Présentation de l’économie irlandaise

L’Irlande a su profiter de sa petite taille (5M d’habitants) et de son insularité en se spécialisant dans le commerce international de biens et de services à haute valeur ajoutée. Intégré à la zone euro et au marché unique, le pays accueille de nombreuses firmes multinationales attirées par un écosystème favorable. Les bénéfices records des entreprises du numérique et de l’industrie pharmaceutique au cours des dernières années ont permis à l’Irlande d’atteindre des niveaux de croissance exceptionnels, parmi les plus hauts de l’Union Européenne. Le pays continue malgré tout de faire face à des difficultés structurelles dans les secteurs du logement, de la santé, des transports et de la transition climatique – suscitant des interrogations quant à la pérennité de son modèle de développement.

Entre 1990 et 2020, un rattrapage extrêmement rapide de l’économie irlandaise malgré les crises financières des années 2010.

En 1973, l’Irlande est un pays peu développé, à la périphérie d’une Europe des 9 qu’elle vient d’intégrer : son PIB/habitant est près de 30% inférieur à la moyenne européenne. Outre l’entrée dans le marché intérieur et les aides européennes (l’Irlande bénéficie de près de 40 Md€ issus de fonds européens), c’est sa forte ouverture internationale, soutenue par une politique fiscale favorable, qui permet le développement économique accéléré du pays. L’Irlande devient peu à peu un territoire attractif et de premières grandes multinationales s’y installent - comme Intel en 1989. Le pays gagne son surnom de « tigre celtique » avec un taux de croissance annuel moyen de 8% entre 1993 et 2006.

Ce dynamisme, conjugué au développement rapide du crédit, alimente une bulle immobilière dont l’éclatement, fin 2007, est aggravé par le déclenchement de la crise financière mondiale de 2008. L’Irlande plonge en récession, suivie d’une crise de sa dette publique en 2010. Le pays est contraint de restructurer et de recapitaliser ses banques avec l’aide des institutions financières internationales tandis que le gouvernement doit mettre en œuvre une politique d’austérité, - avec un impact important sur le développement des infrastructures et du service public.

Le pays revient progressivement à une dynamique positive en matière de croissance et d’emploi. A la veille de la pandémie, le taux de chômage atteint 4,8% (contre 16,1% en 2012), tandis que le PIB progresse de 5,6% sur l’année 2019. Le pays accueille un grand nombre d’investissements étrangers, en majorité issus des secteurs du numérique et de la pharmacie – qui y domicilient leur propriété intellectuelle. L’Irlande est par ailleurs devenu le leader mondial du leasing aérien. L’activité des multinationales est si conséquente que les autorités ont dû mettre en place un indicateur alternatif au PIB (le GNI *) pour mesurer adéquatement l’activité économique du pays.   

Le pays a du surmonter un triple choc lié à la pandémie, au Brexit et à la guerre en Ukraine.

Avec la sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union Européenne en 2021, les difficultés liées à l’application du protocole nord-irlandais engendrent un nombre important d’incertitudes pour les acteurs de l’économie irlandaise. Après deux ans de négociations infructueuses entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, le cadre de Windsor signé en février 2023 pourrait offrir une résolution à la situation actuelle. Obtenant 1Md€ de la Réserve d’ajustement Brexit (soit 20% de l’enveloppe européenne), le gouvernement irlandais a très tôt soutenu financièrement les acteurs les plus exposés au Brexit. Mais la sortie du marché commun du Royaume-Uni génère une recomposition de fond des chaînes d’approvisionnement et d’exportations de l’Irlande, au profit de l’approfondissement des relations commerciales avec le continent – et en premier lieu la France, plus proche voisin de l’Irlande dans l’UE.  

Face à la crise sanitaire, l’économie irlandaise s’est montrée performante avec une croissance du PIB de 5,9% en 2020 et de 13,5 % en 2021. Outre l’action de l’Etat qui a fortement soutenu les ménages et les entreprises durant la crise, ces chiffres exceptionnels sont avant tout dû aux profit records des entreprises du numérique et pharmaceutiques dont l’activité a été stimulée par la pandémie.

Toutefois, le rebond de la demande post-pandémie est freiné par l’inflation liée au conflit ukrainien. Alors que la croissance du PIB pour 2022 a été estimée à 12% et que le pays connaît une situation de plein emploi (taux de chômage de 3.8% en mai 2023), la demande intérieure pâtit de la hausse du prix des matières premières, notamment énergétiques. Cette hausse des prix – avec une inflation au-dessus de 5% depuis plus de 20 mois – vient renchérir un coût de la vie plaçant l’Irlande à la tête des pays les plus chers de l’UE en 2022.  

L'Irlande doit relever un certain nombre de défis structurels si elle souhaite rester compétitive à l’échelle internationale.

Ces dernières années, la croissance soutenue de l’activité économique, la faiblesse des taux d’intérêt mais surtout la progression exceptionnelle des recettes fiscales provenant de l’impôt sur les sociétés (IS) permettent à l’Irlande d’atteindre l’équilibre budgétaire. Pour son budget 2023, l’Irlande enregistre malgré des dépenses record un excédent budgétaire de 8 Md€. Cet excédent est dû en grande partie à la hausse des recettes fiscales issues de l’impôt sur les sociétés, qui devrait permettre à l’Irlande de disposer d’un excédent de 65 Md € d’ici à 2026. Le gouvernement prépare la mise en place d’un fonds souverain visant à atténuer la dépendance de l’Etat irlandais aux cycles d’expansion et de ralentissement des multinationales.

Il s’agit notamment de pouvoir investir dans l’amélioration des infrastructures de logement, de transports et de santé pour maintenir l’attractivité de l’Irlande. Depuis 15 ans, l’augmentation du parc immobilier ne couvre plus les besoins d’une population qui continue de croître (croissance démographique et dynamique migratoire liée au plein emploi).

Les défis de long-terme sont également importants : financement de la transition démographique, numérique et surtout écologique – l'Irlande a enregistré les émissions de gaz à effet de serre par habitant les plus élevées de toute l'UE au cours du deuxième trimestre 2022.

Irlande
Données générales
Superficie 70 273km2
Population (2022) 5,15 M habitants
Economie
PIB (2022) 475 Mds EUR
Taux de croissance PIB (2022) 9,40%
Taux de croissance PIB (T3 2023, glissement trimestriel) -1,90%
GNI* (1) 249 Mds EUR
Taux de croissance GNI* (2022) 6,70%
Taux d'inflation (Janvier 2024, glissement annuel) 4,10%
Indice des prix (2015=100) (Janvier 2024) 117,2
Taux de chômage (Janvier 2024) 4,50%
Finances publiques
Dette publique (2022) 44,4% PIB
Solde public (2022) 1,7% PIB
Commerce extérieur
Principaux clients de biens (2023) 1)  Etats-Unis 2) Royaume-Uni 3) Allemagne 4) Belgique
Principaux fournisseurs de biens (2023) 1) Royaume-Uni 2) Etats-Unis 3) France 4) Chine
Exportations irlandaises (2022) 203 Mds EUR
Importations irlandaises (2022) 140 Mds EUR
Exportations de biens et services (2022) 137% PIB
Importations de biens et services (2022) 97% PIB
Exportations françaises de biens vers l'Irlande (2022) 6,6 Mds EUR
Importations françaises de biens vers l'Irlande (2022) 9,4 Mds EUR
Stock d'IDE entrants (2022) 1 284 Mds EUR

Sources : Home - CSO - Central Statistics Office et Search - Eurostat (europa.eu)

(1) Le GNI* est un indicateur alternatif du PIB, qui permet de calculer l'activité réelle irlandaise. Il se calcule en soustrayant du revenu national irlandais, l'activité de la propriété intellectuelle et du leasing aérien et le revenu net lié à la re-domiciliation d'entreprises étrangères en Irlande (Source : Modified GNI - CSO - Central Statistics Office )

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