Relations économiques bilatérales

Avec 37,7 Md€ d’exportations vers le Royaume-Uni et 26,9 Md€ d’importations[1], la France enregistre, en 2024, un excédent commercial (biens) avec le Royaume-Uni à hauteur de 10,6 Md€ ; le premier devant Singapour. Si les flux bilatéraux ont été affectés par le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne et les conséquences économiques de la crise sanitaire, les liens commerciaux avec le pays se sont désormais rétablis et sont dynamiques. En 2024, la valeur des exportations françaises outre-Manche était en progression (+9 % par rapport à leur niveau de 2019), de même que celle des importations françaises depuis le Royaume-Uni (+23,5 %). Outre leurs liens commerciaux, le Royaume-Uni et la France sont des investisseurs réciproques importants. 

Avec 37,7 Md€ d’exportations vers le Royaume-Uni et 26,9 Md€ d’importations[2], le Royaume-Uni était, en 2024, le 7e partenaire commercial de la France et le 1er excédent commercial français (10,8 Md€), devant Singapour (pour le commerce de biens). Réciproquement, dominés par les échanges de biens (58 % en 2024), les flux commerciaux avec la France représentent 6 % du commerce extérieur britannique[3], faisant de cette dernière le 4e partenaire commercial du Royaume-Uni, derrière les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas.

Les flux intra-branches entre la France et le Royaume-Uni constituent la majeure partie du commerce bilatéral[4]. En effet, les principaux biens exportés en 2024 par la France vers le Royaume-Uni sont l’industrie agro-alimentaire (5,7 Md€), les voitures et équipements automobiles (5 Md€), l’aéronautique (4,6 Md€) et les machines (3 Md€). Les principaux biens importés depuis le Royaume-Uni concernent également ces catégories : industrie agro-alimentaire (3,9 Md€) et produits agricoles (1,2 Md€), aéronautique (3,6 Md€), machines (2,2 Md€), automobiles (2,6 Md€) et chimie (2,6 Md€). Le poids qu’avaient pris les importations énergétiques de la France (électricité et hydrocarbures naturels) dans les échanges bilatéraux en 2021-2022, liées d’une part à la guerre en Ukraine et d’autre part à la fermeture temporaire de certaines centrales nucléaires pour maintenance, a désormais diminué (600 M€). Plus récemment, les données des douanes ont permis d’identifier un effet de quasi-transit à l’importation via la France entre le R-U et l’Union européenne (« effet hub »).

En matière de services, le niveau des échanges s’est rétabli à son niveau pré-Brexit (66 Md€ en 2023)[5], après un ralentissement en 2020 et 2021 (y compris hors voyage et transport). Les principaux échanges concernent les services professionnels divers, les services financiers, les services de voyage et de transport, ainsi que les services de télécommunications et d’information.

Quatre ans après le retrait du Royaume-Uni de l’UE et l’entrée en vigueur de l’Accord de commerce et de coopération, les performances du commerce extérieur britannique ont été modestes. Entre 2018 et 2024, le volume total des biens échangés par le Royaume-Uni a baissé (−11 %) et les exportations britanniques seraient inférieures de 13 % par rapport à un scenario sans Brexit[6]. Depuis 2019, le déficit de la balance commerciale britannique s’est creusé (+12 % à prix constants). En revanche, le pays parvient à maintenir son statut de puissance exportatrice de services (2e exportateur mondial, 584 Md$ contre 360 Md$ pour la France)[7], derrière les États-Unis en 2023.

Le Brexit pénalise structurellement les échanges commerciaux et les mobilités des travailleurs avec l’Union européenne ; le Common Understanding conclu en mai 2025 entre le Royaume-Uni et l’UE pourrait améliorer la situation. Le Royaume-Uni a quitté le marché unique le 1er janvier 2021 : une nouvelle frontière douanière et réglementaire (BTOM – Border Target Operating Model) a été instaurée, créant coûts et frictions, et il n’y a plus de libre circulation des personnes. Sous l’effet du rétablissement des barrières non tarifaires, le commerce de biens et marchandises du Royaume-Uni avec l'Union européenne a chuté en 2021 encore plus que les échanges avec les pays hors UE (l’écart semble cependant s’être résorbé depuis). En revanche, les échanges de services avec l'UE ont été plus durablement affectés (progression de l’excédent de la balance des services vis-à-vis de l’UE de +16% entre 2020 et 2024 contre +47% avec les pays hors-UE), en particulier les services régulés tels que les services financiers ou de transports[8] - en dépit de la puissance du Royaume-Uni en la matière. L’Office for Budget Responsibility a estimé que la sortie de l’UE entrainerait une baisse des flux commerciaux du Royaume-Uni de 15 % à long terme[9].

À l’occasion du sommet entre l’UE et le Royaume-Uni le 19 mai, les deux parties se sont engagées, à travers un Common Understanding, au développement d’une zone sanitaire et phytosanitaire (SPS) commune, avec levée des contrôles SPS sur les échanges entre les deux parties et alignement dynamique du Royaume-Uni sur le droit de l’UE. Le sommet du 19 mai ouvre également, entre autres, la voie à un futur cadre devant faciliter la mobilité des jeunes, et prolonge l’accès des Européens aux eaux britanniques pour la pêche jusqu’en 2038.

Malgré le Brexit, l’UE demeure le premier partenaire commercial du Royaume-Uni, pesant 52 % des échanges en 2024[10] (pour les biens). Au-delà des relations commerciales avec ses partenaires européens, le Royaume-Uni entend améliorer ses relations commerciales avec l’Asie et les pays du Golfe, guidé par une « démarche pragmatique » pour relancer la croissance économique domestique. En mai 2025, le Royaume-Uni a annoncé la conclusion des négociations de l’accord commercial avec l’Inde ainsi que celle d’un Economic Prosperity Deal avec les États-Unis. Enfin, le pays souhaite renforcer son attractivité auprès des investisseurs internationaux, qui se sont montrés plus prudents à l’aune de l’instabilité politique engendrée par le départ de l’UE.

Outre les liens commerciaux, le Royaume-Uni et la France sont des investisseurs réciproques importants. Détenant un stock de 159 Md€ d’investissements directs étrangers (IDE) au Royaume-Uni[11], la France est le 4e investisseur dans le pays en 2023. Réciproquement, avec un stock d’investissements de 90 Md€, le Royaume-Uni était le 4e investisseur étranger en France en 2023, derrière les États-Unis, l’Allemagne et la Suisse. En 2023, le Royaume-Uni était à l’origine de 173 projets d’investissement en France[12], soit environ 10 % des projets. Ces investissements sont principalement réalisés dans le secteur de la distribution, des services financiers ainsi que l’industrie pharmaceutique.

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