Le commerce extérieur de l’Ethiopie en 2023/2024

D’après les dernières données disponibles de la Banque centrale d’Ethiopie (NBE), le commerce extérieur de l’Éthiopie, assez limité en valeur relativement au PIB du pays (10,7 %), a connu une hausse en 2023/24 (+7,1 %) à 22,2 Md USD. Les exportations et importations ont légèrement augmenté, respectivement de 4,4 % et 7,7 %. L’important déficit commercial de l’Ethiopie (14,7 Md USD) reflète d’une part la grande dépendance du pays aux importations, et d’autre part la faible compétitivité et le manque de diversification de l’appareil productif exportateur éthiopien, aggravé par des faiblesses logistiques importantes qui handicapent ce pays enclavé.

Le commerce extérieur éthiopien enregistre une hausse en 2023/2024, en raison de l’augmentation concomitante des importations et exportations

Sur l’année fiscale 2022/23, le commerce extérieur de l’Éthiopie s’est établi à 22,2 Md USD. En dépit d’un volume toujours faible (10,7 % du PIB), les échanges commerciaux de l’Éthiopie augmentent en 2023/24 (+7,1 % par rapport à 22/23), en raison d’une augmentation en valeur des importations (+7,7 %) et des exportations (+4,4 %). L’Éthiopie aggrave toutefois le déficit de sa balance commerciale (-14,7 Md USD en 2022/23), en légère augmentation par rapport à 2022/23 (-13,5 Md USD). Le déficit de la balance commerciale représente ainsi 7,1 % du PIB éthiopien.

Le montant total des exportations éthiopiennes se situe à 3,8 Md USD, représentant 1,8 % du PIB, tandis que les importations s’élevent à 18,4 Md USD, représentant ainsi 8,9 % du PIB, stable. Le montant des importations représente environ 4,8 fois celui des exportations (contre 4,7 fois en 22/23).

Une structure des échanges commerciaux marquée par des exportations insuffisantes et peu diversifiées

Les produits agricoles (café, oléagineux, légumineuses, khat, fleurs, viande, fruits et légumes) représentent près de 77,3 % des exportations totales en 23/24. Les exportations de café, qui avaient diminué de 6,3 % l’année précédente, retrouvent leur niveau record de 2021/2022 à 1,4 Md USD. Ce sont les principales contributrices aux exportations du pays (37,9 % à elles seules), positionnant l’Éthiopie comme le 1er exportateur de café en Afrique et le 8ème mondial (derrière le Brésil, la Suisse et l’Allemagne notamment). Outre le café, les principaux postes d’exportation sont : les fleurs (-2 % ; 469,9 MUSD ; 12,4 % des exportations), l’or (+158, 3 % ; 389,3 MUSD ; 10,3 %), et les légumineuses (+5,9 % ; 343,9 MUSD ; 9,1 %).

Les exportations d’or ont considérablement augmenté au cours de l’année fiscale par la hausse des cours et suite à la révision des conditions d’achat de l’or par la Banque centrale, générant le retour de la vente par des canaux légaux, cette hausse devrait se poursuivre en 2024/2025. Si l’or, les huiles végétales ont enregistré des hausses importantes, d’autres postes d’exportation enregistrent des baisses importantes : le bétail vivant (-75,9 %), les fruits et les légumes (-29,6 %), et le khat (-24,3 %).

Les exportations du khat continuent à baisser en raison des taxes d’importations appliquées par les pays destinataires (Somalie, Djibouti), des difficultés de renouvellement de licences pour les producteurs éthiopiens, et des tensions diplomatiques entre l’Ethiopie et la Somalie, plus importante destination du khat éthiopien. Un système de quota a été mis en place par la Somalie limitant les importations de khat provenant de l’Ethiopie à 100 000 kg/jour pour une demande de 500 000 kg/jour. Une portion croissante des exportations est donc effectuée via des canaux illégaux. La baisse des exportations des fruits et légumes peut, quant à elle, être expliquée par les problèmes de sécurité internes en Ethiopie empêchant le transport des produits, l’accès limité aux intrants et au foncier ainsi que l’augmentation de l’incidence des maladies liée en partie au changement climatique.

Les biens d’équipements industriels (4,3 MUSD ; 23,6 % des importations) constituent en 2023/2024 le premier poste d’importation, en hausse de 53,2 % par rapport à l’année précédente. Ils sont suivis par les biens de consommation non durables – principalement alimentaires – (3,7 Md USD ; soit 3,1 % du total importé), qui constituaient les années précédentes, le premier poste d’importation, est relégué en seconde place (baisse de 24,5 % par rapport à 22/23). Ils sont suivis par les produits pétroliers (3,8 Md ; 22,4 %), en hausse de 16,5 % en lien avec la hausse des cours liés à l’agression russe en Ukraine ; puis par les biens d’équipements industriels (2,8 Md USD ; 16,6 % - 5,9 %), et les engrais (1,2 Md USD ; 7,1 %) dont les importations enregistrent une baisse de 11,6 % en un an.

La Chine reste, et de loin, le premier partenaire commercial de l’Ethiopie, qui renforce ses liens avec les pays du Golfe

Les échanges commerciaux entre l’Éthiopie et l’Europe[1] s’élèvent à 4,0 Md USD (17,5 % des échanges), en légère hausse par rapport à 2022/2023 (3,6 Md USD) mais demeurent très inférieurs aux échanges avec l’Asie estimés à 13,4 Md USD (60,3 %), notamment en raison du poids de la Chine, qui représente 33,3 % des importations en provenance d’Asie.

Grâce à ses ventes d’équipements mécaniques, la Chine consolide depuis plus de dix ans sa position de premier fournisseur de l’Éthiopie (4,7 Md USD en 2023/24, soit une part de marché de 24,8 %), en hausse de + 27,4 % sur un an. Elle est suivie par l’Inde (1,7 Md USD ; 9,4 %) dont les exportations sont en diminution depuis deux ans.

Les pays du Golfe renforcent leurs relations commerciales avec l’Ethiopie : les Emiriens sont ainsi devenus le 3ème fournisseur de l’Ethiopie (1,7 Md USD ; 9,4 %) et l’Arabie saoudite se place 5ème (1,2 Md USD ; 6,5 %). Si l’évolution des cours du pétrole explique largement la hausse de ces importations, elle reflète aussi la volonté de ces pays de renforcer leurs relations bilatérales avec l’Ethiopie. Le Maroc, 4ème fournisseur, a fortement augmenté ses exportations vers l’Ethiopie en 2023/2024, notamment d’engrais, passant de 825 MUSD à 1,3 Md MUSD en un an.

Selon la NBE, la France se positionne au 14ème rang des pays fournisseurs avec 0,9 % du total importé (160,1 MUSD), et au 2ème rang des pays de l’UE derrière l’Italie. Les chiffres de la NBE, s’agissant des exportations françaises vers l’Ethiopie, semblent toutefois largement sous-estimés. Selon les données des douanes françaises, elles s’élevaient en 2023 à 344,1 MEUR, plaçant la France comme 13ème pays fournisseur et 1er de l’UE.

Pour l’exercice 2023/2024, la Suisse est la première destination des exportations éthiopiennes pour un montant de 524,7 MUSD, représentant 13,9 % du montant total des exportations (café, or essentiellement). L’Arabie saoudite maintient sa position de 2ème client des exportations éthiopiennes pour un montant de 324,3 MUSD. Les Pays-Bas ont importé principalement les produits horticoles (fleurs), pour un montant de 331,2 MUSD. Destinataires de 7,0 % des exportations éthiopiennes (265,5 MUSD), les Etats-Unis constituent le quatrième client de l’Ethiopie.

La France est le 20ème pays client de l’Éthiopie avec 0,8 % du total exporté (30,0 MUSD) et se situe au 5ème rang de l’UE après les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique et l’Italie. Ici encore, ces chiffres ne sont pas cohérents avec ceux fournis par les douanes françaises. En 2023, la France aurait importé 83,2 MEUR de biens éthiopiens, la plaçant comme 15ème client et au 4ème rang des pays de l’UE.



 

[1] Entendue au sens géographique élargi, classification de la National Bank of Ethiopia

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