HAÏTI
Indicateurs et conjoncture
Ces dernières années, l’économie d’Haïti et la stabilité institutionnelle du pays ont été lourdement impactées une crise politique prolongée et une recrudescence de la violence ainsi que par la hausse de l’inflation mondiale suite à la pandémie de COVID-19.
Après trois années de contraction économique, les services du FMI s’attendent à un retour de la croissance pour 2022 (+0,4 %) et 2023 (+1,4 %). Cette performance serait notamment soutenue par une hausse des investissements, le rebond des envois de fonds des travailleurs expatriés, et une amélioration modeste de la stabilité sociopolitique. Haïti demeure toutefois l’un des pays les plus pauvres au monde, avec une économie faiblement diversifiée, essentiellement basée sur l’agriculture, ce qui la rend très vulnérable aux aléas climatiques auxquels le pays est fréquemment confronté. Haïti est également très dépendant de l’aide internationale, et des transferts de fonds de la diaspora. Les obstacles à la croissance sont nombreux, en particulier la faiblesse des infrastructures, le trafic de drogue, le crime organisé, la corruption ou encore les troubles sociaux. En outre, les défis imposés par la pandémie et le tremblement de terre qui a frappé le pays en août 2021 ont aggravé la situation budgétaire du pays, en raison de la hausse des dépenses sociales et de santé, estimées à 11 % du PIB par la Banque mondiale, dans un contexte de baisse des recettes fiscales. Les exportations d’Haïti, qui représentent près de 40 % du PIB, sont très volatiles. Elles ont été fortement affectées par la pandémie de covid-19 (-39,5 % en 2020), puis ont connu un fort rebond en 2021 (+16 %). Selon le FMI, elles devraient à nouveau reculer en 2022 (à -1,6 %) pour se stabiliser autour de 3,5 % en 2023 et 2024. Ces exportations sont principalement composées de vêtements, d’huiles végétales, de dattes et de cacao, surtout à destination des Etats-Unis (84 % des exportations), mais également de la République Dominicaine (3 %), du Canada (3 %) et du Mexique (2 %).
Tableau 1 : Evolution de la croissance économique en 2020, 2021 et prévisions pour 2022 et 2023
2020 |
2021 |
2022* |
2023* |
-3,3 % |
-1,8 % |
+0,3 % |
+1,4 % |
Source: FMI – World Economic Outlook, Avril 2022
Par ailleurs, l’inflation demeure problématique en Haïti et atteindrait environ 25 % en 2022. Elle atteignait un pic historique de 25,2 % en 2020, en raison de la forte dépréciation de la gourde au début de la pandémie, entraînant ainsi une hausse de l’inflation importée. Si l’indice des prix à la consommation a légèrement décéléré en 2021 (13,1 %), il devrait croître de nouveau à 24,9 % en 2022 selon le FMI. Ce résultat serait accentué par le conflit russo-ukrainien, qui entraîne une hausse des prix des denrées alimentaires (+30 % en g.a en juin 2022) et de l’énergie (+30 % g.a).
Tableau 2 : Evolution des prix à la consommation en 2020 et 2021 et prévisions pour 2022 - 2023
2020 |
2021 |
2022* |
2023* |
|
Niveau en fin d’année (g.a.) |
25,2 % |
13,1 % |
24,9 % |
12 % |
Source: FMI – World Economic Outlook, Avril 2022
Le taux de change effectif réel (TCER) s’est déprécié de 4,6 % entre 2020 et 2021. Depuis 2019, il se serait cependant apprécié de 45 % en moyenne. Cette appréciation résulte en partie l'intervention des autorités sur le marché des changes pour défendre la valeur de la gourde, les sanctions prises à l'encontre de deux banques commerciales en raison de violations de la réglementation du marché des changes, et les nouvelles réglementations sur les transferts d'argent internationaux.
La politique monétaire de la Banque centrale de la République d’Haïti (BRH) explique notamment les fortes variations de l’inflation et du taux de change. En effet, le financement du déficit budgétaire par la banque centrale a alimenté l'inflation depuis 2019. La hausse de la masse monétaire en circulation a ainsi engendré une pression sur le taux de change et entraîner un cercle vicieux de hausse des coûts des subventions aux carburants, de poursuite du financement monétaire du déficit, et de hausse de l’inflation. Pour réduire l’inflation et restaurer la stabilité macroéconomique, le financement monétaire du déficit devrait être réduit. La BRH s’est ainsi engagée à adopter un plafond de crédit pour les APU, afin de limiter le financement monétaire du déficit à 1,5 % du PIB au cours de l’exercice 2022, et à environ 2 % par la suite. En outre, la Banque centrale devrait limiter ses interventions sur le marché des changes. Depuis la forte appréciation du taux de change gourde/dollar au second semestre 2020, la BRH a géré un ajustement ordonné du taux de change, en intervenant pour calmer les pressions du marché lorsqu'il y avait d'importantes transactions sur le compte courant, tout en utilisant des mesures prudentielles, notamment les réserves obligatoires, pour limiter la vulnérabilité des banques au risque de liquidité lié au change.