ITALIE
Le commerce extérieur de l’Italie en 2022
En 2022, les échanges extérieurs de biens et de services ont atteint 1 525 Md€, en hausse de 28% sur l’année, soutenus par un effet prix induit par l’inflation. La balance commerciale de biens et de services de l’Italie a toutefois été déficitaire pour la 1ère fois depuis 10 ans à -41 Md€ (contre +29 Md€ en 2021). Les importations ont davantage augmenté (+36%) que les exportations (+20%). Les exportations sont tirées par les secteurs des machines-outils, de la métallurgie et du textile. L’UE demeure la principale destination des exportations italiennes (53%), avec l’Allemagne comme 1er pays de destination (13%, soit 67 Md€) devant la France (10%, soit 53 Md€) et les Etats-Unis (9%, 49 Md€). L’UE est également le 1er fournisseur de l’Italie (56,7%), avec l’Allemagne qui renforce sa 1ère position (16%, 77 Md€) devant la France (8%, 39 Md€) et la Chine (8%, 38 Md€).
1 - La guerre en Ukraine a provoqué un déséquilibre conjoncturel de la balance commerciale de l’Italie
En 2022, le montant des biens et services échangés a atteint un maximum historique à 1 525 Md€, en hausse de 28% (soit +337Md€) sur l’année. Les exportations ont atteint 742 Md€, soit 38% du PIB, en hausse de 22% sur l’année. Les importations ont augmenté plus fortement (+35%) pour atteindre 783 Md€, soit 41% du PIB. La part des biens dans les échanges commerciaux est largement majoritaire (84%) et en augmentation depuis 2019 (+4pp). Les échanges de services sont plus marginaux et s’élèvent à 245 Md€ (en hausse de 32% sur l’année). En raison de l’augmentation exceptionnelle des importations, la balance commerciale de l’Italie s’est nettement détériorée pour devenir déficitaire en 2022. Au total, le déficit commercial atteint -41 Md€ en 2022, après un excédent de 29 Md€ en 2021 et 55 Md€ en 2020. Ainsi, le déficit commercial de biens était de -31 Md€ en 2022 (contre un excédent de +40,3 Md€ en 2021). Le déficit commercial de services atteint -9,5 Md€ (-18% par rapport à 2021).
Les échanges de biens ont augmenté de 28% à 1 280 Md€ en 2022, gonflés par un effet prix sur les importations (+36% dont -0,1% en volume) comme sur les exportations (+20% dont +0,1% en volume). La hausse conjoncturelle des prix de l’énergie suite à la guerre en Ukraine - dont l’Italie est importateur net - a creusé le déficit énergétique (-112 Md€ en 2022, après -48 Md€ en 2021 et -22 Md€ en 2022). Le maintien d’un excédent de la balance des biens hors-énergie n’a pas suffi à compenser le déséquilibre de la balance énergétique. Au total, la balance commerciale des biens a affiché un déficit de 31 Md€ en 2022 (contre un excédent de 40 Md€ en 2021 et de 63 Md€ en 2020). L’inflation a entrainé la hausse en valeur des échanges de biens hors-énergie (+18% pour les exports, +24% pour les imports), tirée par les biens de consommation non durables (+21,5% pour l’export, +28% à l’import) et les biens intermédiaires (+20% à l’export, +29% à l’import). La rapide résorption du déficit énergétique (-19 Md€ au T1 2023 contre -36 Md€ au T3 2022) a permis à l’Italie de dégager un excédent commercial dès le T4 2022 (+0,7 Md€) qui s’est accru début 2023 (5,4 Md€ au T1).
Les échanges de biens sont principalement tirés par l’industrie manufacturière. L’industrie manufacturière demeure largement majoritaire dans les exportations italiennes (594 Md€, soit 95% des exports de biens). Les principales industries à l’export sont les machines industrielles et agricoles (93 Md€, +10% sur l’année), la métallurgie (73 Md€, +18% sur l’année), le textile (65 Md€, +17%), le transport (61 Md€, + 15%) et les produits alimentaires transformés (52 Md€, +17%). Les principales industries importatrices sont la métallurgie (74 Md€, +27%), l’industrie gazière (64 Md€, +69%) et la chimie (61 Md€, +29%). Les secteurs affichant un fort excédent commercial sont les machines-outils (excédent de 50 Md€), le textile (23 Md€ d’excédent) et les produits alimentaires (12 Md€ d’excédent) tandis que les matières premières agricoles (-13 Md€), l’industrie chimique (-18 Md€), des appareils électroniques (-16 Md€) et de l’électricité (-12 Md€) ont vu leurs déficits s’accroître avec la guerre en Ukraine.
2 - La reprise des échanges de services a permis de dépasser les niveaux de 2019, mais le solde commercial reste structurellement déficitaire
Après l’effondrement des échanges de services en 2020 (-28%), ceux-ci ont connu 2 années de croissance soutenue (+18% en 2021, puis +32% en 2022) pour dépasser leur niveau d’avant crise. Le montant des échanges a atteint 245 Md€ en 2022, contre 219 Md€ en 2019. Les échanges de services sont particulièrement élevés dans les secteurs du voyage (27% du total) et des transports (18%). Les exportations de services s’établissent à 117 Md€ en 2022, en hausse de 35% sur l’année (soit +30 Md€), tirées par un effet de base des secteurs ayant connu une interruption avec la pandémie comme le voyage (42 Md€ d’export, +98% sur l’année). Les autres secteurs du tertiaire performants à l’export sont les services de transport (14 Md€, +30%), financiers (8 Md€, +7%) et de consulting (7 Md€, +16%). Le montant des importations a atteint 127 Md€ en 2022, en hausse de 29% sur l’année (+28 Md€). Cette hausse se reflète particulièrement dans les secteurs des transports (+36% à 23 Md€) des voyages (+32% à 13 Md€) et des services financiers (+15% à 11 Md€). Au total, les échanges de services ont atteint un montant de 245 Md€ en 2022, contre 219 Md€ en 2019. Cette reprise s’est reflétée dans la plupart des services à l’exception de la construction (-50% sur la période).
La reprise des exports de services a permis à l’Italie de résorber partiellement le déficit de sa balance commerciale. Contrairement au commerce de biens, historiquement excédentaire, l’Italie est importatrice nette de services avec un solde constamment négatif depuis 2014. Les principaux secteurs déficitaires sont les services de production manufacturière (-24 Md€ en 2022), de transport (-17 Md€), et de télécommunications et services informatiques (-6 Md€), en partie compensés par l’excédent des services de voyages (17 Md€). L’interruption totale ou partielle de certaines activités de service stratégiques à l’export pendant la période de la pandémie a accentué le déficit de la balance des services, qui s’élevait à 12 Md€ en 2021, contre 0,5 Md€ en 2019. L’excédent commercial du secteur du voyage est ainsi passé de 17 Md€ en 2019 à 9 Md€ en 2021. Toutefois, la levée des restrictions liées au covid a permis d’atténuer le déficit de la balance des services, qui s’élève à 10 Md€ fin 2022.
3 – Une reprise des échanges tirée par la Chine et les Etats-Unis, l’Union Européenne demeure le principal partenaire commercial de l’Italie
Le montant des échanges bilatéraux de biens a crû avec les principaux partenaires commerciaux de l’Italie en 2022. La croissance est particulièrement marquée avec les Etats-Unis (+38%) et la Chine (+36%). L’Allemagne demeure le 1er partenaire commercial de l’Italie (13% du total, -1,2pp par rapport à 2021), devant la France (8,7% du total, -0,5pp par rapport à 2021), les Etats-Unis (7%, +0,5pp par rapport à 2021) et la Chine (5,8%, +0,4pp par rapport à 2021). Le déficit commercial s’est accru avec la Chine (-41 Md€ après -23 Md€ en 2021), l’Allemagne (-13 Md€ après -9,5 Md€ en 2021) les Pays-Bas (-18 Md€, après -13 Md€ en 2021) et exceptionnellement l’OPEP (-29 Md€ après -10 Md€ en 2021). A contrario, il s’est amélioré avec les Etats-Unis (40 Md€ après 34 Md€ en 2021) et le Royaume-Uni (19 Md€ après 15 Md€ en 2021). La Chine demeure le principal déficit commercial de l’Italie, en raison du déséquilibre persistant entre exportations (58 Md€) et importations (16 Md€). Les Etats-Unis restent le 1er excédent commercial (40 Md€), en nette hausse par rapport au niveau d’avant crise (+12 Md€ entre 2019 et 2022), devant le Royaume-Uni (19 Md€) et la France (14 Md€).
Pour les échanges de biens, l’Allemagne demeure le 1er partenaire de l’Italie, loin devant la France et les Etats-Unis. L’Allemagne est le 1er fournisseur de l’Italie (14% du total, -2pp part de marché) devant la Chine (9%, +0,8pp part de marché), qui passe devant la France (7%, -0,7pp part de marché). L’Allemagne est également la 1ère destination pour les exportations italiennes (12% du total, -0,5pp part de marché), devant les Etats-Unis (10%, +0,9pp) qui passent devant la France (10%, -0,3pp parts de marché).
L’Allemagne est également le 1er fournisseur de l’Italie en services, avec 10% des parts de marché (+0pp), devant le Luxembourg avec 10% (+0,7pp) et la France avec 9% (+0,3pp). Les échanges de services ont progressé avec les principaux pays partenaires en raison d’un effet base. La croissance a été particulièrement soutenue avec la Suisse (+22%), le Luxembourg (+28%) et la France (+19%). Le montant des échanges de services s’est toutefois restreint avec le Royaume-Uni (-9%). Le solde de la balance des services est déficitaire avec le Luxembourg (-8 Md€, contre -6 Md€ en 2020), la France (-860 M€, contre -43 M€ en 2020) et l’Allemagne (-590 M€, contre +115 M€ en 2020). En revanche, elle est excédentaire avec la Suisse (1,8 Md€ contre 1,9 Md€ en 2020) et les Etats-Unis (760 M€ contre -500 M€ en 2020).
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L’amélioration du solde commercial de l’Italie semble s’est confirmé au 1er trimestre 2023 ; en mars, l'Italie a dégagé un excédent de 7,54 Md€, au plus haut depuis juillet 2021, grâce essentiellement à la bonne tenue des exportations de produits non énergétiques qui ont enregistré une forte hausse par rapport à mars 2021 (+71%). En parallèle le déficit énergétique se résorbe de 8,2 Md€ à 5,3 Md€ par rapport à la même période de l’an passé. Pour la première fois depuis 2 ans la forte réduction des achats de gaz naturel fait diminuer les importations. Ceci dit, les exportations italiennes ont eu tendance à fléchir au T2 et au T3 de l’année 2023, ce qui augure d’une année moins productive que 2022.