ITALIE
Situation économique et financière de l'Italie
Après un fort rebond à 6,7% en 2021, la croissance italienne devrait atteindre 3,7% en 2022 et 0,3% en 2023. L’Italie maintiendrait une trajectoire budgétaire prudente, dans un contexte contraint qui l’a conduit à prendre des mesures en soutien aux ménages, aux entreprises et aux collectivités qui représentent 3% du PIB pour faire face au renchérissement des prix de l’énergie. La mise en œuvre des investissements et réformes du PNRR représente une opportunité pour relancer la croissance et la productivité.
1.- L’économie italienne observe un ralentissement au second semestre 2022 et la croissance devrait être légèrement positive en 2023
Après un rebond de +6,7% en 2021, la croissance du PIB atteindrait +3,7% en 2022 et +0,3% en 2023. L’activité a été plus élevée que prévu aux 2ème et 3ème trimestres 2022 (respectivement +1,1% et +0,5%, après +0,1% au 1er trimestre) et le PIB a retrouvé son niveau d’activité pré-crise sanitaire au 2ème trimestre. Ce résultat a été porte par la bonne tenue de la demande intérieure (consommation), la résilience de la production industrielle et du secteur de la construction, et, à l’été, par le tourisme et les services. Les mesures prises en soutien des ménages et des entreprises pour compenser partiellement la hausse des prix de l’énergie ont permis d’éviter un choc récessif. La prévision d’inflation (prévision d’IPCH) est de +6,5% cette année.
L’Italie devrait observer un ralentissement plus marqué à partir du 4ème trimestre 2023, compte tenu de la hausse des prix de l’énergie, du ralentissement économique mondial et du resserrement des conditions de financement. L’indice PMI composite global se situe sous le seuil d’expansion de 50 (en baisse à 47,6 en septembre), confirmant le retournement de conjoncture à partir du troisième trimestre 2022. La Banque d’Italie table sur une légère reprise de l’activité courant 2023 dans l’hypothèse d’une reprise de la demande mondiale, une détente du prix du gaz et une contribution croissante du PNRR.
2.- Une trajectoire de finances publiques reste descendante dans un contexte de forte inflation
La politique budgétaire est marquée par la poursuite de la réduction du déficit et de la dette publique, depuis ses niveaux les plus hauts en 2020. Le déficit public sera de 5,6% du PIB en 2022, puis de 4,5% en 2023. La croissance économique et les rentrées fiscales plus importantes notamment de TVA du fait de l’inflation ont permis de financer des mesures de soutien aux ménages et aux entreprises pour un montant équivalent à 3,5% du PIB. L’Italie prévoit de ramener le déficit public à 3% du PIB en 2025. Le solde primaire (déficit public, hors intérêts de la dette) se résorbera progressivement pour redevenir positif à partir de 2024.
Après 150,3% en 2021, la dette publique atteindra 145,7% du PIB en 2022 ; et reviendra à son niveau pré-crise covid d’ici 2030. La charge d’intérêt sur la dette augmente à 4% en 2022 dans le contexte de normalisation de la politique monétaire. Ces prévisions sont soumises à des aléas baissiers tels que la guerre en Ukraine et l’inflation, la possible recrudescence de la pandémie et la perturbation des chaînes d’approvisionnement. Le spread du BTp à 10 ans est repassé sous la barre de 200 pb.
La position extérieure nette des investissements internationaux de l’Italie (NIIP), qui était devenue excédentaire avec la crise Covid, se dégrade (5,7% du PIB en juillet 2022 en g.a., contre 8,1% fin 2021). Le solde courant, devenu excédentaire depuis 2013, redeviendra négatif, à -0,8% du PIB en 2022 et -0,2 en 2023 (contre +2,4% en 2021), sous le double effet de l’impact-prix sur les échanges et de la contribution négative des exportations à la croissance du PIB. La balance commerciale devrait être déficitaire (-31 Md€ à fin septembre), le solde hors énergie se détériorant significativement (-85 Md€). La balance des services devrait demeurer déficitaire : le poste « voyages », malgré le redressement survenu à l’été, reste en deçà du niveau d’activité pré-crise.
3.- Les fragilités structurelles italiennes continuent de peser sur la capacité de rebond de l’économie
Avec 58,9 M d’habitants, l’Italie continue de se dépeupler et de vieillir. Le solde naturel négatif observable depuis 2006 se creuse et l’émigration, notamment de jeunes diplômés, n’est pas compensée par l’immigration. L’âge moyen est en augmentation rapide (46,2 ans, +2,8 ans depuis 2010). L’âge médian est le plus élevé de l’UE (47,6 ans en 2021, contre 42,1 ans en France) ; 24% des Italiens ont plus de 65 ans. Le vieillissement pèse sur la compétitivité des entreprises et sur la soutenabilité des finances publiques. Le gouvernement tente d’y remédier par une politique nataliste plus volontariste : révision de la politique familiale (Family Act 2022) et 4,6 Md€ dans le PNRR pour la création de crèches.
Après une décennie marquée par le repli du patrimoine net des ménages et la baisse des salaires moyens, la Covid a creusé encore les écarts de richesse.Le pays compte 1 million de pauvres supplémentaires depuis 2020 portant 9,4% de la population sous le seuil de pauvreté absolue avec un total de 5,6 millions. L’amélioration du marché du travail a permis la hausse du taux d’emploi à 60,1% (mais encore inférieur à la moyenne UE), mais divers secteurs connaissent des tensions de main d’œuvre. L’Italie conserve le taux d’inactifs (15-64 ans) le plus élevé de l’UE (34,5%). Le chômage, autour de 8,1%, affecte plus les jeunes (23,1%) et les femmes (9,2%), avec des écarts territoriaux importants (au sud le taux est de 15,9% et au nord de 5,7%).
La stagnation de la productivité depuis 20 ans singularise l’Italie dans la zone euro. Ont contribué à la stagnation divers facteurs, dont un tissu productif composé de très nombreuses TPE/PME familiales et un niveau insuffisant des investissements publics et privés et en R&D (1,5% du PIB), un climat des affaires dont les effets impactent la croissance, tel qu’une administration complexe, les lenteurs de la justice et un marché du travail dont l’efficacité peut être accrue. L’enjeu du Plan national de résilience et de relance (195 Md€ du fonds de résilience et de relance) est de moderniser l’Italie grâce à des réformes structurelles (administration, concurrence, justice, simplification administrative, marchés publics…) associées à des investissements afin de relancer la croissance et la productivité.