GUINÉE-BISSAU
Situation économique et financière
Éléments structurels de l'économie bissau-guinéenne
L’économie bissau-guinéenne est extrêmement vulnérable aux variations des cours et de la production de la noix de cajou (autour de 150-200 000 t/an), qui représente selon les statistiques douanières environ 90% des exportations du pays, principalement à destination de l’Inde. Le secteur primaire représente près de 32,1 % du PIB en 2023 selon les données de la Banque mondiale, dont plus de 10% attribuables directement à la stricte filière anacarde. L’économie bissau-guinéenne est caractérisée par l’importance des activités informelles, dont font partie les trafics illicites. Par ailleurs, le pays présente un potentiel halieutique largement inexploité qui génère des recettes relativement faibles. En mai 2024, des accords ont toutefois été signé pour aider au développement de ce secteur. La Guinée-Bissau présente également un potentiel minier dans la bauxite et le phosphate, et également un potentiel pétrolier, avec des réserves estimées à 1,1 Md de barils. Toutefois, aucun projet d’exploitation n’est réellement actif à ce stade. Le secteur secondaire ne représente ainsi que 19,7 % du PIB tandis que le secteur tertiaire constituerait 48,2 % du PIB, dominé par le commerce ainsi que l’hôtellerie et la restauration.
Avec 2 millions d’habitants et un PIB estimé à 2,2 Mds USD en 2024, la Guinée-Bissau présente des indicateurs socio-économiques parmi les plus faibles au monde : 174ème sur 193 selon le classement 2023 de l’Indice de développement humain (IDH) du PNUD. Le PIB par habitant est de 1104 USD, la croissance démographique de 2,2% et le taux de fertilité de 3,8 enfants par femme. En outre, plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (50,6 % en 2021 selon les données de l’Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages - EHCVM) et le taux de mortalité infantile est estimé à 49 ‰. En revanche, l’espérance de vie moyenne à la naissance en 2023 est de 63,6 ans (BM), soit 1 an de plus qu’en Afrique subsaharienne.
Conjoncture économique
Après s'être établi à 5,2 % en 2023, la croissance économique a ralenti à 4,7 % en 2024 selon les données du FMI, portée par les investissements publics et privés dans le secteur de l'énergie et de la construction qui ont permis de compenser en partie la baisse de la production de noix de cajou, affectée par le changement climatique. En 2025, la croissance est projetée à 5,1 %, et il devrait se maintenir à ce niveau à moyen terme, soutenu notamment par la hausse des exportations de noix de cajou, le dynamisme des investissements privés et un engagement plus important de la part des donateurs. Néanmoins, ces prévisions sont soumises à des risques baissiers, parmi lesquels : (i) une baisse de la production et des prix internationaux de la noix de cajou ; (ii) la persistance de l’instabilité politique et la fragilité de l'Etat ; (iii) un durcissement prolongé des conditions financières sur le marché financier régional. Le taux d’inflation a ralenti à 3,7 % en 2024, après 7,2% en 2023. Elle est portée par la hausse des prix des carburants et du riz, en lien avec la fin des subventions sur ces produits.
Le déficit de la balance courante s’établit à 8,7 % du PIB en 2024, quasi stable par rapport à 2023 (8,6% du PIB). Il devrait baisser en 2025 pour se situer 5,5 % du PIB en 2025, sous l’effet de la consolidation budgétaire et d’une amélioration des termes de l’échange. Les réserves de change de l'UEMOA sont passées de 3,3 mois d'importations prospectives en 2023 à 4,6 mois en 2024. Cette évolution est portée principalement par l'amélioration des cours internationaux du cacao et de l’or, ainsi que la hausse des exportations d'hydrocarbures du Sénégal et du Niger, ainsi que les flux importants provenant des décaissements du FMI.
Finances publiques et dette
Le pays affiche structurellement un taux de pression fiscale parmi les plus faibles de la zone UEMOA, moins de 10 % du PIB contre un objectif communautaire de 20 % du PIB. Les faibles recettes domestiques (autour de 11 % du PIB) ne permettent pas de couvrir les dépenses courantes ; si bien que le pays est fortement dépendant de l’APD pour le financement de ses dépenses d’investissement (les appuis extérieurs destinés aux projets – dons et prêts - représentaient 4,6 % du PIB en 2024). Le déficit budgétaire demeure élevé, même s’il a baissé à 7,3 % du PIB en 2024 (contre 8,2 % du PIB en 2023). La diminution du déficit s’explique principalement par une baisse des dépenses, malgré une augmentation de la charge de la dette, couplée à une hausse des dons.
Grâce à l’initiative PPTE et notamment un accord bilatéral d’annulation de dette de 6,8 M USD avec la France (signé en 2011), le taux d’endettement de la Guinée-Bissau est passé de 159% du PIB en 2009 à 45,8% en 2011. Le ratio global s’est par la suite inscrit sur une dynamique haussière qui l’a porté de 55,6% en moyenne sur la période 2011-2019 à 79,4% en 2023. La Guinée Bissau présente un risque élevé de surendettement (global et extérieur), selon la dernière analyse de viabilité de la dette du FMI de novembre 2024. L’encours de la dette publique est projeté à 82,3 % du PIB en 2024. La dette intérieure représente 55,5 % de la dette totale (contre 44,5 % pour la dette extérieur) en 2023 et est principalement constituée de titres publics émis sur le marché régional de l’UEMOA (60 % de la dette intérieure). S’agissant de la dette extérieure, celle-ci est majoritairement multilatérale, les premiers créanciers étant la Banque mondiale (30,2% de la dette extérieure) et la BOAD (28, 6 % de la dette extérieure).