CROATIE

 En 2023, le  dynamisme des échanges de biens permet à la France de creuser son excédent commercial

• Un contexte régional et international favorable grâce à une stabilisation de la crise énergétique

Après les années de perturbation du commerce régional et international, due à la crise sanitaire et à la guerre de la Russie en Ukraine, 2023 voit, comme en 2022, nos échanges de marchandises augmenter et, à la faveur d’une baisse de la facture des hydrocarbures sur les marchés internationaux, notre part de marché s’améliorer. Par ailleurs, la guerre menée par la Russie en Ukraine a accéléré le processus d’émancipation aux hydrocarbures russes, conduisant la Croatie à trouver de nouveaux partenaires commerciaux et à accroitre son interconnexion, notamment avec le marché européen de l’énergie.

Alors que la Croatie a renforcé son intégration dans l’UE en 2023 avec son accession à la zone euro, ce qui lui a permis d’enregistrer une progression significative de la valeur de ses échanges globaux, le ralentissement de la croissance au sein de l’UE a entraîné une baisse de 5,8% des importations et 5,1% des exportations de biens en 2023 par rapport à 2022. Cependant, la baisse des prix des énergies permet à la Croatie de ne pas creuser son déficit commercial[1].

• Des échanges commerciaux dynamiques entre la France et la Croatie

À la différence de certains partenaires historiques du pays[2], dont les exportations ont reculé, la France a accru ses exportations vers la Croatie de +15% par rapport à 2022, passant de 820 M€ à 950 M€ selon les douanes françaises. Cette progression fait de 2023 une nouvelle année record depuis l’indépendance du pays en 1991 et témoigne du dynamisme de nos relations commerciales avec ce pays.

Nos principaux postes d’exportation en 2023 sont les produits chimiques et cosmétiques (23% de nos exportations), suivis des matériels de transport (22%) et des équipements mécanique, électrique, électronique et informatique (16%). Ces produits ont enregistré des augmentations significatives, avec respectivement +18%, +27% et +23% entre 2022 et 2023.

Quant à nos importations de biens en provenance de Croatie, après une période de croissance marquée par un pic de + 21% entre 2021 et 2022, celles-ci sont en baisse en 2023 de 6% par rapport à 2022. Nos principales importations concernent les produits métallurgiques et métalliques (20%) et les machines industrielles et agricoles (18%). La baisse des importations en provenance de Croatie est principalement due à la baisse de 9% des importations de produits métallurgiques et métalliques qui, en valeur, représentent notre principal poste d’importation, et ce en dépit d’une augmentation de 18% des importations de machines industrielles et agricoles par rapport à 2022.

• La France creuse son excédent commercial

Cette dynamique positive des exportations françaises par rapport aux importations permet à la France d’accroître son excédent commercial avec la Croatie. Après une progression de +40% en 2022 (448 M€), celui-ci a cru de +32,8% en 2023 pour atteindre 595 M€. La Croatie, comme la Grèce (2,8 Mds€), la Serbie (51 M€) et le Monténégro (71 M€), fait partie des rares pays de la région d’Europe du sud-est avec lesquelles la France enregistre une balance commerciale positive. Néanmoins, cet excédent est limité par le secteur des services pour lesquels la France enregistre un solde négatif à hauteur de 263M€, avec +8,7% de touristes français en Croatie en 2023 sur un an (577 000 arrivées pour 271 M€).

  La France augmente sa part de marché dans le commerce des biens

• La France retrouve sa part de marché de 2021

Avec l’augmentation de ses exportations en Croatie en 2023, la France augmente sa part de marché de 2,7% contre 2,1% en 2022, marquant ainsi un retour dans la progression constante de sa part de marché depuis 2015, malgré un faible recul en 2022. Alors qu’elle représentait 5,5 % des importations croates en 2000, la France est progressivement tombée à 2,3% en 2015[3] puis est remontée légèrement à 2,8% en 2020. La crise de l’énergie avait faussé les statistiques, propulsant les pays fournisseurs d’hydrocarbures tels que les Etats-Unis ou l’Azerbaïdjan parmi les premiers partenaires en valeur, du fait de l’augmentation des cours. La baisse des prix de l’énergie et une meilleure diversification des fournisseurs a permis, mécaniquement, une amélioration de la part de marché française en 2023.

Ainsi, la France remonte à la 11^ème place du classement des principaux partenaires de la Croatie, contre 13^ème en 2022) et demeure son 8^ème client. À l’échelle de tous les pays d’Europe de l’Est et du Sud, la Croatie reste notre 5^ème client derrière la Roumanie (5,2 Mds€), Grèce (4,1 Mds €), Slovénie (1,4 Md€) et Bulgarie (1,3 Md€) et devant Serbie (848 M€).

• La part des IDE français reste, en revanche, stable

Bien que la France occupe, avec 2,5% du stock d’IDE, une part modeste et qu’elle se place 10^ème parmi les investisseurs en Croatie (1027 M€ au Q3 2023 contre 965 M€ fin 2021 soit 2,3% du volume total), sa présence réelle est plus importante que ne l’indique le chiffre des flux bilatéraux du fait de la présence de certaines entreprises via des filiales françaises indirectes, des Pays-Bas pour Atos, de la Hongrie pour Groupama, ou encore depuis la Suisse pour Stellantis, ou la Belgique pour Lactalis. Sa présence s’appuie sur une cinquantaine de filiales directes comme AGS, Décathlon, Legrand, Saint-Gobain, Saint-Jean Industries, Schneider, Servier, Suez ou encore L’Oréal, employant environ 5 000 personnes et qui jouissent d’une bonne visibilité et d’une grande popularité.

La France est aussi présente via des partenariats publics/privés (PPP) emblématiques dans les infrastructures, qui lui confèrent une large visibilité en Croatie, par exemple, la concession autoroutière de 140 km dans le cœur de la région touristique d’Istrie et dont l’actionnaire de référence est Bouygues, ou l’aéroport de Zagreb construit par Bouygues et géré en concession par Bouygues et ADP.