Indicateurs et conjoncture

La Gambie est le plus petit pays d’Afrique continentale, son PIB est estimé à environ 2 Mds USD en 2021. Constituée pour environ 45% de moins de 15 ans, la population gambienne est de 2,4 M d’habitants en 2020. La pression démographique (+2,9%) sur un territoire exigu se traduit par la plus forte densité en Afrique de l’Ouest : 225 habitants par km2 (contre 87,5 au Sénégal). Classée parmi les pays les moins avancés, la Gambie pâtit d’indicateurs socio-économiques médiocres : elle se classait 172ème sur 189 en matière d’IDH en 2020 ; le PIB par habitant s’élevait à 812 USD en 2021, plus de deux fois inférieur à la moyenne régionale ; le taux d’alphabétisation atteignait seulement 50,8% en 2015.

Evolution de la croissance économique

L’agriculture, la sylviculture et la pêche représentent 23% du PIB en 2020, l’industrie 20% et les services 57%. Le tourisme, en majorité d’Europe du Nord, représente à lui seul entre 15 et 20% du PIB et constitue le premier poste d’emplois formels en Gambie. Le secteur financier sous le régime Jammeh s’est caractérisé par un recours substantiel et croissant de l’État aux emprunts domestiques, rendant très élevé le coût du crédit bancaire (entre 25 et 30% de taux d’intérêt au début de la transition, environ 21% fin 2019) et créant un effet d’éviction au détriment du secteur privé, une situation qui mettra du temps à se normaliser.

La croissance a été soutenue à partir de 2017 et de l’élection de Adama Barrow, comprise entre 4,8% et 6,5% sur la période 2017-2019. La crise sanitaire, à partir de mars 2020, a mis un coup d’arrêt à la dynamique de croissance du pays, qui fut quasi-nulle en 2020 (+0,6%). En effet, la pandémie a entrainé une chute du tourisme, principale activité économique du pays. Les arrivées de touristes ont diminué de 63% en 2020 et le secteur des services en général s’est contracté de 3,4%, après une croissance de 7,8% en 2019. La croissance est remontée à 4,3% en 2021 selon le FMI. Pour 2022, le FMI prévoit une croissance de 5,6%, qui se stabiliserait autour de 6% à moyen terme.

Après s'être établi à 5,9% en 2020 (contre 7,1% en 2019) en raison de la faiblesse de la demande intérieure, le taux d'inflation connaît une trajectoire ascendante : établi en moyenne annuelle à 7,4% en 2021, il devrait atteindre 8,1% en 2022 selon le Fonds. Cette hausse du niveau des prix est provoquée par des facteurs aussi bien domestiques et régionaux (récoltes vivrières en-deçà des espérances, dégradation du contexte sécuritaire régional) qu'extérieurs (renchérissement du prix des denrées alimentaires importées, hausse du coût du fret, conflit en Ukraine).

 

Gestion des finances publiques

La balance des paiements s’était étonnamment renforcée en 2020 grâce à des entrées de devises privées d’un niveau record et au soutien des bailleurs. Le déficit courant était passé de 6,1% du PIB en 2019 à 2,9% en 2020, malgré l’arrêt du tourisme. En raison, entre autres, du renchérissement des importations, il a toutefois augmenté fortement en 2021, à 8,0% du PIB et le FMI prévoit un déficit de la balance courante de 13,3% en 2022. Les réserves internationales se sont renforcées grâce à l’allocation générale de DTS du FMI et l’aide d’autres partenaires au développement et représentaient environ 6 mois d’importations fin 2021, notamment du fait de la hausse importante des transferts de migrants, qui ont atteint 20% du PIB en 2020, et ont encore crû en 2021. Elles devraient se réduire à 4,7 mois d’importations en 2022.

En 2020, le déficit budgétaire avait diminué et s’était établi à 2,2% du PIB notamment grâce au soutien important des bailleurs (+1,7 pt de PIB en 2020) et à une politique budgétaire prudente. En 2021, il est reparti à la hausse, à 4,6% du PIB, du fait notamment d’une collecte de taxes plus faible que prévue et du report de certaines subventions de bailleurs. Il devrait se stabiliser à 4,2% du PIB en 2022 avant de redescendre à un niveau inférieur à la cible de déficit communautaire de 3% du PIB à l’horizon 2023.

Dette publique

Le FMI prévoit une trajectoire de la dette publique en nette diminution, de 85,9% du PIB en 2020 à 74,6% à l'horizon 2023. Dans son analyse de viabilité de juin 2022, le FMI maintenait son évaluation en "risque élevé de surendettement", en raison du rythme incertain de la reprise économique mondiale et des aspirations des autorités à combler le déficit d'infrastructures, notamment en vue de la préparation de la conférence de l'Organisation de la coopération islamique et de l'expansion du port de Banjul. Alors que la dette publique extérieure représente près de 48,4% du PIB, la majorité est détenue par des créanciers du monde arabe (IsDB, OFID, Fonds saoudien, koweitien…). Ainsi, le pays dispose d'accords de renégociation de sa dette avec plusieurs créanciers ainsi que de mesures d’assainissement budgétaire. En outre, dans le cadre des mesures de soutien budgétaire pour faire face à la COVID-19, la Gambie a bénéficié sur la période 2020-2021 d’initiatives allègement de plus de 20% son service de la dette extérieure, à savoir : (i) l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD), lui permettant de bénéficier d’un potentiel d’économies de 13,1 M USD de paiements, ainsi que de (ii) la mesure d’allègement du service de la dette du FMI (CCRT, dons qui servent à couvrir les obligations du pays envers l’institution) pour un montant total de 11,1 M USD.

Environnement des affaires

La Gambie est classée 155/190 au classement Doing Business 2020 de la Banque mondiale, avec des bonnes performances en matière de création d’entreprise, de commerce transfrontalier mais des résultats très faibles en termes d’accès à l’électricité, de protection des investisseurs minoritaires et de paiement des taxes. Il n’existe pas de guichet unique pour l’enregistrement des entreprises. Le pays possède un Code d’investissement et l’Agence de promotion des investissements et des exportations (GIEPA) peut fournir des certificats d’investissement spécial et accorder des exemptions fiscales. Malgré la mise en œuvre de mesures par la Banque centrale, l’accès aux financements pour le secteur privé demeure contraint par des taux d’intérêt élevés (passés de 26% à 15%). La Banque centrale a créé avec l’association des banques un Bureau de crédit qui permet de regrouper l’information sur les crédits et peut permettre d’obtenir des collatéraux plus facilement.

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