Les investissements directs étrangers au Gabon

Les investissements à destination du Gabon, traditionnellement dirigés vers les secteurs pétrolier et minier, ont connu une forte augmentation depuis 2012, malgré la crise pétrolière. Dirigés désormais vers le secteur agroalimentaire et des infrastructures, les investissements à destination du Gabon sont portés principalement par le groupe singapourien Olam. Les investissements dans les secteurs traditionnels des entreprises françaises ont quant à eux pâtis de la crise économique et des fluctuations du cours des matières premières.

Forte augmentation du stock d’IDE ces dernières années…

En 2017, le stock d’IDE au Gabon représentait, selon la CNUCED, 9,4 Mds USD (70,6% du PIB), en constante augmentation depuis 2012.

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Source CNUCED

Ces investissements étaient traditionnellement dirigés vers le secteur pétrolier et minier, mais une diversification s’est opérée depuis une dizaine d’années avec les investissements du groupe Olam, dans le secteur agroalimentaire et des infrastructures.

…poussée par les investissements du groupe Olam.

La baisse des investissements du secteur pétrolier consécutivement à la baisse des cours du baril, ainsi qu’au déclin naturel des champs exploités, a été largement compensée par les investissements lourds d’un unique opérateur, le groupe Olam, au travers d’un partenariat public privé inédit qui le lie à l’Etat gabonais depuis 2011 via la joint-venture GSEZ (OLAM 40,5% - RG 38,5% - AFC 21%).

Etabli au Gabon depuis près de 20 ans, Olam est désormais un des principaux investisseurs étrangers dans le pays. Contrôlé par le fonds souverain singapourien Temasek depuis 2005, Olam est concentré sur la production d’huile de palme et l’hévéa. Progressivement, Olam, via GSEZ, va étendre ses activités à l’industrie du bois (création d’une zone économique spéciale consacrée à l’industrie du bois) et aux infrastructures (construction-aménagement d’un port de commerce et d’un terminal minéralier), manifestant sa volonté d’être présent dans la chaîne logistique gabonaise. Plus récemment, Olam a investi le secteur aéroportuaire puisque GSEZ airport  a été désigné pour construire et opérer le futur aéroport de Libreville (investissement d’environ 350-400M$). Ainsi, depuis 2010, Olam a ainsi investi près de 2 Mds €, soit plus de 45 % du montant total des IDE entrants au Gabon sur la période.

Outre Olam, la Chine et le Maroc se positionnent comme d’importants pourvoyeurs d’IDE au Gabon.

Ces dernières années, la Chine et le Maroc sont progressivement devenus des sources d’investissements importants pour le Gabon.

Le stock des investissements chinois au Gabon a dépassé le milliard de dollars[1]. Environ 60 entreprises chinoises sont installées sur place, dont une trentaine de grandes entreprises publiques. Les principaux investissements chinois expriment une présence ciblée, dans l’exploitation pétrolière avec deux sociétés (Addax et Sino Gabon), le secteur du bois (les entreprises chinoises exploitent 55% de la forêt gabonaise) et les mines, avec la Compagnie industrielle et commerciale des mines de Huazhou qui extrait 9% du minerai de manganèse gabonais.

Le Maroc, 14ème fournisseur du Gabon, compte également des investissements dans de nombreux secteurs, pour un montant total estimé à quelques 600 M$, les entreprises marocaines ayant investi dans de nombreux secteurs de l’économie gabonaise (la banque, les télécoms, les assurances, les mines, les infrastructures, le transport et le BTP). Ces investissements sont protégés par un accord de protection et de promotion réciproque des investissements (signé en 1979, renouvelé en 2004), auquel est venu s’adjoindre en 1999 une convention de non double-imposition.

L’investissement direct français en baisse au Gabon.

Eu égard à l’antériorité de la présence française au Gabon, la France occupe une place toujours prédominante dans les investissements au Gabon, une centaine d’entreprises françaises y ayant établi des filiales dans divers secteurs : exploitation pétrolière, mines, bois, agroalimentaire, construction et travaux de génie civil, services financiers, etc. Jusqu’en 2007, le Gabon représentait le principal destinataire des IDE français dans la zone, grâce aux importants investissements des groupes pétroliers.

Toutefois, la baisse de la production pétrolière, conjuguée à l’absence de résultats d’exploration probants depuis le début des années 2010 et une fiscalité jugée non compétitive, ont conduit le groupe Total à réduire progressivement les activités de sa filiale gabonaise. Dans le secteur pétrolier, le stock d’IDE français ne s’élevait alors plus qu’à 162,3 M€ en 2017 (-80,5 % sur un an) et, au total, les investissements français au Gabon ont été quasiment divisés par 2 sur un an en 2017 (-45,5 %) pour s’établir à 736 M€, contre 1,8 Md€ en 2013.

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Source : Banque de France

Afin d’accroître son attractivité, le Gabon planche sur un Code des investissements.

Classé au 169ème rang du classement Doing Business, le Gabon a engagé, en septembre 2018, une réflexion avec la Banque mondiale en vue de l’élaboration d’un Code des investissement afin de développer l’attractivité d’un pays qui entend diversifier tout autant son économie que le profil des investisseurs (hier, concentrés dans le secteur pétrolier, aujourd’hui dans le secteur agroalimentaire).

Par ailleurs, une réforme du Code des hydrocarbures est en cours de finalisation afin de rendre plus attractif un secteur qui, malgré le déclin naturel, occupe (et occupera durablement) une place centrale dans l’économie gabonaise. En effet, sous l’empire du précédent code (entré en vigueur en 2014), aucun investissement majeur dans l’exploration n’a été réalisé.



[1] Source : Service économique de l’ambassade de Chine au Gabon.

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