JAPON
Commerce bilatéral franco-japonais en 2021
Redressement tiré par les deux postes d’export français majeurs au Japon : (i) l’aéronautique, après une année 2020 de moindre performance (en dépit de la poursuite des livraisons, inédite par rapport au contexte mondial); (ii) et l’agroalimentaire, qui a tiré profit de la reprise graduelle des évènements festifs. Maintien des performances des fers de lance traditionnels du savoir-faire français (textile et cosmétiques), après l’excellente résilience affichée dès 2020. Stabilisation du déficit commercial bilatéral, à -2,9 Mds € en 2021 – en dépit d’un solde devenu négatif sur le poste pharmaceutique, traditionnellement excédentaire.
Contexte global : Les exportations françaises vers le Japon atteignent 6,5 Mds € en 2021, en hausse de 15,6% par rapport à leur niveau de 2020 (5,6 Mds €). Le volume des exports français n’est pas encore revenu au niveau exceptionnel de 2019 (7,7 Mds €, sous l’effet notamment de l’entrée en vigueur de l’Accord de Partenariat Economique UE-Japon (APE) en février 2019 ; toutefois, son niveau retourne à la moyenne observée sur la période 2014-2018. Les exportations ont marqué une accélération particulièrement forte au 2ème semestre (+23% vs le S2 2020, contre +8% au S1), les exports au T4 2021 ayant même dépassé ceux du T4 2019 de 3%. A l’exception des produits pharmaceutiques, tous les secteurs ont marqué un rebond.
1. Retour de l’aéronautique et de l’agroalimentaire à un niveau proche des records de 2019
Le poste aéronautique (1,5 Md €, 23% du total exporté ; +116%) tire la reprise des exports français – à rebours des dynamiques observées en dehors de l’Asie. Hors aéronefs, la hausse des exports français retombe de +15,6% à +1,1%, reflétant la forte influence du secteur aéronautique sur l’évolution des exportations françaises. De la même manière, en 2018 et 2019, les exportations françaises vers le Japon étaient à la hausse dans l’ensemble (+4,0% en 2018 et +16,6% en 2019) mais en réduction hors aéronautique (-1,7% et -1,0%). En 2020, le poste aéronautique avait accéléré la chute des exports français vers le Japon avec une baisse de -61% (de 1,8 Md € à 710M €) : Airbus avait pu, de manière inédite à l’échelle mondiale, poursuivre la quasi-totalité de ses livraisons sur le Japon mais sur la base d’appareils souvent exportés hors de France. En 2021, la reprise des exports d’aéronefs a été dynamique: leur valeur atteint 84% du record établi en 2019 selon les chiffres des douanes françaises. A l’avenir, le transfert, à partir de 2022, d'une partie de la production de l'A321neo (avion devenu le plus populaire auprès des compagnies japonaises) de Hambourg vers Toulouse (en remplacement de l'A380) devrait appuyer la tendance passée.
Le secteur de l’agroalimentaire (1,23 Md €, 19% du total exporté) affiche une hausse de +6% en 2021, proche du record de 2019 (1,31 Md €). En 2020, le secteur avait enregistré une baisse de 10% du fait du positionnement traditionnel de la France sur des produits haut de gamme, plus sensibles à la fermeture des hôtels/restaurants et à l’annulation des événements festifs. Si les « petits vins » destinés à la consommation domestique avaient affiché de belles performances, les plus grands crûs, comme les vins de Bordeaux, avaient connu une baisse sensible de 11%. En 2021, les ventes de vins de Bordeaux ont augmenté de +10% et se rapprochent de leur record de 2019, tandis que ceux de Bourgogne, stables en 2020, progressent de 7%: l’APE contribue fortement au soutien de ces exports. Le poste global « vins de raisin » (9% des exports, +12%) revient ainsi à 98% de sa valeur 2019. Les produits laitiers et fromages (1,4% des exports) affichent de leur côté une croissance de +4%, à 102% de leur niveau 2019, tirés notamment par les progrès de l’utilisation des contingents fromages de l’APE: plus de 90% ont été utilisés en 2021, dont un tiers pour les deux principaux exportateurs français, après deux premières années décevantes (utilisation réduite à 60% en 2019 et à 65% en 2020). On note enfin +1% pour les viandes de boucherie (1% des exports) à 96% du niveau 2019, mais aussi -14% pour les aliments pour animaux de compagnie (1% des exports) - qui avaient toutefois surperformé en 2020, retrouvant désormais 91% de leur niveau de 2020.
2. Textile et cosmétiques : résilients en 2020, toujours moteurs en 2021
Représentant à eux deux plus de 22% des exports français au Japon, les postes « Textiles, habillement, cuir et chaussures » et « Produits chimiques, parfums et cosmétiques » ont connu une hausse respective de 7% et 5,3%. En 2020, ces deux postes s’étaient montrés parmi les plus résilients, avec une baisse limitée à -10% (contre -27% pour l’ensemble des exports français), permise notamment par le développement accéléré des ventes en ligne et du retour à la pratique des ventes privées en cercles restreints. Avec un tourisme depuis et vers l’extérieur toujours limité, les consommateurs japonais se sont substitués aux consommateurs étrangers, en effectuant sur le territoire national les achats de biens de luxe français qu’ils réalisaient habituellement à l’étranger. Si les deux postes n’ont pas encore retrouvé leurs niveaux 2019 (respectivement 94% pour le textile et 98% pour les cosmétiques), certains produits tirent leur épingle du jeu, comme les « autres vêtements et accessoires » (2,5% des exports, +10% vs. 2019) ou les articles de joaillerie (2% des exports, +5% vs. 2019).
3. Entre tendance de fond et dynamique conjoncturelle, poursuite de la chute de la pharmacie
Les exports pharmaceutiques, seul des catégories à l’export dans le monde à avoir stagné en 2021, connaissent même une baisse au Japon de 20% (après -39% en 2020). La valeur de nos exports de produits pharmaceutiques vers le Japon a été divisée par deux entre 2019 et 2021, passant de 807 à 394 Mi €. Ce poste, traditionnellement excédentaire (0,6 Md € en 2019 et 170 Mi € en 2020), est devenu déficitaire en 2021 (solde de -67 Mi €). Cette dynamique s’explique d’abord par un facteur conjoncturel lié à la situation pandémique : le respect généralisé des gestes barrières et la multiplication des états d’urgence/quasi-états d’urgence au Japon ont contribué à une forte réduction des cas de maladies infectieuses (par exemple, 14 000 cas de grippe entre septembre 2020 et février 2021 contre 10 à 20 millions en temps normal). On observe également deux tendances de fond contribuant, à la fois en volume et en valeur : (i) la baisse des exportations depuis les usines situées en France, et parallèlement la hausse des exportations depuis des productions à l’étranger; (ii); une tendance baissière des prix des médicaments, très règlementés au Japon dans un contexte d’encadrement du déficit des caisses d’assurance maladie (baisse de prix biannuelle de -1,4% en moyenne depuis 2014 ; cette baisse deviendra annuelle à partir de 2022).
4. Un déficit commercial bilatéral sous contrôle
En 2021, la France a maintenu stable son déficit commercial avec le Japon, passé de -2,8 Mds € à -2,9 Mds €. Les importations (9,4 Mds €) depuis le Japon ont augmenté moins rapidement que les exports en volume (+11,1% contre 15,6%), mais plus rapidement en valeur : +939 Mi € contre +880 Mi € pour les exports. La France parvient à maintenir les gains hérités de la forte réduction du déficit l’année de l’entrée en vigueur de l’APE en 2019 (de -3,6 Mds € à -2,7 Mds €). Grâce à cette stabilité, et à la détérioration relative avec d’autres zones (en lien avec la hausse de la facture énergétique), le déficit commercial de la France avec le Japon n’est plus que le 11ème plus important en 2021 (8ème en 2020). Pourtant, ce déficit reste structurel et seuls 2 secteurs sont significativement excédentaires: l’agro-alimentaire (pour 1,1 Md€) et le textile (0,5 Md€), tandis que les produits pharmaceutiques sont pour la 1ère fois déficitaires.
La structure des importations depuis le Japon reste inchangée, avec une part majeure de biens d’équipement et de biens intermédiaires. Le matériel de transport reste le 1er poste à l’import (27% des imports totaux) et le 1er déficit commercial de la France vis-à-vis du Japon (-492 Mi €), tiré à la baisse par le déficit sur les automobiles (-1,2 Md €). Selon les Douanes françaises, le Japon est le 13ème client de la France (+1 rang par rapport à 2020), son 12ème fournisseur (+1 rang) et son 2ème partenaire commercial asiatique après la Chine, en tenant compte des imports et des exports (1,4% du total).
Publié le 20 mai 2022