INDONÉSIE
Situation économique et financière
2023 et 1er semestre 2024
16ème économie mondiale et 1ère économie de l’ASEAN, l’Indonésie affiche une croissance de long terme de + 5,3 % depuis la crise asiatique de 1997. Avec une croissance démographique moyenne de 1,13 %, le PIB par habitant (4 920 USD en 2024) a été multiplié par six, de 2000 à 2022. La Banque mondiale a ainsi reclassé l’Indonésie dans la catégorie des PRITS (pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure) en 2022.
L’Indonésie a retrouvé dès 2022 son rythme de croissance pré-pandémie
L’Indonésie a retrouvé dès 2022 sa trajectoire de croissance de long-terme, à 5,3 %. La croissance a ralenti en 2023, à 5,05 %, et devrait se maintenir aux alentours de 5,0 %, selon le FMI, le gouvernement tablant lui sur une croissance à 5,2 %. Au S1 2024, le PIB a augmenté de 5,08 % en glissement annuel.
La consommation des ménages continue de dominer l'économie indonésienne, avec une part de 54,5 % de la croissance au T2 2024, tandis que la contribution de l’investissement est faible, ayant reculé entre 2021 et 2023 (1,3 pp en moyenne) par rapport à la période 2015-2019 (1,8 pp), en raison d’une très faible progression des flux d’IDE.
Commerce extérieur et investissements
En 2023, l’excédent commercial de l’Indonésie s’est élevé à 36,9 Md USD, avec des importations s’établissant à 221,9 Md USD et 258 Mds USD d’exportations. La contribution nette du commerce extérieur à la croissance est limitée, en raison du faible taux d’ouverture de l’économie indonésienne (35 % en 2023) et qui tend à reculer depuis vingt ans, et de la composition des exportations indonésiennes, dépendantes des fluctuations des cours mondiaux des matières premières (les combustibles minéraux, parmi lesquels le charbon, le pétrole et le gaz, représentent 16,9 % des exportations, l’huile de palme 8,8 %).
Au premier semestre 2024, les exportations ont progressé de 1,2 % sur un an, tandis que les importations augmentent de 7,6 % en glissement annuel.
Faible déficit de la balance des paiements
Le compte courant[1] pour l'ensemble de l'année 2023 a enregistré un déficit de 1,6 Md USD, après 13,2 Md USD en 2022. L’excédent commercial de 36,9 Md USD (commerce de biens) de l’Indonésie n'a pas suffi à compenser les sorties de devises dues aux déficits dans les services (17,9 Md USD) et aux versements de dividendes (primary income). Bien que le déficit des services ait diminué par rapport à l'année précédente, il reste élevé par rapport aux niveaux pré‑pandémie.
En 2023, les flux nets d’IDE sont de 21,6 Md USD, en baisse de 15 % sur un an, d’après la CNUCED. Les investissements de portefeuille (placements financiers effectués par des investisseurs dans les marchés étrangers) ont augmenté, permettant ainsi d’enregistrer un excédent pour le compte financier (il enregistre les flux financiers entre le pays et le reste du monde).
Sur l’ensemble de l’année 2023, les réserves de change de l’Indonésie ont progressé de 9,2 Md USD, atteignant 146,4 Md USD. Ces réserves représentent 6,7 mois d'importation et sont supérieures à la norme internationale d'adéquation d'environ 3 mois d'importations.
Enfin, la dette extérieure de l'Indonésie a diminué au T1 2024, à 403,9 Mds USD (29,8 % du PIB), contre 408,5 Mds USD au T4 2023. Elle était de 397 Mds USD en 2022 (30,1 % du PIB) et de 437 Mds USD en 2021 (37 % du PIB). Cette dette est majoritairement à long terme (86,8%).
[1] Le compte courant d'un pays est une composante de la balance des paiements. Il mesure les transactions économiques avec le reste du monde, incluant les exportations et importations de biens et services, les revenus (comme les salaires et les intérêts) reçus ou payés à l'étranger, ainsi que les transferts courants (comme les aides internationales).
Les finances publiques indonésiennes sont saines et sous contrôle
Si la dette publique a fortement progressé pendant la pandémie -le ratio dette publique / PIB passant de 30,6 % en 2019 à 41,1 % en 2021-, elle reste néanmoins contenue et bien en-deçà des limites légales fixées par la Loi de Finance de 2003 (60 % du PIB). Les efforts de consolidation budgétaires du gouvernement ont permis au déficit public de repasser sous la limite officielle des 3 % du PIB dès 2022 et de s’établir à 1,65 % du PIB en 2023, tandis que la dette publique reflue également, à 38,1 % du PIB fin 2023. Pour rappel, le déficit public avait culminé à - 6,1 % du PIB en 2020 puis - 4,7 % en 2021 (avec un déficit primaire de -2,6 %). Le respect de cette norme légale, instituée en 2003, constitue un facteur d’influence sur la notation du pays (« investment grade » depuis 2017) et l’allocation de financements extérieurs – dont le pays reste dépendant, malgré leur recul. L’objectif d’assainissement des finances publiques guide toujours le budget de l’Etat pour 2024 et devrait encore être poursuivi en 2025 avec la prise de fonction du nouveau gouvernement en octobre.