GUINÉE
SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE
Croissance économique et développement
La Guinée présente de très nombreux atouts naturels : une façade maritime, un important potentiel hydrologique et agricole, des frontières partagées avec 6 pays et un sous-sol très riche en minerais (bauxite : 1ère réserve mondiale avec 25% du stock et 2ème producteur mondial), 4 Mds T de réserves de fer, 700 T d’or et 30 à 40 M T de carats de réserves prouvées de diamants. Toutefois, son économie demeure relativement peu diversifiée et structurellement vulnérable aux chocs exogènes, notamment sur les matières premières : (i) la contribution du secteur primaire au PIB est relativement modeste (29% du PIB en 2021), mais celle-ci devrait augmenter grâce notamment à la valorisation en 2022 de près de 14 M d’hectares de terres arables possédées par l’Etat ; (ii) le secteur secondaire (31% du PIB) est dominé par les activités minières qui, avec la bauxite, l’or et le diamant, représentent 18% du PIB du pays ; enfin, (iii) le secteur tertiaire (40% du PIB) est quant à lui porté par le commerce, le transport, les télécommunications, l’immobilier et les services aux entreprises. Le renforcement de l’activité agricole s’est ainsi imposé comme l’une des priorités du gouvernement afin de réduire la dépendance du pays à l’exploitation minière.
Malgré l’incertitude politique et l’augmentation des prix des denrées alimentaire et de l’énergie, l’économie guinéenne s’est montrée résiliente, avec une croissance à 4,0% en 2022. La croissance économique a poursuivi son augmentation, atteignant 5,7% en 2023, portée par le secteur minier, qui a bénéficié d’une hausse des demandes indienne et chinoise en bauxite et en aluminium, et dont la croissance s’est établie à 9,4%. La croissance du secteur non-minier, tirée vers le haut par l’agriculture, a également cru en 2023, s’établissant à 4,8%. Toutefois, malgré les financements d’urgence accordés à la Guinée suite à l’explosion du dépôt de carburant de Conakry, la croissance économique devrait ralentir en 2024 et s’établir à 4,1%. Celle-ci demeurerait déterminée par le secteur minier qui devrait enregistrer une croissance à 7,6% en 2024, grâce notamment à la concrétisation du giga-projet minier de Simandou. A moyen terme, l’activité économique devrait poursuivre son accélération (5 à 6% par an entre 2025 et 2028), toujours grâce au secteur minier en pleine expansion (+10% par an en moyenne).
En dépit de ses atouts, les indicateurs socio-économiques de la Guinée demeurent faibles. Avec une population de 13,9 M d’habitants et un PIB de 23,0 Mds USD en 2023 selon le FMI, la Guinée se situe au bas du classement IDH, occupant le 181ème rang sur 193 pays en 2022. Selon les autorités, un peu moins de la moitié des Guinéens (43%) vivent en dessous du seuil national de pauvreté qui est estimé à 16 423 GNF/personne/jour (1,6 EUR) en 2020. Par ailleurs, l’économie reste encore en grande partie informelle, avec une part estimée à 57,5% du PIB en 2021 et 96% des emplois en 2019. En outre, l’espérance de vie à la naissance se situe à 59,5 ans en 2023. La Guinée souffre également de récurrent délestage (en lien avec des pénuries d’eau qui limitent la capacité de production hydroélectrique du barrage de Souapiti) et de difficultés d’approvisionnement en hydrocarbures depuis l’exposition du dépôt pétrolier de Conakry en décembre 2023.
Finances publiques
Le déficit budgétaire s’est établi à 1,6% du PIB en 2023, après s’être résorbé à 0,8% en 2022. En 2024, le déficit budgétaire devrait continuer de se creuser du fait de la baisse des recettes publiques et de dépenses supplémentaires, en particulier liées à l’explosion du dépôt de carburant dans le cadre du plan de réponse des autorités (plan de 1 500 Mds GNF en 2024, 5 000 Mds GNF au global en pluriannuel). Ainsi, le déficit budgétaire devrait ainsi s’élever à 3,0% du PIB en 2024, contre 2,4% prévu avant l’explosion.
Dette publique
Selon la dernière analyse de viabilité de la dette du FMI, le pays demeure en risque de surendettement modéré avec une certaine marge de manœuvre pour absorber les chocs. En effet, en 2023, l'encours de la dette publique totale a enregistré une légère augmentation de 0,2 points de PIB par rapport à 2022 pour s'établir à 40,3% du PIB, et devrait retomber à 39,3% du PIB en 2024. Cette tendance reflète une augmentation de la dette intérieure à 20,6% du PIB en 2023, contre 18,6% en 2022. La dette extérieure a quant à elle diminué de 1,7 point de PIB pour s’établir à 19,7% en 2023. Cette situation se justifie par une pause temporaire du soutien des bailleurs depuis le coup d’Etat de 2021, mais également par l’appréciation du franc guinéen, conjuguée à une croissance dynamique du PIB.