Une trajectoire de croissance en décalage avec celles de l’Europe et des Etats-Unis

Japon – Une trajectoire de croissance en décalage avec celles de l’Europe et des Etats-Unis

 

La réouverture décalée du Japon, par rapport à celle de l’Europe et des Etats-Unis, semble engager le pays dans un cycle économique qui lui est propre. D’une part, la demande domestique reste en croissance, la demande latente n’ayant pas encore été épuisée alors que les épargnes sont robustes. D’autre part, la demande extérieure est tirée par le retour du tourisme et le yen faible favorisant l’attractivité du pays ; en outre, si les perspectives de croissance européenne et américaine pour 2023 se sont assombries, l'assouplissement de la stratégie zéro COVID chinoise pourrait permettre aux exportations japonaises de tirer la reprise, de la même manière qu’en 2020-2021. Dans l’ensemble, le redémarrage plus lent du Japon devrait permettre au pays de connaître une croissance de 1,6% en 2022 et de 1,8% en 2023 – à rebours de la France (2,6% et 0,6%) et des Etats-Unis (1,8% et 0,5%, OCDE novembre).

Pour la suite, les facteurs de risque restent nombreux : inflation (pouvant mener à un resserrement monétaire), escalade des tensions géopolitiques, resurgissement du COVID – en particulier en Chine. Face à une demande internationale qui ralentit, le PMI manufacturier est passé en novembre sous le seuil de contraction pour la première fois depuis janvier 2021. Le PMI des services reste performant mais l’offre est contrainte, avec des commandes qui s’accumulent et des emplois qui restent non pourvus.

Les pressions inflationnistes persistent. Face à une inflation core (hors produit frais) s’élevant à 3,7% g.a. en octobre, la confiance des consommateurs atteint son niveau le plus bas depuis juin 2020. La hausse des prix de l’alimentation hors produits frais progresse à 5,9% en g.a. tandis que l’inflation énergétique continue de reculer (+15,2% g.a. contre une moyenne de +18% en janv.-sept. 2022). Pour conserver une consommation dynamique, le gouvernement estime que des hausses de salaires au moins égales à l’inflation constituent une condition essentielle. Il renforce son soutien à la demande avec le vote, le 2 décembre, d’un nouveau plan de relance d’un montant de 215 Mds€ de dépenses budgétaires (5,4% du PIB), permis par le maintien de la politique monétaire ultra-accommodante de la BoJ – qui estime que cette inflation est transitoire et causée par un choc d’offre, différente de celle visée par son action. Portée par les annonces de la Fed sur le ralentissement des hausses des taux directeurs américains, le yen a atteint 137¥/$ le 12 décembre, confortant l’approche du gouvernement visant à freiner, sans l’empêcher, la dépréciation du yen par des interventions de change jusqu’à ce que la pression sur les taux américains retombe. Une appréciation prolongée du yen ne semble pas à exclure compte tenu des perspectives de croissance dégradées aux États-Unis et en Europe, qui limiteront la hausse des taux américains.

 

La note complète est disponible ci-dessous.

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