CROATIE

En 2022, le  dynamisme des échanges de biens permet à la France de creuser son excédent commercial

• Un contexte régional et international favorable à l’intensification des échanges

Après deux années de perturbation du commerce régional et international par la crise sanitaire, 2022 apparait comme une année de normalisation des échanges de marchandises. La Croatie, en bénéficiant d’une intégration grandissante, a connu une progression significative de ses échanges globaux avec +46,4% d’importations et +30,3% d’exportations de biens, ce qui contribue à creuser son déficit commercial[1]. Parallèlement à la reprise du commerce international, la guerre menée par la Russie en Ukraine a accéléré le processus d’émancipation aux hydrocarbures russes. Cette nécessité a conduit la Croatie à trouver de nouveaux partenaires commerciaux et à accroitre son interconnexion, notamment avec le marché européen de l’énergie. 

• Des échanges commerciaux dynamiques entre la France et la Croatie

À l’image des autres partenaires historiques de la Croatie[2], la France a accru ses exportations vers la Croatie de +30,4% par rapport à 2021, passant de 629 M€ à 820 M€. Cette progression fait de 2022 une année record depuis l’indépendance du pays en 1991 et témoigne du dynamisme de nos relations commerciales avec ce pays.

Nos principaux postes d’exportation en 2022 sont les produits chimiques et cosmétiques (22,5% de nos exportations), suivis des matériels de transport (20,3%) : ces produits ont enregistré les augmentations les plus significatives, avec respectivement +49,1% et +49,5% entre 2021 et 2022.

Quant à nos importations de biens en provenance de Croatie, elles continuent leur progression depuis 5 ans avec +2,8% en 2020 et +4,8% en 2021. Elles ont crû de 21% entre 2021 et 2022. Nos principales importations concernent les équipements métallurgiques et mécaniques (20,6%) et les machines industrielles et agricoles (14,1%). Ces deux postes enregistrent la croissance la plus forte croissance, respectivement +45,2% et de +24,7%. 

• La France creuse son excédent commercial

Cette dynamique positive permet à la France d’accroître son excédent commercial avec la Croatie. Après une progression de +38% en 2021 (310 M€), ce dernier a cru de +40,2% en 2022 pour atteindre 441 M€. La Croatie, comme la Grèce (2,3 Mds€) et la Serbie (30 M€), fait partie des rares pays de la région d’Europe du sud-est avec lesquelles la France enregistre une balance commerciale positive.  Néanmoins, notre excédent global est inférieur en tenant compte des services pour lesquels la France enregistre un solde négatif à hauteur de 217M€, avec +37,6% de touristes français en Croatie en 2022 sur un an (530 913 arrivées pour 244 M €).

Paradoxalement, ces bons résultats ne permettent pas à la France d’améliorer sa part de marché

• La France recule en parts de marché

Si la France a davantage exporté en Croatie en 2022, sa part de marché recule à 2,1% contre 2,5% en 2021, marquant ainsi une rupture dans la progression constante de sa part depuis 2015. Alors qu’elle représentait 5,5 % des importations croates en 2000, la France est progressivement tombée à 2,3% en 2015[3] puis est remontée légèrement à 2,8% en 2020. Cependant, ce recul est essentiellement dû à l’émergence de nouveaux partenaires commerciaux tels que les Etats-Unis et l’Azerbaïdjan pour la livraison d’hydrocarbures en substitution aux importations russes[4]. Avec une forte accélération des rotations de méthaniers au terminal LNG de Krk, les importations d’hydrocarbures ont augmenté de près de 189% par rapport aux 11 premiers mois de 2021 et les Etats-Unis ont multiplié leur commerce avec la Croatie par 6, ce qui illustre bien le rôle grandissant de la Croatie comme hub régional d’hydrocarbures à destination de la Slovénie, Hongrie, Serbie et Bosnie-Herzégovine. Les importations d’hydrocarbures représentent, en 2022, environ 25% des importations totales croates.

Avec l’arrivée de ces nouveaux fournisseurs d’énergie fossile, la France recule à la 13^ème place du classement des principaux partenaires de la Croatie (elle en était le 10^ème en 2021) mais demeure son 8^ème client. À l’échelle de tous les pays d’Europe de l’Est et du Sud, la Croatie reste notre 6^ème client derrière la Roumanie (4,9 Mds€), Grèce (3,6 Mds €), Slovénie (1,4 Md€), Bulgarie (1,2 Md€) et Serbie (840 M€).

• La part de marché des IDE français est restée, en revanche, stable

Bien que la France occupe, avec 2,5% du stock d’IDE, une part modeste et qu’elle se place 9^ème parmi les investisseurs en Croatie (1064 M€ au Q3 2022 contre 965 M€ fin 2021 soit 3% du volume total), sa présence réelle est plus importante que ne l’indique le chiffre des flux bilatéraux du fait de la présence de certaines entreprises via des filiales françaises indirectes, des Pays-Bas pour Atos, de la Slovénie pour Renault, ou encore depuis la Suisse pour Stellantis, ou via des filiales de production comme pour Lactalis. Sa présence s’appuie sur une soixantaine de filiales directes comme AGS, Atos, Décathlon, Groupama, Legrand, Saint-Gobain, Schneider, Servier, Suez ou encore L’Oréal, employant environ 5 000 personnes et qui jouissent d’une bonne visibilité et d’une grande popularité.

 La France est aussi présente via des partenariats publics/privés (PPP) emblématiques dans les infrastructures, qui lui confèrent une large visibilité en Croatie, par exemple, la concession autoroutière de 140 km dans le cœur de la région touristique d’Istrie et dont l’actionnaire de référence est Bouygues, ou l’aéroport de Zagreb construit par Bouygues et géré en concession par Bouygues et ADP.  

 [1] Avec un taux de couverture des importations par les exportations passant de 64,7% à 57,6%, la balance commerciale croate s’est dégradée de 7.1 points en 2022 par rapport à 2021. Le déficit commercial est de -17,6 Md€ en 2022.