Situation économique et financière de la Hongrie

 

 

1/ Croissance économique

Après quatre trimestres consécutifs de croissance négative, la Hongrie est sortie de la récession au 3ème trimestre 2023 avec une hausse du PIB de 0,9% par rapport au 2ème trimestre. Mais cette reprise a été insuffisante pour la Hongrie pour échapper à la récession en 2023 car la croissance a été plate au dernier trimestre de l’exercice. En 2023, le PIB a reflué de 0,7% sur la base d’un calendrier ajusté, et de 0,9 % pour les chiffres bruts en raison d’un plus petit nombre de jours travaillés par rapport à 2022.

Au 1er trimestre 2024, la croissance économique est en hausse de 1,7% selon les données corrigées des variations saisonnières et calendaires et rapportées à la même période de l’année précédente et augmente de 0,8% par rapport au trimestre précédent. Le volume du produit intérieur brut de la Hongrie a augmenté de 1,1 % selon les données brutes.

On relèvera surtout le bon comportement des services, dont la valeur ajoutée brute a augmenté de 2,7 % au total. La plus forte hausse (+ 9,8 %) a été enregistrée dans le secteur de l’information et de la communication. La valeur ajoutée de la construction a augmenté pour sa part de 3 % et celle de l’agriculture de 0,4 % par rapport à la période correspondante de l’année précédente.

L’industrie a, en revanche enregistré une contre-performance avec un repli de 4,2 % par rapport à la même période de 2023. Cela tient notamment au comportement médiocre de l’industrie manufacturière, avec - 4,8 %. Parmi les branches manufacturières, la fabrication de matériel électrique et celle de véhicules automobiles, de remorques et de semi-remorques sont celles qui ont le plus contribué à la baisse. La production de produits alimentaires, de boissons et de produits du tabac a pesé sur le segment industriel en général.

2/ S’agissant de l’inflation, le pic a été atteint au 1er trimestre 2023, supérieur à 25 % en glissement annuel (g.a) pendant chacun des trois mois de cette période. La décrue s’est réellement amorcée au printemps 2023, pour s’accentuer au cours des mois d’été et retomber sous les 10 % en octobre et terminer à 5,5% en décembre, soit une moyenne de 17 % sur l’ensemble de 2023.

Cette tendance s’est poursuivie début 2024 puisque l’inflation est revenue à 3,6% en mars, avant de remonter en avril (3,7 %) puis en mai (4 %), dernier chiffre connu. Celui-ci se situe pile à la limite supérieure de la fourchette fixée par la Banque centrale de 3 %, + ou - 1%, et à la moyenne de l’estimation de révisée de l’inflation pour 2024, entre 3 et 5%.

Ce recul des tensions inflationnistes a permis à la Banque centrale d’amorcer depuis avril 2023 un mouvement de baisse de son taux de prise à pension au jour le jour, qui était fixé à 18 % depuis octobre 2022, puis de son taux de base en octobre. Ce dernier est redevenu le taux de référence de la MNB et se situe désormais à 7 %, date de la dernière réunion de la MNB en juin 2024. La Banque centrale a progressivement réduit le rythme de réduction de ses taux, de 1 % en février à 0,5 % en avril et mai et 0,25 % en juin, les analystes du Crédit Agricola considérant qu’il s’agir là de la dernière baisse des taux pour 2024.

Depuis le retour de l’inflation à un niveau plus raisonnable et la fin de la récession, le gros point noir de l’économie hongroise reste la dégradation de la situation budgétaire. Celle-ci tient à la fois à la mauvaise orientation de la consommation privée, qui la prive d’importantes recettes de TVA au taux élevé de 27 %, mais aussi et surtout au non versement de fonds européens pour des montants significatifs.

3/ Le déficit budgétaire hongrois a atteint 6,6 % du PIB au premier semestre 2023 alors que la loi de finances initiale anticipait une impasse de seulement 3,9 % du PIB.

Devant le dérapage avéré à la moitié de l’exercice, le ministre des Finances Varga a revu son objectif à 5,2 % du PIB en octobre 2023. Mais celui-ci n’a pu être atteint et le Ministère des finances a confirmé un déficit public de 6,7 % du PIB sur l’ensemble de l’exercice 2023 contre – 6,2 % du PIB en 2022.

Ce dérapage budgétaire important peut être attribué à la sous-performance des recettes, qui reflète des performances économiques plus faibles que prévu, et à des dépassements de dépenses, en particulier pour les intérêts, les pensions et les salaires publics. 

En 2024, les autorités hongroises espèrent ramener l’impasse budgétaire à environ 4,5% du PIB. Mais la Commission européenne considère de son côté que ce déficit devrait rester plus significatif, et atteindre 5,4 % du PIB, en dépit de la reprise attendue de l’économie et de la baisse prévue des subventions accordées aux entreprises de services publics pour couvrir les pertes liées aux prix réglementés de l’énergie.

Enfin, Le ratio dette/PIB a légèrement diminué pour atteindre 73,5 % en 2023. L’impact d’un niveau élevé d’inflation sur la réduction de la dette a été compensé par des dépenses d’intérêt élevées, un solde primaire négatif et les emprunts de la banque nationale de développement pour financer ses programmes de prêts.

Selon la Commission européenne, la dette devrait atteindre 74,3 % du PIB en 2024, sous l’effet d’une croissance nominale du PIB plus faible et d’un déficit budgétaire élevé, avant de retomber à 73,8 % en 2025. 

 

 
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