Commerce bilatéral

2022 & 1er semestre 2023

 

Après avoir enregistré un record en 2022, à -1,6 Md EUR, le déficit commercial de la France avec l’Indonésie s’est réduit au S1 2023, à -387 M EUR (contre -789 M EUR au S1 2022). Cette bonne performance s’explique surtout par la reprise de nos exportations vers l’archipel, en particulier aéronautiques, en baisse en 2021 et 2022, tandis que nos importations ont progressé moins rapidement sur les six premiers mois de 2023 par rapport à l’année précédente. En outre, l’Indonésie avait bénéficié en 2022 de termes d’échange particulièrement favorables et l’avantage indonésien a reculé au S1 2023, avec la baisse des prix des produits de base.

 

Des exportations françaises encore tributaires des performances du secteur aéronautique

 

En 2022, les exportations françaises à destination de l’Indonésie atteignaient 862,3 M EUR, contre 893,1 M EUR en 2021.

Historiquement, et jusqu’en 2021, l’aéronautique domine les exportations françaises à destination de l’Indonésie. Ce poste a même représenté 71,2 % des ventes totales vers l’archipel en 2016, date de ventes record (1,9 Md EUR). En 2022, le secteur aéronautique a toutefois reculé de -79,8 %, avec des ventes atteignant 36,3 M EUR, devenant le 6ème poste d’exportation. Plus généralement, cette diminution des ventes d’aéronefs et d’engins spatiaux, de -95,4 % entre 2019 et 2022, a induit une chute de nos exportations vers l’Indonésie, de -44,5 % sur 2019-2022. Ainsi, hors aéronautique, les exportations françaises se sont établies à 826,1 M EUR en 2022 contre 713 M EUR en 2021.

Les autres postes de vente sont très hétérogènes : ainsi, les produits laitiers, régulièrement à la 2ème place (90,3 M EUR en 2021), avaient chuté de 5 places en 2020 (-37 % en ga, à 44,4 M EUR)[1], et se situaient désormais sur la première marche du podium avec 86,0 M EUR en 2022. Les ventes de produits pharmaceutiques avec 66,3 M EUR en 2021 figuraient en 2ème place avec 74,5 M EUR, suivis par les machines pour l’extraction ou la construction (70,6 M en 2022 contre 40,0 M EUR en 2021).

Hors produits laitiers et produits pharmaceutiques, nos ventes restent diversifiées mais faibles en valeur, sans incidence significative sur la balance commerciale et évoluant en fonction de la conjoncture.

Au cours du S1 2023, les exportations françaises à destination de l’Indonésie ont atteint 695,4 M EUR, nettement supérieures à celles du S1 2022 (420,8 M EUR). Cette hausse peut être attribuée aux ventes d’aéronefs et engins spatiaux (223,3 M EUR contre 7,2 M EUR).

 

 Les chaussures restent notre premier poste d'importation

En 2022, nos importations d’Indonésie étaient de 2,5 Md EUR, en forte progression par rapport à 2021 (1,9 Md EUR) et à leur niveau moyen sur la période 2013-2022, qui était de 1,8 Md EUR. 

Nos importations sont largement dominées par un premier poste de dépense : les chaussures, qui représentent un cinquième du total (508,5 M EUR en 2022).

Ensuite, la France importe principalement (par ordre décroissant) : du matériel électrique, pour 159,1 M EUR en 2022 soit 8,2 % de nos importations en provenance d’Indonésie, des articles d’habillement, pour 141,0 M EUR (5,8 %) et des huiles et graisses, pour 126,5 M EUR (7,0 %).

Ce poste, traditionnellement second et en progression constante ces dernières années, s’est établi à 126,5 M EUR en 2022, porté essentiellement par nos importations d’huile de palme (114,8 M EUR, soit 95,2 % de ce poste de dépense en 2021). Cette croissance s’explique plus particulièrement par l’augmentation du prix de l’huile de palme sur les marchés mondiaux, alors que les importations françaises d’huile de palme indonésiennes ont diminué en volume.

Au cours du S1 2023, les importations françaises de produits indonésiens se sont établies à 1,1 Md EUR, en léger recul par rapport à celles de la première moitié de l’année 2022 (1,2 Md EUR). Ce différentiel semestriel s’explique par la chute de nos achats sur le poste « Huiles et graisses », passées de 104,9 M EUR à 15,6 M EUR.

 

 

 Un déficit commercial structurel qui s'est progressivement accru et atteint -1,6 Md en 2022

 

Le déficit commercial de la France vis-à-vis de l’Indonésie s’est récemment accentué, atteignant 1,6 Md EUR en 2022, contre 1,0 M EUR en 2021, 700 M EUR en 2020 et 315 M EUR en 2019 sous l’effet conjugué de la récente progression de nos importations (+28,5 % par rapport à 2021) et du recul progressif de exportations (-44,8 % par rapport à 2019), avec la baisse de nos ventes aéronautiques (passées de 783 M EUR en 2019 à 36 M EUR en 2022). Ainsi, le déficit commercial hors aéronautique s’est accru de 51,1 % sur la période 2019-2022, contre 413,3 %, pour le déficit commercial total.    

Au cours du premier semestre 2023, la France a réduit son déficit commercial avec l’Indonésie, à -387 MEUR, contre -789 M EUR au cours du S1 2022.

Cette amélioration s’explique par une augmentation des exportations de 274,6 M EUR, corrélée à la reprise des ventes de produits aéronautiques, et un recul des importations de 127,5 M EUR, avec une baisse des achats d’huiles et graisses (passés du 2nd poste d’importation, au 17ème poste), non compensée (auprès de pays exportateurs d’huile de palme comme la Malaisie ou distributeurs à l’instar des Pays-Bas en Europe).

 

Commentaires :
Si nos exportations à destination de l’Indonésie semblent repartir à la hausse sur la première moitié de l’année 2023 (695, 4 M EUR, contre 420,8 M EUR au S1 2022), permettant ainsi une réduction de notre déficit commercial, notre présence économique et commerciale n’est cependant toujours pas en phase avec le poids économique du pays comme le souligne notamment le niveau modeste de nos échanges bilatéraux.
A l’avenir, nos exportations risquent de pâtir de la multiplication de barrières non-tarifaires (avec notamment des obligations en contenu local dans de nombreux secteurs et un mécanisme d’équilibre des produits de base (SINAS NK) – en vertu duquel le gouvernement ne délivrerait une licence d'importation que lorsqu’il considère l'offre intérieure insuffisante pour répondre à la demande).
L’Indonésie se tourne plus généralement assez résolument vers son marché intérieur, ainsi que le reflète notamment la baisse progressive du taux d’ouverture de l’économie indonésienne, passé de 72 % en 2000 à 45 % en 2022. Le gouvernement indonésien nourrit en effet l’ambition de valoriser davantage les ressources du pays en augmentant la valeur ajoutée produite localement -ce qui permettrait également aux exportations indonésiennes d’être moins dépendantes des fluctuations des cours mondiaux des matières premières. Pour développer des chaînes de valeur locale, l’Indonésie met en place de nouvelles barrières commerciales, parmi lesquelles des restrictions aux importations ou des interdictions d’exportation, à l’instar de l’interdiction d’exportation des minerais bruts de nickel, bauxite et prochainement de cuivre. Enfin, l’accroissement des échanges avec la Chine – qui investit massivement dans le secteur minier et métallurgique indonésien – participe également à la réduction tendancielle des parts de marché européenne et française.

 


[1] Au T1 2020, aucun produit laitier de l’UE n’a pu entrer sur le territoire indonésien en raison d’un embargo mis en place, en réponse aux mesures européennes sur le biodiésel. En effet, la Commission européenne souhaite progressivement éliminer les biocarburants, car l’huile de palme provoque une déforestation excessive et ne devrait pas être considérée comme durable. Les exportations européennes de produits laitiers ont repris en août 2020.

 

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