Flux économiques et commerciaux franco-japonais en 2022

Reprise des échanges bilatéraux entre le France et le Japon dans le contexte de levée des restrictions sanitaires. Dynamisme inédit des exportations, en hausse de 17% (hors aéronautique). Forte progression du secteur agroalimentaire, qui dépasse le record de 2019, et du secteur des biens hauts de gamme (textiles, cosmétiques) - +30% par rapport à 2021. S’agissant des IDE, la France reste le 5e investisseur en stock, soit 8% des IDE au Japon. Inversement, elle n’est que le 22e récipiendaire d’investissements japonais. 

I. Un déficit commercial en gausse, mais des perspectives d'amélioration

1. Des exportations France => Japon dynamiques (hors aéronautique)

Au regard de leurs échanges commerciaux, la France est un partenaire relativement modeste pour le Japon : 1,1% des imports japonais proviennent de France contre 21% de Chine et 10% des Etats-Unis. Selon les douanes françaises, le Japon a été le 13ème client de la France en 2022 (rang stable par rapport à 2021), son 13ème fournisseur (rang : -1) et son 2ème partenaire commercial asiatique après la Chine. Selon les douanes japonaises, la France a été le 3ème fournisseur européen du Japon derrière l’Allemagne et l’Italie.

En 2022, les exportations se sont élevées à 6,6 Md€, progressant de +17,1% hors aéronautique, -1,2% aéronautique comprise. L’entrée en vigueur de l’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et le Japon en février 2019 a marqué un tournant des relations commerciales franco-japonaises, permettant de réduire le déficit commercial en défaveur de la France d’environ 1 Md€. En 2018 et 2019, les exportations vers le Japon avaient ainsi été en croissance dans l’ensemble (+4,0% et +16,6% respectivement) mais en baisse sans l’aéronautique (-1,7% et -1,0%). Une nette progression avait été constatée dès l’entrée en vigueur de l’APE, avant une année 2020 difficile. En 2021, les exportations avaient repris leur croissance : 6,7 Mds € en 2021, progressant de +3% hors aéronautique, +16% aéronautique compris.

  • Poste d’exportation majeur, l’aéronautique présente une forte volatilité liée à la fois aux performances d’Airbus, aux délais de livraison des appareils et à la localisation des sites de production, qui se situent parfois en dehors de France. Représentant 25% des exports (1,5 Mds€) en 2021, le poste ne représente que 9% des exports (582 Mi€) en 2022 – une baisse de 61% qui fait suite à une hausse de +116% en 2021.
  • Hors aéronautique, la hausse des exportations est nette en 2022 pour les équipements industriels, l’électronique et la chimie (environ 1/3 des exportations), inversant la tendance pré-COVID, tout en restant inférieure à celle de l’agro-alimentaire et des biens de consommation. Les services numériques sont également bien orientés, grâce aux performances des grandes entreprises, comme des PME et des start-up de la Tech.
  • Les produits de consommation français haut-de-gamme - parfumerie, maroquinerie, …- bénéficient toujours d’une excellente réputation. Représentant plus de 1,9 Mds € et 29% des exports (contre 22% en 2021), les postes « Textiles, habillement, cuir et chaussures » et « Produits chimiques, parfums et cosmétiques » ont progressé de 30% et 33%. Ces postes devraient encore s’améliorer grâce à la réouverture du tourisme extérieur depuis le 11 octobre 2022 (fin 2022, le tourisme avait retrouvé un volume de visiteurs correspondant à 56% de celui de déc. 2019, alors qu’il était quasiment à l’arrêt au début de l’année).
  • Les exportations du secteur agroalimentaire (1,4 Md €, 22% du total) affichent une hausse de +18%, et dépassent le record de 2019 (1,3 Md €). Elles sont tirées par les boissons (836 Mi€, +23%), qui profitent de la stabilisation de la situation sanitaire à partir du T2 2022 et du retour des sorties et événements festifs. Le positionnement haut-de-gamme des produits français a favorisé le maintien des ventes en volume en dépit de prix en forte hausse ; les professionnels anticipent toutefois un effet négatif en 2023, une fois que les hausses auront été passées intégralement aux consommateurs.
  • Le poste pharmaceutique, après deux années de baisse (-20% en 2021 et -39% en 2020), retrouve la croissance avec +12,5%. Il représente 7% des exports. Déficitaire en 2021 (-66 Mi €), il se rapproche de l’équilibre (-18 Mi €). Cette dynamique peut s’expliquer par la forte réduction des cas de maladies infectieuses (par exemple, 22 morts de la grippe en 2021 contre 3 600 en 2019). Plus structurellement, les entreprises françaises tendent à faire transiter leur production à partir de sites hors de France et les prix des médicaments, très réglementés au Japon, restent orientés à la baisse.

2. Des importations Japon => France stimulées par la faiblesse du yen

Renforcées par la faiblesse du yen, les importations depuis le Japon augmentent de 6,8% et s’élèvent à 10 Mds € en 2022, contre 9,4 Mds € en 2021. Premier poste d’importation, à 4,6 Mds €, les équipements mécaniques, matériels électriques, électroniques et informatiques ont crû de 8%, portés par l’informatique (1,3 Mds €, +14%) et les machines industrielles (2,4 Mds €, +6,5%) La demande en produits chimiques, parfums et cosmétiques (1,3 Md €) a également été très dynamique (+17%). En revanche, le poste matériels de transport (2,2 Mds €) baisse de 1,2%, sans doute pénalisé par les difficultés rencontrées sur les chaînes d’approvisionnement, notamment de l’automobile.

3. Le bilan reste déficitaire

Le déficit commercial de la France avec le Japon s’est accru de plus de 700 Mi € en 2022, passant de -2,7 Mds € à -3,5 Mds €. Les importations depuis le Japon ont en effet augmenté plus rapidement que nos exportations (+6,8% contre -1,2%). Seuls deux secteurs sont significativement excédentaires : l’agroalimentaire (1,3 Md € d’excédent) et le textile (0,8 Md € d’excédent). Trois points positifs à souligner : 1/ dans l’ensemble, les postes conservent les gains acquis en 2019 suite à l’entrée en vigueur de l’APE, se traduisant par une hausse substantielle des exports (hors aéronautique) 2/ de nouvelles productions aéronautiques vont se localiser en France (transfert d'une partie de la production de l'A321neo, avion le plus populaire auprès des compagnies aériennes japonaises, de Hambourg vers Toulouse, en remplacement de l'A380), 3/ grâce à leur positionnement haut-de-gamme, nos produits agroalimentaires et biens de consommation de luxe devraient profiter de la reprise.

II. Les investissements bilatéraux restent déséquilibrés

En 2021, en stock, la France reste le 5ème investisseur au Japonavec 7,8% des IDE (28 Mds €), derrière le Royaume-Uni (2e), les Pays-Bas (3e), Singapour (4e) et surtout les Etats-Unis (1er, 80 Mds €) (source : Douanes japonaises). Les flux sont restés positifs y compris en 2020, mais ils baissent : ils se sont élevés à près de 2 Mds € en 2021 (6ème) et 1 Md € en 2022 (11ème).

2ème investisseur mondial en flux en 2021 avec un montant de 190 Mds €, dépassé seulement par les Etats-Unis (360 Mds €), le Japon est le 8ème investisseur mondial en stock avec 1771 Mds € (France 10e). En 2022 les flux sortants vers le monde restent élevés, à 170 Mds € selon les données provisoires du JETRO. 

Les investissements japonais en France restent relativement faibles : si le Japon est le premier investisseur asiatique en France, la France n’est que sa 22e cible d’investissement en stock (16,5 Md €) – derrière l’Allemagne (9e avec 49 Mds €) et le Royaume-Uni (2e avec 184 Mds €). En 2022, comme en 2021, les investissements japonais en France sont restés faibles, les flux s’élevant à 592 Mi €, soit 0,4% des flux totaux.

  

Publié le 3 juillet 2022

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