Indicateurs et conjoncture

 Situation macroéconomique des Comores en 2023

 

Les Comores restent sur un rythme de croissance très modérée : 2,4 % pour 2022, qui devrait légèrement s'accélérer à 3 % en 2023. L'inflation, qui a bondit à 12,4 % en 2022 en raison de la flambée des prix internationaux du pétrole et des denrées alimentaires, devrait diminuer et se stabiliser à 10,3 % en 2023. Le soutien de l’activité par un déficit budgétaire croissant (3,6 % en 2022 et 4,9 % en prévision pour 2023) est responsable d'une augmentation de la dette publique qui passe de 33,7 % du PIB en 2022 à 40,7 % du PIB en 2023.

 

1. Eléments structurels de l'économie

Les performances économiques des Comores demeurent inférieures à celle de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. Sur la période 2000-2019, la croissance s’est établie en moyenne à 2,9 % par an ; celle du revenu par tête à 0,4 % en raison de la croissance démographique. Le PNB par habitant devrait progresser en 2023 (1 352 USD contre 1 294 USD en 2022). L’économie de l’archipel de 851 000 habitants reste très peu diversifiée, minée par la faiblesse des infrastructures et les difficultés de gouvernance qui pèsent sur l’environnement des affaires. Elle est dominée par des acteurs de petite taille relevant surtout du secteur informel. La part des services (56 % du PIB) est en nette augmentation depuis dix ans.

La fragilité sociale des Comores est marquée. L’archipel est 150ème sur 184 en terme d’IDH en 2021. Le taux de pauvreté, tel que défini par la banque Mondiale (<1,90 USD/Jours) est de 19,1 % et de 42,4 % selon la définition nationale. Le taux d’emploi atteindrait seulement 54 % de la population et plus de 70 % des personnes en activité correspondraient à des travailleurs pauvres.

Le classement des Comores au Doing Business s’est détérioré sur la décennie : 160ème en 2020, contre 130ème en 2011. L’archipel se classe 144ème sur 180 selon l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Le secteur privé n’est pas suffisamment associé aux décisions du gouvernement et fait l’objet d’un harcèlement fiscal se traduisant par une revue systématique des conventions d’établissement et des exonérations fiscales octroyées dans le passé aux sociétés installées aux Comores.

 

2. Conjoncture et finances publiques

2.1. Conjoncture économique

La croissance 2022 s’est établie à 2,4 % et devrait rester modérée à 3 % en 2023, portée par la reprise du tourisme et l’importance des envois de fonds de la diaspora. Les retombées de la guerre en Ukraine ont ralenti la reprise et exacerbé les vulnérabilités de l’économie comorienne.

L’inflation a bondi à 12% en 2022 (20,6 % en fin de période) en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant, imputable à la guerre en Ukraine. Traditionnellement faible (+0,8 % en 2020 et 0 % en 2021), elle devrait progressivement diminuer, mais resterait à un niveau élevé de 10,3 % en 2023.

Depuis 2020, le déficit budgétaire n’a cessé de se creuser, passant de -0,8 % du PIB à -2,8 % en 2021 et -3,6 % en 2022. Une tendance qui devrait se poursuivre en 2023 avec un déficit anticipé de -4,9 %, en raison de la hausse des dépenses qui devraient passer de 18,2 % en 2022 à 21,3 % du PIB en 2023. Le déficit devrait être financé par les emprunts extérieurs (5 % du PIB en 2023) et les dons (7,3 % du PIB en 2023).

L’excédent de la balance financière ne suffit pas à assurer l’équilibre de la balance des paiements en 2022 (-1,9% du PIB). Cet excédent de 4,8% du PIB, soutenu principalement par les transferts des PTF (en baisse de 3,2 à 2,7% du PIB). et de la diaspora (+0,8 point à 20,6 % du PIB en 2022) n’a pas compensé le déficit courant. Celui-ci s’est creusé en 2022 (-2,4 % du PIB contre -0,5% en 2021) en raison du double déficit de la balance commerciale et des services. Le déficit commercial est resté stable en 2022 (- 16,9 % du PIB), soutenu par une hausse des exportations (+1,7 points à 4,4% du PIB), qui ont principalement bénéficié des exportations de girofle (+1,9 points en 2022). Les importations ont augmenté de 1,6 points de PIB en 2022 à 21,3% du PIB, en raison de l’augmentation des achats de carburant (+2 pts). Le déficit de la balance des services s’est fortement creusé en 2022 (-1,6 pt à 7,1% du PIB), pénalisé par l’augmentation des services importés, notamment commerciaux et de transport (+3,3 points de PIB).

Le déficit de la balance des paiements a entrainé une baisse des réserves de changes de 8,6 mois d’importation fin 2021 à 6,7 mois d’importation fin 2022. Elles devraient toutefois augmenter en 2023 à 7,6 mois d’importations grâce à un afflux des financements internationaux (+4,6 points à 7,3% du PIB).

2.2. Situation de la dette publique

La dette publique poursuivra sa hausse en 2023 (40,7% du PIB contre 33,7%). Elle est majoritairement externe et cette tendance s’accentue (de 27,1% à 33,6% du PIB en 2023). La dette domestique aurait atteint 2,9% du PIB en 2022 contre 5,2% du PIB en 2021, reflétant la rétrocession de DTS au fonds par la BCC. Le FMI a rehaussé le risque de surendettement externe de « modéré » à « élevé » en février 2022, en raison de prêts contractés auprès de créanciers bilatéraux émergents pour 4,5% du PIB (notamment un emprunt pour la construction d’un hôtel, jugé non pertinent) et du montant élevé de la dette des sociétés publiques garantie par l'État.

 

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