Agriculture

Irlande

  • L’agriculture et l’agroalimentaire constituent des secteurs importants en Irlande, tant du point de vue économique (11,2% des exportations, 7,1 % de l’emploi total en 2019) que politique (le découpage électoral de l’Irlande donne une pondération importante aux comtés ruraux).
  • L’agriculture irlandaise est dominée par l’élevage et la production laitière basée sur une période de pâturage de plus de 300 jours par an. Les deux piliers de la production irlandaise sont le lait et la viande bovine. La stratégie agricole irlandaise repose sur une forte ambition de croissance de la valeur de ses exportations : le gouvernement porte l’objectif de passer de 14,5 milliards d’euros en 2019 à 21 milliards d’ici 2030. 90% de la production irlandaise est exportée vers plus de 180 marchés dans le monde. Le principal client de l’Irlande est le Royaume-Uni (37% des exportations agroalimentaires en 2020), le pays étant de ce fait très exposé aux conséquences du Brexit.
  • Le secteur agricole irlandais, qui représente 37% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du pays, est soumis à des pressions croissantes pour aller vers plus de durabilité notamment via le nouveau plan d’action climat adopté par le gouvernement. L’Irlande souhaite en parallèle continuer à communiquer sur sa réputation d’île « verte » (l’alimentation bovine provenant essentiellement des pâturages) pour promouvoir les produits « origin green » .
  • Les relations franco-irlandaises en matière d’agriculture sont particulièrement bonnes, les deux pays défendant au niveau européen un secteur agricole fort.

 Production agricole 

 

Activité agricole : L’agriculture en Irlande occupe une place importante : les deux tiers du pays étant utilisées pour l’agriculture, représentant d’après le dernier recensement agricole de 2020 une surface agricole utile (SAU) de 4,5 millions d’hectares. L’agriculture irlandaise repose principalement sur l’élevage, avec une forte prépondérance des pâturages (62% de la SAU), et un taux annuel de croissance de la végétation qui dépasse la moyenne européenne de plus d’un tiers.

L’Irlande totalise une production agricole de 8,9 Md€ en valeur en 2020. Elle est dominée par le secteur de la viande qui représente 43% de la production en valeur soit 3,6 Md€ en 2020. La valeur ajoutée brute du secteur est passée de 9,96 milliards d'euros en 2010 à 13,03 milliards d'euros en 2020, et comptait pour 6% du revenu national brut.

L’élevage bovin pour la viande et le lait constitue le principal secteur tant en matière d’utilisation des sols, occupant plus des deux-tiers de la zone de pâturage, qu’en matière de production. C’est au sud de l’Irlande que la production laitière est la plus importante. En 2020, l’Irlande comptait un cheptel de 7,3 millions de bovins, ce qui représentait environ 8,5% du cheptel européen et place l’Irlande en 4ème position. La production de viande bovine représente 27% de la production agricole totale en valeur avec 2,3 Md€, soit le deuxième secteur agricole irlandais. Au niveau européen, l’Irlande se plaçait 4ème en 2019 en terme de volume de production, avec 10,4% de la production de bœuf européenne. Le secteur laitier est le premier secteur irlandais en terme de valeur, représentant 34 % de la production agricole pour un total de 2,8 Md€ en 2020. L’Irlande occupe la 6ème place européenne en termes de volume de lait produit, totalisant 5,7% de la production laitière européenne en 2019. Si le nombre de vaches laitières en Irlande est en augmentation (1,5 million en 2020, +46,4% depuis 2010) le nombre de vaches allaitantes est quant à lui en diminution (-15,1% sur la même période).

Le secteur porcin représente 7,2% de la production irlandaise en valeur pour un total de 601 M€, constituant le 3ème secteur irlandais. On compte 1,6 millions de porcs en Irlande, nombre qui a augmenté de 4,4 % entre 2010 et 2020.

La production ovine, bien que représentant seulement 7,2% de la production totale irlandaise pour 303 M€ en 2020, est le 4ème secteur irlandais en termes de valeur de production et se place 4ème au niveau européen en termes de volume, fournissant 13,4% de la production européenne en 2019. L’élevage ovin se développe sur environ un dixième de la zone de pâturage et occupe essentiellement des terres pauvres, landes de faible qualité, accidentées et montagneuses, majoritairement dans les comtés du Donegal, Kerry, Mayo et Galway, soit dans le Nord-Ouest du pays.

La production de volaille (de chair et de ponte) représente 180 M€ et on compte 16,5 millions de volailles en 2020. La quasi-totalité de la production se trouve dans la région frontalière avec l’Irlande du Nord (Border region).

La production de céréales (blé, avoine et orge) est limitée à environ 6% des terres agricoles pour une valeur de 300 M€ en 2020 et se trouve principalement dans les comtés de Wexford, Cork, Meath et Kildare. Les autres cultures comptent pour environ 2% de la SAU, et comprennent notamment  la culture de pomme de terre, betterave, navet, haricots et pois, colza, choux frisé, champignon, et fruits. La culture de la pomme de terre occupe en particulier 0,2% de la SAU pour une valeur de production de 118 M€ en 2020. Le secteur de l’horticulture est dominé par la production de champignons (119 M€ par an), dont 85% est destinée à l’export vers le Royaume-Uni.

Exploitations :  Selon le recensement agricole de 2020, l’Irlande comptait 135 037 exploitations contre 139 860 en 2010, pour une taille moyenne des 33,4 ha. La majorité des exploitations sont familiales. On observe une disparité entre le Nord-Ouest dominé par des exploitations de plus petite taille (avec une moyenne autour de 26 ha) et dont seulement 18,5% sont considérées comme viables[1] d’après le Teagasc[2], et le reste du pays où la taille moyenne des exploitations est de 40 ha avec 40% des exploitations considérées comme viables. Cette différence s’observe également dans la productivité, bien qu’elle soit surtout due au fait que le Nord-Ouest de l’Irlande est dominé par l’élevage pour la viande, moins rémunérateur que le secteur laitier.

Emploi :  Les secteurs agricole et agroalimentaire emploient en 2019 plus de 160 000 personnes, soit 8,4% de l’emploi total. Près de 103 000 personnes travaillent dans les secteurs de l’agriculture, la forêt et la pêche, auxquelles s’ajoutent près de 56 000 dans le secteur des boissons et de la transformation des aliments et environ 6 000 dans le traitement du bois.

Démographie : D’après le dernier recensement agricole de 2020, l’âge moyen des agriculteurs est de 57 ans, avec 33% des agriculteurs ayant plus de 65 ans et 6,9% ayant moins de 35 ans. Les éleveurs de bovins allaitants constituent la population la plus âgée (59 ans en moyenne), tandis que les éleveurs laitiers constituent la population la plus jeune (52 ans en moyenne). L’enjeu du renouvellement générationnel a notamment été identifié par le gouvernement dans sa stratégie Food Vision 2030 (cf. ci-après).

Revenus agricoles : Selon le Teagasc,  le revenu moyen par exploitation est de 32 525€ en moyenne en 2020 (31 900€ en 2017) avec de très fortes disparités en fonction du type d’agriculture pratiqué. L’estimation du revenu moyen des agriculteurs irlandais par secteur en 2020 s’étale entre 74 236 €/an dans le secteur laitier et 9 037 €/an dans le secteur bovin allaitant. Les revenus agricoles restent fortement tributaires des paiements directs de la PAC : en 2020, le paiement moyen était de 17 843€, représentant en moyenne 55% du revenu .

 

 Politique agricole

 

Food Vision 2030, la stratégie alimentaire irlandaise : La « Food Vision 2030 » présentée par le gouvernement en juillet 2021 s’articule autour de quatre missions principales qui définissent les ambitions de l’Irlande pour son agriculture : i) développer une agriculture durable et performante d’un point de vue environnemental, ii) assurer la viabilité et le bien-être des agriculteurs, iii) produire une nourriture saine et de qualité pour le marché intérieur et à l’export, et iv) inscrire l’innovation au cœur du secteur agro-alimentaire dans un objectif de compétitivité et de résilience.

La  première stratégie, Food Harvest 2020, lancée par le ministère de l’Agriculture en 2010, fixait des objectifs ambitieux d’augmentation de la production agricole et des exportations agroalimentaires à l’horizon 2020. Les exportations irlandaises d'aliments et de boissons ont effectivement augmenté de 60%, passant de 8,9 milliards d'euros en 2010 à 14,1 milliards d'euros en 2020 (Food Wise 2025 prévoyait d’atteindre 19 milliards). La stratégie Food Vision 2030 fixe pour sa part l’objectif  de 21 milliards d’ euros d’exportations en 2030, tout en précisant que cela doit s’appuyer en priorité sur une augmentation de la valeur ajoutée des exportations et sans adjoindre d’objectifs en termes d’augmentation de la production

 

Nouveau plan d’action climat : Les problématiques environnementales et de changement climatique sont des enjeux majeurs pour le secteur agricole qui représente 37% des émissions globales de GES (et 40 % des émissions hors Emission Trading Scheme – ETS).

En application de la loi climat adoptée en 2021, le gouvernement a pour la première fois fixé des limites d’émission de GES sectoriels dans son Plan d’Action Climat présenté en novembre 2021 et qui décline l’objectif global de réduction des émissions de GES de 50% d’ici 2030 pour l’Irlande. Pour le secteur agricole, l’objectif a été fixé à 25% de réduction d’ici 2030 par rapport au niveau d’émission du secteur en 2018, soit l’atteinte d’un niveau d’émission annuel établi à 17.25 MtCO2e. Le ministère de l’agriculture mise en partie sur l’innovation et les technologies pour y parvenir. Sont ainsi prévues des actions d’amélioration génétique, d’adaptation de l’alimentation animale, de réduction de l’utilisation des engrais chimiques azotés au profit d’engrais naturels ou avec inhibiteurs d’uréase ainsi que le développement de prairies multi espèces ou fixatrice d’azote. Le gouvernement souhaite également développer l’agriculture biologique, avec un objectif de 350,000 ha en bio d’ici 2030 contre 73 000 ha en 2020 (moins de 2% de la SAU) et inciter à la diversification des revenus agricoles, comme par exemple via la production de biométhane pour l’énergie, ou encore via le stockage de carbone dans les sols agricoles.

Politique agricole commune : Compte tenu de l’importance de son secteur agricole, l’Irlande défend une PAC forte au niveau européen notamment en termes de budget. L’Irlande est notamment attachée aux aides au revenu du premier pilier. Le recours aux aides couplées est en revanche très limité, et concerne uniquement les protéines végétales. Sur le second pilier, l’Irlande déploie des mesures agroenvironnementales, des aides à l’investissement et à l’innovation (y compris sectorielles, ciblées pour l’élevage) ainsi que des aides compensatoires pour les zones soumises à handicap naturel. Dans le cadre de la nouvelle programmation de la PAC 2023-2027, l’Irlande prévoit une nouvelle architecture verte, via notamment la mise en place d’un nouveau dispositif d’éco-régime sur le premier pilier, le renforcement du ciblage des aides du premier pilier, un appui plus prononcé au développement de l’agriculture biologique et la consolidation du second pilier grâce à une augmentation des co-financements nationaux.

 

Origin Green, le label développement durable de la filière agroalimentaire : Le programme Origin Green a été lancé en 2012, afin de structurer la démarche de l’ensemble des acteurs de la filière agroalimentaire irlandaise en matière de développement durable. Origin Green fournit aux exploitations agricoles et aux entreprises de transformation un cadre d’objectifs dans des domaines tels que les émissions de GES et l’empreinte carbone, l’énergie, les déchets, l’eau, la biodiversité et la durabilité sociale. Géré par Bord Bia, l’agence de promotion des produits agricoles et agroalimentaires irlandais, le programme Origin Green fonctionne à l’échelle nationale et évalue les exploitations bovines et laitières. Le programme collabore avec 55 000 exploitations (soit 55% des exploitations irlandaises) et plus de 300 entreprises de l’agro-alimentaire. Dans le cadre de la stratégie Food Vision 2030, le gouvernement prévoit de renforcer encore le label Origin Green en accentuant notamment la collaboration entre le Teagasc et Bord Bia afin de mettre plus rapidement en pratique les résultats obtenus par la recherche.

 

 Échanges commerciaux

 

90 % de la production agricole irlandaise étant destinée à l’export, les échanges commerciaux revêtent une importance capitale pour l’Irlande. La réorganisation du secteur agroalimentaire irlandais dans les années 1980 autour de quelques coopératives telles que Kerry group, Glanbia ou Greencore, a permis de doter le secteur d’acteurs d’envergure internationale capables de porter les ambitions du pays à l’export. La stratégie de communication à l’export est très offensive et centrée sur la qualité et la valeur ajoutée des produits, mais aussi sur la réputation de l’Irlande comme pays « vert », produisant du lait et de la viande dans des conditions « naturelles ». Cette ambition a été réaffirmée dans la « Food Vision 2030 » avec l’objectif d’améliorer ses performances environnementales et renforcer sa réputation de producteur durable d'aliments de qualité, l'Irlande ayant en effet pour ambition de devenir un leader de l’alimentation durable (cf. ci-dessus).

En 2020, les exportations du secteur agroalimentaire représentaient 14,1 Md€, soit 8,7% des exportations totales de marchandises. L’Irlande exportait 4,5 Md€ de produits agroalimentaires en 2020 au sein du marché européen, 5,2 Md€ uniquement au Royaume-Uni et 4,3 Md€ au reste du monde. 

 

 

Principaux partenaires commerciaux : Le Royaume-Uni est le principal partenaire commercial de l'Irlande. En 2020,  les exportations agroalimentaires vers le Royaume-Uni ont totalisé 5,2 Md€ et les importations 4,6 Md€ avec un excédent commercial de 638 M€. Viennent ensuite les Pays-Bas (1,13Md€  d’exportations), les Etats-Unis (1,07 Md€  d’exportations), la Chine (872M€), la France (848M€) et l’Allemagne (823 M€).

L’Irlande cherche à diversifier ses exportations et notamment conquérir le marché asiatique de la viande bovine (notamment au Japon), misant sur des arguments de qualité.

Principaux produits à l’export : En 2020, les exportations ont été dominées par les produits laitiers qui représentent près de 36% du total des exportations agroalimentaires pour une valeur de 5,1 Md€, suivis par la viande bovine (16% pour 2,3 Md€), les boissons (10% pour 1,4 Md€), la viande de porc (6% pour 886 M€), les produits de la mer (4% pour 520 M€) et les céréales et préparations à base de céréales  (4% pour 340 M€). Les exportations d’animaux vivants ont représenté 340 M€ en 2020.

Le secteur des aliments préparés a représenté 2,5 Md€ d’exportation en 2020, et 3,7 milliards d’importations, soit un déficit commercial de 1,2 Md€. Les principaux aliments exportés sont les aliments préparés à base de viande (31% des exportations). Les plats préparés sont principalement à destination du Royaume-Uni, avec un total de 1,6 Md€ en 2020 soit 66% des exportations de ce type de produit en 2020. La France est le 3ème client de l’Irlande pour les aliments préparés, représentant 5% des exportations.

La France est le 5ème client de l’Irlande en produits agricoles. Elle est également son 4ème fournisseur, derrière le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Allemagne, et devant les Etats-Unis, la Belgique et l’Espagne. La balance des échanges est déficitaire pour la France (- 300 M€ en 2020).

Echanges commerciaux avec la France : Les exportations agroalimentaires françaises vers l’Irlande se sont élevées à 548 M€ en 2020. Les produits laitiers ont représenté 146 M€ d’exportation, 98 M€ pour les boissons, les animaux vivants et la génétique 67 M€, les céréales et produits à base de céréales 48 M€, 37 M€ pour le sucre, la filière oléagineux 27 M€ et les produits de la pêche 15 M€.

Les importations agroalimentaires françaises originaires d’Irlande se sont élevées à 848  M€  en 2020. Les importations de viande et produits à base de viande ont représenté 377 M€, les importations du secteur de la pêche et de l’aquaculture 86 M€ et les importations des produits issus des autres produits agricoles 9,7 M€. Bord Bia  a placé la France parmi les marchés prioritaires dans la perspective d’une diversification de ses exportations dans le contexte du Brexit.

[1] Est considéré comme viable une exploitation pour laquelle le revenu rémunère la famille au salaire minimal agricole et fournit un retour sur investissement de 5%.

[2] Agence responsable de la recherche, le développement et la formation pour l’agriculture et l’agroalimentaire.

 IMPACT DU BREXIT SUR LE SECTEUR AGRICOLE IRLANDAIS

Le 1er janvier 2021, la sortie du Royaume-Uni de marché unique européen est devenue effective, les échanges étant désormais régis par l’accord de commerce et de coopération entre l'UE et le Royaume-Uni. En vertu de cet accord, aucun droit de douane n'est applicable aux échanges entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Cependant, les formalités douanières ainsi que sanitaires et phytosanitaires sont rétablies pour le transport de marchandises (avec une mise en œuvre progressive dans le sens des importations britanniques depuis l’UE). En vertu du protocole sur l'Irlande et l'Irlande du Nord de l’accord de retrait, l'Irlande du Nord, qui fait juridiquement partie du territoire douanier du Royaume-Uni, reste néanmoins alignée sur un ensemble limité de règles relatives au marché unique. Les vérifications et contrôles nécessaires sont effectués sur les marchandises entrant en Irlande du Nord en provenance du reste du Royaume-Uni.

Les enjeux du Brexit pour l’agriculture irlandaise reposent à la fois sur le lien avec l’Irlande du Nord, sur l’évolution des échanges commerciaux avec la Grande Bretagne ainsi que sur la problématique du landbridge affectant ses exportations vers l’UE.

L’Irlande du Nord et la République d’Irlande sont fortement liés d’un point de vue commercial : 36,1% des exportations totales de l’Irlande du Nord (3,2Mds£) et 28,2% de ses importations totales (2,2Mds£) étaient, en 2018, dirigées ou en provenance de la République d’Irlande. La libre circulation des biens et des échanges est par ailleurs essentielle à la production agricole des deux pays, en particulier pour les filières laitière et porcine : une partie de la transformation laitière d’Irlande du Nord a lieu en République d’Irlande, et l’abattage de nombreux porcs en provenance de République d’Irlande s’effectue en Irlande du Nord. En termes de densité des flux transfrontaliers, 40 000 personnes traversent quotidiennement la frontière par an, 825 000 véhicules chaque semaine et plus de 350 000 ovins, 55 000 bovins, et 813 millions de litres de lait par an. De plus, certaines exploitations s’étendent des deux côtés de la frontière.

Pour ce qui concerne les échanges avec le Royaume-Uni, s’il est encore difficile d’évaluer l’impact du Brexit compte tenu de l’impact concomitant de la crise sanitaire lié au COVID ainsi que du temps nécessaire d’adaptation des opérateurs, les données de la Food and Drink Federation montrent que les importations en provenance du Royaume-Uni ont chuté de 22% au premier semestre 2021 comparé au premier semestre 2020, et de 27% par rapport à celui de 2019. Les exportations vers le Royaume-Uni ont chutées de 20% par rapport au premier semestre 2020 et de 24% par rapport à celui de 2019. Ce sont surtout les produits d’origine animale qui ont été touchés, avec une très nette diminution des exportations de porc, fromage et bœuf.

Les conséquences des nouveaux accords bilatéraux entre le Royaume-Uni et les pays hors UE, notamment la Nouvelle-Zélande et l’Australie, qui pourraient venir concurrencer les exportations irlandaises, inquiètent par ailleurs le secteur agricole irlandais.

Le transit routier des exportations irlandaises à destination de l’UE via la Grande-Bretagne (landbridge) est également un enjeu majeur du Brexit pour l’Irlande : avant le Brexit, 80 % du fret routier à destination du continent transitait par la Grande-Bretagne. Compte tenu des nouvelles modalités de commerce qui peuvent compliquer le recours au landbridge, plusieurs liaisons maritimes directes se sont développées en 2021. Ainsi, fin 2021, 1/3 du fret de l’Irlande s’effectue en liaison directe vers des ports de l'Union européenne, contre 16 % en 2019.  Pour ce qui concerne plus particulièrement la France, on observe une augmentation du fret via les ports de Cherbourg, Dunkerque ou encore le Havre. On observe également une augmentation du fret avec l’Espagne, notamment la liaison Rosslare-Bilbao.

 Accords internationaux

 

L’Irlande est entrée dans l’Union européenne en 1973.

Dans le cadre des négociations d’accords commerciaux, l’Irlande défend globalement au niveau européen l’adoption de positions favorables au développement des échanges internationaux tout en faisant valoir ses sensibilités agricoles. Récemment, les négociations avec le Mercosur ont soulevé une forte opposition de l’Irlande, notamment en ce qui concerne le bœuf. L’Irlande est membre de la FAO depuis 1946. Au sein de la FAO, elle est membre du Groupe des amis l’agroécologie qui rassemble les ambassadeurs, représentants permanents auprès de la FAO des pays se déclarant intéressés par les démarches écologiques. Un accord-cadre conclu entre l’Irlande et la FAO en février 2021 place les systèmes alimentaires durables au centre de leur programme de collaboration, qui a également pour objectif d’améliorer l'égalité femmes-hommes, d'atténuer les effets du changement climatique, d'accroître la résilience et de renforcer la gouvernance en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Au sein de la FAO, l’Irlande a également comme priorité la gouvernance de l’institution, avec notamment la poursuite de la collaboration entre agences des Nations Unies basées à Rome (FAO-PAM-FIDA), la diffusion des bonnes pratiques et le transfert des connaissances au sein de l’institution. L’Irlande apporte un soutien aux efforts humanitaires et est en faveur de la résilience.

L’Irlande a signé un accord en décembre 2021 avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies dans lequel elle s’est engagée à fournir 75 millions d’euros pour la période 2022-2024, dont une allocation de 5 millions d'euros par an au fonds fiduciaire du PAM pour le changement climatique lié à la faim et une allocation annuelle de 8 millions d'euros à l'intervention d'urgence du PAM en Syrie.

L’Irlande est également membre de l’OMC depuis 1995 et de fait, membre des organisations normatives reconnues par l’accord SPS (accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires) de l’OMC : le Codex alimentarius, la Convention internationale pour la protection des végétaux et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Elle a également adhéré à l’engagement international sur les ressources phyto-génétiques de la FAO et à l’Initiative « 4 pour 1000 : les sols pour la sécurité alimentaire et le climat » lors de la COP21 en décembre 2015. Lors de la COP26, elle s’est engagée à réduire ses émissions de méthane de 30%. 

 

Relations bilatérales

 

L’Irlande et la France partagent une vision commune de l’agriculture. Dans ce cadre, la relation bilatérale est riche. C’est encore plus vrai alors que le Brexit a conduit la France à devenir le plus proche voisin européen de l’Irlande.

Récemment, l’adoption d’un plan d’action conjoint 2021-2025 entre l’Irlande et la France a été l’occasion de réaffirmer cette approche commune et les priorités en termes de coopération et de dialogue bilatéral. Le document met notamment en avant les enjeux liés au climat et à l’environnement, la nécessité de mettre en place des stratégies cohérentes notamment au niveau européen sur l’agriculture, la santé l’environnement et  le commerce, et l’importance de l’élevage pour les communautés rurales. Le documents prévoit de continuer voire renforcer les échanges bilatéraux sur différentes thématiques comme la mise en œuvre de la nouvelle PAC, le transport de chevaux, la recherche au service d’une agriculture durable et compétitive ou encore l’enseignement agricole en vue notamment de favoriser les mobilités.

 

Pour toute information complémentaire sur la protection des données personnelles, nous vous invitons à consulter le site : Irlande | Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

 

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