Indicateurs et conjoncture

La pandémie de la covid 19 a marqué un coup d’arrêt à l’activité économique en 2020, après le premier choc qu’avait constitué le vote en faveur de la sortie de l’Union européenne.  Avec la reprise de l’activité, l’économie britannique a connu un net rebond, qui s’est prolongé de façon plus mesurée en 2022. À la fin du deuxième trimestre 2023, le PIB excède le niveau observé avant le début de la crise COVID-19 de 1,8% et devrait poursuivre une trajectoire de croissance économique modérée à moyen terme.

Le vote en faveur du Brexit, en juin 2016, semble avoir provoqué une chute durable de l’investissement privé et déprimé les perspectives économiques du pays. Selon les analyses du Centre for European Reform (CEP), si le Royaume-Uni n’avait pas quitté le marché unique européen, son PIB aurait été plus élevé de 5,5% au deuxième trimestre 2022. En effet, alors que l’investissement privé était avant le référendum sur une trajectoire dynamique, avec une croissance moyenne de 5,4% par an entre 2010 et 2016, il est atone depuis 2017. Selon le scénario contrefactuel proposé par le CEP, en l’absence de Brexit, l’investissement aurait été plus élevé de 11%. Cette perte, qui représente un moindre investissement de 12 Md£, pèsera à moyen et long terme sur l’économie britannique, réduisant la croissance potentielle déjà déprimée par de très faibles gains de productivité observés depuis le milieu des années 1980. Selon les analyses du CEP, le commerce de biens est également particulièrement affecté par cette décision, étant réduit de 15Md£, soit 7%, au T2-2022. Le commerce de service semble en revanche peu affecté.

Subissant la récession la plus importante des pays du G7 en 2020 (-11,0%), l’économie britannique a rebondi en 2021 (8,7 %) et a poursuivi sa reprise en 2022 (4,1%). L’impact des confinements sur la croissance trimestrielle a été très marqué Mais la reprise s’est avérée plus rapide qu’anticipé, grâce au succès de la campagne de vaccination et à la consommation d’une part de l’épargne accumulée par les ménages pendant la crise. Ainsi, l’économie britannique a connu une expansion de 7,6% en 2021 et a réussi à prolonger cet effet rebond en 2022, enregistrant une croissance de 4,1%. Le PIB observé à la fin du premier semestre 2023 est plus important que celui relevé avant la pandémie de 1,8%[1].

Confrontée à une crise du coût de la vie depuis le début de l’année 2022, l’économie britannique ne devrait pas entrer en récession en 2023, bien que les perspectives de croissance à court terme soient faibles. Le Royaume-Uni a été une des premières économies à constater le retour de l’inflation, la reprise de la consommation étant plus rapide que la reprise de la production et la guerre en Ukraine ayant provoqué une forte hausse des prix de l’énergie au niveau mondial. En réaction, la Banque d’Angleterre a relevé son taux directeur dès le mois de décembre 2021. Face à la persistance de l’inflation, enregistrée à plus de 10% en glissement annuel de septembre 2022 à mars 2023, la banque centrale britannique a resserré significativement sa politique monétaire, le taux directeur en septembre 2023 atteignant 5,25%. Malgré cette position restrictive et la réduction du pouvoir d’achat des ménages provoquée par la dynamique inflationniste, la consommation privée se montre résistante. Ainsi, selon les prévisions d’août 2023 de la Banque d’Angleterre, l’économie britannique devrait croître de 0,5% en 2023. Cette tendance d’une activité économique ralentie devrait se poursuivre dans les années à venir. Les prévisions de la Banque d’Angleterre anticipent une croissance particulièrement modeste, de 0,5% en 2024 et de 0,25% en 2025. À titre de comparaison, le consensus des économistes prévoyait en septembre 2023, une croissance de 0,3% pour le Royaume-Uni en 2023 et de 0,4% en 2024.

Le gouvernement conservateur actuel a entrepris une politique d’assainissement des finances publiques, souhaitant revenir à une politique de moindre intervention de l’État dans l’économie et regagner une capacité de soutien à l’activité économique en cas de crise. Depuis sa nomination en tant que Premier ministre en octobre 2022, Rishi Sunak et son Chancelier de l’Échiquier Jeremy Hunt affichent une volonté constante de sérieux budgétaire. Objectif prioritaire du gouvernement pour 2023, la réduction de moitié de l’inflation au cours de l’année est présentée comme un prérequis de la feuille de route du gouvernement. Les conservateurs se sont, en effet, engagés à rétablir la croissance de l’activité économique afin de générer des emplois à haute valeur ajoutée et une réduction du ratio dette publique / PIB. En juin 2023, la dette publique a dépassé la taille de l’économie, la charge d’intérêt étant en forte croissance depuis plusieurs trimestres, notamment en raison de l’indexation des rendements d’un quart de la dette publique sur l’inflation. Ainsi, les prélèvements obligatoires sont en hausse au Royaume-Uni, les seuils d’imposition étant gelés et l’impôt sur les sociétés ayant été fortement augmenté, de 19% à 25%, au 1er avril 2023.

 

Publié le