Le commerce bilatéral entre la France et l'Irak en 2020

En 2020, nos exportations vers l’Irak ont reflué de 19,8 % pour s’établir à 332,4 MEUR. A l’exception des équipements mécaniques et du matériel électrique, électronique et informatique, tous les postes d’exportation enregistrent une baisse, et en particulier les produits pharmaceutiques mais aussi métallurgiques et métalliques. Cette contreperformance doit toutefois être relativisée : la combinaison des crises politique, sanitaire et sociale à partir de l’automne 2019 en Irak a conduit à une dépression de la demande domestique irakienne bien plus forte, si bien que notre part de marché, bien que mesurée, a progressé en 2020, passant à 1,2 % contre 0,7 % un an plus tôt.

Dans le même temps, nos importations en provenance d’Irak se sont établies à 57,2 MEUR en 2020, affichant ainsi un repli de 72,0 % sur un an. Cette évolution reflète la baisse de notre demande mondiale en hydrocarbures – principal poste d’exportation de l’Irak vers la France –, une conséquence de la crise sanitaire qui n’est pas spécifique à l’Irak.

Il ressort de ces échanges un solde commercial positif pour la France, à 80,7 MEUR, contre un déficit de 482,9 MEUR un an plus tôt.

1. Une forte baisse de nos exportations qui doit cependant être relativisée

En 2020, un recul de presque 20,0 % de nos exportations vers l’Irak, à un peu plus de 330 MEUR

En 2020, nos exportations vers l’Irak ont reflué de 19,8 % pour s’établir à 332,4 MEUR. A l’exception des équipements mécaniques et du matériel électrique, électronique et informatique, tous les postes enregistrent une baisse (cf. figure 1 en annexe) :

  • Nos exportations d’équipements mécaniques, de matériel électrique, électronique et informatique ont progressé de 29,3 % à 90,7 MEUR. La demande pour ce type d’équipements a été portée par les investissements publics dans les secteurs de la reconstruction et de la sécurité réalisés aux cours des années précédentes. Dans le détail, cette croissance est principalement portée par les exportations de produits informatiques, électroniques et optiques qui ont plus que quadruplé en un an pour s’établir à 29,8 MEUR et, dans une moindre mesure, par les exportations d’équipements électriques et ménagers qui ont quasiment doublé en 2020, pour atteindre 31,5 MEUR. En parallèle, les exportations de machines industrielles et agricoles semblent avoir été plus sensibles au cycle conjoncturel : elles ont reculé de 36,2 % à 29,4 MEUR.
  • Nos exportations de produits métallurgiques et mécaniques ont quant à elles baissé de 31,8 % pour s’établir à 73,1 MEUR. Cette baisse s’explique par le lancement retardé des grands programmes de reconstruction – le pays, un temps dans une impasse politique ne s’étant doté d’aucune loi de finances en bonne et due forme, ce qui a grevé les investissements publics notamment –, mais aussi par un effet de base, nos exportations ayant été multipliées par six au cours de l’année 2019.
  • Nos exportations de produits agroalimentaires ont également reculé en 2020, de 13,2 % à 67,1 MEUR. La contraction de la consommation intérieure due aux restrictions Covid – fermeture des restaurants, des frontières, etc. – et à la crise économique de façon générale semble à l’origine de cette baisse.
  • Nos exportations de produits chimiques, parfums et cosmétiques sont en reflux de 27,8 % à 36,2 MEUR. Elles ont aussi pâti d’une conjoncture défavorable, en particulier au Kurdistan, région où s’exportent majoritairement ces produits et où les salaires des fonctionnaires – qui représentent plus de la moitié de la main d’œuvre locale – n’ont pas été versés en totalité au cours de l’année écoulée, faute de ressources publiques suffisantes.
  • Nos exportations de produits pharmaceutiques sont également en recul de 53,4 % pour s’établir à 37,9 MEUR. Cette contreperformance est ici plus structurelle et s’explique par le report d’une partie de la demande irakienne vers des pays producteurs à bas coût. En particulier, l’agence publique Kimadia recourt de plus en plus à des vaccins contre la grippe produits en Inde, malgré le risque sanitaire induit par l’utilisation de formules anciennes (ce type de vaccins requiert plusieurs injections mais en raison des effets secondaires liées aux premières d’entre elles, les personnes bénéficiaires ne vont pas jusqu’au bout du processus de vaccination).
Une contreperformance qui doit toutefois être relativisée

Les importations totales de l’Irak ont diminué dans des proportions plus importantes que nos exportations vers ce pays. La combinaison des crises politique, sanitaire et sociale à partir de l’automne 2019 a conduit à une dépression de la demande domestique irakienne : les importations irakiennes ont accusé un repli de 37,3 % en 2020 (cf. figure 2), soit quasiment le double de la baisse de nos exportations.

Dans ce contexte, la part de marché de la France en Irak a progressé : elle s’est établie à 1,2 % en 2020 contre 0,7 % un an plus tôt. La France s’est ainsi hissée au 14ème rang des fournisseurs de l’Irak en 2020 (cf. figure 3). Il n’en demeure pas moins que notre part de marché reste mesurée alors que le potentiel de diversification de nos exportations reste élevé : les cinq postes précédents concentrent plus de 90 % de nos exportations (cf. figure 4).

2. En parallèle, une baisse significative de nos importations

Nos importations, toujours composées à 99,9 % d’hydrocarbures, se sont établies à 57,2 MEUR en 2020, affichant ainsi un repli de 72,0 % sur un an. Le reflux de l’activité en France lié à la crise sanitaire est à l’origine de cette évolution, le phénomène affectant l’ensemble de nos pays fournisseurs.

3. Un solde commercial redevenu positif dans un contexte de volume d’échanges à son plus bas sur 10 ans

Avec la chute de nos importations de pétrole, et malgré la baisse de nos exportations, notre solde commercial est redevenu positif en 2020, avec 80,7 MEUR (cf. figure 5 et tableau ci-dessous). Dans le même temps, l’année 2020 est également celle où est constaté le plus faible volume d’échanges au cours des dix dernières années, hors période d’occupation partielle du territoire irakien par Daesh (cf. figure 6).

Tableau – Exportations, Importations et soldes commerciaux vis-à-vis de la France depuis 2009 (en MEUR)

 

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

Exportations

412

521

793

730

500

416

427

317

332

296

414

332

Importations

-838

-999

-834

-1 008

-842

-752

-807

-159

-127

-481

-897

-252

Solde

-426

-478

-41

-279

-342

-336

-380

158

205

-185

-483

81

Source : Douanes ; Calculs : DG Trésor

 

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