Les investissements directs étrangers au Gabon

Les investissements étrangers à destination du Gabon ont connu une forte augmentation depuis 2013. Dirigés désormais également vers les secteurs de l’agroalimentaire et des infrastructures, les investissements hors pétrole et mine ont été portés ces dernières années par les secteurs pétrolier et minier. Les investissements des entreprises françaises sont très diversifiés au niveau sectoriel en termes d’effectifs employés, mais concentrés en valeur sur le secteur extractif du fait du carractère capital-intensif de ces secteurs. Ils ont donc pâti de la crise économique et des fluctuations du cours des matières premières jusqu’en 2019-2020, mais reprennent à un rythme plus soutenu depuis 2020.

1. Augmentation régulière du stock d'IDE (Investissements Directs Etrangers) de 2013 à 2019...

En 2019, le stock d’IDE au Gabon représentait 12,2 Mds USD, en constante augmentation depuis 2013.

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Source : CNUCED

Ces investissements ont été traditionnellement dirigés majoritairement vers le secteur pétrolier et minier, qui représente d’ailleurs l’ossature de l’économie gabonaise (84% des exportations, 52% du PIB et 40% des recettes fiscales) mais une diversification s’est opérée depuis une dizaine d’années avec notamment les investissements impulsés par le groupe singapourien Olam et ses partenaires dans le secteur agroalimentaire et des infrastructures. Toujours dans les infrastructures, le fond français Meridiam est désormais très présent (Participation dans un port minéralier avec Olam, construction d’une autoroute en PPP, barrage, et participation dans l’opérateur ferroviaire SETRAG depuis 2021, aux côtés d’Eramet).

2. ...marquée par l'arrivée du groupe Olam, mais un redémarrage dans les secteurs minier et pétrolier est en cours.

La baisse des investissements du secteur pétrolier consécutivement à la baisse des cours du baril de 2014 à 2018 a été compensée par les investissements lourds du groupe Olam et de ses partenaires, au travers d’un partenariat public privé qui le lie à l’Etat gabonais depuis 2011 via la joint-venture GSEZ (dont l’actionnariat était à l’origine composée du groupe OLAM international (40,5%), l’Etat Gabonais (38,5%) et Africa Finance Corporation (21%).

Etabli au Gabon depuis près de 20 ans, Olam est un des plus importants investisseurs étrangers dans le pays. Contrôlé par le fonds souverain singapourien Temasek depuis 2005, il s’est initialement concentré sur la production d’huile de palme et l’hévéa. Progressivement, Olam, via GSEZ (Arise Integrated Industrial Platforms), a étendu ses activités à l’industrie du bois (création d’une zone franche consacrée initiallement à l’industrie du bois) et aux infrastructures (construction d’un port de commerce et d’un terminal minéralier), manifestant sa volonté d’être présent dans la chaîne logistique gabonaise. Depuis 2018, GSEZ Airport assure en outre la gestion de l’actuel aéroport de Libreville. 

Par ailleurs, la clarification des nouvelles règles de changes imposées au 1er janvier 2022 combinée à la hausse du cours des hydrocarbures, et la hausse de la production de manganèse et de bois, pourraient générer une relative augmentation des IDE à partir de 2022. Dans le secteur pétrolier, la période de transition entamée il y a 5 ans s’achève. Ella a vu le quasi-départ des majors au profit des producteurs indépendants au rang desquels le franco-britannique Perenco. Une nouvelle phase d’investissement dans la production et le secteur aval devrait logiquement lui succéder. Dans le secteur minier,  la hausse des prix a considérablement stimulé la production. Ainsi, le français Eramet a mis en service une nouvelle mine (investissement de 400 M€). Mais des campagnes de prospection encourageantes sont en cours pour d’autres minerais (fer, or, terres rares), avec d'autres acteurs internationaux, ce qui devrait déboucher sur une hausse continue des investissements dans le secteur.

3. Outre Olam, la Chine et le Maroc se positionnent comme d'importants pourvoyeurs d'IDE au Gabon.

Ces dernières années, la Chine et le Maroc sont progressivement devenus des investisseurs importants au Gabon.

Le stock des investissements chinois au Gabon a dépassé le milliard de dollars. Environ 60 entreprises chinoises sont installées sur place, dont une trentaine de grandes entreprises publiques. Les principaux investissements chinois sont ciblés dans l’exploitation pétrolière (Addax (Sinopec)), le secteur du bois (les entreprises chinoises exploitent 55% de la forêt gabonaise) et les mines, avec la Compagnie industrielle et commerciale des mines de Huazhou qui extrait 9% du minerai de manganèse gabonais. La Chine est devenue en quelques années le premier partenaire commercial du Gabon, concentrant 63% des exportations et 45% des échanges internationaux du Gabon en 2019.

Le Maroc, 7ème fournisseur du Gabon, compte également des investissements dans de nombreux secteurs, pour un montant total estimé à quelques 600 M$. Les entreprises marocaines ont investi dans de nombreux secteurs, surtout les services (la banque, les télécoms, les assurances, les mines, les infrastructures, le transport et le BTP).

4. L'investissement direct français en baisse au Gabon. Des perspectives toutefois encourageantes.

Le Gabon est la 8ème destination des investissements français, en nombre d’implantations, sur le continent. Fin 2020, 85 filiales d’entreprises françaises étaient implantées au Gabon (plus qu’au Cameroun ou au Nigéria), pour un chiffre d’affaires cumulé de près de 3 Mds €, 12.500 salariés, un stock d’investissement de 750 M€. A l’exception notable du secteur bancaire, tous les secteurs de l’économie gabonaise comptent un acteur français (filiale ou entreprise détenue par un français installé au Gabon).

Jusqu’en 2007, le Gabon représentait le principal destinataire des IDE français dans la zone, grâce aux importants investissements des groupes pétroliers. Aujourd’hui la part apparente des IDE français au Gabon ne cesse de décliner, pour atteindre 8% du total en 2019.

 

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Source : Banque de France
 

Néanmoins, les perspectives sont plutôt favorables eu égard aux investissements en cours et à venir par les entreprises françaises dans les secteurs pétrolier, minier et des infrastructures. En effet, trois groupes majeurs ne cessent de se renforcer au Gabon:

- Perenco (pétrolier franco-britannique dont le siège opérationnel est en France) a repris l’essentiel des actifs de Total, et représente désormais plus de 50% de la production pétrolière gabonaise. Contrôlant désormais le terminal pétrolier national ainsi qu’un vaste réseau d’oléoduc et de gazoduc, il constitue l’épine dorsale du secteur gabonais des hydrocarbures, ainsi que, de très loin, le premier contribuable du pays.

- Eramet, grâce à sa filiale gabonaise, est le deuxième producteur mondial de manganèse. Sa production augmente de plus de 10% par an. Il contrôle en outre l’unique compagnie de chemin de fer du pays (SETRAG) et sa voie ferrée (700km) ainsi que le principal port minéralier.

- Meridiam est positionné sur quatre projets emblématiques : depuis 2020, la route Transgabonaise (en partenariat avec Arise/GSEZ), la construction du barrage de Kinguélé aval (avec le FGIS), le second port minéralier, et enfin, la SETRAG aux côtés d’Eramet.

Perenco n’investit pas depuis une entité juridique française, ce qui fausse probablement les statistiques sur ces dernières années. Le déclin apparent de la part française dans les IDE au Gabon doit donc être relativisé.

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