Commerce extérieur en 2023

Le commerce extérieur des biens de la Corée du Sud a chuté en 2023, les exportations et les importations ayant respectivement reculé de 7,5% et 12,1% par rapport à l’année précédente. Sixième exportateur mondial en 2022, la Corée se place désormais au huitième rang des plus grands exportateurs, devancée cette année par l’Italie et la France. La dégradation a été particulièrement marquée au premier semestre 2023, dans un contexte de ralentissement mondial. Pour la 2e année consécutive, la Corée affiche un solde commercial négatif (-10 Md$), bien que l’ampleur du déficit se soit réduite par rapport à l’année précédente (47 Md$).

Des exportations en diminution, sous l’effet du déclin des ventes de semi-conducteurs

Les exportations coréennes ont enregistré une baisse de 7,4% en valeur en 2023, s’établissant à 632 Md$ selon les données de la KITA, après deux années consécutives de forte croissance qui avaient permis d'atteindre un record de 684 Md$ l’an dernier. La Corée a enregistré une baisse de 20% de ses exportations vers son principal marché, la Chine, tandis que les expéditions de biens coréens destinées à son second marché, les États-Unis, ont poursuivi leur croissance, progressant de 7%. Le tassement des exportations annuelles s’explique par plusieurs phénomènes, dont en premier lieu le ralentissement économique mondial, qui, couplé à la reprise tardive de l'économie chinoise, a limité la demande extérieure.

Cette baisse a notamment touché les composants électroniques et les produits pétroliers raffinés. La faible demande en produits électroniques a pesé sur les exportations de semi-conducteurs et notamment sur la branche des puces mémoires, affectant les fabricants coréens (Samsung Electronics et SK Hynix). Par rapport à 2022, les expéditions de puces, premier produit à l’exportation avec 14% du total, ont chuté de 23,7% (-27 Md$) pour s’établir à 86 Md$, après deux années record où elles avaient franchi le seuil des 100 Md$. Cette contraction est en grande partie attribuée à la Chine, catalyseur principal de la demande mondiale de semiconducteurs, qui a réduit ses achats de puces coréennes de 16 Md$, contribuant ainsi à 60% de la baisse totale. En outre, bien que leur part dans les exportations coréennes soit plus faible (environ 1% du total), les ventes de supports de stockage (disques, bandes, SSD…) ont affiché une chute de 58% (-8,3 Md$), constituant la troisième plus forte baisse en volume. La contraction des exportations a également été alimentée par le recul de 17,3% (-11 Md$) des exportations de produits pétroliers raffinés, le troisième plus grand poste à l’export (8% des exportations totales).

En contraste au mouvement de décrochage général, le secteur des transports (automobile, navires) a affiché de bons résultats en 2023. L’industrie automobile, deuxième vecteur d’exportations coréennes, a généré 68 Md$ d’exportations, marquant une croissance de 32% (+17 Md$) par rapport à l’année précédente. Cette performance repose sur une forte demande, tant pour les véhicules thermiques, dont les exportations ont progressé de 29% (+13 Md$), que pour le sous-secteur émergent des véhicules électriques, dont les ventes ont bondi de 57% (+4,0 Md$) pour atteindre un record de près de 10 Md$. Les États-Unis ont été le moteur de cette croissance, représentant 60% de l'augmentation des exportations d'automobiles et presque la totalité de l'expansion des ventes de véhicules électriques. Dans le même temps, les exportations de navires coréens ont augmenté de 18% (+3,0 Md$) pour atteindre 20 Md$, essentiellement en raison de la hausse des achats des Îles Marshall (1er marché d’exportation pour les navires coréens, devant le Liberia, Singapour et la France).

La chute des cours des hydrocarbures à l’origine du ralentissement des importations

Les importations coréennes ont baissé de 12,1% en 2023 pour atteindre 642 Md$. Les combustibles fossiles, premier poste à l’importation avec 171 Md$ d’achats (27% du total), constituent la catégorie de produits qui a affiché la plus forte baisse (-38,5%). Au sein de cette catégorie, les achats d’hydrocarbures, notamment depuis les Etats-Unis et l’Australie, ont connu une baisse de 20,5% (-38,8 Md$), à 151 Md$, tandis que les achats de charbon, principalement en provenance d’Australie et de Russie, ont enregistré une diminution de 28,6% (-8,1 Md$), à 20 Md$. Ce recul s’explique par la conjonction de la baisse des prix hydrocarbures et de l’atonie de la demande intérieure.

En lien avec le ralentissement de l’industrie des semi-conducteurs, l’ensemble des importations de composants utilisés pour la production des puces coréennes a affiché une baisse en 2023. C’est notamment le cas pour les achats de machines et appareils exclusivement utilisés pour la fabrication de semi-conducteurs, en recul de 13,9% (-2,8 Md$), ainsi que pour les dispositifs destinés aux semi-conducteurs (diodes, transistors), en baisse de 8,3% (-0,5 Md$). On note également une forte baisse concernant les circuits intégrés, 2e plus important poste à l’import, dont les achats ont diminué de 17,2% (-10,7 Md$) pour atteindre 51,7 Md$. Toujours concernant l’électronique, les importations de téléphones mobiles se sont réduites de 11,6% (-1,4 Md$) pour totaliser 10,9 Md$ en 2023.

En miroir de la résilience de l’industrie automobile, on note une stabilité des importations d’automobiles et de composants nécessaires à leur production. Les importations de véhicules étaient en hausse de 3,3%, pour un total de 14,5 Md$. Cette dynamique justifie également l’augmentation de 45% des importations d’accumulateurs électriques et des séparateurs (+2,7 Md$), utilisés principalement pour la production croissante de véhicules électriques et pour la stabilisation des systèmes de stockage d’énergie. En dehors du secteur automobile, on note l’augmentation de 32,4% des acquisitions de substances utilisées pour la fabrication de produits chimiques destinés à l’industrie, les achats de ces produits totalisant 10,5 Md$ en 2023 et ayant sextuplé depuis 2019.

Un solde commercial toujours déficitaire, mais en nette résorption

En 2023, la balance commerciale a poursuivi sa trajectoire déficitaire, mais le déficit s'est considérablement réduit, à 10 Md$, ne représentant plus qu'un cinquième du niveau record de l'année précédente.  Le déficit commercial global est d’abord alimenté par d’importants déficits bilatéraux avec l’Arabie Saoudite, qui constitue pour la deuxième année consécutive le plus gros déficit de la Corée avec un montant de 27 Md$, et avec l’Australie (-15 Md$), en lien avec les fortes importations d’hydrocarbures en provenance de ces pays. Le déficit bilatéral vis-à-vis du Japon reste également important en 2023 (-18,7 Md$), structurellement entretenu par les importations de produits électroniques.

Par ailleurs, la Corée a enregistré cette année son premier déficit bilatéral avec la Chine depuis 1992 (-18 Md$), alimenté notamment par la baisse nette des exportations. Si l’effet conjoncturel est prédominant dans la détérioration du solde bilatéral, il ne doit pas occulter les changements profonds à l’œuvre dans l’imbrication des chaînes de valeur sino-coréennes. En effet, on observe en 2023 une baisse des importations depuis la Chine plus contenue (-8%) que depuis les autres pays (-13%). Cela peut s’expliquer par la dépendance croissante de la Corée vis-à-vis de la Chine, dont la part dans les acquisitions de biens intermédiaires (représentant deux tiers du volume total des importations coréennes) est passée de 27 à 31% entre 2016 et 2023. En particulier, on note une augmentation des besoins coréens en matières premières transformées, à l’instar des achats de minéraux critiques (dont graphite, essentiel à la production de batteries).

L’amélioration du solde commercial est néanmoins tirée par l’excédent bilatéral vis-à-vis des Etats-Unis (44 Md$), le plus important de l’histoire. Ce résultat s’explique notamment par la forte dynamique exportatrice, en particulier dans l’industrie automobile. La Corée continue également de dégager un excédent commercial important vis-à-vis de l’ASEAN (+31 Md$), qui s’est néanmoins réduit de près d’un tiers par rapport à l’année précédente. Cette tendance est tirée par les échanges entretenus par la Corée avec son 3e partenaire commercial, le Vietnam, dont l’excédent commercial (+27 Md$) s’est réduit de 20%. En dehors de l’ASEAN, la Corée affiche également, du fait de ses fortes exportations de semiconducteurs, un excédent bilatéral conséquent avec Hong Kong (+23,3 Md$). Par ailleurs, la Corée a réalisé son premier excédent commercial depuis 2012 avec l’Union européenne (+0,4 Md$), alimenté par les soldes bilatéraux établis avec la Pologne (+7,9 Md$) et la Hongrie (+5,9 Md$) et limité par le déficit structurel avec son premier partenaire européen, l’Allemagne (-13,3 Md$).

Publié le