Présentation de l'économie britannique

Avec un PIB de 3 071 Md$, le Royaume-Uni est en 2022 la sixième économie mondiale et la deuxième économie européenne, derrière l’Allemagne (4 075 Md$) et devant la France (2 785 Md$), selon le FMI. Le PIB par habitant du Royaume-Uni s’élève à 45 295 $, se classant 23e mondial, devançant d’un rang la France (42 409 $). La nette contraction du PIB observée pendant la pandémie (-10,4% en 2020) a été suivie d’une reprise économique dynamique en 2021 (8,7%) et prolongée en 2022 (4,1%). En milieu d’année 2023, selon l’institut national britannique de statistiques, le Royaume-Uni avait dépassé son niveau d’activité prépandémie de 1,8%.

L’économie britannique est essentiellement portée par les services. Le secteur tertiaire représente près de 80% de la valeur ajoutée (VA)[1] produite en 2022 et 82% des emplois[2]. La place financière de Londres étant l’une des plus importantes au monde, le poids des services financiers et du secteur des assurances dans l’économie britannique est particulièrement élevé (8,3% de la VA et 4,3% de la main d’œuvre en 2022). L’industrie manufacturière reste toutefois significative, représentant 9,5% de la valeur ajoutée et 8% des emplois. Après l’industrie agro-alimentaire (1,4%), les secteurs contribuant le plus intensément au PIB sont les transports (1,1%), la sidérurgie (1,0%), l’industrie plastique (0,8%), l’industrie d’équipement (0,7%) et le domaine pharmaceutique (0,7%). La production du secteur de l’énergie est importante, grâce à l’exploitation du pétrole et du gaz naturel en Mer du Nord, bien qu’elle ne permette pas de couvrir l’ensemble de la consommation nationale. Le Royaume-Uni s’appuie par ailleurs sur l’énergie nucléaire, dont il entend poursuivre le développement. Pour la première fois depuis plus de deux décennies, deux réacteurs EPR sont en cours de construction, à Hinkley Point.

Bien que des mesures de soutien conjoncturelles aient été largement déployées lors de la pandémie, le Royaume-Uni reste caractérisé par une intervention mesurée de l’État dans l’économie. Le niveau des dépenses publiques représente 45% du PIB en 2022, en hausse par rapport à 2019 (39%), mais reste loin derrière la France (58%) et la moyenne observée dans l’Union européenne (50%), selon les données du FMI. Le soutien du gouvernement aux ménages et aux entreprises pendant la pandémie a nettement poussé ce ratio à la hausse, les dépenses publiques ayant atteint 50% du PIB en 2020, contre une moyenne de 41% entre 2010 et 2019.

Le système juridique et fiscal britannique est perçu comme étant favorable aux entreprises, même si le taux d’impôt sur les sociétés est passé de 19 % à 25 % au 1er avril 2023 (les plus petites entreprises n’étant pas concernées). Le droit du travail flexible fait également partie des facteurs d’attractivité. Selon l’OCDE, en 2022, le Royaume-Uni était le 4e pays le plus attractif pour les fondateurs de start-ups grâce à une culture entrepreneuriale très puissante et de nombreuses licornes créées au cours de la dernière décennie.

Le Royaume-Uni est particulièrement dépendant économiquement de sa capitale, la région du grand Londres concentrant 22,7% de la création de la richesse nationale en 2019, et la production par habitant y étant 1,7 fois plus élevée que la moyenne nationale.

Le pays fait face à un déficit de productivité, avec une productivité par heure travaillée inférieure de 7% à la moyenne observée dans les pays du G7 en 2022, d’après l’OCDE[3]. Cette situation résulte notamment d’un investissement privé faible (18% du PIB au Royaume-Uni contre 21% aux États-Unis et 22% en Allemagne) et de dépenses en R&D inférieures à la moyenne européenne (2,7% du PIB en 2019 contre 3,2% pour les États-Unis ou l’Allemagne[4]). En freinant les investissements, les incertitudes du Brexit auraient aussi limité les gains de productivité du pays. Une étude de l’Economics Observatory indiquait en mars 2023 que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) aurait conduit à une baisse d’environ 10% de l’investissement des entreprises britanniques en 2022, et ainsi une perte de 1,3% du PIB à la fin 2022 (29 Md£). Selon les travaux du gendarme budgétaire britannique (OBR), publiés en mars 2023, la baisse du commerce avec l’UE provoquée par le Brexit, aura pour conséquence une productivité plus faible de 4% à l’horizon 2030.

Alors que l’économie britannique était attendue en récession en 2023 en raison d’un taux d’inflation élevé, celle-ci se montre résiliente. Fortement affectés par la hausse des prix, l’inflation ayant avoisiné 10% entre juillet 2022 et mars 2023 et s’établissant à 6,7% en août, les revenus réels du travail ont baissé de 2,25% en 2022, et devrait rester stable en 2023 (0%), selon la Banque d’Angleterre en août 2023. La consommation des ménages est cependant restée soutenue notamment grâce à un marché du travail tendu avec un faible niveau de chômage et aux dispositifs de soutien déployés par le Gouvernement. Le commerce extérieur soutient légèrement l’expansion économique enregistrée en 2023, les exportations subissant une contraction de plus faible ampleur (-2,0%) que les importations (-3,5%). Ainsi, la croissance économique est attendue à 0,5% en 2023 et 0,5% en 2024.

L’économie domine l’agenda du gouvernement pour l’année pré-électorale 2023[5], trois des cinq priorités du Premier ministre y renvoyant directement : (i) réduction de l’inflation de moitié d’ici la fin de l’année ; (ii) croissance économique afin de créer des emplois fournissant de meilleures rémunérations et (iii) réduction de la dette publique, celle-ci ayant dépassé 100% du PIB au cours de l’été 2023[6]. Les deux autres priorités sont (iv) la réduction des listes d’attentes permettant d’accéder aux soins fournis par le secteur médical public (NHS) et (v) l’adoption d’une loi afin de mettre fin à la traversée illégale de la mer de la Manche via les small boats.  

 



[5] Des élections législatives doivent avoir lieu en 2024, à une date à déterminer par le Gouvernement.

[6] Source : Public sector finances, UK - Office for National Statistics (ons.gov.uk), 1000,8% du PIB à la fin du mois de juin 2023.

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