ROYAUME-UNI
Indicateurs et conjoncture
La croissance de l’économie britannique a été très faible en 2023 (+0,3 %, après 4,8 % en 2022), mais une expansion plus soutenue que prévu a commencé à être constatée en 2024. Après deux trimestres de récession technique fin 2023 – respectivement −0,1 % puis −0,3 % au T3 et au T4 – le PIB a progressé de +0,7 % au premier trimestre 2024, bénéficiant d’une réduction du déficit commercial. Au deuxième trimestre 2024, ce rythme s’est confirmé (+0,5 %), cette fois soutenu par la demande intérieure malgré une dégradation de la balance commerciale. Les principaux analystes, à savoir les grandes institutions internationales que sont le FMI et l’OCDE, ainsi que l’Office for Budget Responsibility (OBR) et la Banque d’Angleterre (BoE), prévoient respectivement une croissance annuelle du PIB de +0,7 %, +1,1 %, +0,8 % et +1,25 % pour 2024[1]. L’acquis de croissance, à l’issue de la publication des chiffres du deuxième trimestre, atteint déjà +0,9 %. Pour 2025, le FMI prévoit une croissance de 1,5 %, l’OCDE de 1,2 %, l’OBR de 1,9 % et la BoE de 1,0 %.
Le marché du travail se détend progressivement, mais l’inactivité inquiète. Toujours performant en comparaison internationale, le marché du travail britannique se distingue par un faible taux de chômage, des salaires en hausse, mais une recrudescence de l’inactivité. Le taux de chômage est en légère baisse au deuxième trimestre 2024 (4,2 % en juin, après 4,3 % au T1 2024) et le nombre d’emplois vacants diminue pour rejoindre son niveau pré-pandémie (884 000 en juin) : ceci induit de moindres pressions sur les salaires, dont la croissance annuelle demeure encore élevée (+5,4 %) mais en baisse. De plus, le taux d’inactivité atteint 22,2 % (16-64 ans), en hausse depuis la pandémie (+ 1,7 pt), alors qu’il était sur une tendance décroissante depuis 2000. En outre, les arrêts maladie de longue durée ont fortement crû depuis 2019 (+800 000) et représentent désormais 30 % des inactifs.
L’inflation a temporairement retrouvé sa cible de 2 % après une baisse continue depuis octobre 2022. A +2,2 % en juillet et en août, après deux mois à +2,0 % en mai et juin, l’inflation (mesurée en glissement annuel de l’indice des prix à la consommation) est désormais loin de son pic de +11,1 % d’octobre 2022 pendant la crise énergétique – ayant par ailleurs induit une crise du coût de la vie. Ceci s’explique par le durcissement de la politique monétaire de la Banque d’Angleterre (hausse du taux directeur jusqu’à 5,25 %), la baisse des prix de l’énergie et le relâchement des tensions sur le marché du travail. En août, la composante sous-jacente atteint +3,6 %, quand les prix de l’alimentation, de l’alcool et du tabac augmentent de +2,5 % sur l’année. A l’inverse, les prix de l’énergie sont en baisse de -13,2 %. Toutefois, la Banque d’Angleterre prévoit que l’inflation atteigne +2, 5 % en fin d’année 2024, principalement du fait de la disparition de l’effet de base lié aux prix de l’énergie (moindre déflation).
La Banque d’Angleterre demeure prudente vis-à-vis d’un assouplissement prématuré de sa politique monétaire, compte tenu de pressions encore existantes sur l’inflation. Le 1er août 2024, le Comité de politique monétaire (CPM) a abaissé le taux directeur de 25 points de base, alors qu’il était fixé à 5,25 % depuis un an. Il s’agissait de la première baisse de taux depuis mars 2020. Pour autant, compte tenu de la forte inflation des services, de la croissance des salaires toujours dynamique et de la hausse de l’emploi, le CPM devrait entreprendre une réduction graduelle et prudente de son taux directeur au cours des prochains mois. Ainsi, le 19 septembre, le CPM a maintenu le taux directeur à 5,00 %. Dans le même temps, à des fins de stabilité financière, la Banque d’Angleterre poursuit son resserrement quantitatif entamé en février 2022 dans le but de réduire la taille de son bilan. Le stock de gilts détenu ne sera désormais plus que de 558 Md£ en septembre 2025, alors qu’il avait atteint 895 Md£ à son pic.
Depuis l’arrivée du gouvernement travailliste en juillet, l’accent est mis sur l’assainissement des finances publiques. Les deux derniers évènements budgétaires du gouvernement conservateur de R. Sunak avaient inclus de notables baisses d’impôts – partiellement non financées – ayant réduit la marge budgétaire à un niveau historiquement faible (9 Md£) pour respecter les règles de soutenabilité à moyen terme. De plus, en ce début d’année fiscale 2024-25, le gouvernement a déjà emprunté 5 Md£ de plus que prévu par l’OBR, et un audit des comptes publics (rendu public en juillet) a révélé l’existence d’un déficit de financement de l’ordre de 22 Md£ pour l’année en cours par rapport à ce qui avait été prévu. Le prochain budget du 30 octobre devrait donc s’avérer restrictif et contiendra assurément des hausses d’impôts ciblées et des mesures d’économies, selon les dernières déclarations du gouvernement. En juillet 2024, la dette publique britannique a atteint 102,5 % du PIB.