Situation économique et financière

Structure de l’économie réelle et croissance économique
Le Guyana est une république parlementaire, divisée en dix régions, frontalière avec le Brésil, le Venezuela et le Suriname. Le Président Irfaan Ali a été élu au suffrage universel direct en aout 2020 pour cinq ans. C’est le seul Etat indépendant d’Amérique du Sud officiellement anglophone et membre du Commonwealth. Avec 792 000 habitants, c’est le 11ème (sur 12) pays d’Amérique du Sud, devant le Suriname.
 
Avec un PIB de 14,5 Mds USD en 2022, le Guyana a enregistré la meilleure croissance mondiale en 2022 (+62,3 %) après avoir connu la meilleure croissance en 2020 (+43,5 %) et la 3ème en 2021 (+20,1 %). Alors que la croissance annuelle mondiale entre 2021 et 2027 est estimée à 3,8 %, le Guyana enregistrerait une croissance de 26,4 % sur la même période. 11ème pays sur les 12 d’Amérique du Sud en termes de PIB, il est toutefois 2ème en termes de PIB/tête (déjà 18 342 USD/tête en 2022). Il est prévu que le pays dépasse l’Uruguay dès 2023 et creuse l’écart par la suite. Sa convergence vs. les USA en PIB/hbt passerait de 11 % en 2020 à 42 % en 2028.
 
Les récentes découvertes de pétrole propulsent le pays au rang des 2èmes plus grandes réserves par habitant au monde (derrière le Koweït et devant le Qatar). Ces découvertes par ExxonMobil sur le seul bloc Stabroek ont déjà validé des réserves prouvées de plus de 11 Mds de barils. Les secteurs agricole (riz, blé, maïs, soja, etc.), minier (manganèse, or, diamants, lithium), forestier (91 % du pays est arboré avec une part majoritaire de forêt primaire), et touristique constituent les autres forces du pays.
 
Malgré un PIB par tête grandissant, le Guyana reste un pays relativement inégalitaire et présentant un manque de développement important. Le coefficient de Gini atteint 51,2. Il est classé 114ème en termes d’inégalité de genre. Avec un Indice de Développement Humain de 0,714 en 2021, le Guyana se place 108ème sur 191 et est en dessous tant de la moyenne de l’Amérique latine et des Caraïbes (0,754) ainsi que la mondiale (0,732).
Equilibres externes
Les exportations guyaniennes atteignent 11,3 Mds USD en 2022 (×2,6 vs. 2021). Le pétrole brut représente 87 % des exportations en 2022. L’or est le deuxième produit exporté (8 %), suivi du riz et de la bauxite (2 % et 1 % respectivement). Les importations atteignent 3,6 Mds USD en 2022. Les FSPO représentent une large part des importations du Guyana, ainsi que le carburant (35%). Le pays voit ainsi son excédent commercial fortement augmenter en 2022 (traduisant la hausse significative des exportations de pétrole brut en valeur et volume, à 7,7 Mds USD sur l’année. 
 
Les Etats-Unis et Singapour sont les principaux partenaires commerciaux du pays. Singapour doit toutefois sa prédominance dans le commerce guyanien à son positionnement de transit portuaire dans les chaînes d’approvisionnement asiatiques et mondiales. Les Etats-Unis sont les premiers destinataires des exportations totales du pays. Le pétrole représente la grande majorité des importations états uniennes. Suivent Singapour et le Royaume Uni. Pour les importations du pays, Trinidad-et-Tobago est le 1er fournisseur en 2022 (29 %), suivi des Etats Unis (21 %) et de la Chine (9 %). En 2021, la France était, en valeur, le 22ème client et le 25ème fournisseur du pays.
 
Le Guyana est le 1e récepteur d’IDE dans le Caraïbes, avec 4,4 Mds USD d’entrées d’IDE en 2022. Les entrées d’IDE sont principalement portées par les secteurs du pétrole et du gaz (4,3 Mds USD, 29 % du PIB). Cette entrée massive d’actifs étrangers est contrebalancée par la sortie des revenus pétroliers, transférés sur le compte du Natural Resource Fund (1,9 Mds USD fin juillet 2023, hébergé aux Etats-Unis) et le recouvrement des coûts pétroliers/rapatriement des bénéfices aux sièges des entreprises pétrolières ayant investi au Guyana. Les IDE non-pétrolier atteignent 100 M USD (×2 vs. 2021)
 
Pour 2023, le FMI estime que les réserves internationales nettes atteindront 1,1 Mds USD, soit 1 mois de couverture des importations de biens et services, 6,4 % du PIB ou de l’ordre de 50 % de la métrique ARA. Celles-ci n’intègrent pas les fonds du Natural Reserve Fund. Le FMI prévoit que les réserves internationales du Guyana grimpent rapidement au cours des prochaines années et estiment qu’elles atteindront 3 Mds USD en 2028. Néanmoins, le niveau des réserves internationales reste en deçà des seuils d’adéquation du FMI en raison des fortes importations d'équipements nécessaires au développement de la production pétrolière (le FMI prévoit une croissance de la production guyanaise de pétrole brut - en M de barils - de près de 524% en 5 ans). Sans ces importations, le ratio des réserves sur les importations atteignait déjà 2,9 mois en 2021 (vs. 1,9 mois en les intégrant). La faiblesse de ce ratio entraîne la classification du pays en risque de surendettement du pays « modéré » par le FMI (cette classification empêche l’octroi de prêts par l’AFD au pays, compte tenu de la doctrine dite Lagarde visant à éviter le surendettement et par conséquent le risque sur les finances publiques françaises. Cette situation spéciale met en exergue les limites du classement FMI puisque le risque de retournement de marché et réduction des recettes du secteur pétrolier est, en l’espèce, très limité, notamment au vu de la forte croissance de production attendue).  
 Politique budgétaire / équilibres financiers internes
L’encours de la dette publique est passé de 60,7 % du PIB non-pétrolier en 2020, à 62,1 % du PIB non-pétrolier en 2023. Toutefois, la forte croissance du PIB induit une réduction régulière du ratio dette sur PIB total (51,0 % en 2020, 27,8 % en 2022 et 18,6 % en 2028), selon le FMI. La dette publique est externe à 37 % en 2023.
 
L’inflation pour la fin de l’année 2023 est estimée à 3,8 % par le FMI. La baisse de l’inflation a été plus rapide que prévu initialement sur l’année 2023, et qu’ailleurs en Amérique du Sud. La Bank of Guyana affiche pour objectif principal de sa politique monétaire la stabilité des prix.
 
Le cours du Dollar Guyanien (GYD) est de jure flottant mais est de facto quasiment fixe. Il oscille ainsi entre 207,5 GYD et 210,2 GYD pour 1 USD depuis début 2022. Ce régime de change est jugé adapté par le FMI dans le cadre de la gestion des importantes entrées de devises liées au pétrole. 
Perspectives et principaux risques  
La récente découverte de ressources pétrolières offre des perspectives très positives pour l’économie du pays. Toutefois, celle-ci créée un risque significatif de maladie hollandaise. Dans ce pays à la population encore pauvre, peu éduquée et aux inégalités marquées, l’économie de rente (pétrolière) se développe. Le pays aura une tendance grandissante à dépendre de l’exploitation de ses ressources naturelles. 
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