par les tarifs américains.
La modération de la croissance tient principalement à l’essoufflement de la demande intérieure, pénalisée par des taux d’intérêt élevés et par une faible confiance des agents économiques. En lien avec le repli du marché immobilier, la contraction des investissements dans la construction s’est prolongée (-12,4 % en g.a. au 1er semestre), une baisse seulement partiellement compensée par la progression des investissements dans les équipements (+4,8 %). La consommation privée, fortement affectée en début d’année par la crise politique intérieure, est restée faible, mais a entamé un redressement au 2e trimestre avec l’amélioration de la situation (+0,7 % sur l’ensemble du 1er semestre). Dans le même temps, les exportations de biens ont progressé modérément (+1,6 %, portées par les expéditions de semi-conducteurs) et n’ont pas soutenu la croissance en termes nets, les importations augmentant à un rythme équivalent.
Malgré la faiblesse de l’activité, le marché du travail conserve une certaine vigueur et l’inflation demeure maîtrisée. Les créations nettes d’emploi ont tendanciellement augmenté, tandis que le taux de chômage a reculé pour s’établir à 2,4 % en juillet, après un pic à 3,8 % en décembre dernier. De son côté, l’inflation évolue depuis fin 2024 autour de la cible de 2,0 %, la faiblesse du won étant compensée par une demande peu dynamique et par la détente des prix énergétiques internationaux. Dans ce contexte, la Banque de Corée (BoK) a assoupli sa politique monétaire, abaissant à quatre reprises son taux directeur de 25 points de base depuis octobre 2024, le portant à 2,5 %. De son côté, le gouvernement a adopté, au cours de l’année 2025, deux budgets supplémentaires pour un montant cumulé d’environ 32 Md$, afin de soutenir la croissance.
À long terme, des facteurs structurels pèsent sur le potentiel de croissance
L’économie coréenne connait un certain nombre de défis qui risquent de peser sur sa croissance à moyen et long terme. Tout d’abord, avec le taux de fécondité le plus bas de l’OCDE (0,75 enfant par femme en 2024), la population en âge de travailler devrait baisser de 35 % d’ici 30 ans. Plusieurs facteurs socio-économiques sont à l’origine de ce phénomène, dont les inégalités de genre sur le marché du travail, le coût élevé du logement et de l’éducation, ou encore la baisse du nombre de mariages. Par ailleurs, les gains de productivité plafonnent, la productivité globale des facteurs (PGF) coréenne ne représente que 65 % de la PGF américaine en raison de la faible productivité des services. En conséquence, la croissance potentielle, qui est passée de plus de 5,0 % début 2000 à 2,0 % en 2021, devrait s’établir à seulement 0,3 % d’ici 2072. Avec une croissance presque à l’arrêt et des dépenses sociales en constante augmentation, la dette publique est projetée à 173 % du PIB en 2072. Sur le plan des retraites, les réserves du Fonds national de pension (NPS) devraient être épuisées d’ici 2057.
Le soutien au régime de croissance ne saurait passer que par la lutte contre le déclin démographique et ses risques inhérents en matière de finances publiques, notamment. D’autres axes sont à envisager : (1) stimuler l’innovation, notamment à travers l’exploitation de l’intelligence artificielle, (2) diversifier les chaînes d’approvisionnement et développer les exportations de services pour faire face aux évolutions de l’environnement commercial, ou encore, (3) s’aligner sur les objectifs de réduction des émissions et en accélérer la transition vers des énergies renouvelables.
En complément, vous trouverez ci-dessous une fiche de chiffres clés présentant les principaux indicateurs économiques de la Corée du Sud.